« Tu veux savoir de quoi je rêvais ? d’une femme qui me trompe, qui me fasse voir les pierres, qui laisse du rouge à lèvres sur tous ses mégots de cigarettes, qui se douche en talons aiguilles, qui se teigne en blonde, qui roule dans des cabriolets, qui croise ses jambes très haut, qui passe sa langue sur ses dents, qui vive en lingerie et qui me traite comme un domestique. Et je vis avec toi, brune, réservée, douce, toi qui ne m’as jamais donné autre chose que quatre enfants de taille moyenne et des repas à heure fixe. »
Texte Jean-Paul Dubois (« Parfois, je ris tout seul »)
« Moi, c’est le contraire. J’ai toujours rêvé d’une belle brune ardente, chaude comme une braise mais fidèle, très sexuelle avec moi mais très sage et très timide, qui fasse un petit boulot de secrétaire chez le comptable d’à côté, qui finisse tous les soirs à la même heure, passe faire les courses et prépare mon repas en chantant, m’apporte mes pantoufles en me demandant comment s’est passée ma journée, et qui m’annonce fiévreusement un soir qu’elle attend un bébé, notre bébé. Au lieu de quoi je n’ai rencontré que des harpies belles et vénéneuses, de ces nanas qui font rêver les hommes mais sont invivables, qui n’aiment pas baiser, qui bousillent ta voiture en allant s’acheter des cigarettes, qui les laissent se consumer sur la commode ancienne, qui ne savent pas faire le lit ni le café, qui te piquent de l’argent dans tes poches et te quittent en te traitant de pauvre type. »
Moi je dis : on est toujours à lorgner ailleurs si y aurait pas autre chose que ce qu’on a. Par exemple, on est à Milan et on se dit que ça aurait été plus sympa d’être à Rome, au lieu de se dire que ça aurait pu être pire si on avait atterri à Hénin-Liétard. Non ? Ben si, moi je trouve.
Texte et dessin © dominiquecozette