L’humanité disparaîtra, bon débarras !


C’est pas moi qui le dis, c’est Yves Paccalet dans un petit poche qui a obtenu le prix du pamphlet 2006 (oui, c’est déjà vieux, on n’y parle donc pas de Fukushima ou autres horreurs).
Ce monsieur, philosophe et naturaliste a partagé dès 72 l’Odyssée sous-marine de Cousteau. Question terre,  mers, peuplades, il en connaît un rayon. Pendant des décennies : espoir,  foi en l’homme, aveuglement, naïveté. Mais là, c’est trop. La coupe est pleine. Il est tellement désolé de constater les tortures que l’humanité s’inflige et qui la condamnent à court terme, tellement désespéré de lister la destruction de la nature qui signe la nôtre, qu’il a édité ce petit chef d’oeuvre d’humour noir, hélas véridique, pour stigmatiser tout, pratiquement, ce qu’on  fait de pire à la faune, la flore, et nous-mêmes.  Il fait l’inventaire de toutes les saloperies d’armes qu’on a inventées, de virus qu’on a propagés, de saletés de maladies qu’on a créées, de mille trucs qui tuent vite ou lentement, qui s’insinuent partout, qui détruisent tout.
Et pas que ça. Il fustige le succès grandissant des valeurs toxiques telles que la possession, la domination, la violence pour l’être et l’avoir, les utopies qui déraillent, les « sous-couvert » de science ou de démocratie, de bien-être et de bonheur, la course effrénée à la croissance avec l’épuisement des énergies fossiles, les voracités sur la nature, l’eau, les ressources. Et puis les intolérances de tout poil. Et encore la monstruosité de ce nombre d’habitants que la terre doit porter, qui ne cesse de croître. Bientôt 7 milliards. 8 milliards en 2025.
Comme il le dit : l’homme, animal à deux pieds sans plumes (Platon), est le cancer de la terre.
Il décrit, à la fin du livre, treize bonnes raisons de mourir : c’est pas joyeux.
Et il nous file un remède, pour que ralentisse ce gâchis : manger nos bébés. Ce qui était déjà « une modeste proposition… » de Jonathan Swift.
Pourquoi lire ça et s’infliger une telle misère, me demanderez-vous avec raison ? Pourquoi pas ? Tout est dit en concentré, c’est d’une érudition rare et sans baratin, c’est vif et acéré, c’est essoufflant, ça donne à réfléchir et ne prête pas à rire, pour paraphraser Miss Tic, ça ouvre les yeux pour mieux nous les fermer… Ça nous dit peut-être de devenir raisonnables,  d’essayer en tout cas. Ou sinon, de continuer à déconner, se gaver, s’en mettre jusque là et tant pis pour nos petits survivants qui se retrouveront un jour comme dans « la route », ce sombre roman d’errance apocalyptique… Vous ne direz pas que je ne vous ai pas prévenu(e) ?
Bon, allez, il nous reste quelques bonnes années, savourons ensemble une p’tite vodka Poutine avant que d’engloutir un sushi hallal radio-actif !

Yves Paccalet. L’humanité disparaîtra, bon débarras. 2006. Arthaud ou J’ai lu. 192 p. 4,80 €

Texte et peinture © dominique cozette.  (Vous pouvez partager, ça ne fait de mal à la planète, quoi qu’un clic, c’est beaucoup d’énergie, paraît-il)

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