Il suffit de feuilleter ce superbe album très lourd pour s’en rendre compte : le talent de Claire Bretécher est extrêmement sophistiqué ! Ses BD en donnent un petit éventail. Mais qu’elle nous expose ses travaux personnels — des portraits — et elle nous subjugue par sa technique et son regard.
Claire Bretécher peint, dessine, esquisse. Elle croque, elle saisit, elle peaufine. Elle fait de tout : crayon, encre, lavis, aquarelle, pastel, acrylique, huile, « gratouillis », monotype, tricot (trop fort), carrelage, fusain, bricolage, crayon de couleur. Et mix de tout ça. Et sur divers supports.
Ses modèles ? Son fils, ses nièces, des amies, des amis, sa grande copine Dominique Lavanant, les deux célèbres rousses, Régine Desforges et Sonia Rykiel. Et elle-même.
Des autoportraits où elle est loin de se mettre en valeur. Voilà d’ailleurs ce qu’elle dit de cette discipline : « On croit que l’autoportrait dénote un certain narcissisme. Faux. Ce serait plutôt la manifestation d’un ennui mortel. N’avoir que soi à se mettre sous le crayon est une punition. Imméritée en général. Heureusement, on constate souvent que le résultat n’est pas ressemblant, sauf accident. »
Dans un reportage passé à la télé il y a quelques années, on la voyait dans son atelier, une sorte de maison sur un toit plat à Place Blanche, havre de paix, en baver littéralement sur la confection de sa BD. Elle ne dessine absolument pas à main levée, elle peine, elle gomme, gomme gomme comme une forcenée, gratte, froisse, jette, recommence… Elle rame, donc, ce qu’on n’imagine pas venant d’une femme comme elle au style dilettante.
Donc un très beau livre, surprenant car très varié comme j’essaie de vous le montrer dans ce blog. Les frustrés peuvent aller se rhabiller !
Il existe aussi un coffret collector numéroté avec une sérigraphie originale de l’artiste. J’ai raté la séance de signature, à l’automne, et tant mieux, j’ai horreur des séances de signature.
Claire Bretécher. Dessins et peintures. Editions le Chêne octobre 2011. 240 pages, 39,90 €. Imprimé en … Chine, pays de l’encre à dessiner…
Texte © dominique cozette