Les vierges

Pour l’instant, elles occupent l’agenda de ben Laden, essayant de faire érecter le pauvre homme cyclopéen n’ayant plus qu’un demi-cerveau dans la tête. Mais un autre ailleurs  puisqu’on dit que celui de l’homme se situe dans son sexe (je comprends mieux pourquoi ils veulent tous avoir le plus gros), bref, ces pauvres vierges déniaisées par ce pauvre type qui n’a même pas de téléphone portable ne sont finalement pas trop à plaindre. Une fois leur stage terminé, elles vont être lâchées dans la dure jungle du travail.
Mais elles sont bien armées, le piston du vieux lubrique va marcher à donf auprès de son confrère aux traits tirés et au poil teint, Berluscon. Berluscon, ce qu’il aime, c’est les poupettes appétissantes, gaies et avides. Pas les vierges effarouchées. Elles sont donc d’emblée engagées pour un CDD chez le priapique généreux, on s’amuse, on rigole, on se fait remarquer par des paparazzi, c’est presque la gloire. Suffit plus que de passer entre les draps d’un footeux avant que d’être majeure et la fortune est faite. Le livre est écrit par une équipe de nègres non sélectionnés par un système de quotas abscons, les magazines people et les autres sérieux (pour l’analyse sociomachin du truc) ne causent plus que d’elles, elles tournent dans les télés et les radios, elles deviennent croc-niqueuses dans des émissions qu’on déteste regarder, claquent le beignet d’un petit facho du samedi soir, ou sniffent avec Beigbeider, ou couchent avec Villepine, bref s’arrangent pour être toujours dans l’actu. On ne peut plus se passer d’elles, font des films, écrivent des scénars, traînent dans les places to be, deviennent égéries de sacs à main puis enfin, à la toute fin de leur vie, révèlent qu’elles n’étaient même pas vierges, qu’elles se sont entraînées depuis toutes petites à entrer dans la grande compétition des pouffiasses de la planète afin d’être un jour au top et de réussir leur vie. C’est quand même plus marrant que d’être assistante de prod à Disney Channel, chef de rayon chez Uniqlo, designeuse dans une boîte à Gand ou vigneronne dans le Gard. Non ?

Texte et dessin © dominique cozette

 

Ah, qu’elle est pas belle, not’ jeunesse !

Notre jeunesse est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucun respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans la pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais. (Socrate. 2400 av. 1968).
Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin. (Un prêtre égyptien. 4000 av. 1968).
Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capable de maintenir notre culture. (Inscription découverte sur une poterie d’argile dans les ruines de Babylone, 5000 ans av. 1968). Source Libé.

Moi, je voudrais pas dire, mais notre jeunesse se tient bien mieux aujourd’hui. Collez-leur un écran quelconque (téléphone, ordinateur, tablette, lecteur DVD, télé, console…) et ils sont tranquilles. Filez-leur du blé pour s’acheter leur marque de shoes, ils sont contents. Laissez-les peinards à plusieurs dans leur piaule, ils vous foutent la paix. Rassurez-les sur l’école en leur disant que c’est chiant et que les profs sont nazes, ils jubilent. Et laissez-les pioncer le matin, ils ne seront jamais vénères…

Texte final et peinture ©dominiquecozette.

Guéant ne tient plus sa langue de bois !

Comme je n’ai pas eu le temps de vous mitonner un article et qu’un ami FB, Stef Guyader, s’amuse beaucoup à faire parler Claude Guéant de l’intérieur, je vous livre ces aphorismes apocryphes pleins de délicatesse, comme le successeur d’un certain Brice pas nice…en espérant que mes abonnés ne seront pas déçus. S’ils le sont, qu’ils écrivent à l’intéressé, Beau Veau, qu’on l’appelle, j’sais pas pourquoi, je ne lui trouve aucune charme !

 »Il faut reprendre le dialogue, c’est indiscutable. » Claude Guéant.
 »Kennedy c’est pas celui qu’a construit un aéroport à New-York ? » Claude Guéant.
 »Hier, à table, j’ai repris deux fois purée-paupiette. » Claude Guéant
 »Ce matin, j’avais un de ces mal de pied. J’enlève mon mi-bas de contention et là : un oeil-de-perdrix gros comme un oeuf de caille sur le pouce. » Claude Guéant.
 »Si les japonais y avaient construit un mur autour de leur pays ben peut-être que tout ça serait pas arrivé. »
 »Vous balancez un neurone sur de l’uranium 235 mais attention, à toute blinde hein, et paf, vous avez du chauffage nucléaire. » Claude Guéant.
 »Quand j’ai croisé Carla à la buvette de l’Elysée, je lui ai déclaré qu’elle était la plus grande actrice de figuration de tous les temps. » Claude Guéant.
 »Je me suis acheté une chemise saumon clair et une autre vert d’eau. Elles ont une poche sur la poitrine, c’est pratique pour mettre mon stylo 4 couleurs. » Claude Guéant.
 »Je désire adresser mes voeux de bon week-end à tous les internautes UMP. » Claude Guéant.
 »Mon costume marron en laine peignée part pas sur Ebay. Maman me dit que sur les photos on voit les cercles jaunes sous les aisselles. » Claude Guéant.
 »J’aurai tellement aimer inventer les chaussures Mephisto… Quel design ! » Claude Guéant.
 »La seule chose bonne chez Heurtefeux ? Sa femme. » Claude Guéant.
« Mince, aujourd’hui il fait beau. Je vais encore suer comme un cochon. » Claude Guéant.
« Ma femme est une exquise femme d’intérieur. Normal me direz-vous, pour un Ministre de l’Intérieur, hin hin hin. » Claude Guéant.
« Arlette Chabot change de poste, il serait bon qu’elle change aussi sa garde-robe. » Claude Guéant.
« Il y a trop de néo-zélandais en France. » Claude Guéant
 »J’ai passé mon week-end à Center Park. J’ai ramené des mycoses. » Claude Guéant.
 »J’ai mis mes boutons de manchette Mickey ce matin, c’est mon côté teenager. »
 »J’ai le droit d’avoir parmi mes amis Patrick et Isabelle Balkany. Leur gestion de la mairie de Levallois-Perret est exemplaire. » Claude Guéant.
 »J’ai pris des canellonis à midi, j’ai foutu plein de sauce tomate sur ma chemise marron. Ton sur ton c’est joli. »
 »Ce soir, je suis invité chez les Sarkozy au Palais. Je leur apporterai des yaourts pour le dessert, comme dans la pub Yoplait. » Claude Guéant.
« J’apparais en une des Inrockuptibles de cette semaine, n’est-ce pas là la preuve manifeste du lien très étroit et de la complicité que j’entretiens avec la jeunesse française, rock qui plus est ? » Claude Guéant.
 »J’ai ordonné à Météo France d’instaurer un week-end ensoleillé à tous les franciliens. » Claude Guéant.
 »J’ai joué aux dames avec Brice Heurtefeux. Il a eu les pions noirs, il était rouge de rage. » Claude Guéant.
 »Cette nuit, j’ai fait un rêve : j’étais le fils du Maréchal PETAIN. Il me disait « mon petit Claude soit ignoble, soit immonde et puant, tu seras aux premier rang ». Avec ses petites moustaches blanches, qu’est-ce qu’il était… vieux. »
‘Vous auriez l’idée d’appeler votre fille Arlette ? Eh ben, les Chabot l’ont fait. » Claude Guéant.
 »Un maquinetoche ? Pas besoin, mon Olympia mécanique fonctionne très bien. » Claude Guéant.
 »Je ne vais jamais au spectacle voir des humoristes. Tout ce qui relève de l’humour, de la joie ou du rire m’emmerde. » Claude Guéant
 »Vous me donnez un attaché-case, une Laguna et je fais un parfait représentant Rank Xerox. » Claude Guéant
 »Un petit malin se paye ma tête chaque jour sur le réseau social Facebook. Si ça continue, il l’aura pas volé son contrôle fiscal… » Claude Guéant
 »Avant, j’étais plutôt Werther’s Original. Ce qui m’a fait perdre une teinte d’émail. Pour corriger le tir : Denivit et pastilles Vichy. J’aime le blanc, que voulez-vous ! ». Claude Guéant.
‘Pourquoi partir en week-end alors que je peux profiter de la maison et du jardin de Maman à Arcueil ? J’apporte mes dossiers et mes livres de poche. En plus Maman me fait du boudin pommes au four et son délicieux clafoutis à la tomate. » Claude Guéant.
 »Dimanche, j’ai prit le métro pour la première fois. C’est abominable tout ce bruit et l’odeur. » Claude Guéant.
 »A midi, j’ai invité tout le personnel de mon Ministère à déjeuner. J’ai commandé 48 sandwiches Lina’s et 8 bouteilles de Cristalline. Et 48 expressos à la machine à café. Je me suis fait rembourser par le Ministère. » Claude Guéant.

Texte © Stef Guyader. Image de légume art sans auteur déclaré.

Françoise Giroud et la fumeuse égalité hommes-femmes

Pensez donc ! Nous avons un cerveau, comme les hommes, mais pas de testicules, ce qui semble être la localisation du cran. Ou du courage, si t’aimes mieux.
Alors, comme on n’a pas de courage, c’est normal que les hommes ne nous donnent pas trop de responsabilités, des fois qu’on ne sache qu’en faire. Car qui dit responsabilités, dit esprit d’initiative et sens du commandement. Ce que nous n’avons pas, nous les femmes, sinon ça se saurait. A part quelques hystériques comme Golda Meir, quelques transsexuelles comme Jeanne d’Arc ou quelques travestis comme Indira Ganghi.
C’est donc pour cela que nous sommes vouées aux tâches les moins nobles : enfanter. Elever les enfants. Enseigner. Soigner. Adoucir. Aider.
Bien sûr, comme nous n’avons pas de testicules — Dieu nous en garde, c’est quand même moins joli que des seins — nous n’avons aucune justification à être rémunérées aux même tarifs que les porteurs de pénis. Nous n’avons pas besoin d’amasser toutes ces choses dont on ne sait même pas à quoi elles servent, les actions, les parts de machins, les obligations, ces bidules virtuels qui circulent de marchés en marchés. La Bourse, ça s’appelle, pas l’Ovaire. Vous imaginez les infos : l’Ovaire de New-York est remonté, l’Ovaire de Londres frissonne, le cours de l’Ovaire reste stable…
Et puisqu’on est une femme,  qu’on n’a pas de testicules avec du cran dedans, on ne peut pas aller casser la gueule à ceux qui en ont pour rétablir une sorte d’équilibre. Donc ceux-là n’ont pas peur de nous, ils savent qu’ils ne risquent rien à continuer à nous flouer.
Françoise Giroud, qui n’avait pas de testicules, avait du cran. Elle le stockait dans un utricule, réticule  ou autre contenant porté à l’extérieur du corps. Elle affirmait que l’égalité serait atteinte quand on nommerait des femmes incompétentes à des postes de responsabilité.
Françoise n’a pas vécu assez longtemps pour vérifier le mal-fondé de sa sincère déclaration. Car l’histoire est sournoise. Et des Alliot-Marie, des Roselyne Bachelot, des Rachida Dati, des Sarah Paulin ailleurs, des François Coppé, des Frédéric Lefèvre, ah flûte non, erreur,  ont (ou ont eu) des postes à responsabilités. Elles portent leur faux cran dans des erzatz de testicules siglés Herpès et Vuittoni. Oui, oui, je vous jure.
Alors maintenant que les femmes peuvent porter leur cran au creux du coude, peut-on dire que l’égalité est atteinte ? Ah bé, non, dis-donc toi ! Comme tu y vas ! S’il suffisait aux femmes d’être aussi médiocres que les possesseurs d’épididyme pour arriver aux strates supérieures des hiérarchies, ça se saurait !
C’est que  les hommes, qui ont du cran dans les testicules, ont érigé le plafond de verre pour les protéger de cette masse gluante de femmes qui veut leur piquer la place.
Les hommes, en plus des testicules, ont une poudre magique qu’on appelle  solidarité masculine qui leur permet, hop,de traverser le miroir. Les femmes, non, elles se cognent, elles se blessent, elles retombent, bon, parfois on en laisse rentrer une pour faire croire que « les femmes aussi », mais pas plus, hein, putain ! Il ferait beau voir…
Alors moi je dis qu’on aura atteint l’égalité quand on nommera des femmes avec un pénis à des postes de responsabilité. Je peux être sûre que ça n’arrivera jamais !

Texte et dessin © dominiquecozette

 

 

Les chaînes de l’amour

Ma chérie,
c’est la Saint Valentin, et tu me manques terriblement. C’est vrai,  j’ai merdé, mais je t’adjure de me croire quand je te promets que j’en ai fini avec les conneries. La preuve : je te promets tout ce que tu désires si tu me reviens.
Je te promets de ne plus boire, sauf un petit coup de temps en temps, pour fêter ça. Alors tu verras, ça va redevenir comme au premier jour, tu te souviens dans le RER B, quand j’ai un peu insisté pour te faire l’amour ! Et puis tu pleurais, pleurais tellement c’était beau. Tout ça, c’est gravé dans ma tête pour l’éternité.
Je te promets aussi de ne plus toucher à d’autres femmes, tu sais, c’était compulsif mais je me fais soigner régulièrement pour ça. Le psy me trouve « mieux ». Mieux que quoi ? Je ne sais pas mais ça veux tout dire.
J’ai aussi décidé, ma chérie, si tu m’acceptes chez toi, de t’aider à supporter les tâches ménagères puisque c’est ça que les femmes réclament en premier, que les hommes décollent leur gros cul du canapé et au moins aident à débarrasser les miettes et les cannettes.
Que te promettre d’autre ? De trouver du travail, bien sûr, il faut un début à tout. J’apprends un métier : la serrurerie, ne crois pas qu’il s’agisse de serrures mais plutôt d’escaliers et de rembardes métalliques. C’est un métier très dur et c’est pour ça qu’il a le vent en poulpe.
Bien sûr, j’arrêterai de te taper, mais c’est implicite, tu dois bien t’en douter.
Et puis je ne te ferai l’amour que quand tu me diras oui. Tu sais, j’ai toujours cru que les femmes aimaient les mecs virils qui y vont franco. Mon psy m’a dit que non, que je devais laisser s’exprimer mon côté féminin. ??? .
En attendant de te voir — je te joins les nouveaux horaires de parloir  — je t’embrasse pas trop fort pour pas t’abîmer..
Ton Teddy
PS : Quand répondras-tu à mes lettres , quand viendras-tu me voir ? Fais gaffe,  tu sais que j’aime pas trop qu’on se foute de ma gueule. Bon, calmos. C’est la Saint Valentin.

Texte et dessin © dominiquecozette

Fils de, encore un !

Jules Gabot est en retard au rendez-vous. Il a eu une fuite en urgence au dernier moment. Il me retrouve au Stella, la brasserie hype de la ville. Il est tel qu’en lui-même, nature, une clope à l’oreille, cheveux ébouriffés. Il a commencé sa carrière de plombier en 2008, et sa première intervention — chance inouïe — eut lieu à l’hôtel de ville de sa petite commune..
– « C’est vrai que j’ai été gâté. Peu de jeunes plombiers peuvent en dire autant…
– Ne me dites pas que c’est le hasard ! Votre nom a dû y être pour quelque chose, non ?
– Absolument pas ! L’employé a cherché dans l’annuaire pour m’éviter mais il a sauté une ligne. Il ne voulait justement pas d’un « fils à papa » (Jules met les doigts en crochet pour mimer les guillemets). Du coup, il m’a traité comme un simple pékin et j’ai pu donner tout ce que j’avais. Il a apprécié et a  fait le buzz. Vous savez, ça va vite à se créer, une réputation !
– Etre le fils de Philippe Gabot n’influe-t-il pas sur votre carrière ?
– Cela joue peut-être pour une prise de contact mais si je me plante, terminé. Des plombiers, il y en a une vingtaine ici, on n’attend pas après moi ! Vous savez, c’est assez … pénible (il mime les guillemets) d’être toujours soupçonné de devoir sa carrière à son père. Prenez les chanteurs par exemple, qui va leur reprocher ça ? Arthur H, M, David Hallyday et bien d’autres, on ne fait jamais référence à leurs pères ! Pourquoi nous, les plombiers, boulangers, maçons, on nous le reproche ?
– C’est plus facile d’entrer dans la carrière…
– Oui, c’est vrai, c’est plus facile, on nous met le pied à l’étrier, on connaît un peu mieux le milieu mais après ? Tu loupes un joint et terminé ! »

On ne dira jamais assez l’amertume de ces jeunes loups fils de, comme Cédric Donzère, charcutier fils de, Jean Thomas, agriculteur fils de, et Céline Barbe, coiffeuse fille de. Et on comprend que pour être crédibles, ils doivent faire leurs preuves deux fois plus que n’importe qui.

texte et dessin © dominiquecozette

Niou niouses #5 !

Mercredi : Voilà 30 ans que John est mort, et Julien Clerc que je n’avais pas reconnu dans le poste, parle de cette époque avec une voix voilée aux accents vieillissants. Ça me rappelle quand j’étais petite et que les vieux de 40, 50 ou 60 ans évoquaient une figure disparue de la littérature.  J’avais envie de tout sauf de les écouter. L’enfer, c’était ça : des vieux qui parlent de leurs chers disparus. Malgré toute l’amitié que je porte au probe  Julien  et toute la nostalgie que m’inspire John, que j’ai bisé un jour de 64 dans un studio de la rue Bayard, à BAL 10 10, pour ceux qui ont connu.

Jeudi : La France des inégalités, ça devient de plus en plus insupportable : pendant qu’il y en a qui se réveillent dans leur voiture glacée — rien à boire, rien à becqueter, pas de brosse à dents, plus de batterie et peut-être même plus d’essence — d’autres s’endorment à poil sur le sable chaud au son des vaguelettes de ce même pays, à quelques encablures.

Vendredi : Pour noël, faites vous offrir l’appareil à euthanasier les homards et crustacés en quelques secondes. Ça ressemble à une photocopieuse. Vous mettez la bête dessus et dzuiiiinng, une décharge électrique l’envoie ad patres. Ce n’est que justice que d’offrir une mort très douce à des petites créatures dont la chair nous régale.  Les punir de leur succulence en les ébouillantant ou en les congelant, c’est ignoble et  indigne.  Je le dis sans rire. L’appareil, cependant, coûte 2750 euros.

Samedi : La neige est fondue, la polémique soubresaute encore, un ministre a menti, son chef, le premier ministre, le protège.  Des flics ont menti, leur chef, le ministre (le même, tiens !), les protège.  Au-dessus, le chef de tous les chefs protège les menteurs, les meneurs en bateaux, les blablateurs, les imposteurs, les arnaqueurs, les pipoteurs, les bourreurs de mou, les embobineurs et entortilleurs, les bluffeurs, les tricheurs, les abuseurs, fraudeurs, grugeurs, leurreurs et autres falsificateurs de vérité. Ils appellent cela de la com. Aujourd’hui, le gouverne-ment. Le gouvernement nie. Même avec la tronche pleine de chocolat, le gouvernement pousse le bouchon un peu trop loin, Maurice.

Dimanche : Identité nationale, le retour ! Par monsieur Copé, le nouveau gourou de l’UMP. Parce qu’une grande blonde très adroite  supplante le petit brun dans les sondages.  Après un remaniement qui ne remanie pas grand chose, une vieille idée rance qui remonte à la surface, blurp blurp blurp…

Lundi : Camouflée sous son niqab – camouflet pour Hortefeux. Elle est assez drôle la langue française. Entendu aussi à la radio, au sujet d’un comédien : « ce lampiste ». En phase de réveil, mon cerveau finit par rectifier : « seul en piste »

Mardi : Ta mère en string chez UBS, c’est fini. En même temps, le string, c’est out. Et puis ta mère, si elle veut porter un soutif noir sous un corsage blanc, elle n’a qu’à pas travailler chez UBS. UBS, c’est une banque. Pas une banque de sperme, pourtant. Une banque de gens très occupés à vous demander de changer de parfum souvent, car si on s’habitue, on s’asperge trop fort et ça gêne le client qui vient planquer son blé; ou aussi de changer de chaussures « une fois par jour » car quand les pieds vont mieux, la tête travaille mieux. 44 pages d’un dress-code dont j’aurais bien aimé être une petite souris lors des réunions nécessaires à sa mise en forme ! Les excès de la neutralité, tout d’même !

Texte et dessin ©dominiquecozette

Un vernissage bien cochon

Il est facile d’ironiser sur la faune blinguissime et haïssable du monde de l’art con(temporain/ceptuel) lorsque l’on est un artiste qui se nourrit d’elle. Fluck* n’en est pas. On n’en sait pas plus sur lui  que ses implacables absences à d’extravagantes performances où « tu as raté ta vie si tu n’as jamais été à l’un de ses vernissages », pour parodier un ex-publicitaire andropauso-débranché. Le vernissage en question, qui ne peut avoir lieu qu’une fois, réunissait l’armada classique des joviaux échappés de ministères culturels, directions culturelles et autres organisations officielles d’Art Contemporain — majuscules obligatoires — emperlouzées pour les unes, rubiconds pour les autres, de ceux que l’on trouve la main plongée dans les buffets pléthoriques et surestimés qu’autorisent les budgets des dodues subventions de ce genre de manifestations.
L’invitation nominative titrait malicieusement  « l’arroseur arrosé »,  un teasing forcément pour  qui aurait réfléchi deux secondes. La grand’salle d’exposition du somptueux hôtel particulier de la Friedrichstrasse* présentait en effet quelques oeuvres plastiques de l’artiste, grands formats, bronzes, totems, plus la célèbre Femme-Trou en faïence.
La surprise venait de l’immense cloison de verre qui séparait cette pièce en deux, d’un côté les oeuvres et un gigantesque buffet, de l’autre, les invités et un gigantesque buffet, en tous points identique au premier.
Etonnés d’être ainsi coupés de l’Art, les invités se pressaient sur les victuailles et les boissons. Victuailles, boissons. Victuailles, boissons.  Quand, soudain, une porte s’ouvrit de l’autre côté et laissa s’engouffrer cinq porcs. Des porcs propres et roses, vêtus de sortes de vestes de smoking  ou de moires noires, qui fouissaient du groin ce qui se présentait, toile, sculpture… jusqu’à ce qu’ils fissent face à leur buffet. Le même, donc. Ripailles, orgie, curée, il n’y a pas de limite à l’appétit rabelaisien d’un cochon. Les sons qu’ils émettaient étaient amplifiés, rendant ces agapes proprement obscènes.
Les invités, personnalités politiques en tête, firent un accueil glacial à cette performance qu’ils mirent un certain temps à comprendre — pour une fois, le sens en était clair — et quittèrent les lieux en rangs serrés, suivis de près par d’autres officiels au sourire goguenard mais au trouillomètre à zéro. Quelques vieux artistes honoraires continuaient à s’empiffrer, tandis que les cochons, repus, urinaient et déféquaient sur les tapis d’époque. On dit que des têtes sautèrent, du côté des officiels. Que les journalistes furent contraints au silence. Que le curateur osa une TS de convenance. L’événement serait passé inaperçu donc si Fluck* n’avait installé des caméras en batterie, afin d’immortaliser ce vernissage du vernissage. La présentation du DVD fit grand bruit.Encore une fois, l’artiste brilla par son absence.  Aujourd’hui, le film est régulièrement projeté  au MoMA et chez les Saatchi, et le DVD sera offert aux visiteurs de la prochaine Biennale de Venise.
* les noms ont été changés

A propos d’art, je vous informe que je serai présente dans le hall de l’Hotel de Ville de Fontenay sous Bois pour l’expo Art-Cité, samedi 16 octobre de 14 à 18 heures. Le site ici.

Texte et dessin © dominiquecozette.
Inspiré de « Jeter des perles aux cochons » (2002) de FFM, collectif d’artistes de Stuttgart.

Trop fier d’être français…

Cocoricoooooooo !!!!!!

Pourquoi n’instaurerait-on pas une French Pride pour entériner l’affaire ? Tous les bons Français que nous sommes défileraient sur des chars en chantant Maréchal nous voilà !, avec des plumes tricolores dans le françois fion*, avec en tête (de neuneu) du cortège Hortefeux d’artifesse et Besson-les -bien, tels de preux conquérants. Quelle bonne idée, mes cons patriotes, ne trouve-vous pas ?
Moi-même par exemple, chaque matin en me rasant, je me rengorge devant ma glace, me félicitant de ma nationalité. Que je suis bon, que je suis quelqu’un de bien forcément, puisque je suis fffffffffffrançais (excusez les postillons). C’est pas comme mon copain Wolfgang, la honte !!! Il est allemand, cet abruti ! Et mon ami Piero, quelle lose aussi, un Italien !!! Avouez ! Faut vraiment être con ! Je vous cause même pas de mes amis suisses, boliviens, chinois… tous des nases, des triples nases, des buses !!! Comment peuvent-ils vivre dans cette médiocrité ?
Ahhhhhh, oui, que c’est bon d’être français, quelle fierté d’avoir nos Valeurs Actuelles teintées de ce Nationalisme Triomphal et Irréductible. Putain, j’allais dire ! Oui, putain, je le dis, partager ce Fier Héritage avec le Bon Goût Ambiant, la Culture Rayonnante qui jaillit chaque jour de la fière TF1, l’Erudition Immarcescible de notre Fier Président et de ses Fidèles Amis, les Bigard et autres Mireille Mathieu que nous envie le monde, Nos Droits de l’Homme qui se manifestent chaque minute sous l’Impulsion de nos Courageux Dirigeants !
Pauvre Barak Obama, pauvre Aung San Suu Kyi, pauvre Dalaï Lama, pauvre Keith Richards me souffle-on dans la tête, pauvre Coetzee et Dan Fante aussi pour faire plaisir à quelqu’un, pauvres six milliards six cents millions d’être humains qui pataugent dans leur minable vergogne, rouge au front et  profil bas ! Sont pas comme nous, ces gens-là, n’ont pas de fierté !

* « françois fion » est à prendre ici au sens de « cul français », selon l’ancienne orthographe du terme.

Texte et dessin © dominique-fière-cozette

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