Françoise Giroud et la fumeuse égalité hommes-femmes

Pensez donc ! Nous avons un cerveau, comme les hommes, mais pas de testicules, ce qui semble être la localisation du cran. Ou du courage, si t’aimes mieux.
Alors, comme on n’a pas de courage, c’est normal que les hommes ne nous donnent pas trop de responsabilités, des fois qu’on ne sache qu’en faire. Car qui dit responsabilités, dit esprit d’initiative et sens du commandement. Ce que nous n’avons pas, nous les femmes, sinon ça se saurait. A part quelques hystériques comme Golda Meir, quelques transsexuelles comme Jeanne d’Arc ou quelques travestis comme Indira Ganghi.
C’est donc pour cela que nous sommes vouées aux tâches les moins nobles : enfanter. Elever les enfants. Enseigner. Soigner. Adoucir. Aider.
Bien sûr, comme nous n’avons pas de testicules — Dieu nous en garde, c’est quand même moins joli que des seins — nous n’avons aucune justification à être rémunérées aux même tarifs que les porteurs de pénis. Nous n’avons pas besoin d’amasser toutes ces choses dont on ne sait même pas à quoi elles servent, les actions, les parts de machins, les obligations, ces bidules virtuels qui circulent de marchés en marchés. La Bourse, ça s’appelle, pas l’Ovaire. Vous imaginez les infos : l’Ovaire de New-York est remonté, l’Ovaire de Londres frissonne, le cours de l’Ovaire reste stable…
Et puisqu’on est une femme,  qu’on n’a pas de testicules avec du cran dedans, on ne peut pas aller casser la gueule à ceux qui en ont pour rétablir une sorte d’équilibre. Donc ceux-là n’ont pas peur de nous, ils savent qu’ils ne risquent rien à continuer à nous flouer.
Françoise Giroud, qui n’avait pas de testicules, avait du cran. Elle le stockait dans un utricule, réticule  ou autre contenant porté à l’extérieur du corps. Elle affirmait que l’égalité serait atteinte quand on nommerait des femmes incompétentes à des postes de responsabilité.
Françoise n’a pas vécu assez longtemps pour vérifier le mal-fondé de sa sincère déclaration. Car l’histoire est sournoise. Et des Alliot-Marie, des Roselyne Bachelot, des Rachida Dati, des Sarah Paulin ailleurs, des François Coppé, des Frédéric Lefèvre, ah flûte non, erreur,  ont (ou ont eu) des postes à responsabilités. Elles portent leur faux cran dans des erzatz de testicules siglés Herpès et Vuittoni. Oui, oui, je vous jure.
Alors maintenant que les femmes peuvent porter leur cran au creux du coude, peut-on dire que l’égalité est atteinte ? Ah bé, non, dis-donc toi ! Comme tu y vas ! S’il suffisait aux femmes d’être aussi médiocres que les possesseurs d’épididyme pour arriver aux strates supérieures des hiérarchies, ça se saurait !
C’est que  les hommes, qui ont du cran dans les testicules, ont érigé le plafond de verre pour les protéger de cette masse gluante de femmes qui veut leur piquer la place.
Les hommes, en plus des testicules, ont une poudre magique qu’on appelle  solidarité masculine qui leur permet, hop,de traverser le miroir. Les femmes, non, elles se cognent, elles se blessent, elles retombent, bon, parfois on en laisse rentrer une pour faire croire que « les femmes aussi », mais pas plus, hein, putain ! Il ferait beau voir…
Alors moi je dis qu’on aura atteint l’égalité quand on nommera des femmes avec un pénis à des postes de responsabilité. Je peux être sûre que ça n’arrivera jamais !

Texte et dessin © dominiquecozette

 

 

Les bien baisées

Plafond de verre
Plafond de verre

Le plafond de verre (représenté par ce tableau) est un plafond fictif qui empêche la plupart des femmes d’accéder à la tête de toutes les hiérarchies, qu’elles soient politiques, sociales, professionnelles, religieuses. Pourquoi ? Parce que nous manquons de combativité. Et pourtant, il y en a eu des combats. Malheureusement, les courageuses qui ont ouvert la voie à une existence meilleure (droit à la contraception et à l’avortement notamment) ont été très vite ringardisées. Les féministes sont devenues les mal baisées. Moi qui n’ai pas été très militante dans ces années-là (la révolution sexuelle était bien plus marrante) mais qui ai pris conscience des inégalités à partir des années 80, je remarque que nos filles n’ont pas été motivées pour prendre la relève. Il est vrai que c’était (c’est) vu comme un combat d’arrière-garde mené par de vieilles harpies hystériques, frigides, voire les deux. Or, que constatons-nous aujourd’hui ?  Que les  femmes continuent à être largement sous-payées par rapport aux hommes (-27% en moyenne), qu’elles sont largement plus précarisées que les hommes, surtout si elles sont seules avec enfants,  que le droit à l’avortement est de moins en moins assuré dans certaines régions, qu’au niveau de la parité hommes/femmes en politique, la France se situe au plus bas des démocraties européennes, juste devant la Grèce. C’est glorieux.  Alors vaut-il mieux passer pour une mal baisée et reprendre la lutte ou  se faire bien baiser sous toutes les coutures parce qu’on a peur de ne pas plaire ? J’entends d’ici vos quolibets, c’est vrai, quoi, qu’est-ce que je viens vous faire chier avec des problèmes de gonzesses, franchement ! Y a pas autre chose de plus important dans la vie que toutes ces conneries ? Quelle relou ! Ok, ok ! C’est dit, on n’en parle plus, toute façon moi, hein, je fais juste de la peinture.

Texte © dominiquecozette
Peinture grand format présent à Mac Paris du 19 au 22 novembre.

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