La saint Valentin, c’est le bouquet !

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Chère Mademoiselle Medeline,
c’est aujourd’hui la Saint Valentin, ce n’est pas ma fête car je m’appelle Gontran mais j’aimerais tant que vous daigniez m’adresser un sourire, un vrai, d’enthousiasme et non pas le rictus de politesse que vous faites en soulevant ma chemise, en dégageant mes fesses et en disant : Allez, du courage ! Du courage, j’en ai plus que vous ne croyez, je traverserais des océans pour vous mais ce serait idiot vu que vous êtes tout près de moi. Mademoiselle Medeline, je sais que ce soir votre amoureux va vous inviter au resto ivoirien en bas de chez vous — de ma chambre j’entends tout — et qu’après il vous bossera. Je suppose que c’est une expression de chez vous qui veut bien dire ce que je redoute vu les gloussements que ce projet a engendrés auprès de vos collègues.
La Saint Valentin, c’est dégueulasse ! C’est de la discrimination négative. Déjà qu’on est malheureux d’être tout seul, puis d’être malade, en plus il faut supporter la pression de tous les médias au sujet cette fête commerciale qui fait vendre des fleurs, des strings et des bijoux. Obligation d’être joyeux, d’être gentil, d’être généreux (qu’est-ce qu’il t’a offert ton jules ?) et de bander.
Finalement non, ne me souriez pas, vous me faites pitié avec votre petite histoire d’amour à quatre balles qui va se terminer en queue de boudin avec un polichinelle dans le tiroir et un bouquet d’hématomes sur votre corps !
Sans rancune, bien à vous !
Gontran de la chambre 6.

Texte et dessin © dominique cozette

Un petit coup de mains ?

Cher tous
je vous envoie une photo de moi pour que vous compreniez mieux : J’EN AI MARRE DE NE PAS POUVOIR DIRE COMME TOUT LE MONDE : J’AI PAS QUATRE BRAS, J’EN AI QUE DEUX !!! Vous allez me dire que c’est pratique, que je peux me décrotter le nez en tricotant, éplucher des patates en me brossant les dents, lire le journal dans le bus en pickpockant un morlingue, pincer les fesses d’un mec incognito en me tripotant les cheveux, jouer de la batterie en même temps que de la flûte traversière ou plus bêtement du piano à quatre mains. Et aussi, faire des trucs terriblement sexuels. Eh bien non, ce n’est pas pratique et très moche de profil parce que j’ai deux doubles épaules. Deuxièmement, je n’ai pas assez de cerveaux pour gérer l’indépendance de mes paires de bras. A la rigueur, je peux tricoter deux pulls identiques en même temps. Et c’est ce que je suis obligée de faire car il n’en existe pas en magasin susceptibles de m’aller. Pourquoi j’écris cette lettre ? Parce que malgré des dépenses somptuaires qui me coûtent toutes un bras, je suis toujours quadrumane. Et je vous préviens, si vous continuez à vous foutre de ma gueule, ça sera une paire de baffes et une paire de baffes. Non mais !
PS : Ne vous étonnez pas de recevoir cette lettre en double, c’est normal.

AVIS : problème d’Internet avec attente d’intervention de France Telecom. Je poste ce texte tpas très finalisé pendant les quelques minutes où ça marche. Et si vous n’en recevez pas les jours suivants…ça vous fera des vacances !

Texte et dessin © dominiquecozette

l’amer qu’on voit ses dents…

Aujourd’hui, tout a été fait, dit, inventé, c’est dingue ! L’autre jour, j’écris une sublime chanson sur ma mère. Ma mère, c’est une petite dame toute grisonnante avec un coeur comme ça, j’ai voulu lui rendre un hommage pour tout le bonheur qu’elle nous a donné, à mes sept frères et moi-même. Moins mes soeurs, parce que c’est normal qu’elle leur ait demandé de les aider, du coup elles sont moins ressenti le bonheur.
Ma chanson, ça commençait comme ça : « ma mère qu’on voit danser le long des golfs verts (elle fait des ménages dans le clubhouse d’un dix-huit trous) a des reflets d’argent, ma mère, des reflets changeants sous la pluie. »
Encouragé par le sentiment d’inaltérabilité de cette poésie, j’enchaîne : Ma mère au ciel d’éte confond ses blancs moutons avec les anges si purs (elle perd un peu la tête, ma p’tite maman) ma mère bergère d’azur infinie (ça, je ne sais pas à quoi ça se réfère mais ça sonne bien).
Le troisième couplet était un peu foireux, avec des étangs et des maisons rouillées, à retravailler. Et le dernier, très lyrique : Ma mère nous a bercés le long des golfs verts et d’une chanson d’amour ma mère a bercé mon coeur pour la viiiiiiiiiiieeeeeeeeee (violons qui s’envolent etc.).
Quand je suis allé à la SACEM déposer mes paroles, le mec les a lues et m’a demandé si je me foutais de sa gueule. Quel intérêt j’aurais ? lui demandai-je. Il alla montrer mon texte à ses collègues et tous, ils se sont mis à se marrer en me regardant. C’était très pénible. Il m’a alors dit : mon petit gars, faudrait réviser vos classiques. N’allez pas me dire que vous ne connaissez pas Trénet. Trénet ? Qui connaît Trénet ?
Alors, je l’ai lue à la mère de mon ex qui s’y connaît en chansons, elle aussi a éclaté de rire. Vous êtes impayable, m’a-t-elle déclaré. Et là-dessus, elle m’a joué le CD du fameux Trenet qui est mort et enterré !!! Putain, il m’avait piqué ma chanson !!! Parfaitement, je l’ai inventée AUSSI cette chanson, non, je ne l’ai jamais, jamais, jamais  entendue… Alors, qu’est-ce que je fais maintenant ? J’écris  sur mon chagrin quand mon ex m’a quitté et que j’ai entendu le train siffler et que j’ai pensé « que c’est triste un train qui siffle dans le soir » ? Puis je me suicide quand on m’annonce que ça a déjà été dit ?

Texte  © charles trenet & dominiquecozette / dessin © dominiquecozette

Que foetus là ?

Abortion #7 ratée : naissance à venir
Abortion #7 ratée : naissance à venir

Il avait tellement envie d’être dehors, de voir ce qui se passait, quels étaient tous ces sons, toutes ces lueurs, d’où provenaient ces goûts somptueux qui lui parvenaient dans le tube à manger, qu’il entreprit sa descente vers le bout du tunnel. Mais qui vit-il au bout du tunnel ? La face hostile du dieu-médecin qui tonna :
– Que fais-tu là, têtard, si tôt ? Qu’est-ce que tu crois ? Que tu vas survivre avec tes pauvres petits organes minables ?
Le têtard tordit son nez comme s’il allait pleurer.
– Bon, écoute, tu choisis : ou tu sors maintenant et tu te retrouves dans une boîte en plastique, tout seul, tuyauté de partout, le nez, la gorge, les bras, le nombril et une inquiétante machinerie autour de toi. Ou tu remontes, tu grandis encore et tu nous reviens dans trois mois.
Le têtard souleva un sourcil d’étonnement.
– Parce que dans trois mois, la plus merveilleuse femme au monde te cueillera dans ses bras, t’offrira ses seins juteux, t’embrassera les joues et les fesses. Elle sera tout à toi, rien qu’à toi, te chantera des romances, te montrera partout avec une immense et tendre fierté : tu seras son roi.
Il n’y avait, effectivement, pas à balancer. Le têtard prit ses jambes à son cou pour gravir le col de l’utérus et se réinstalla confortablement dans son nid douillet. C’est vrai qu’il était bien là, royal au bar, tout compris. Et puis, c’était bien de se faire désirer, non ?

Texte et photo © dominiquecozette

Bonnet blanc et blanc bonnet

On a partagé tant de choses, toutes les deux ! Des études calamiteuses, des vacances ratées, des larmes, des flirts non aboutis, des gâteaux dégueu, des expériences amères et pénibles, des soupes à la grimace, des gifles et des baffes, des culs tournés, des disputes, des crêpages de chignons, des gueules de bois, des pneus crevés, des blues du dimanche soir, des déprimes d’hiver, des noëls sans cadeaux, des nuits d’amour sans joie, des chefs sans pitié, des colocations miteuses…
Et puis aussi des trottoirs sans soleil, des clients sans hygiène, des macs impitoyables, des passages à tabacs épuisants, des passages à vide lénifiants, des hôtels minables, des fins de mois éprouvants, des rêves avortés, des pleurs sans fin, des gardes à vue innommables…
On a partagé tout ce qu’on a eu, tout. Et tu veux pas me prêter ton bonnet de bain ? Alors là,  je te trouve un peu personnelle, je vais te faire dire !

Texte et dessin © dominiquecozette

Encore une belle idée avortée !

Abortion #6
Abortion #6

C’est une grande gaillarde costaude et décidée. Elle a trouvé, dès l’âge de 15 ans, un procédé infaillible pour mettre fin à toutes les guerres et tous les conflits armés. Elle y a travaillé jusqu’à ce qu’il soit définitivement au point, pour ses 25 ans. C’était formidable, enfin un monde sans guerres ! Bien sûr, les marchands d’armes ne lui disaient pas merci.
Mais cette belle utopie est tombée à l’eau car le jour où cette grande gaillarde aurait dû être conçue, un mardi après le judo sur le banc du vestiaire filles, la mère de la jeune ovulante se fit renverser par un quad, accident bénin mais suffisant pour consigner la jeune fille à la maison. Son copain pensa qu’elle lui avait posé un lapin et de dépit, forniqua avec une pauvre ceinture jaune nommée Rose-Marie Magrotta et la mit en cloque séance tenante. Il en naquit un bébé qui devint petit chef de rayon (principalement poisson et viande) du Mégamarché de la Région. Et qui se passionnait pour les jeux vidéos les plus violents. Comme quoi…

Texte et photo © dominiquecozette

Fin de partie

Putain ce qu’on a pu se marrer dans cette boîte où je passais mes vacances ! On  buvait du bourbon-coca gratos à volonté, les nanas en mini-jupes aux jolies jambes, et quand on était pafs, on dansait comme des tarées sur une estrade d’où les voyeurs pouvaient voir … pas grand’chose car les strings n’existaient pas et on portait culotte. Parfois, monsieur Eddie Barclay débarquait avec sa clique et il offrait le champ à tout le monde. Nous, il nous ramenait chez lui et nous faisait danser au bord de sa piscine tandis que ses invités connus se poussaient à la baille les uns après les autres et gueulaient parce que leurs montres prenaient l’eau. Y z’avaient pas encore de montres étanches, eux non plus d’ailleurs l’étaient pas, parce qu’on les emmenait souvent aux urgences pour les vider. Y avait Sacha qui prenait sa guitare sur le coup de l’aube et il croonait. Quelques couples faisaient l’amour dans les fleurs et moi je m’endormais de toute façon dans la balancelle. Dès que je fumais un joint, toc, dodo. Voilà.
Aujourd’hui le lieu est devenu une permanence pour des sans foyer, c’est pas la même ambiance. Mais à Noël et au premier de l’an, il y avait des rires qui fusaient et des bouchons de champagne qui pétaient. Y en un qui est sorti tout éméché, de blanc vêtu, je vous jure, on aurait dit Eddie Barclay. Sauf qu’il était avec une vieille. Là, je me suis dit : non, c’est pas lui !

Texte et photo © dominiquecozette

Tenue de réveillon

J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! Ouais ben j’irai pas à leur réveillon ! Y se passeront de moi. J’ai pas envie de passer pour une nase. Merde, qui c’est qui m’appelle encore ? Allo ? Ah, c’est toi ? Oui… oui… oui… non pas du tout j’étais en train de bouquiner… un vieux livre … attends, je regarde … les illusions d’optique, c’est marrant comme tout … oui … bien sûr et toi ? Oh, super, tu t’habilles en pingouin et tout ça ? Une robe longue ? Evidemment que j’ai une robe longue mais je l’ai déjà mise l’an dernier et un connard m’a vomi dessus, ça te rappelle rien, peut-être ! Ouais, ciao et bonne bourre ! Cling ! (façon de bruiter le téléphone qu’elle raccroche brutalement.) Connard, ce mec ! Et puis quoi ? M’inviter au dernier moment !
Putain, J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre !
Allo, Iris ? Tu fais quoi ce soir ? Ouais pour le réveillon, pardi ! Rien ? Et si on se bourrait vite fait une petite valise, qu’on se pointe à Roissy et qu’on prenne le premier… ah, pas envie, c’était marrant pourtant l’autre fois ! Bon, bah… Bon bah OK, je viens comme ça, hein, tu me jures que tu me refais pas le gag des invités surprises ? … Quoi, des chaussons ? Un plan bourrage de tronche en chaussons ?  C’est trop ouf ! Bon, OK, je saute dans mes charantaises et j’arrive, à tout’ ! Cling (façon de bruiter le téléphone qu’elle raccroche dubitativement )… Merde !!! J’sais pas quoi mettre ! J’ai rien à me mettre ! J’ai pas de chaussons ! Ce que c’est chiant, ces réveillons !!!

Texte et dessin © dominiquecozette

solo e miserabile

Cet homme rose, comme je l’appelle alors que c’est la maison qui est rose, est en train de tripoter cet appareil avec frénésie. Il ne le met jamais à l’oreille, ne parle jamais dedans, n’a pas de dispositif mains libres qui l’en dispenserait. Il ne veut pas parler parce qu’elle lui raccroche au nez. C’est pourquoi il envoie des chapelets de SMS qui racontent sa peine : Es-tu seule ce soir, est-ce que je te manque, les chaises de ton salon te semblent-elles vides ? On dit que la vie est une scène sur laquelle chacun joue son rôle. J’ai aimé l’acte 1, le coup de foudre, l’amour et tout ça, et c’était tellement bien joué. Mais je n’ai rien compris à l’acte 2, tu as tellement changé, tu m’as raconté tellement de bobards et tu ne m’as jamais dit pourquoi. Néanmoins (il apprécie ce mot désuet téléphoniquement parlant), je préfère la vie avec toi et tes mensonges que rien. Maintenant la scène est vide et le théâtre désert et si tu ne reviens pas, il vaut mieux baisser le rideau. FIN. Alors, l’homme rose éteint la lumière et sort du bâtiment. Puis se met à pleurer à torrent.*

Photo et texte © dominiquecozette d’après la chanson de Roy Turc et Lou Handman « Are you lonesome tonight » chantée par Elvis.
(*Expression made by Mroad)

2010, année des délices, année clitoris…

Pierrette était prête, sur les starting blocks, absolument motivée : l’heure était arrivée de perdre 10 ans d’âge physique, d’effacer les coups durs, les coups du sort, les coups du père François, les sales coups, les bons coups, les coups de Jarnac, les coups du destin et du hasard, les coups de dés et de Dédé, les coups de …(complétez vous-même), bref de lisser cette peau sous-tendue de muscles qui en avaient vu de toutes les couleurs depuis le 20 décembre 1999, date à laquelle elle se préparait au grand bug d’internet, mais qui fut présentement le gros bug de sa vie puisque son mari, jusque là irréprochable, se barra à Courchevel avec le meilleur ami de leur fils Damien, Jérôme il s’appelait, un petit allumeur de première qui d’ailleurs maintenant traînait dans les coulisses de tous les puissants ayant fait leur coming out et à l’affût de bomecs pour réduire leur stress. Le mari était revenu pantelant et pitoyable, implorant le pardon mais reçut, non pas une baffe bien méritée, mais un improbable dédain qu’il interpréta comme de l’indifférence. Il repartit la queue basse vers ces lieux de plaisirs que sont le Marais et ses Pièces de Derrière mais son alopécie galopante lui interdisait la concupiscence des plus juteux petits julots dans lesquels il aurait bien croqué.
Donc Pierrette, pour gommer ces sales années et commencer 2010, l’année des délices (s’encourageait-elle), année-clitoris répondait son sex-toy, se tenait prête à entrer à la clinique Monceau quand éclata l’affaire Johnny-Delajoux. C’est bien ma veine, commenta-t-elle, avant que de se laisser endormir par une anesthésiste androgyne qui lui affirma que le docteur Delafesse était le meilleur plasticien de la place de Paris. L’opération s’est bien passée, les hématomes sont encore très présents mais Pierrette est fière d’être entrée dans le grand club de celles qui refusent la vieillesse. Et qui vont sur Meetic rencontrer des petits voyous sympathiques et tendres qui leur piquent leur fric pour se payer une dose. Elle aura des tas d’anecdotes à raconter à ses copines ridées (qui ne causent que de cuisine) et tiendra une sorte de petit carnet intime avec prénom du jeune homme, description anatomique et notule sur la qualité de la relation, telle une Grisélidis Real du pauvre,  ce qui fera dire à ses amies qui n’en ont rien à lifter : « sacrée Pierrette, va ! » et à elle-même pas grand-chose car finalement, elle ne saura plus trop si sa vie est pathétique ou exaltante. En tout cas, pas très passionnante à raconter, c’est moi qui vous le dis. Même pas une petite chute. Chut ? Ouais…

Texte et dessin © dominiquecozette

PS : Mon webmaster m’a installé des icônes sur lesquels vous pouvez cliquer pour buzzer… Buzzons, buzzons donc !

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