Pierrette était prête, sur les starting blocks, absolument motivée : l’heure était arrivée de perdre 10 ans d’âge physique, d’effacer les coups durs, les coups du sort, les coups du père François, les sales coups, les bons coups, les coups de Jarnac, les coups du destin et du hasard, les coups de dés et de Dédé, les coups de …(complétez vous-même), bref de lisser cette peau sous-tendue de muscles qui en avaient vu de toutes les couleurs depuis le 20 décembre 1999, date à laquelle elle se préparait au grand bug d’internet, mais qui fut présentement le gros bug de sa vie puisque son mari, jusque là irréprochable, se barra à Courchevel avec le meilleur ami de leur fils Damien, Jérôme il s’appelait, un petit allumeur de première qui d’ailleurs maintenant traînait dans les coulisses de tous les puissants ayant fait leur coming out et à l’affût de bomecs pour réduire leur stress. Le mari était revenu pantelant et pitoyable, implorant le pardon mais reçut, non pas une baffe bien méritée, mais un improbable dédain qu’il interpréta comme de l’indifférence. Il repartit la queue basse vers ces lieux de plaisirs que sont le Marais et ses Pièces de Derrière mais son alopécie galopante lui interdisait la concupiscence des plus juteux petits julots dans lesquels il aurait bien croqué.
Donc Pierrette, pour gommer ces sales années et commencer 2010, l’année des délices (s’encourageait-elle), année-clitoris répondait son sex-toy, se tenait prête à entrer à la clinique Monceau quand éclata l’affaire Johnny-Delajoux. C’est bien ma veine, commenta-t-elle, avant que de se laisser endormir par une anesthésiste androgyne qui lui affirma que le docteur Delafesse était le meilleur plasticien de la place de Paris. L’opération s’est bien passée, les hématomes sont encore très présents mais Pierrette est fière d’être entrée dans le grand club de celles qui refusent la vieillesse. Et qui vont sur Meetic rencontrer des petits voyous sympathiques et tendres qui leur piquent leur fric pour se payer une dose. Elle aura des tas d’anecdotes à raconter à ses copines ridées (qui ne causent que de cuisine) et tiendra une sorte de petit carnet intime avec prénom du jeune homme, description anatomique et notule sur la qualité de la relation, telle une Grisélidis Real du pauvre, ce qui fera dire à ses amies qui n’en ont rien à lifter : « sacrée Pierrette, va ! » et à elle-même pas grand-chose car finalement, elle ne saura plus trop si sa vie est pathétique ou exaltante. En tout cas, pas très passionnante à raconter, c’est moi qui vous le dis. Même pas une petite chute. Chut ? Ouais…
Texte et dessin © dominiquecozette
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