Les Fessebouqueries #573

Voilà une bien mauvaise semaine pour certains. Par exemple, Jeff Bezos qui jouerait à la frog plus grosse que le beef, queoi (prononciation Coluche) ? Taubira qui jouerait les surgés sévères dans une école buissonnière, queoi ? Véran qui continuerait à progresser par essais et horreurs, queoi ? Macron qui n’aurait toujours pas ruisselé, queoi ?, Zemmour qui aurait des nazis dans la manche , queoi ?, Thierry Solère qui en serait à sa treizième mise en exam, queoi ?, Trudeau qui aurait joué les filles de l’air, queoi ? et surtout, surtout les Balkany qui n’auraient toujours pas compris pourquoi on leur a confisqué ces beaux bracelets qu’ils amusaient à faire sonner. Cependant, un beau dimanche s’annonce, vacances pour certains, rien pour d’autres. Alors, tchin, tchin, dear friends et à tout plus tard ! Y a pas de queoi !

– CEMT : Patrick Balkany : « Moi je vous le dis, si la justice commence à faire la justice dans ce pays, on ne pourra bientôt plus rien faire d’illégal ! »
– BT : Je félicite Madame Taubira pour son élection en tant que déléguée de classe de la 3e B du collège Georges Pompidou de Versailles. Leur première revendication : des frites plus souvent à la cantine !
– EB : Profitant de l’engouement du monde occidental envers la Primaire populaire, les troupes russes ont envahi l’Ukraine et la Pologne
– PA : —  Papa, c’est quoi l’empathie ? —  C’est La capacité qu’on a à se mettre à la place des autres. —  Comme toi sur les places handicapés ?
– GD : Depuis un moment, beaucoup trop de gens disent tout haut ce que personne ne devrait penser tout bas.
– RP : Justin Trudeau vient de sonner à ma porte pour me demander de le cacher dans le grenier. Très sympa en vrai.
– EATK : On se demande tous « c’est quoi, être adulte ? » Ma fille de presque 4 ans vient de m’expliquer que c’est « quand on aime la salade ».
– YP : Grand confort en EHPAD !  Pour 6 000 euros par mois, tu as droit chaque jour à une biscotte et une couche-culotte…
– OR : La grève de la faim des pensionnaires d’Ehpad est un succès: le groupe Orpéa a débarqué son DG !
– DC : Je suis de gauche mais alors, quel condidat.e suivre … pour aller dans le mur ?
– CR : Il est faux de dire que Macron ne prête qu’aux riches : il leur donne !!
– JPT : Résultat de l’élection présidentielle du 24 avril prochain : l’élève Macron doit redoubler pendant cinq ans avec la mention Assez Bien, mais Peut Mieux Faire. L’élève Pécresse est recalée avec la mention : Médiocre, Prière aux parents de venir me voir d’urgence. Signé : Mme Taubira, principale du Collège Electoral.
– PA : Le livret A est à 1%.  P…,  il rattrape Hidalgo !
– DS : Il paraît que le 13, ça porte bonheur. C’est le nombre de mises en examen, de Thierry Solère, Le conseiller spécial de Macron. Ah, oui, bon, bah, restons blasés.
– GB : Félicitations à Thierry Solère désormais ultra-ministrable
– LM : Yves Lemasne, ex-patron d’Orpéa, a vendu 5456 de ses titres Orpea pour la coquette somme de 588.157 euros, trois semaines après avoir appris la prochaine publication du livre choc « Les Fossoyeurs ». Après, l’intéressé va nous dire que c’est une pure coïncidence ?!
– OR : Si j’ai bien compris, Macron qui n’est pas encore candidat, est le seul à avoir ses 500 signatures et plus, alors que tous les autres rament…C’est le moment d’appliquer la théorie de ruissellement, mon gars!
– DC : Les Balkany auraient dû interdire à leurs amis de finir leur vœux par « et surtout la santé » !
– OB : Hidalgo à 2% dans le dernier sondage. Elle se fait même dépasser par l’inflation.
– JK : S’il y avait une Justice on mettrait les Balkany chez Orpea.
– DCL : Les époux Balkany espéraient-ils que Levallois paierait ?
– RF : Quand mon père gérait un festival de musique, on devait recevoir Jean-Luc Lahaye avec quelque chose d’exceptionnel. Mon père lui dit: « Dans votre loge, Margaux, 13 ans d’âge ». Il a fait la gueule quand il a vu la bouteille. Il doit pas aimer le vin.
– BR : Si à 50 ans t’as pas fait démonter un pont du 19ème siècle pour faire passer ton yacht, t’as raté ta vie.
– LI : « Emmanuel Macron bouleversé par les révélations sur Orpéa. » On espère  qu’il ne se renseignera jamais sur le capitalisme. Ça pourrait l’achever.
– CEMT : Anne Hidalgo : « Je voudrais remercier les électeurs de la Primaire Populaire qui m’ont collé un Passable +, c’est ma meilleure note depuis le début de ma campagne. »
– DA :  —  « Un Lucky Gold, s’il te plaît. Et tu peux me mettre un paquet sans photo de trachéotomie ? J’en ai déjà une, ça m’angoisse. —  Pas de souci, j’ai un fœtus mort, des dents pourries, un amputé et une panne d’érection. —  Amputé c’est parfait ! » Les dialogues avec ma buraliste sont surréalistes.
– PI : Petite promenade digestive dans ma campagne, il fait beau, petits chants d’oiseaux, bruit des feuilles et des branches sous la semelle quand on traverse par la forêt, arrachage d’une affiche de Zemmour, les petits plaisirs simples.
– MK : Chandeleur au balcon. Balkany(s) en prison(s).
– PA : J’aime les personnes qui, pour briller, n’éteignent pas la lumière des autres.
– DC : Isabelle Balkany testée positive au Covid-19 après sa tentative de suicide. Comme quoi, un bracelet à sonnette ne protège de rien.
– LNA : Heureusement que Veran n’est pas gynécologue… La grossesse de 9 mois passerait de 6 puis à 4 mois ….
– PO : Les gens qui se réconcilient sur l’oreiller, vous savez que vous pouvez utiliser le reste du lit ?
– OK : C’est cool les canons à neige. Il parait que les JO d’hiver se passeront en Jamaïque en 2034. Trop hâte d’y être !
– NMB : Je sens que cette campagne électorale s’annonce vraiment nauséabonde, mais finalement, avoir de l’odorat en pleine vague de Covid, ça me rassure un peu.
– MK : Chez Éric Zemmour «il y a quelques nazis», selon Marine Le Pen. C’est la Kommandantur qui s’fout d’la charité !

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Quatre heures vingt-deux minutes et dix-huit secondes

Imaginez. Vous avez la belle soixantaine, vous êtes l’épouse d’un fringant retraité avec qui vous entretenez une enviable relation, vous avez toujours, chaque jour, et sans emmerder personne, couru et pédalé sur de longues distances, votre corps est magnifique, longiligne, vos jambes sont toujours splendides sauf que … aïe, votre genou droit affligé d’une terrible arthrose qui le fait enfler démesurément, cruellement, et vous interdit le sport tel que vous aimiez le pratiquer. Vous avez refusé de vous faire opérer car selon la légende urbaine, c’est extrêmement risqué.
Imaginez maintenant que votre cher époux, pour lequel jusqu’à maintenant faire du sport équivalait à lever le coude ou ouvrir la portière de sa voiture, vous annonce qu’il a décidé de courir le prochain marathon. Vous auriez tendance à rire et pourtant, il s’y met. Et très sérieusement. Et rien ne vous agace plus que ses fanfaronnades alors que vous auriez très bien le faire, vous aussi, les doigts dans le nez. Sauf que ni la compèt’ ni les records ne vous branchent. Lui si. Et en plus, il finit ce marathon. Pas très glorieusement, en vrac et bon dernier, mais il y arrive. Vous vous dites : bon, c’est fait, il va se calmer, maintenant. Hé bien pas du tout. Entraîné par une belle et impitoyable jeune coach, Bambi, il décide de faire le tri Mettleman, soit un triathlon infaisable quand on a un certain âge.
Et pour Serenata, la narratrice, tout bascule dans l’horreur . Ce tri, ce truc, c’est une vraie secte : on ne vit que pour ça, on ne parle que de ça, plus on souffre, mieux c’est et d’ailleurs, on ne soigne pas ses tendinites, on continue coûte que coûte. Son mari et elle ne font plus que cohabiter sauf que c’est elle qui reçoit, les soirs après l’entraînement, l’équipe des coureurs de l’écurie Bambi, la coach qui la méprise (c’est réciproque). C’est encore elle qui fait les courses et les dîners, qui s’emmerde comme pas possible, qui assure aussi le financement de ce sport excessivement coûteux. Et notre pauvre épouse ne peut pas se plaindre auprès de sa fille qui est dans une autre secte, la religion avec ses cinq enfants endoctrinés, ni auprès de son grand fils, une sorte de Tanguy qui « bricole » (entendez qui deale probablement) et qui se fout de tout et surtout de la gueule des sportifs pour ces souffrances infligées pour rien…
Quatre heures vingt-deux minutes et dix-huit secondes est le dernier opus de Lionel Shriver qui avait écrit le best-seller Il faut qu’on parle de Kevin. C’est aussi le temps moyen d’un marathon.
Au début, ça ne me plaisait pas trop, flûte, encore une histoire de couple vieillissant qui se délite mais Shriver est tellement habile pour vous entraîner dans son univers, qu’on veut tout savoir. S’y adjoint aussi une calamiteuse histoire, une sorte de procès où est jugé son mari parce qu’il s’est énervé contre sa jeune cheffe noire. Cause de son licenciement qu’il digère très mal. Ceci dit, la narratrice, Serenata, est elle aussi une plaie ambulante. Elle sait tout, fait tout mieux que tout le monde, ne possède aucune souplesse d’esprit et frise souvent l’intolérance. Bref, ici, tout le monde en prend pour son grade. A l’américaine of course !

Quatre heures vingt-deux minutes et dix-huit secondes par Lionel Shriver aux Editions Belfond, traduit par Catherine Gibert. 2020 pour l’original, The of the Body through Space. 384 pages, 22 €.

Texte © dominique cozette

 

Les Fessebouqueries #572


Bonne nouvelle pour les abstinents, le dry january tire sur sa fin ! Rien d’autre cette semaine. Ah, si, suis-je bête ! Maréchal-nous-revoilà tire à son extrême-droite en lorgnant sur Zemmouroïde, ce qui tire les larmes de tata Ririne.On va pas pleurer non plus, d’autant que Rocco Siffredi va relever le niveau en se présentant aussi à la présidentielle… italienne. Ouille, se disent in petto nos amies transalpines de cheval redoutant qu’il la leur mette bien profond. Je sais, ça manque classe, tout ça. Un peu de tenue, voyons. OK, allons alors du côté d’Hanouna-la-nouille qui nous la joue politologue en présentant « Face à Baba », ce qui veut dire « Face à Moi ». La France Insoumise s’y est soumise, hé oui, on en est là pendant que nos pauvres aînés marinent (non, pas de jeu de maux) dans leur jus, escarrés, affamés, assoiffés, meurtris, humiliés autant qu’humidifiés pour le bonheur d’actionnaires qu’on est peut-être sans le savoir (se renseigner sur comment nos banques placent nos éconocroques quand on en a. Econocroque-morts, ouais). Ne gâchons pas tout, les mimosas sont de sortie, vive les petites boules jaunes si délicatement parfumées ! Tchin tchin, friends !

– LJ : Après la nouvelle défection de Marion Maréchal Le Pen à l’endroit de sa tata Marine, nous avisons cordialement nos collègues de la presse que le titre «La nièce a bien planté sa tante» a déjà été fait.
– GS : Un auditeur de France Inter à Yannick Jadot ce matin : « Quand porterez-vous une cravate ? ». Léa Salamé et Nicolas Demorand de s’extasier « elle est géniale cette question ! ». Au secours..
– GD : Ajouter à la liste des très très très mauvaises idées : confier sans contrôle les vies des personnes âgées à des entreprises privées obsédées par le profit et la rentabilité.
– ES : Le PDG d’Orpea rejette toute responsabilité : « Les mauvais traitements, c’Ehpad ma faute ! »
– SW : Orpéa c’est du Made in France. Comme on est fiers !
– DC : Always Discreet et Couche Confiance envisagent une action en justice contre Orpéa, réclamant d’importantes indemnités pour manque à gagner.
– CMET : Noël à Ibiza, Pâques en réa.
– DS : Le livre-scandale sur les Ehpad piraté avant sa sortie : il y aurait eu d’importantes fuites.
– CL : Youpiii! On vient d’accueillir le remplaçant d’anglais. Il n’a jamais enseigné. C’est un danseur. Il nous a dit que cela serait facile car il avait l’habitude de faire du coaching. J’ai halluciné.
– MU : Moi aussi quand j’entends « boomer » ça me donne envie de réagir. Puis je me rappelle de cette phrase de Groucho Marx: « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé » Ils comprendront un jour.
– LE : Hollande devrait se souvenir qu’il a déjà mis le pays bas…
– DC : J’ai ramoné les narines de mon mec hier pour son autotest. Ça faisait un bail qu’on n’avait pas eu de rapport sexuel !
– DC : Qu’est-ce qu’on a pu en bouffer du Angel de Thierry Mügler ! Qu’est-ce qu’on s’est régalées !
– PEH : Les JO de Pékin vont se dérouler sur 100% neige artificielle. La Coupe du Monde se jouera dans le désert du Qatar dans 8 stades climatisés. Lufthansa : 18.000 vols « à vide » pour conserver ses couloirs..Est-ce une aimable plaisanterie ?
– OM : Le papa qui est viré, la nièce qui s’apprête à trahir sa tante… Je crois qu’on a bien compris que le RN était contre le regroupement familial.
– DS : D’accord, pas le physique. Mais ça serait dommage que les petits de Maréchal et de Zemmour aient les yeux de maman et les oreilles de papa.
– BL : Je viens d’apprendre que Carlito est le fils de Guy Carlier. N’hésitez pas à me demander d’autres anecdotes, je suis un puit de savoir (mais j’ai dû chercher comment on écrivait « puit ») *Sic
– DS : Rocco Siffredi se présente officiellement à la présidentielle italienne. Dominique Strauss Kahn est vert !
– FIA : Notre époque : Une ministre de la santé qui avait dit qu’il n’y aurait pas de pandémie reçoit la légion d’honneur. Un animateur télé qui mettait des spaghettis dans le slip d’un de ses chroniqueurs anime des débats de la présidentielle. Nous : tous fatigués.
– OR :  Très déçu de ses discussions avec Macron, Vladimir Poutine s’apprête aussi à apporter son soutien à Éric Zemmour.
– PI : L’avantage que je trouve à Hanouna c’est que quand quelqu’un dit « hier dans l’émission d’Hanouna »,  je pars en courant et ça me fait faire un peu de sport, c’est toujours ça de pris.
– CEMT : Il est étonnant Mélenchon, il va sur une chaîne de Bolloré qui soutient quasi ouvertement Zemmour et il s’indigne que le débat soit biaisé.
– RP : Avec ma maigre pension de 12 500€/mois, j’ai dû renoncer à acheter mon troisième pavillon à La Baule cette année. Encore une fois, les petits retraités sont les grands oubliés de la crise sanitaire.
– PE : Je me demande si Line Renaud, ce ne serait pas notre Keith Richards à nous …
– PE : Rocco Siffredi se présente à l’élection présidentielle italienne, il a raison, quitte à se faire baiser, autant que ce soit par un professionnel.
– GB : Les débats de la présidentielle sont menés par Cyrille Hanouna. Si cette phrase ne vous effraie pas sur le niveau politique atteint, c’est qu’on est déjà perdus.
– OR : Pour saluer le ralliement de Marion Maréchal Le Pen à Éric Zemmour, l’enfant de Sarah Knafo sera nommé Nous Voilà à sa naissance.
– SR : Ça fait une semaine qu’on n’a pas eu de polémique de Blanquer. Il se passe quoi ? Il est en vacances ?
– DS : Zemmour propose 10.000 euros pour chaque naissance à la campagne. Sa nana va donc accoucher dans leur maison de campagne. Il n’y a pas de petits profits.
– OB : Qu’est-ce que c’est que cette pseudo émission politique présentée par Cyril Hanouna ? On est dans une dystopie et personne ne m’a prévenue ?
– NP :  —  Bon les gars, il faut qu’on trouve un truc pour donner aux gens l’envie de faire des enfants. Mais sans aider les arabes qui font déjà trop d’enfants.  —  Dur… – Compliqué…  —  J’ai trouvé ! Les arabes ça vit pas à la campagne !  —  Génie !
– DS : Quand le compagnon de Ruth Elkrief lui fait l’amour, est-ce qu’on peut dire de lui qu’il est en Ruth ?
– PE : Est-ce qu’arborer un œil au beurre noir dans une soirée mondaine ça ne fait pas un peu tape-à-l’œil

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Ma vie Manœuvre comme il dit

Après Rock (voir ici) où Philippe Manœuvre nous raconte, très partiellement, sa vie de dingue et de patachon, voici son dernier opus, Flashback Acide, où il nous narre d’autres épisodes mais en plus « poudrés » car tous axés sur les excès de dope qui ont jalonné son immense parcours de critic rock presse-TV, écrivain et rédac-chef, et il écrit tellement bien, une punchline toutes les lignes, que c’en est un régal. Pour ceux qui ont le rock dans le sang. Même si je suis de la demi-génération du dessus, on a beaucoup en commun à commencer par les pionniers, puis les Stones etc… et même si je n’ai pas fréquenté ouitivement la plupart des artistes cités ici, on s’amuse beaucoup à imaginer ces énormes frasques.
Il avertit au début du livre qu’un fan de son bouquin Rock lui avait dit qu’il avait trouvé ça  bien sage, ajoutant  « mais je comprends, aujourd’hui, on ne peut plus parler de rien ». C’est de là qu’est parti son bouquin. Donc merci le fan !
Le livre n’enfile pas que des épisodes. Chaque chapitre est dédié à un thème ou une personne en particulier, c’est net, c’est carré mais pour autant, pas square du tout. Donc il va être question de champignons, LSD, coke, speed, whisky, bitures, trips, descentes, morts… Philippe tient à nous informer qu’il a cessé alcool et coke depuis plus de vingt ans. (Mais pas la fumette occasionnelle et certaines occasions de champignons).
Le premier chapitre s’intéresse aux Scorpions qui vont entraîner notre journaliste à un trip extraordinaire en Russie, pour commencer leur amitié, car bien plus loin ensuite. Puis avec Virginie Despentes, ils vivent ensemble à ce moment-là, ils vont aller goûter de terribles champi à Amsterdam. Un chapitre sur joies et misères de la cocaïne (NB : PM met les vrais noms des protagonistes avec leur accord, on sait à qui on a affaire, c’est plus facile de les imaginer).
Puis vie et mort d’un certain Lemmy, personnage extraordinaire qui fut, principalement, bassiste insensé de Motörhead. Trois chapitres différents sur la dope, l’un est un musée suisse de ouf, l’autre une convention hors normes du LSD et le dernier, mais pas le moindre, la cannabis cup. Là, on plane dru du matin au matin suivant. Hallucinant, si j’ose ce mauvais jeu de mot.
Un beau, oui, chapitre sur Bowie qui ne fut pas le dernier à en user grave de chez grave. Et quelques autres plongeons dans sa mémoire riche de quarante années d’assiduités nocturnes dans le bain bouillonnant du rock et du punk. Edifiant !
Tout ça tissé d’humour overdosé, de name dropping à l’excès, de révélations ébouriffantes (ou pas pour les connaisseurs fidèles), de réminiscences farfelues, d’indiscrétions posthumes, dans un style explosif, volcanique et jamais poncé à l’émeri. Du glitter, de la fulgurance, bref le rock’n drôle de Philman !

Flashback Acide de Philippe Manœuvre, 2021 aux éditions Robert Laffont. 270 pages, 19,90 €.

Les Fessebouqueries #571

Oh la la la ! Quelle folle semaine ! Pensez-donc, un ministre qui part en voyage de noces avec une journaliste, la même qui va commenter tout ça sans dire qu’elle y était aussi, la coquine ! Heureusement, là-bas, il a fait beau, les métisses d’Ibiza sont cool et puis pendant ce temps-là, on n’entendait plus parler du nouveau groupe popu-popo, Gigi Connard et ses Zemmouroïdes, ni du virus Omacron qui nous prépare à la privatisation des études sup, ni du passe vacciquoi ? Excusez-moi j’étais sous l’eau, j’ai rien entendu… Djoko est reparti la queue basse avec sa raquette pleine de troutrous, Montebourg est retourné faire son miel de la future défaite de la gauche qui croit qu’elle peut gagner. Mais si, c’est mathématique, c’est elle qui propose le plus de candidats, un vrai Club Merd ! Sinon, debout, tout l’monde ! on a le droit de se relever, ouf… on fatiguait de s’assoir pour boire, et on a même le privilège royal d’emmerder les boomers cinéphiles avec le retour du popcorn en salle (le bruit et l’odeur). Donc tout va bien, même Guéant qui soigne sa Santé et se chauffe gratuitement à nos frais ,donc de quoi se plaint-on ? De rien, c’est le week-end pour tout le monde, alors joyeux tchin-tchin !

– CF : « Vous savez, moi j’étais parti à Ibiza en mission dans l’unique but de savoir si Mélissa, métisse d’Ibiza, vit toujours dévêtue. Les Français doivent savoir. »
– AÏ : Quel niveau de démence avons-nous donc atteint pour que le fait de pouvoir boire son café debout soit considéré comme une « levée de restrictions » ?
– JB : Est-ce qu’il existe un mot suédois pour dire « Allons bon, une nouvelle candidature à gauche pour les Présidentielles, nous v’la bien » ? ONÅPALKUSSORTIDËRONS peut-être ?
– DS : Mélenchon est le jambon du sandwich Taubira-Hidalgo. Mais qui est le cornichon ?
– NA : Djokovic vient de déposer un recours contre le repas servi dans son avion de retour. La découverte de traces de gluten constituerait une atteinte grave à son intégrité physique justifiant l’annulation de son expulsion. Affaire à suivre donc.
– OM : Le pays qui a eu peur d’un sportif qui ne mange pas de gluten, c’est le même que celui où il y a des sauterelles de la taille d’un pied et des araignées capables de t’arracher la tête avec les dents ?
– ED : Au train où vont les choses, l’optimisme va devenir une discipline olympique.
– NA : « Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant à l’élection. » La Gauche.
– JPT : Djokovic n’a pas tout perdu : par son obstination à ne pas se faire vacciner, il a gagné l’admiration sans réserve de Florian Philippot.
– PI : Est-ce qu’il ne serait pas temps de menacer, de faire exploser je sais pas, un chaton ou une planète toute entière à chaque fois qu’un créateur de contenu dit « viendez » pour se promouvoir ?
– NN : —  Pourquoi l’union de la gauche semble impossible ?  — Parce que certains sont de droite.
– DS : A droite toute, que du beau monde : Gigi Connard rejoint les Zemmouroïdes ! Bonne bourre les mecs !
– DS : François Lenglet affirme qu’un jeune gagne 5000 € net par mois après un bac +5. J’aimerais bien savoir de qui il s’agit.
– PI : Macron il s’est dit : bon, ils font grève, faut que je dise un truc rassurant, ah tiens j’ai une idée : parler de privatiser les études supérieures. Mais quel génie je suis !
– ES : Depuis quand on n’a plus le droit de partir en vacances ? Vous êtes Ibizarres quand même…
– CG : L’histoire se souviendra que le 2 janvier 2022, en direct d’Ibiza, un ministre a interdit aux enseignants de boire leur café debout en salle des profs.
– LDC : Bonjour Le Parisien, comment ça se passe concrètement dans une rédaction quand vous décidez de ne pas dire que le ministre est à Ibiza et que vous mettez une photo de lui à son bureau de Grenelle ? C’est pour mon cours d’éducation aux médias. Merci.
– GD : Encore un effort et on va nous expliquer qu’Ibiza, c’est moins tendance que la cafétéria du Super U de Laguenne-sur-Avalouze.
– LC : L’Élysée souhaite remplacer Blanquer par David Guetta.
– PE : Blanquer, qui a transmis le fameux protocole de rentrée scolaire de janvier depuis Ibiza, dit avoir respecté les règles du télétravail. C’est bien joué, ça lui permet de faire passer son voyage en frais professionnels.
– HB : Noël à Ibiza, Pâques à Pôle emploi.
– PM : Arnaud Montebourg annonce qu’il se retire, manquerait plus que ça, qu’il nous fasse un gosse …
– JB : Choc dans le monde du dancefloor : David Guetta annonce la sortie de son nouvel album depuis le Bureau des personnels enseignants du premier degré de l’Inspection Académique du Mans.
– OR : Un nouveau scandale déstabilise Jean-Michel Blanquer : le mec à l’accueil du Macumba d’Ibiza prétend que le ministre a plagié son protocole d’accueil à l’école sur celui de ce club.
– DC : (From Ibiza)  —  J’ai une idée ! Si on interdisait aux gens de boire leur café debout ? —  T’es con, ça passera jamais ! —  On parie ?
– RR : Bon, calmez-vous un peu avec Blanquer. Je vous rappelle que De Gaulle a aussi annoncé son protocole de résistance sur une île et en distanciel.
– OR : Les gens sont vraiment de mauvaise foi : après avoir reproché à Blanquer de présenter son protocole depuis Ibiza, ils reprochent à son épouse d’animer un débat sur le sujet alors qu’elle était sur le plateau et pas à Ibiza pour le faire !
– BV : Lorsque l’épouse de Jean-Michel Blanquer anime un débat sur « l’affaire Blanquer ».
– DS : Imagine-t-on Yvonne de Gaulle faire une émission sur Charles sans dire que c’est son mari ?
– MK : Crise de l’immobilier : Claude Guéant loue une chambre à l’année à la Santé
– PE : Est-ce que le cercueil peut être considéré comme une caisse de retraite ?
– OM : Si j’ai bien compris, c’est ce soir qu’on sait à quelle date le passe vaccinal, qui vient juste d’être adopté, ne servira plus à rien.
– DS : Les popcorns de retour au cinoche ! Je largue les blockbusters et reviens vers Apichatpong Weerasethakul, Hong Sang-Sue et à l’extrême limite, les frères Dardenne.
– MK : 400 ans après, l’héritage de Molière est immense. Mais toujours rien pour David et Laura.
– GB : « Un Américain sur dix pense que HTML est une maladie sexuellement transmissible ». Arrêtons de nous foutre de la gueule des Américains. Ici certains croient au Grand Remplacement, ou que le chômage rapporte plus que le travail, que l’allocation de rentrée scolaire sert à acheter des écrans plats ou préfèrent attraper le COVID plutôt que subir une injection bénigne.
– JB : Vous aussi vous faites les mêmes fautes de frappes quasi systématiquement ? Moi par exemple j’écris souvent « bine » au lieu de bien, « enfnat » au lieu d’enfant, « jrounée » au lieu de journée et « merci d’arrêter de m’emmerder maintenant » au lieu de « cordialement »…
– MK : Ah, pouvoir à nouveau se goinfrer de pop-corn au cinoche, c’est ça la liberté ! Merci Macron !
– FB : Présidentielles :  Anne Hidalgo accuse Christiane Taubira de vouloir lui voler sa défaite.
– OR : Quand tu penses que Guéant est en prison parce qu’il n’avait pas les moyens de payer sa caution et qu’il vient de se faire condamner juste parce qu’il a contribué à enrichir ses amis sondeurs… Voilà comment on récompense le désintéressement!
– PA : Je ne voudrais pas paraître paranoïaque ou possessif, mais j’ai parfois l’impression que vous likez d’autres personnes que moi…

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Journal d'un intellectuel en chômage.

Ce Journal d’un intellectuel en chômage est le titre de ce petit livre formidable de Denis de Rougemont (1906-1985), un écrivain, philosophe et universitaire suisse qui a produit une liste ahurissante d’écrits et participé à des centaines de rencontres, conférences et autres discussions publiques. Le titre et la couverture du livre m’ont attirée je ne sais pourquoi, cependant la photo de l’auteur, par ailleurs bel homme, m’a induite en erreur puisqu’il a écrit ce journal avant d’avoir trente ans. Pourquoi « en » chômage, précise-t-il en exergue ? Parce qu’un intellectuel n’est jamais « au » chômage puisqu’il réfléchit tout le temps. Mais il s’y retrouve malgré tout après la faillite d’une maison d’édition où il travaillait. Il décide alors de prendre une retraite de deux ans, au loin (de Paris), dans un trou perdu, avec sa femme, et il pointe sur … l’île de Ré. Avec juste de quoi tenir quelques semaines.
Et c’est ça qui est drôle déjà. L’île de Ré dans la fin des années 30, vu par un homme issu de la société bourgeoise. Déjà un voyage très long et éprouvant, puis la pluie pour prendre le bac et le gramophone à protéger car on le lui a prêté. Puis un car pour aller du port à l’autre bout de l’île, soit deux heures de route mal tenue pour faire trente bornes. Une maison basse sans chauffage ni eau courante. Il adore. Une vieille poule vit dans un coin, il vont la nourrir bien qu’eux-mêmes sans trop de ressources, elle va revivre et faire des petits. Sur l’île, les gens sont moches, pauvres et simples. Ce sont des pêcheurs, des cultivateurs et des sauniers (sel), mais en hiver, ils vivent de très peu. Lui aussi. Il n’a que 900 francs et l’argent fond trop vite, surtout que les manuscrits qu’il pond sur sa vieille machine sont très chers à envoyer. Son métier d’écrivain ne trouve aucun crédit auprès des gens du cru pour lesquels seul les travailleurs manuels exercent un métier. Celui d’écrivain n’existe pas car pas socialement classé, privé de  la protection des conventions. « Non seulement je ne sens pas qu’ils se méfient de moi en tant qu’intellectuel ou « spécialiste », mais encore je devine qu’ils n’estiment pas que je puisse avoir une opinion plus avertie que la leur sur les sujets que je viens de nommer. Ils ne se doutent pas que c’est de cela précisément qu’un écrivain peut faire sa « spécialité ». Et rien ne les étonnerait davantage que d’apprendre un beau jour que je m’intéresse à leurs « idées », à leur situation, à leurs problèmes, et que j’en fais parfois la matière même de mon travail … »
Denis de Rougemont étudie les mœurs des gens, leur vie minuscule, leurs croyances, leur soumission inconsciente à la pensée d’en haut (celle qui leur vient par quelques  journaux, sans esprit critique, ou celle de quelques orateurs dont la pensée ne pèse en rien par rapport à leur talent d’orateur), leur manque de désir d’une autre existence plus riche, par exemple. « Je note, à l’usage d’un futur historien des mœurs, que la presse « de droite » reflète assez exactement la mentalité et les conversations de la bourgeoisie conservatrice, alors que la presse de gauche ne reflète nullement la mentalité ni les conversations populaires. C’est que les journaux socialistes et communistes sont dirigés par des bourgeois, ou par des candidats à la bourgeoisie, en tous cas par des gens qui recherchent la « considération » du peuple. D’où le ton haineux, typiquement petit-bourgeois, de certaines de ces feuilles. Je n’ai jamais retrouvé ce ton dans le peuple. S’il en paraît parfois, par accident, quelques traces ici ou là, c’est que le peuple de France lit trop de journaux, ne lit que cela, et finit par se croire « le peuple » tel que l’imaginent les bourgeois et leurs journalistes. » Il fait intervenir ses philosophes de prédilection, Nietzsche, Kierkeegard… et commente les courants politiques du moment, marxisme, totalitarisme, capitalisme. Et puis ce qui est incongru : ses réflexions sur la condition animale, la prédation humaine, lorsqu’il s’agit de jeter les crevettes vivantes dans l’eau bouillante : « Je regrette vraiment beaucoup mais il faut que je vous mange ! Dure nécessité, et croyez que cela me fend le cœur ! »
Après l’île de Ré, un village du Gard où il va rencontrer d’autres personnes, des « gens » toujours, qui parlent drôlement (accent plus expressions locales), son rapport avec eux, le peuple (dont il parle sans mépris, d’ailleurs il ne se sent pas appartenir à une élite, loin de là), les beaux paysages qu’il décrit avec un superbe talent poétique.
Il se complaît à décrire le « grain rugueux de cette vie sans horizon, sans dimensions, qui est la vie du très grand nombre », une vie dépouillé d’art et de lien spirituel.
Puis le retour à Paris, porte de Choisy, en été. Périple assez long encore qui lui permet de comprendre les différences de mentalité entre les régions (qu’il voit comme crasseuses) et la banlieue : « les provinciaux ignorent obstinément, peut-être même haïssent la couleur verte, le soleil, la nature, la propreté. Ils aiment le noir avec fanatisme. J’observe aussi qu’ils s’arrangent pour vivre plus mal que la population des faubourgs des grandes ville. Le goût de « la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez que dans « la banlieue rouge » de Paris, d’ailleurs importée d’U.R.S.S., et récemment ».
Il faut lire ses notes à propos du métro, de l’ennui qui nous guette, des urbains. A la fin du livre, on devine la possibilité d’une fuite ailleurs…
Il y a beaucoup à citer dans cet ouvrage très intéressant sur le plan de l’évolution des mœurs, des idées, des styles de vie. Près d’un siècle s’est écoulé, néanmoins son récit n’est en rien démodé, son écriture est très actuelle. Et son sens de la poésie, très profond, saupoudre ce texte d’un authentique plaisir de lire.

Journal d’un intellectuel en chômage de Denis de Rougemont, écrit en 1933-1935. 1945 et 2012 aux Editions de la Baconnière (Suisse). 270 pages, 15 €.

Texte © dominique cozette

Monument National

J’avais aimé  le premier livre de Julia Deck, Viviane Elisabeth Fauville, pas trop les deux suivants et me suis régalée avec ce dernier, Monument National, qui fait référence à deux possibles gloires nationales adorées du public, Bebel ou Johnny. Pas ressemblants. Mais dont la jeune femme est un calque de Laetitia, ici prénommée Ambre, asperge blonde, mère adoptive d’une petite Asiate, la narratrice. Ambre gère tout de sa star en mauvaise santé et en fin de carrière, elle souhaite que le couple Macron les invite à l’Elysée pour un soufflage national de 70 bougies car, oui,  toutes les médailles et décorations possibles lui ont déjà été offertes. Y arrivera t-elle ?
Ce n’est pas le moindre suspense de l’ouvrage où l’on croise aussi des 9-3, une caissière de Super-U, mère célibataire d’un même insupportable, et personnage très louche, un type clinquant qui deviendra coach de l’acteur, un patron ordinaire de super marché, une dame Gilet Jaune …
Ce petit monde va se retrouver au Château, où vit la famille people, avec des histoires de jalousie, celle de l’épouse par rapport à la fille de l’idole qui se ramène tambour battant juste avant le confinement. Où se côtoie aussi l’intendance, chauffeur et gardien des somptueuses voitures de collection, cuisinière, jardinier, nurse etc.
C’est un texte effréné, une pochade avec des complots, des surveillances, des unions, car à la clé il y a beaucoup à gagner ou à perdre à la prochaine mort du Monument, cela dépend où l’on se place. C’est bien sûr une satire de notre microcosme, les personnalités n’existant que par le prisme des réseaux sociaux, principalement Instagram, et d’abord le pognon de dingue qu’on peut ensevelir sous le sable brûlant des paradis fiscaux où la vieille star possède une somptueuse villa.
Cocasse et rigolo, un peu foutraque parfois comme aime l’autrice, c’est un prétexte idéal pour prendre du bon temps.

Monument National de Julia Deck, 2022 aux Editions de Minuit. 206 pages, 17 €.

Texte © dominique cozette

Se sacrifier pour ses enfants ou pas

Joyce Maynard, vous savez, cette écrivaine qui toute jeune fille fut pratiquement enlevée et mal traitée (oui, en deux mots) par J. D. Salinger (voir article ici), de 38 ans son aîné, en est à son dixième roman avec Où vivaient les gens heureux, mais comme les gens heureux n’ont pas d’histoire, ils ne le furent pas très longtemps. Le thème de la famille, exploité ici, est affiné par celui du devoir sacrificiel, à savoir : doit-on tout dire à ses enfants pour qu’ils comprennent ce qu’il s’est passé dans le couple des parents et pourquoi ils en sont arrivés là. Eleonor décide de la fermer et la cruauté de la vie fera qu’elle y perdra énormément, jusqu’à l’amour de ses enfants. Partiellement.
Le début est un peu compliqué car il grouille de personnages, tous ceux que l’on retrouvera dans les chapitres suivants qui content la genèse des relations entre eux. Il s’agit du mariage de la fille aînée du couple, devenu garçon, d’une partie de la famille recomposée et du voisinage. Outre Eleonor, l’autre personnage principal est la grande vieille ferme en pleine campagne où se passe la fête, où s’est passée la vie heureuse puis tragique des personnages.
Cette ferme, Eleanor l’achète lorsqu’elle a dix-huit ans, avec l’argent des livres pour enfants qu’elle vient de publier. Ce n’est pas un château, tout est à faire, le lieu est isolée, les vieilles pierres, l’immense hêtre et le cours d’eau en-bas : un coup de foudre. Ses parents, alcooliques, mondains, égocentrés, qui ne vivaient que pour eux sans jamais lui montrer de preuves d’amour, sont morts deux ans avant dans un accident. Elle continue sa série de petits livres qui se vendent très bien et, un jour de foire, elle rencontre l’homme de sa vie, Mac, un très grand mec plein de cheveux roux, coolissime, chaleureux, gentil.
Tout de suite, il lui annonce qu’il veut plein de bébés avec elle, ce dont elle rêve aussi. Deux fillettes naissent puis un petit gars, terriblement suractif, intelligent, avec un plumeau roux sur la tête, comme son père. Le père qui gagne très mollement sa vie en sculptant des bols en bois qu’il vend par-ci, par-là. Sans jamais se biler. Ni stresser. Il sait faire tellement de choses, il est tellement fait pour vivre en pleine nature avec ses petits, il aime tellement l’amour avec sa femme. Tout est beau.
Sauf que l’argent ne rentre pas toujours. Et qu’il s’impatiente de ce qu’elle le lui demande pour qu’il contribue aux charges. Il trouve qu’elle ne pense qu’à l’argent, que c’est négatif.
Un jour, un premier drame frappe la famille, un terrible accident sur un des enfants. Par une faute d’inattention de Cam qu’elle ne peut pardonner. Mais l’amour est là qui va remédier au handicap. Puis un autre drame qui va scinder la famille. Pour ne pas détruire l’image de leur père, et tenir la promesse de ne jamais dire du mal de l’autre, Eleonor va devenir peu à peu la méchante, amère, pleine de ressentiment, celle par qui tout le malheur arrive, celle qui est partie, celle qui a fait tellement souffrir son mari. Et pourtant, c’est à cause de lui que tout est arrivé. Lui qui, en plus, n’a jamais subvenu aux besoins de tous, lui qui, plus tard, ne lui sera même pas reconnaissant pour son abnégation qui la grille auprès de ceux qu’elle aime le plus. Et dont profite tellement.
Cette très longue partie du livre est très agaçante pour la lectrice que je suis. Cette injustice me fait mal, l’attitude des enfants est tellement blessante, l’image du père est tellement indûment valorisée…
C’est un gros livre sentimental qui, comme beaucoup de romans américains, décortique à l’envi les sentiments de tous, va chercher dans leur entourage d’autres caractères qui vivent aussi leurs bonheurs et leurs drames tout en étayant l’épaisseur des protagonistes. Une saga bouleversante qui court sur des décennies en accompagnant subtilement l’évolution de la société américaine.

Où vivaient les gens heureux de Joyce Maynard, 2021 aux Editions Philippe Rey (titre original : Count the Ways.) Traduit par Florence Lévy Paolini. 550 pages, 24 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #570

Alors, l’actu de cette semaine, qu’en penser ? Que dalle, vous allez me dire, et c’est pas faux. A part la greffe d’un cœur de porc qui représente une sacrée bonne nouvelle pour les cochons qu’on va considérer d’un autre œil, que valent les saillies d’un Castex, d’un Blanquer, d’un Zemmour ? Que dalle absolu, non ? Et la gauche explosée en miettes, et les élèves et les profs abasourdis par les directives sans sens ? Ben, maousse que dalle ! Et la galette combinée au dry January, tu sais, ce mois maudit des cavistes et autres sommeliers où il est recommandé ne pas boire ? Ah bah que dalle de chez que dalle ! Moi, je soutiens les cavistes et je bois, pardi ! Et Stromae qui chante au JT ? Bah que dalle, c’est son job de chanter, non ? Et la mort de Jean-Jacques Beinex, ça t’inspire quoi ? Que Dalle, forcément ! Un que Dalle majuscule ! Ah la Béatrice ! La bouche de Béatrice, le cul de Béatrice, les seins de Béatrice, la gouaille de Béatrice ! Et tous les autres aussi, y a pas que Dalle dans Beineix, non plus… Bon alors, contre la tristesse, un bon petit tchin-tchin entre potes, merde au dry J. et bon week-end !

– DC : — Et toi, tu retiens quoi de Jean-Jacques Beineix ? — Que Dalle, mec, que Dalle !
– OR : Ce matin je suis allé chez Castorama et au retour j’ai changé deux ampoules et le siphon de l’évier. Les idées de Zemmour sur la vraie place des hommes, c’est pas du tout mon truc finalement.
– RP : Janvier est le mois sans alcool. Tout à l’heure je me suis coupé et j’ai mis du Schweppes, on verra bien…
– PA : La SNCF se met en grève à cause de l’épidémie. Alors pourquoi pas ma concierge, mon facteur, mon boulanger, mon dermatologue ?
– SJR : J’ai fait mon choix pour la présidentielle. Je voterai pour le candida albicans.
– RR : On vit quand même dans un monde où une partie de la gauche fait la grève de la faim et l’autre l’éloge de la gastronomie française. Fabuleux.
– DC : J’ai deux amies qui ont sucé Johnny, les veinardes ! Enfin, c’était seulement une fève. Moi j’ai eu Brassens : un peu de respect !
– ES : Désormais à l’école on apprend à lire, à écrire et à contaminer.
– PA : Le mouton a craint le loup toute sa vie. Mais c’est le berger qui l’a mangé. Dicton géorgien.
– DrP : En téléconsultation, un patient m’a dit penser avoir le covid. Quand je lui ai demandé ce qui lui faisait penser cela, il m’a tranquillement dit qu’il ne sentait plus ses pets au lit. Voilà.
– DC : Le greffé d’un cœur de cochon s’est réveillé en pleine forme et a réclamé une assiettée de glands.
– SJR : Aujourd’hui, le protocole sanitaire a changé. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de Castex : Objectif : laisser au maximum les écoles ouvertes. Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
– FC : J’apprends que Marlène Schiappa a peur du vide. Sa vie doit être un enfer…
– OV : Christiane Taubira : « Si je suis élue présidente de la République le 24 avril 2022, alors j’annoncerai ma candidature ».
– GD : La phrase « Mais c’est con comme du Blanquer, ça ! » est en train de devenir un réflexe pavlovien chez moi.
– NP : Chaque fois que tu crois que Blanquer a touché le fond, il sort la pelle et il creuse… Il ne devrait pas tarder à arriver au centre de la Terre.
– HM : Je ne dis pas que j’ai une sale peau en ce moment, mais je me prépare à tout instant à recevoir une visite de la police pour la réouverture du dossier du « Grêlé ».
– OR : Si tu fermes les écoles à cause de la pandémie, l’instruction en pâtit, si l’instruction baisse, les gens se méfient de la science, s’ils se méfient de la science, ils refusent de se faire vacciner. S’ils sont moins vaccinés, la pandémie progresse. Si la pandémie progresse, on fermera les écoles.
– OM : Si ça se trouve le mec qui s’est fait greffer un cœur de cochon, c’est juste le début du prochain happening de Stromae.
– NMB : Stromae qui chante sa dépression dimanche sur TF1, Jean Castex qui récite son protocole sanitaire hier sur France 2, je peux me tromper, mais d’après mes calculs, on devrait avoir Jean Lassalle, ce soir, sur France 3 pour parler tuning et produits du terroir.
– FR : Quand on pense qu’au moment de son élection, certains se sont réjouis que Macron soit l’époux d’une enseignante…
– HS : On ne sait plus comment être de gauche. De droite, on voit à peu près, mais de gauche, maintenant que le PC et les entrecôtes en sont sortis, c’est trop compliqué et ça change tout le temps. Il faudrait une définition en iridium qu’on mettrait à Sèvres avec le mètre et le kilo.
– PA : Madame de Maintenon s’est tapée un des plus grands artistes de son temps avant d’épouser le roi. C’est la Carla Bruni du XVIIe siècle.
– GO : —  Je viens pour le poste de Trésorier chez les LR —  Casier judiciaire ? —  Vierge ! —  Revenez quand vous aurez plus d’expérience.
– PA : Je refuse 2022 tant qu’on ne me dit pas ce qu’il contient. On manque de recul !
– OM : Présent à la manif des enseignants, Mélenchon qualifie Blanquer de crétin.  C’est bien la première fois que j’entends dire que Blanquer est qualifié…
– PA : Hier soir, j’ai vu une étoile filante et j’ai fait le vœu que tous les antivax soient moins égoïstes et qu’ils pensent aux autres (personnels soignants, malades à qui on doit reporter une opération…). L’étoile filante a fait demi tour.
– OB : Quand je pense au cinéma qu’a fait Proust pour une madeleine, j’ose pas imaginer ce qu’il aurait écrit pour un Kinder Bueno.

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

La décision, le dernier Tuil

Le roman tout juste sorti de Karine Tuil, la Décision, nous fait entrer dans un univers pas si lointain de celui de Les Choses Humaines, son précédent qui traitait du consentement lors d’un prétendu viol disséqué dans un tribunal, et mis en scène par Yvan Attal. Ici, nous somme encore dans le judiciaire, mais dans l’aile ultra-sécurisée du Palais de Justice qui abrite les procès des terroristes. L’héroïne du livre, Alma, est juge d’instruction antiterroriste, un métier extrêmement dangereux, stressant, passionnant. Elle doit juger du sort d’Abdeldjalil Kacem, un très jeune homme qui a épousé une très jeune musulmane, maintenant enceinte de son bébé, qui affirme qu’ils sont partis en Syrie pour lutter contre la guerre, en toute naïveté, sans rien connaître des exactions commises par Etat Islamique. Des extraits de ses interrogatoires émaillent le récit, car il est incarcéré, et il ne demande qu’à ce qu’on croie en sa sincérité quand il repousse toute assimilation à un quelconque terrorisme.
Alma est troublée par l’opinion de l’homme dont elle est tombée follement amoureuse, l’avocat du jeune homme, ce qui créé un conflit d’intérêt interdit par l’éthique et la profession. Elle est en instance de divorce d’avec un écrivain à la ramasse, aigri, qui a connu trop tôt un succès fulgurant et se  raccroche à sa judéité comme à une bouée. Même si elle manque de temps vu la charge de sa profession, elle s’efforce de ménager leurs trois enfants, deux jumeaux ados et une aînée qui vit avec un Arabe, ce qui n’arrange évidemment pas l’ambiance générale.
La décision, titre du livre, est celle qu’elle devra prendre, dont elle se sait seule responsable au finish, concernant la remise en liberté du jeune homme dont certains pensent qu’il est sincère et réinsérable, et d’autres qu’il joue un rôle pour mieux concocter un attentat une fois libre. Enorme enjeu.
Pendant ce procès, elle se fait agresser sauvagement, ça la choque bien qu’elle soit habituée aux menaces de mort et autres violences verbales qui justifient une protection policière non-stop.
A cette décision essentielle se greffe la décision personnelle de vivre son amour, de se battre pour lui, même si cet homme est épris de liberté, pas toujours fiable ou fidèle et qu’il fait équipe avec son ex-femme professionnellement collée à lui, intransigeante, et d’un autre bord qu’Alma.
Ce que j’aime avec les livres de Karine Tuil, c’est qu’elle nous introduit avec précision dans des mondes très fermés, impénétrables. Ici, elle décrit la dureté de  cette profession qui rend presque impossible une vie normale, saine, confiante… elle montre l’implication totale de personnes en charge de défis très lourds, elle  tente de comprendre et de nous faire comprendre l’inhumanité de certains êtres, analyse la difficulté des juges et avocats à devoir trancher en leur âme et conscience, sans plus de preuve ou de convictions : vaut-il mieux libérer un possible coupable extrêmement dangereux pour la société, le considérer comme un innocent à qui donner une seconde chance, ou encore continuer à contraindre un jeune homme victime de sa naïveté en le maintenant en prison où il sera alors radicalisée et encore plus dangereux pour la société.
Ceci n’est que le début d’une histoire qui va se poursuivre avec des rebondissements tragiques, ou pas, des embrasements, un suspense éprouvant… Puissant !

La Décision par Karine Tuil, 2022 aux éditions Gallimard. 300 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

 

 

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter