L’année 62 racontée à mes blecteurs*

En 62, de Gaulle préside et  l’année démarre en fanfare avec divers plastiquages et attentats de l’OAS. L’Algérie dit oui à l’indépendance, la France aussi lors d’un referendum. Suivront les accords d’Evian.  900 000 pieds-noirs et 90 000 harkis entrent en France.  De Gaulle ressortira indemne de l’attentat du Petit-Clamart. La DS sera légèrement trouée. Un drame aura lieu au métro Charonne où les flics tabassent à tour de bras les manifestants pour la paix en Algérie. Bilan : 8 morts, des centaines de blessés. Ça rigolait pas de ce temps-là, faut pas croire !
La crise de Cuba démarre par la découverte de missiles soviétiques dirigés sur les E.U. Khrouchtchev démonte, Kennedy n’envahit pas : on échappe à World War III.
La PAC ou politique agricole commune se lance dans ses premiers accords. Suivis d’innombrables désaccords.
Marilyn se fait coudre à même la peau une somptueuse robe pour chanter « happy birthday mister President » à Kennedy. Elle en découdra avec lui et le frangin et sera suicidée quelques mois plus tard.
James Meredith, après une émeute sanglante, est le premier étudiant Noir à s’inscrire à une université pour Blancs. Il ne s’y rend pas sans une escorte musclée. Joseph Licklider, docteur en psycho, présente l’ordinateur comme un outil de communication et de partage des données, et oeuvre pour convaincre de l’utilité des réseaux informatiques. Spiderman tisse sa première toile dans le mag « amazing fantasy », tandis que Mesrine connaît son premier cachot  et  la Joconde son premier cachalot alors qu’elle se rend à New-York à bord du France.
Chez Renault, les amis, on a droit à la quatrième semaine de congés payés. Au grand dam des nantis qui voient d’un sale oeil les prolos envahir leurs plages.
Les Rolling Stones et leur chanteur frêle à grande bouche font leur entrée sur la scène européenne. John Glenn préfère  l’espace.
La jeunesse est en pleine effervescence car ça y est vraiment, ça déboule de partout : Dany Boy qui s’encapuchonne avec ses Pénitents, Cloclo  qui devient chouchou de SLC avec Belles belles belles, les Spotnicks qui jouent de la guitare le plus vite du monde,  Billy Bridge qui nous apprend à danser le Madison et d’autres le slop, le hully-gully, le locomotion, le mashed-potatoes etc. Long Chris  est loin de se douter que sa fille  Adeline — qui est loin d’être née  — fera de son pote Johnny son gendre. les Pinguoins, les Fantômes, les Cyclones (dont Dutronc) feront un p’tit tour et ciao. Les Chats font sécession car Dick veut faire son trou seul. Mais surtout, SLC, le magazine, débarque et fait un malheur !
Au cinoche, on jouit du Jour le Plus Long, Jeanne Moreau se tape Jules et Jim, les Chaussettes, avec Poiret, Serrault et Dany Saval explosent dans Comment réussir en amour de Boisrond. Beaucoup d’autres nanards n’ont pas survécu.
Barbarella n’est encore qu’une créature de papier roulée sous l’aisselle de JC Forest.  Nicolas et Primprenelle envoient les petits au dodo. Et sans discuter !
Et les Beatles, alors ? Eh oui, ça y est ! Love me do casse la baraque, et on part dans un truc de ouf avec ces quatre petits gars.
Dorénavant, la mode est faite pour les jeunes : boots, blousons amerlocks, pattes d’eph, pantalons taille basse et cuir.
Cette année là naissent Marie Trintignant, Tom Cruise, Axel Rose, Jodie Foster, Liane Foly et… Marc Lavoine. Outre Marilyn, s’envolent Faulker, Georges Bataille, Karen Blixen et Yves Klein.
Sur le transistor, on écoute toujours Montand, Bécaud et Brel, mais arrivent Leny Escudero, Lucky Blondo et Petula. Les Anglo-Saxons nous balancent Little Eva, the Four Seasons; B. Bumble and the Stingers. Entre autres bien sûr.
Quant à moi, je  suis folle amoureuse du beau Captain Troy, alias Gardner Mac Kay, une série-télé qui rend les filles dingues. Et leurs mères aussi.

l’année 61 ici

* = lecteurs de blog.

texte © dominique cozette (sources diverses). image dr … à suivre
(Vous pouvez voir les années précédentes à partir de l’année 55 dans la catégorie « du vrai »)

Une sortie électrifiante !

J’suis achtement contente car invitée à la boutique Bleu Ciel d’EDF de Thiais ! Avec un carton d’invitation s’il vous plaît !   Si j’y vais, je gagne une seule facture au lieu de deux pour gaz/EDF et des tas d’autres services extrêmement excitants. Bon… alors, voyons, qu’est-ce que je vais mettre ? Pas trop chic, c’est juste une soirée en compteurs. Pas trop négligé non plus, on se doit d’honorer ses hôtes. Thiais, c’est loin, donc un truc pratique pour voyager en caisse, des talons pas trop hauts et un imper, on ne sait jamais quel temps on va trouver quand on change de région.
On m’informe aussi que je vais avoir un interlocuteur unique et de qualité. C’est une interlocutrice qu’on me dépeint sous les traits d’une jeune Karine Carmona, brune, peau mate, cheveux fous très frisés, sourire extra, dents de la chance, corps de rêve moulé dans un beau pull bleu logotisé. Mince, ils auraient pu me proposer un jeune homme avenant, car tant qu’à faire de montrer une personne très agréable, autant booster l’agrément jusqu’à un rêve de rencontre ! Histoire de rendre cette petite fête plus piquante.
L’adresse et l’horaire confirment cette sensation de ratage : ça se passe rue de la Résistance, vous me direz, pour une fête électrique, le concept n’est pas nul. Et puis les horaires sont ceux des travailleurs de bureau… ça me gêne un peu de m’imaginer avec mon verre de mousseux et mon Tuc alors que tout le monde sera en train de bosser dans des conditions plus ou moins pénibles.
Ah, j’avais pas vu l’accroche du flyer : « les économies, c’est tendance » ! Ouais, ben ils ont raison chez Bleu Ciel. Pourquoi gâcher du temps, gaspiller de l’essence, user des habits et émousser des illusions…Bon, finalement, j’vais pas y aller… J’espère qu’ils s’amuseront quand même bien sans moi !

Texte et image © dominique cozette

Football, couleur de peau et forme des seins

Ils me font marrer avec leurs histoires de foot et de quotas ! Quel scandale en effet ! La presse n’avait rien d’autre à foot que de ressasser cette affaire, Laurent Blanc, déjà le nom, c’est très louche. Mais moi, je vais vous dire : si les médias n’en faisaient que le quart en ce qui concerne l’affaire des femmes, ça serait déjà formidable. Quelle affaire des femmes ? Ah oui, vous ne savez pas.
Debrief : il existe sur terre une population humaine composée d’environ 50% d’être portant pénis et 50% n’ayant rien de rien entre les jambes. On appelle ça : les femmes. Mais en les  étudiant de près, on s’est aperçu qu’elles avaient de réelles qualités de toutes sortes, très proches de celles de l’homme (donc le porteur de pénis) à part une : ne pas pouvoir pisser debout. Ça, c’est vraiment trop bête ! Si elles pouvaient, les chéries, il n’y aurait aucune raison qu’on les infériorise mais… ah, c’est bête, on essaie, on vous a donné le droit de vote, celui d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de votre mari, celui de travailler plus (que lui) pour gagner vraiment moins ! Franchement, petites dames, y a pas de quoi se plaindre.
Je vous raconte ça parce que « osez le féminisme » un collectif  de très jeunes femmes (20 à 30 ans)  a ouvert son blog à l’image de viedemerde. Ça s’appelle viedemeuf.fr et c’est ici. Lisez leur exergue, tout est expliqué.
Et vous, les meufs qui subissez les blagues un peu connes et souvent pas méchantes de vos collègues / conjoints et autres porteur de pénis, allez les raconter sur le site pour trouver un peu de réconfort sur cette terre sans pitié. Et pour faire partie de la sélection, on ne vous demandera pas la couleur de votre peau ou de votre culotte, ni la forme de vos seins. Ah, ouf !

Texte et dessin © dominique cozette

L’année 61 racontée à mes blecteurs

Bibi en tentative de Vince...

Les jeunes ne se sentent plus : ils ont  leurs émissions, leurs danses, leurs musiques, leurs festivals et aussi … leur censure puisque désormais, le carré blanc sera là pour mettre les parents en garde en raison de scènes oh mon Dieu extrêmement choquantes : une fesse par-ci, un nichon par-là. Les langues ne se mélangent pas, les amants couchent tout habillés ou presque.
Musicalement, c’est pas forcément la grosse qualité puisqu’on note l’arrivée de Sylvie la copine, les Pirates et son mignon Dany Logan, les Chats Sauvages et autres divers yéyés, mais aussi, ouf, de quatre garçon dans le vent aux coiffures impossibles, d’un étrange guitariste juif new-yorkais équipé d’un harmonica, et de groupes de black nanas aux voix démentes comme les Supremes, les Chiffons, les Shirelles. Outsider : Vince Taylor, le mal aimé, l’incompris, cuir et sueur.
Une émission cultissime nous montre tout ça : il s’agit de Tête de Bois, d’Albert Raisner qui fait venir tout ce beau monde au Golf (Drouot) maais dont il faut endurer les solos d’harmonica sur des musiques de vieux.
On pleure avec Meu-rilla, la Maria écartelée entre les Jets et les Sharks de West Side Story, on se rue sur Disco-Revue, on ne manquerait pas un épisode de « le temps des copains », histoire de trois étudiants trop cool, on se tord de rire avec  le premier  Astérix et Obélix, on se catagne au premier festival du Palais des Sports, on « air-guitar » (sans le savoir) sur la musique des Shadows, on surfe avec les Beach Boys, on se fout du rat-pack alias Sinatra et ses potes qui chantent sur Reprise, le label du mafieux.
Sinon, Ernest Hemingway qui ignore tout de PPDA se tire une balle dans le caisson, Gary Cooper part au ciel à pied mais ne rencontre pas Youri Gagarine, le premier homme de l’espace.
Les Russes, en plein essor, nous construisent le plus beau mur de la honte à Berlin tandis que Citroën invente la voiture la plus moche du monde : l’ami 6. Pour contrebalancer, une des plus belles revues, Planète, naît de la copulation de Louis Pauwels et Jacques Mercier. Et puis Ray Charles hits the road mais n’échappe pas à une arrestation pour détention de drogue. Plus innocente, Marie Besnard, la dame de Loudin, est acquittée faute de preuves.
A la radio, du nouveau : Hugues Aufray, los Machucambos, Jacques Brel, Bob Azzam. Mais aussi Camillo  et l’unique slow en allemand, sag Warum, The Mar-keys…et une kyrielle de groups.
Quant à moi, je hante l’émission Salut les Copains, découvre les mains baladeuses du métro et la langue des uns dans la bouche des autres.

L’année 60 ici

texte et photo vaguement restaurée © dominiquecozette (texte : sources diverses)   … à suivre (Vous pouvez voir les années précédentes à partir de 55 dans la catégorie « du vrai »)

Mec, enfin le produit qui va te faire fondre

Encore une belle arnaque marketing ! Tu vois en pleine page de ton journal en qui tu as pleine confiance (!!!) un bomec endormi, bien fait de sa personne, glabre puisque c’est la mode, petite raie sur le côté, le bras gauche culturistement remonté vers la tête, un drap vert chirurgical impec remonté ras le nombril sans bouloche dedans, du moins à ce qu’on peut voir. Les yeux sont fermés, comme la bouche, signe qu’il ne ronfle pas, donc qu’il n’a pas picolé dans la soirée ou qu’il est dans son premier sommeil.
Que se passe-t-il dans ce corps de rêve ? Il se passe que notre homme, Olivier, Arnaud ou Philémon, s’est oint de la miraculeuse crème Somatoline Cosmetic Ventre et Abdomen Intensif Nuit ( SCVAIN !!!) qui recèle un complexe exclusif, le MenRedux-complex (notez la coquetterie graphique des capitales), marque déposée. Cette crème qui pénètre facilement (en surface, forcément) promet une réduction de 2 cm de circonférence en quatre semaines !
Notez aussi  « somatoline » qui induit un sens somatique, ce truc qu’on se fait tout seul en auto-suggestion… Ils auraient pu ajouter placebine, pour être au plus près de ce que je pense de ce produit : de la poudre de perlimpinpin.
Ça me rappelle une artiste géniale qu’exposa Martine Cam à la Périphérie : Dana Wise et ses irrésistibles pilules qui vous promettent, en une prise, comment faire un mariage d’amour, comment vivre avec un névrosé, apprendre à lire à votre bébé, vous protéger des flics californiens, rendre votre ami cinglé, devenir un auteur à succès, battre Saddam Hussein, oublier votre ex-mari, négocier une augmentation, éviter les avocats, attraper une truite etc…

Remarquez, c’est réconfortant de voir que la pub prend aussi les hommes pour des quiches !

Texte et dessin © dominiquecozette

 

L’année 60 racontée à mes blecteurs

Eté 60 à Senigallia, Italia

Voici l’année soixante qui comme chacun sait est la première des sixties ! Qui voit donc l’apparition de ? allez … il est encore là …de Johnny, 17 ans, que les vieux appellent Joni Holiday. Il se fait avoir profond par les disques Vogue sur la définition du mot rock.  Ses deux titres-phares « t’aimer follement » et « itsy bitsy petit bikini »  sont aussi ceux que chante Dalida ! Vous parlez d’un rebelle ! Feu ce pauvre Lucien Morisse de chez Europe, qui fraye avec l’Italo-Egyptienne strabique, confond rock et toc, et casse le disque en annonçant que Johnny Hallyday ne passerait jamais à l’antenne. Paix à son âme !
Les choses sérieuses : La France devient puissance nucléaire en faisant exploser sa bombe dans le Sahara. Le France largue les amarres mais c’est les croulants qui sont largués avec les  nouveaux francs.
Ailleurs, Kennedy bat Nixon d’une courte mèche de cheveux tandis que Khrouchtchev tape avec sa chaussure son pupitre de l’ONU pour réclamer le silence et que le roi des Belges, Baudouin, épouse Fabiola qui devient la reine des frites.
Naissance simultanées de deux grands de la presse : Télé 7 Jours et Hara Kiri. Pas les mêmes cœurs de cible mais chacun un tabac !
Arrivée houba houba du marsupilami, du cadeau Bonus et du scopitone, le juke box à clips, hé oui, c’était réellement des clips !
Et puis le twist démarre sur les chapeaux de roue et les dance-floors avec Chubby Checker, in french : la pièce d’échec joufflue. Elvis revient de l’armée, c’est un homme, un vrai, au bras d’une très jeune Allemande qui sera sa femme, la mère de leur fille et la belle-doche de Bambi Jackson à son insu puisqu’alors le King sera décédé.
Kim Wilde naît aussi mais ça passe carrément inaperçu.
La Dolce Vita est remarquée à Cannes et Psychose nous file les jetons.
Eddie Barclay abandonne le piano pour le business : il signe des mecs qu’il appelle les Chaussettes Noires. La nouvelle vague fait son cinoche mais c’est aussi le tube d’un gros Egyptien qu’on n’affiche pas en poster parce que malgré la qualité de ses tubes, il ne fera jamais partie des idoles.
En même temps, la variétoche continue à nous les brouter et lance son premier produit dérivé : le scoubidou, qui enrichit, non pas les rapaces majors mais l’électricien du quartier.
En 60, le monde n’est pas que rose, les méchants blousons noirs viennent foutre la merde dans les banlieues en chevauchant leurs mobs pétaradantes ! On appelle cela la délinquance juvénile et les bourges pètent de trouille.
La grande faucheuse ne chôme pas : Camus se barre en Facel Vega, très grande classe, Eddie Cochran se crashe à 22 balais en Ford où se trouve aussi Gene Vincent qui en garde une jambe niquée. Clark Gable a la politesse d’attendre la fin du tournage des Misfits ( avec Marilyn et Monty Clift) pour filer sa dem définitive.
Au poste, on se distrait avec André Verschuren, Jean Ferrat, Sacha Distel et Juliette Gréco, mais aussi Ray Charles, les Shadows et Brenda Lee.
Quant à moi, j’attends que mes seins poussent. Sans savoir que j’attendrai longtemps, longtemps, longtemps…

L’année 59 ici

texte et photo © dominiquecozette (texte : sources diverses)   … à suivre (Vous pouvez voir les années précédentes à partir de 55 dans la catégorie « du vrai »)

 

 

 

L’année 59 racontée à mes blecteurs

On ne le saura que plus tard mais 59 est réellement une année-culte avec des arrivées en pagaille :
l’émission-télé-culte 5 Colonnes à la Une, l’émission-radio-culte Salut les Copains avec Filipacchi, Ténot et l’adorable Annick Beauchamp,  le mâtin-quel-journal-culte Pilote avec tous les dessinateurs cultes encore célébrés, la première prestation de l’acteur-culte Jean-Pierre Léaud dans son rôle-culte Antoine Doinel qui fait les 400 coups, et la mini voiture-culte signée Austin, so tape-culte & so british !
Sortie de deux romans-cultes:  « un singe en hiver » de Blondin et « Zazie dans le métro » de Queneau.
Cultes aussi, Castro et le Che qui s’emparent de Cuba.
Mais 59 est l’année de tous les dangers avec la folie hoola-hoop qui déplace les foules et les vertèbres, la folie Barbie —  poupée de tous les seins — qui déclenche ires et désirs, et la folie paparazzi avec  BB qui aime Charrier et le prouve en l’épousant dans sa robe gonflante en vichy rose.
Plus classique est de Gaulle qui reprend la France en mains avec sa Vème répu, Pinay, Malraux, Couve, Debré, que des marrants. En même temps, on est loin des guignolades pathétiques d’aujourd’hui.
D’immenses personnalités cultes vont hélas nous faire verser des larmes, couler de la morve et pousser des cris en disparaissant de nos vies : Richie Valens et Buddy Holly se crashent en avion, Boris Vian s’écroule en visionnant  le film tiré de « J’irai cracher sur vos tombes », Sidney Bechet nous laisse sa petite Fleur pour flirter dans les boums et le sublimissime Gérard Philippe, terrassé  à 37 balais, nous lègue Francis Huster en souvenir mais ça ne le fait pas du tout.
Série Noire aussi pour Chandler, Lester Young et Billie Holiday, the Lady who sings the blues. Villa-Lobos laisse le Brésil endeuillé, mais nous découvrons le carnaval de Rio avec le superbe Orfeu Negro de Marcel Camus.
Pour couronner le tout, le barrage de Malpasset à Fréjus se rompt, faisant ses 400 (coups) morts.
La géopolitique ne nous épargne pas les massacres qui débouchent sur l’indépendance du Congo et l’exil du Dalaï Lama en Inde, déguisé en domestique.
Deux-trois autres nouvelles d’importance : La scolarité devient obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans.  La Convention Internationale des Droits de l’Enfant est adoptée à l’unanimité par l’OTAN. Et Lunik III, le soviet satellite, photographie la face cachée de la lune.
Cette année-là sont nés, entre autres : Mac Enroe, Victoria Abril, Tim Burton, Zabou, Ségolène Royal, Tom Novembre en novembre et, mais on s’en fout un peu, Patriiiiiiiick Bruel.
Dans le poste, apparition remarquée d’un poinçonneur nommé Gainsbourg, entre le beau Sacha Distel, le très séduisant Yves Montand, les rigolos Ricet Barrier et Paola. Les jeunes vibrent pour Ray Charles, Bobby Darin, Eddie Cochran. Paul Anka passe à l’Olympia avec Colette Renard.
Quant à moi, je porte des bas  sur mes flûtes et je lorgne les garçons dans le métro.

L’année 58 ici

Dessin et texte © dominiquecozette. (Sources multiples)

Faites vos courses et le bonheur des autres !

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Pour faire une bonne action, je pique le texte du blog d’Olivia van Hoegarden :
« La preuve, je vais faire un peu de réclame, pour Carrefour et Danone. Bon, je l’ai déjà fait, c’était pas mes pires clients, quoi que mais je ne vais pas m’étendre ni cracher dans le yaourt qui m’a nourrie si longtemps.

Et puis, c’est pour aider les Restos du coeur qui est tout de même une des plus belles causes à soutenir, une institution, ça fait 25 ans que ça dure.

Les Enfoirés ont beau dire, enfin chanter, que c’était pas prévu pour durer, moi, je dis : mais heureusement que ça existe et qu’un jour un mec heuh… hors norme et d’origine italienne, a eu cette idée. Coluche on l’appelait. En vérité son nom, c’était Michel Collucci.

Bon, tout ça vous le savez, ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que les deux géants de l’alimentaire et de la distrib’ soutiennent massivement les Restos depuis trois ans. Au passage, ils se font de l’image, mais pour une fois qu’il ne s’agit pas de délocalisation de sites ou de pub Boum Boum, il vaut mieux ne pas passer cette action sous silence.

Carrouf’ et Danone font appel aux blogueurs, un billet publié, dix repas offerts. Ainsi l’année dernière pour 1 457 blogueurs, 16 675 repas offerts. Du coup, j’y vais de mon petit post moi aussi.

Alors, comment on fait? Les 4 et 5 mars, on soutient la collecte de denrées alimentaires et du 16 au 22 mars, on achète 4 produits Danone en promo, à chaque fois un repas offert. Pour cette fois, vous ferez vos courses de miam chez Carrefour, même si vous ne jurez que par Leclerc, et achèterez du Taillefine ou du Velouté et tant pis pour Yoplait, enfin pour cette fois.

Voilà, j’espère vous avoir mobilisés et que vous allez vous bousculer les caddies aux dates que j’ai écrites ici au-dessus. Et puis, rien ne vous empêche de faire des dons ou de bénévoler à tout va.

C’est pas le moment de pédaler dans le yaourt. »

Olivia van Hoegarden
Merci

R.I.P. Serge et Dédé

Ils n’avaient pas grand chose de commun, ces deux-là, à part celui de mourir en même temps. Je parle de Serge Gainsbourg, LE Serge Gainsbourg, et d’André Cozette, mon père. Rien de commun non. Ou alors quelques trucs…
La clope. La brune pour tous les deux. Mais si Gaingain appréciait la danseuse à castagnettes, Dédé préférait téter de la bien de chez nous, la bonne goldo.
La musique aussi puisque Dédé jouait du piano avec deux doigts, index et auriculaire. Seul accompagnement :  do/fa, quel que soit le morceau joué.  « Ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne » était son tube joyeusement dissonant.
L’alcool aussi sur lequel mon père ne crachait pas, tout en restant dans les normes acceptables de l’époque. Nos dimanches étaient vraiment bien arrosés.
Et  69, ah 69.  Ce ne fut pas l’année érotique de mes parents, loin s’en faut, mais l’âge fatidique auquel Dédé rendit les armes et cetera…
La décadance ? Sûrement pas celle qu’on danse, celle de leur couple qui roupillait dans l’hôtel du cul tourné. Dommage pour eux  que mon père n’ait pas dit  » je suis venu te dire que je m’en vais », j’avoue qu’ils en bavèrent beaucoup et c’était pas très in mais très out pour les three easy pisseuses que nous fûmes.
Chez les yéyé, mon père se voyait contraint de subir nos tam-tam, pas très heureux  de ces rythmes qu’il ne sentait pas, et de ces filles qu’il ne comprenait pas toujours car, comme pour Serge, les femmes c’est du chinois. Il nous aurait bien dit « sois belle et tais-toi », sachant que nous n’obéirions qu’à la première de ses injonctions.
Pour le reste, c’était le jour et la nuit. Mon père ne flamba pas, ne brûla pas, ne provoqua pas, ne coucha pas avec BB, Deneuve ou Jane, ne composa pas. Ce n’était pas un artiste, ni un jouisseur, ni un people. Mais un monsieur sérieux,  prince-de-Galles fiscaliste.
Ils ont juste fait ce bout de chemin ensemble. Le dernier. Dernier sourire, dernier soupir.
Je me demande bien ce qu’ils se racontent, là-haut.  Dédé a t-il convaincu Serge de faire un cover des chapeaux ronds des Bretons ? Serge a t-il enseigné à Dédé la gamme en mi bémol ? Je le saurai peut-être un jour MAIS ÇA N’URGE PAS  !

Texte et image © dominiquecozette

L’année 58 racontée à mes blecteurs

L’année 58 commence en beauté avec l’ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle, Jeanne Moreau, sublime, Maurine Ronet, glamourissime et l’incroyable impro de Miles sur les images.
Puis Fidel Castro kidnappe Fangio pour attirer l’attention du monde sur l’état catastrophique de son île, mais il le relâche vite en en faisant un ami pendant qu’Elvis, la boule à zéro, fait ses classes à Memphis, que les Russes continuent d’humilier les Américains qui se plantent dans l’espace mais pas sous les mers avec la première mission réussie du Nautilus, sous-marin atomique, ça rigole pas. A propos d’atomique, 9235 savants de 44 pays demandent l’arrêt des expériences nucléaires. Lol.
Jerry Lee Lewis,  jamais à un scandale près, épouse sa cousine de 13 ans et quelques. Une autre fois, pour enfoncer Chuck Berry qui passait après lui, il met le feu à son piano tout en martelant Great Balls of Fire, hystérisant complètement le public. Quand c’est au tour de Chuck de chanter, il lâche « assure après ça, negro ».
Deux naissances d’importance bien de chez nous : les 5 dernières minutes avec le débonnaire Raymond Souplex dans le rôle de Maigret et le jeu des 100 000 francs qui deviendra le jeu des 1000 francs en fin d’année pour cause de nouveaux francs et de dévaluation : 17,5% quand même !
Le Brésil se distingue au foot grâce à un jeunot de 17 ans, Edson Arantès Do Nascimento dit Pelé. Mais c’est  Just Fontaine qui  devient le meilleur buteur de Coupe du Monde. Et, hélas, Manchester perd son équipe dans un crash aérien.
Le Royaume Uni a un nouveau prince de Galles de 10 ans, Charles, appelé araignée. Mais qui ne régnera pas.
Chez nous, Mon Oncle de Tati sort enfin, après 5 ans de prépa, ça c’est Tati le Tatillon ! Le Cnit de la Défense est érigé et inauguré par le général en personne, fier de cette oeuvre qui fait honneur à notre génie. C’est ce même général, rappelé de ses deux Eglises,  qui expliquera à des milliers d’Algérois qu’il les a compris…Puis il s’attellera à la rédaction d’une nouvelle constitution : celle de la Vème république. Il sera élu à 77% des voix. Dans le cadre de la guerre d’Algérie, la France fait quand même une grosse connerie : elle bombarde un village tunisien, tuant 61 civils, à la grande indignation de la communauté internationale.
L’assurance auto devient obligatoire, c’est pas du luxe parce qu’il n’est pas interdit de boire avant de prendre le volant  au contraire, on ne se prive jamais du « p’tit coup pour la route »
A côté du rock et du be-bop, les rythmes afro-cubains, latino on dit aujourd’hui, continuent à sévir. Dario Moreno avec « si tu vas à Rio » rivalise avec  Dalida et son « come prima » et autres italianades. La Bamba de Richie Valens et Tequila par des tas d’artistes mettent le feu au dance-floor.  Cliff Richards, lui, et sa tête poupine, embrase les jeunes pouliches.
Bizarrement, Boris Vian déclare : « Pour adapter un rock d’Elvis Presley, autant ne pas se gêner et confier le boulot à un illettré, ça aura l’avantage de respecter l’esprit du modèle ».
Un clou chassant l’autre, Jean XXIII succède à Pie XII.
Cette année-là, on fête les naissances de Michael Jackson, Madonna, Sharon Stone, Albert de Monac’ et… Christophe de Chavanne et Laurent Boyer mais on s’en tape le coquillage !
A la radio, les mêmes qu’en 57 avec un Aznavour qui pointe son ancien nez, et un certain poinçonneur des Lilas.  In english, Peggy Lee fait monter la Fever et Bobby Darin nous conte une histoire de baignoire qui déborde  le soir d’une party : c’est « splish splash ».
Quant à moi, je nargue de façon très prépubère  ma grande soeur et ses amies qui pleurnichent à chaudes larmes en écoutant Paul Anka.

L’année 57 ici

Texte et dessin © dominiquecozette. Sources diverses.

EXPOSITION : Je vous rappelle ma prochaine expo « de l’amour, de l’état brut, de la nature humaine » (qui mérite vraiment ce titre) à partie du 3 mars au Cabinet d’Amateur près de la Bastoche, où j »accroche en compagnie de deux pétroleuses, Cathy Burghi et Céline Guichard. Plus de détails ici

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