L’année 59 racontée à mes blecteurs

On ne le saura que plus tard mais 59 est réellement une année-culte avec des arrivées en pagaille :
l’émission-télé-culte 5 Colonnes à la Une, l’émission-radio-culte Salut les Copains avec Filipacchi, Ténot et l’adorable Annick Beauchamp,  le mâtin-quel-journal-culte Pilote avec tous les dessinateurs cultes encore célébrés, la première prestation de l’acteur-culte Jean-Pierre Léaud dans son rôle-culte Antoine Doinel qui fait les 400 coups, et la mini voiture-culte signée Austin, so tape-culte & so british !
Sortie de deux romans-cultes:  « un singe en hiver » de Blondin et « Zazie dans le métro » de Queneau.
Cultes aussi, Castro et le Che qui s’emparent de Cuba.
Mais 59 est l’année de tous les dangers avec la folie hoola-hoop qui déplace les foules et les vertèbres, la folie Barbie —  poupée de tous les seins — qui déclenche ires et désirs, et la folie paparazzi avec  BB qui aime Charrier et le prouve en l’épousant dans sa robe gonflante en vichy rose.
Plus classique est de Gaulle qui reprend la France en mains avec sa Vème répu, Pinay, Malraux, Couve, Debré, que des marrants. En même temps, on est loin des guignolades pathétiques d’aujourd’hui.
D’immenses personnalités cultes vont hélas nous faire verser des larmes, couler de la morve et pousser des cris en disparaissant de nos vies : Richie Valens et Buddy Holly se crashent en avion, Boris Vian s’écroule en visionnant  le film tiré de « J’irai cracher sur vos tombes », Sidney Bechet nous laisse sa petite Fleur pour flirter dans les boums et le sublimissime Gérard Philippe, terrassé  à 37 balais, nous lègue Francis Huster en souvenir mais ça ne le fait pas du tout.
Série Noire aussi pour Chandler, Lester Young et Billie Holiday, the Lady who sings the blues. Villa-Lobos laisse le Brésil endeuillé, mais nous découvrons le carnaval de Rio avec le superbe Orfeu Negro de Marcel Camus.
Pour couronner le tout, le barrage de Malpasset à Fréjus se rompt, faisant ses 400 (coups) morts.
La géopolitique ne nous épargne pas les massacres qui débouchent sur l’indépendance du Congo et l’exil du Dalaï Lama en Inde, déguisé en domestique.
Deux-trois autres nouvelles d’importance : La scolarité devient obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans.  La Convention Internationale des Droits de l’Enfant est adoptée à l’unanimité par l’OTAN. Et Lunik III, le soviet satellite, photographie la face cachée de la lune.
Cette année-là sont nés, entre autres : Mac Enroe, Victoria Abril, Tim Burton, Zabou, Ségolène Royal, Tom Novembre en novembre et, mais on s’en fout un peu, Patriiiiiiiick Bruel.
Dans le poste, apparition remarquée d’un poinçonneur nommé Gainsbourg, entre le beau Sacha Distel, le très séduisant Yves Montand, les rigolos Ricet Barrier et Paola. Les jeunes vibrent pour Ray Charles, Bobby Darin, Eddie Cochran. Paul Anka passe à l’Olympia avec Colette Renard.
Quant à moi, je porte des bas  sur mes flûtes et je lorgne les garçons dans le métro.

L’année 58 ici

Dessin et texte © dominiquecozette. (Sources multiples)

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