Brigitte Kernel, dont j’aime tellement le style quand elle nous raconte les gens connus, a choisi le petit bout de l’oreillette du cœur de Baudelaire pour parler de cet immense poète. Et à côté de l’oreillette, il y a le ventricule qui, comme son nom l’indique, n’est pas un pur esprit. Dans Baudelaire et Jeanne L’amour fou, il y a tous les ingrédients pour décrire une passion amoureuse et érotique. Une femme très sensuelle, portée sur le sexe des hommes mais aussi des femmes, comédienne, qui sait convaincre, aguicher, tricher, jouer de son mystère car, petit oiseau des îles, c’est une « mulâtresse » qui ne révèlera jamais rien de son passé. La société d’alors (pourquoi d’alors ?) étant passablement raciste, Baudelaire a dû se battre bec et ongles pour imposer leur relation, pour amener la femme qu’il aime dans les sorties, au théâtre, au café et faire admettre à sa maman chérie que c’est l’amour de sa vie.
Donc cet homme, pas encore célèbre mais déjà très pénible, jaloux et coléreux, doit ravaler sa fierté lorsque Jeanne se fait entretenir par quelques amants fortunés afin de leur permettre à tous deux de vivre sur un grand pied. Tous deux, en effet, aiment les beaux vêtements, les étoffes précieuses. Ils n’arrêtent pas d’acheter ou de se faire couper de magnifiques tenues, d’acquérir des beaux objets pour meubler leur nid. Mais comme ils se déchirent en permanence, ils se séparent puis prennent un nouveau logement ensemble qu’il faut bien sûr, somptueusement décorer. Heureusement que la chère mère est là avec sa fortune pour aider car pour l’instant, Baudelaire ne gagne rien. Il mettra du temps à publier son premier recueil de poèmes, les Fleurs du mal, qui sera vivement critiqué.
Donc ils ne peuvent vivre ni avec, ni sans l’autre. Lui ne se prive pas d’aller voir ses prostituées quand elle est avec d’autres, elle ne se prive pas de le rabaisser sur ses exploits sexuels. De plus, et c’est d’époque, il souffre constamment à cause de la syphilis, il fatigue, ce qui n’arrange pas son caractère ni sa patience.
Cependant, les poèmes que lui inspire Jeanne sont magnifiques, il les lit dans les soirées et sa réputation ne cesse de grandir. Elle l’encourage et le soutient, jusqu’à la dispute suivante. C’est une gouailleuse, une fille du peuple, une femme libre qui fait ce qu’elle veut et dit ce qu’elle pense. C’est la femme de sa vie et lorsqu’il est malade et elle aussi, il continue de prendre soin d’elle, de s’assurer qu’elle a ce qu’il faut pour vivre et se soigner. Une histoire bouleversante, agrémentée ici d’extraits de courrier et de poèmes, et de notes explicatives. Passionnant.
Baudelaire et Jeanne L’amour fou de Brigitte Kernel aux éditions Ecriture, 2021. 292 pages, 21 €
Un bref instant de splendeur pourrait aussi qualifier le temps qu’on a pris à lire cette histoire de Ocean Vuong. Cet auteur est principalement un poète, c’est son premier roman, empreint de pure poésie frôlant l’impressionnisme. C’est extrêmement virtuose, avec des sauts, des coupes, des ellipses, parfois au détriment d’une compréhension paresseuse mais chaque fragment irradie d’éclat, une parcelle de ressenti, une traîne de sentiment ou de ressentiment. Et il y a de quoi. Le narrateur est un jeune métis, petit-fils d’un GI et d’une paysanne vietnamienne qui a elle-même mis au monde une fille, mère du garçon, analphabète, paumée, violente et aimante à la fois pour ce môme avec qui elle partage sa pauvre vie aux Etats-Unis. Elle travaille dans une onglerie. La grand-mère quant à elle est schizophrène mais attachée à ce garçon. Elle vit toujours avec américain, ex GI lui aussi qui sert de grand-père au garçon : elle était enceinte de quatre mois quand ils se sont mis ensemble.
Ce livre explique la construction du garçon qui n’a jamais trouvé sa place. Déjà, son métissage l’empêche de faire partie d’un des deux camps, trop clair pour être asiate, trop foncé pour être américain. Il y a ce racisme de base, mais aussi le rejet dû au fait que sa mère, ou sa grand-mère, a couché avec l’ennemi. Puis il y a aussi un problème de classe sociale et son plafond de verre, qui lui faut assumer coûte que coûte. Et enfin, dernière malchance pour lui : il s’aperçoit très tôt qu’il est gay. D’autres, en classe, s’en sont aperçus en même temps que lui et le harcèlent cruellement. Il s’appliquera alors à devenir invisible, à ne pas exister pour les autres.
Dans ce marigot peu accueillant, il va toutefois rencontrer, durant son adolescence, un jeune garçon blanc et, ensemble, ils vont tracer leur voix, irrégulièrement, secrètement. Le partenaire vit avec un père violent et alcoolique dans un vrai taudis. C’est quand le bonheur ? peut-on se demander à juste titre. On se doute que ce n’est pas pour demain… Certains passages sont magnifiques, encensant le naturel, le beau, d’autres sont crus, comme la souffrance animale et les premiers rapports sexuels des deux garçons. Néanmoins, ce texte déborde de tendresse et d’émotion.
J’ai passé sur la chose la plus importante : le livre est une lettre qu’il écrit à sa mère, pour lui dire tout ce qu’il ressent, ce qu’il ne lui a jamais dit, ni raconté, ni avoué. parfois, le ton de la lettre disparaît pour nous laisser en prise directe avec ce qu’il ressent. Malgré tout, c’est une confession à la fois pleine de pudeur et dérangeante, et le plus fort, c’est que sa mère ne la lira jamais, puisqu’elle se sait pas lire, qu’elle est très seule et qu’à part son fils, personne ne communique réellement avec elle. Ça m’est difficile d’en dire plus car si le fond est prenant, la forme tient une grande place dans l’intérêt pour ce livre et je ne sais pas vraiment développer. Arghhh…
Un bref instant de splendeur (On earth, we’re briefly gorgeous 2019) de Ocean Vuong. 2021 aux éditions Gallimard, traduit par Marguerite Capelle. 290 pages, 22 €.
L’élégance de l’image ci-dessus illustre bien la semaine passée. La violence des balles de fond de court vaut bien celle de la tarte tatin offerte avec délicatesse à notre bien aimé président ou celle, plus rigolote, à base de farine sur un élu qu’homard avait « tuer ». Rassurez-vous, il y a aussi nos groniqueurs baveux qui vomissent leur haine à tire larigot sur nos écrans, beurkifiant tout sur leur passage. Nous en sommes là, le cul entre deux couvre-feux, celui des riches sans trous dans la raquette (cette nouvelle expression journalistique) et celui des djeunes qui rattrapent les bals perdus. Ce n’est papad’cito qu’on goûtera un peu de sérénité dans cette tarte-up nation, mais il fait beau, le rosé est au frais, rien ne saura troubler la fin de ma phrase ! Bon week-end et tchin, dearest friends…
– JV : J’en ai plein le cul des fachos. Je crois que j’ai des Zemmouroïdes..
– RR : Ne m’énervez pas ce matin. Séance d’essayage des fringues d’été, taille ère pré-Covid.
– OB : Éric Zemmour et Raphaël Enthoven qui parlent de féminisme, c’est un peu comme si Fabien Barthez parlait de brushing.
– AO : Dans quelques instants, quelqu’un va faire la blague de la tarte à Tain. Voilà. Dans quelques instants, quelqu’un va faire la blague de la tarte à Tain. Voilà. Dans quelques instants, quelqu’un va faire la blague de la tarte à Tain…
– NP : Je ne sais pas quelles sont les étapes prévues pour le Tour de France de Macron, mais vu qu’il s’est pris une tarte à Tain, je rêve qu’il aille à Poil et à Montcuq.
– NV : Quelle inconscience ce citoyen qui gifle le Président ! Quelques centimètres à côté et Macron aurait pu perdre un œil, alors que c’est le privilège des CRS d’éborgner les gens.
– FR : En démocratie, les baffes, ça se met dans les urnes.
– EB : La tarte-up nation.
– GP : Macron à donc pris une tarte à Tain aujourd’hui. Il en était tout retourné.
– DDS : Pensée pour le type qui a baffé Macron qui va passer sa soirée de garde à vue à signer des autographes aux flics.
– SN : Je sais pas vous, mais moi j’en ai ma claque de cette année !
– ET : La baffe sur Macron c’est comme les chips avec le coca : c’est bon, mais c’est pas bon.
– DC : Dans le cas présent, peut-on sépare l’homme du président ?
– MK : Jésus, lui, a tendu l’autre joue !
– HBS : Il y a plus de Français dans l’espace qu’en deuxième semaine de Roland Garros !
– AL : Mélenchon complotiste / Papacito appelant au meurtre / Enthoven lepéniste / gifle au PR, le tout en 48h : qu’elle va être dure et longue cette année électorale.
– RR : J’ai entendu mon voisin algérien dire qu’il allait voter Le Pen. Apparemment ça ne le gégène pas.
– MK : Le gifleur de Tartatain en comparution immédiate dès aujourd’hui. Quant à Benalla, euh… C’est que, voyez-vous, les tribunaux sont un peu encombrés en ce moment !
– MK : 18 mois de requis pour une tarte ? Qu’est-ce que c’est que cette justice de mous du gland ? J’aurai requis le bûcher, moi. Ou l’écartèlement ou, que sais-je, l’empalement ! Ou une nuit avec Brigitte…
– PA : Quand j’avance doucement, peut-on dire que j’ai une démarche administrative ?
– RR : Paris, c’est comme un homme ou une femme, on lui trouve tous les défauts quand on ne l’aime plus et les plus beaux atours quand la passion bat son plein.
– GD : Pas encore de loi votée en urgence au Parlement contre le séparatisme des adeptes de combats médiévaux à l’épée et lecteurs de « Mein Kampf » ?
– OM : Les voisins du gifleur sont abasourdis : « jamais on aurait pu imaginer ça, c’était un homme discret et courtois qui filait la laine, chassait le cerf et troussait la gueuse… »
– PA : LE G7 : Plus de 10.000 policiers pour surveiller sept personnes ! Je les savais dangereuses, mais quand même…
– NP : Tout ce qu’il faut savoir sur le niveau intellectuel de Papacito c’est qu’il croit que, quand on te coupe la tête, ça fait plus mal si elle tombe sur du bitume que dans le sable… Voilà…
– RT : — Pourquoi les tribunes étaient vides les autres soirs à Roland Garros ? — C’était réservé à ceux qui ne fraudaient pas les impôts.
– PA : Je plains les riches, ils ont de quoi vivre dix vies mais ils n’en ont qu’une. Nous au moins on sera content de crever.
– RT : Le Grand Macron Suprême a décidé d’annuler le couvre feu pour les bourgeois parisiens qui assistaient au match de Roland Garros, d’un claquement de doigts. C’est plus le Président de la République, c’est le général Tapioca dans Tintin.
– AX : Roland Garros couvre-feu prolongé, sage décision du préfet. Personne ne voulait voir des hooligans en polo Ralph Lauren mettre le feu à des Mini Cooper secteur Porte d’Auteuil.
– SA : Du coup cette année ça sera les Pas-après-23h du Mans ?
– GD : Je découvre, dans mes mentions, les défenseurs du tennis-qui-n’est-pas-du-tout-un-sport-de-droite. Hâte de me colleter avec ceux du golf-qui-défend-les-masses-laborieuses.
– SY : François de Rugy, tête de liste LREM, porte plainte après avoir été enfariné à Nantes. Il voulait être blanchi, c’est fait.. Fin de la blague !
– MZ : Pour fêter la dérogation à Roland Garros, Jean Castex viendra faire le ramasseur de balles au cours du 4e set.
– AD : Si j’ai bien suivi l’histoire du jour, après avoir liquidé l’esprit Canal, les Guignols, iTele et ses supers animateurs pour mettre à la place Zemmour et toute la fachosphère, Bolloré vient d’assassiner le foot français, j’ai bon ?
– CEMT : Les gens, après avoir acheté comme des malades chez Amazon pendant un an et demi : « Tiens, c’est curieux, comment ça se fait qu’Amazon rachète tout ? »
– JF : « J’ai une intolérance au gluten. » François de Rugby porte plainte.
– PM : J’ai rencontré hier une personne qui n’avait pas de compte Twitter… vous imaginez… la sérénité ?
– SO : Il est sympa Macron, il fait une vidéo avec des youtubeurs débiles pour séduire les jeunes, puis il les fait gazer aux Invalides. Alors les jeunes ? Sympa macron?
– CC : Je comprends qu’on bosse tous pour une planète plus propre mais pourquoi ne pas commencer par les toilettes du train. Merci.
– BR : François de Rugy enfariné par une femme au cri de « Rends le homard ! »
– OM : Je me rappelle plus, l’air qu’on respire appartient déjà à Amazon ou pas encore ?
– KA : Cherche éditeur.trice intéressé.e par la publication d’échanges épistolaires avec l’URSSAF Limousin. Deux ou trois volumes. Suspens insoutenable. Fort potentiel.
Cette première semaine de déconfinement serait-elle une semaine de déconfiture pour nos fringants french tennismen ? Hé oui ! On ne va pas chanter Gare au gorille pour célébrer Brabra mais Gare au Garros ! C’est quand qu’on gagne, comme on dit aussi à l’Eurovision ? Comme ils disent aussi aux régionales mais on s’en fout bien quand on sait que Macron nous invite à passer des vacances bien d’cheu nous, dans ce beau pays où on harcèle les meufs, où on parcoursupe notre belle jeunesse, où on panne nos numéros d’urgence, où on bolllorise à coup de pied OQ les gêneurs d’Europin, où on perd son disque dur de ministre, notez c’est moins grave que de perdre son maroquin, et enfin où on teste le rassemblement indochinois, qui n’a rien de national, çuila, ouf. Profitez bien du soleil, du rosé, des grillons, des grillades, dans trois dodos, on saute les grillages, je veux dire les barrières. Bisous et tchin !
– RR : Demain j’ai un déplacement en Bretagne. J’ai pris tellement de cellulite que j’ai peur qu’on me confonde avec un kouign-amann.
– OM : Je veux pas relancer la polémique mais ça fait quand même 5 ans, 2 mois, 3 jours et 21 minutes que Karim Benzema n’a pas marqué en équipe de France..
– RR : Le tennis français à Roland Garros, on dirait moi quand je n’avais droit qu’à un seul tour de manège.
– JV : Contre les fake news, il serait urgent d’inventer le fil à couper le leurre.
– TC : Le correcteur d’orthographe qui te laisse écrire « J’en étais dur ! » Mais bordel y a pas une I.A pour t’empêcher d’écrire des conneries à ta cheffe ?
– LAP : Comme on a plein de boulot, ma patronne a demandé de lever le doigt à celles qui voulaient retarder les congés. On a toutes levé le doigt mais c’était le majeur.
– ST : Je vous laisse juger cette punchline de Christian Jacob dans le Figaro : « Si nos candidats ne gagnent pas, ce sont nos adversaires qui l’emporteront. »
– CEMT : « Ne vous inquiétez pas, je vais gérer cette affaire de numéros d’urgence comme j’ai géré le COVID, dans moins de cinq ans c’est réglé. » (Jean Castex)
– RR : Je viens de me rappeler que l’an dernier, à la même époque, on nous recommandait presque de jeter notre machine après chaque lavage de masques.
– CEMT : Les candidats du RN, c’est un peu comme une pochette surprise mais où il n’y aurait que des mauvaises surprises.
– NMB : Les terrasses sont ouvertes, les températures sont de saison, il n’y a presque plus aucun joueur français à Roland Garros après quatre jours de tournoi, il semblerait que la vie reprenne doucement son cours normal.
– OM : Astucieux cette idée de faire jouer les Français de nuit et sur des chaînes payantes pour que plus personne ne les voit perdre.
– JT : Tu sais que tu as vécu une année de merde quand les gens sont heureux d’aller voir un concert d’Indochine.
– LM : Le non-renouvellement d’Anne Roumanoff à Europe 1 n’a rien à voir avec ses déclarations anti-Bolloré, mais en raison de la faiblesse de ses audiences, qui « n’ont cessé de dégringoler », dit une source interne.
– GD : À part le participe passé, je ne vois pas un truc moins respecté que le couvre-feu de 21 h.
– JM : Comme par hasard, ils ont juste volé le disque dur dans lequel Marlène Schiappa gardait toutes les mesures concrètes et efficaces pour faire avancer les droits des femmes. C’est vraiment dommage cette histoire.
– NMB : Force est de constater que Yannick Noah est au simple Messieurs de Roland Garros ce que Marie Myriam est à l’Eurovision
– LAP : Amis juifs et musulmans, pourquoi détruisez-vous ce que Dieu a créé ? La peau de la bite par exemple ?
– OM : En tous les cas avec cette affaire Mila, on n’en sait pas beaucoup plus sur l’existence de Dieu mais on sait déjà qu’il a au moins treize trous du cul.
– CEMT : PPDA, trois nouvelles plaintes dont une pour viol. Du coup c’est chaud pour lui, il risque à la fois d’être réengagé par CNews et de devenir candidat du RN ou ministre de l’intérieur.
– BR : Macron nous demande de rester en France pour les vacances. Il ne m’empêchera pas d’aller à l’étranger : et même jusqu’en Bretagne
– PN : Je suis en week-end avec maman et son chéri. On entend maman gueuler : « Mais plus vite !! VA PLUS VITE J’TE DIS ! Plus vite ou je t’enlève le fouet !! » Ils font une mayonnaise.
– JM : Roland Garros c’est pas un tournoi, c’est un AirBnB. T’as les étrangers qui arrivent, on leur file les clés et on leur dit qu’on repasse dans 2 semaines pour l’état des lieux.
– EP : On m’a invitée à un brunch dimanche matin. J’ai une tête à payer 50 € pour tremper deux mini-croissants bio et un pancake au sésame mou dans un bol d’eau chaude, en bermuda pastel et Stan Smith ? Dimanche, je serai au rayon barbeuc du Carrouf avec le caddie ras la gueule de bières.
– LaP : Il n’y a aucun mal à donner la tétée en public, sauf si le bébé a 30 ans.
– PH : Hop ! Sixième injection de Pfizer et troisième de Moderna. J’approche d’un taux de protection de 300%. Hier encore, j’ai immunisé toute la piscine municipale en pissant dans l’eau.
– NP : Trois semaines après ma première injection, je dois reconnaître que les anti-vax ont raison : il y a des effets secondaires non annoncés dans les études. Par exemple, le fait d’être totalement serein quand ta fille est détectée positive. Parce que tu es vacciné.
– OB : Une pensée pour tous les ados qui ont passé des heures sur les jeux vidéos au lieu de bosser, alors que le vrai boss final, c’était Parcours sup.
– PE : Les Brigitte se séparent : l’une va garder les couplets, l’autre les refrains.
Joy Sorman a passé tous les mercredis pendant un an dans deux unités de soins psychiatriques qu’elle a appelés, dans son livre A la folie, le pavillon 4B d’un hôpital psychiatrique (HP). Elle a donc côtoyé « les fous », schizophrènes, psychotiques, bipolaires, suicidaires et autres inadaptés de la vie courante d’aujourd’hui. Car avant, l’idiot du village ou le crétin des Alpes étaient non seulement tolérés mais souvent fréquentés avec bienveillance. Ce n’est d’autant plus le cas que maintenant, on te les fiche en tôle pour cause de diminution drastique de chambres dans les HP et surtout de personnel, remplacé par d’impossibles et inhumains protocoles administratifs, comme partout dans les services publics. Mais ici, c’est encore plus cruel car chaque patient a une histoire. Chaque patient a une demande. Chaque patient est atypique. Mais tant pis pour lui, pour eux. On préfère les calmer, c’est tellement facile avec la panoplie de médocs sur lesquels les labos se font du blé : ici, le « soin » est dicté par la toute-puissante « gorgone administrative ».
Mais le livre de Joy Sorman n’est pas, au premier chef, un essai critique, c’est un reportage sur ce qui se passe derrières les portes closes des HP. Ce n’est pas réconfortant, on s’en doutait un peu. D’abord, on est accueilli par cette odeur de collectivité et de macération, de légume bouilli et de détergent, de sauce refroidie et d’inquiétude. Puis très vite, on croise cette société non désirée qui se manifeste comme elle peut, faute d’avoir les mots, le vocabulaire, la distance, le recul pour pouvoir en parler comme un malade à son médecin. Chaque résident.e est un personnage, avec son mode d’emploi (le transgresser peut être extrêmement déstabilisant, voire dangereux). Toucher, ne pas toucher, répondre, ne pas répondre, ne pas demander comment ça va, ne pas entrer dans son jeu, il faut être très attentif aux codes.
Les aides-soignant.e.s sont ceux qui les connaissent le mieux mais qui, paradoxalement, ne sont pas décisionnaires. Alors qu’avant il était simple d’autoriser un malade à faire ci ou ça, une pause cigarette, sortir en ville, choses anodines, il faut maintenant demander l’autorisation en haut lieu sans garantie de réponse. Déstabilisant et contre-productif.
Il existe aussi, dans cet HP comme certainement dans les autres, une chambre d’isolement. Il accueille les personnes trop violentes, trop dissidentes, qu’on n’arrive pas à raisonner ou à calmer. Il arrive que des malades réclament d’y être enfermés pour échapper à l’ambiance trop sonore du lieu : cris, appels, phrases hurlées en boucle, choses qu’on cogne sur les murs etc.
Il arrive aussi que des malades, en général chroniques, refusent de sortir. Certains, dès qu’ils vont mieux et qu’ils sentent qu’on va les envoyer en MAS, maisons d’accueil spécialisées, structures alternatives où en principe on vit mieux, se remettent à faire une grosse bêtise pour rester au 4B. Car la force de la routine, ce n’est pas rien. Ces malades qui ont une telle demande de sécurité, ne supportent pas d’être envoyés dans un endroit où ils ne connaissent rien ni personne.
Joy Sorman nous raconte tous ces gens, envoyés parfois ici contre leur gré (je me souviens que ça s’est fait sous Sarkozy : une horreur) ou parce qu’il n’y a ni famille ni solution. Leurs grigris, leur façon de la séduire, leurs comédies, leurs caprices, leur douleur, leur mal-être. Les soignants y sont aussi décrits, métier difficile, prenant, épuisant et sans logique depuis que leur humanité ne sert à rien face au protocole. Ils font ce qu’ils peuvent, avec sincérité.
Très instructif si on aime le sujet et plutôt déprimant sur le rôle des pouvoirs sur cette partie sombre de notre société.
A la folie de Joy Sorman. 2021 aux Editions Flammarion. 280 pages, 19€.
Encore une semaine de grosse rigolade ! Heureusement que Coluche a vendu son âme au diable sinon ça serait trop ! Donc l’humoriste Bigard, excusez-moi mais je dis encore Bigeard, qui a commencé sa campagne pour devenir le ministre de la santé de la peut-être première femme présidente de France, puis le vainqueur de l’Eurovision qui, voulant ramasser un verre, a accidentellement reçu une dose de farine dans le pif, les tests sont formels… Continuons avec les deux rigolos, Carlito et Mac Bidule qui essaient de gagner au concours de bobards avec Macron, les pôvres !, et puis et puis… Dard-manin, bien sûr, qui sort ses petits biscottos vénères pour jouer au bras de fer avec mâme Pulvar, sur un sujet glaçant paraît-il. Et pi et pi, devinez ? Manuel Vals, bien sûr, qui nous revient car les Espagnols sont vraiment trop gnols pour lui (mais c’est qui, le guignol ?). Pour finir avec un autre grand comique, Lucas Chenko, çui qu’a coulé une bielle aux Russes, qui fait mumuse avec l’espace aérien des Européens. Nan mais des fois ! Toute honte bue pour nous être tant marré.e.s, ressortons nos verres pour trinquer au beau temps, à la fiesta et à ce dimanche de la fête aux mômans qui ont tant souffert et sacrifié pour vous rendre heureuses, petites pourritures de mômes ! Tchin tchin !
– MP : Concernant les vaccins on ne sait plus qui croire : comment savoir qui a raison entre, d’un côté les virologues du monde entier et, de l’autre, Jean-Marie Bigard ?
– OB : « Entre ici, j’en moule un ! » La résistance selon Jean-Marie Bigard.
– AR : Je sais pas si vous vous rendez compte, mais à ce rythme, on va être obligés de voter Hanouna pour faire barrage à Bigard.
– OVH : Darmanin va se faire pulvariser.
– NMB : Je suis persuadé que, si on organise l’Eurovision avec un seul pays dont la France, on est encore capable de ne pas gagner.
– OB : Août 1963, Martin Luther King : « I have a dream ». Mai 2021, Emmanuel Macron : « J’ai fait un concours d’anecdotes avec Mc Fly et Carlito. » Voilà voilà.
– OM : Ok, l’italien s’est peut-être drogué mais certainement moins que les millions de téléspectateurs qui ont regardé l’Eurovision jusqu’au bout…
– PM : Oh quel dommage, quelle tristesse, on a perdu l’Eurovision, j’ai envie de dire snif
– PM : — Maman ? — Oui mon poussin ? — Tu veux pas attendre que je sois couché pour te démaquiller, parce que ça me fait un peu peur sinon.
– MP : Le pass sanitaire c’est la dictature. Si ça continue, bientôt il faudra un papier pour conduire, un petit carnet brun pour quitter le territoire… Pourquoi pas même une carte avec notre photo et notre identité à porter sur soi en permanence ??
– BG : Si Darmanin savait ce que je pense de lui, il pourrait sans problème déposer plainte pour injure, diffamation, appel à la violence, apologie d’acte de barbarie et plein d’aut’trucs. Mais on ne peut pas attaquer une pensée en justice, je crois, fils de ta mère.
– MP : En fait en France, tu peux leur foutre une pandémie, un crash boursier ou un réchauffement climatique, la présidentielle se jouera toujours sur l’immigration, le voile et la sécurité.
– CEMT : Gérald Darmanin : « Et je porte plainte contre Audrey Pulvar parce qu’elle a refusé de coucher avec les idées du Rassemblement National. »
– MK : Quelqu’un peut dire à Madame Taubira que je l’attends en mai 2022 à l’Elysée, en lieu et place de tous ces charlots qui guignent le poste ?
– CV : Aujourd’hui, j’ai oublié mes lunettes, mais je suis quand même allée faire des courses. J’ai acheté, je crois, du camembert à 9€99, 4 yaourts nature à 9€99, un dentifrice à 9€99 et du savon au même prix. Sous vos applaudissements, surtout que là, j’écris sans mes lunettes. Je me demande de quoi ça parle.
– CC : Je regarde les offres d’emplois sur LinkedIn. Maintenant il faudrait que j’aie fait une école d’ingénieur + une grande école pour faire le métier que je fais depuis 25 ans, en espérant toucher 60% de mon salaire actuel. Oui je sais, c’est le monde de LinkedIn.
– LU : J’ai acheté une boîte de sel de l’Himalaya sur laquelle il est écrit que le sel s’est formé il y a 250 millions d’années, mais il expire en 2022.
– ES : En mai, fais ce qu’il te pleut.
– RU : Je trouve que les femmes aiment trop le sexe alors que nous, les hommes, on est plus concentrés sur l’art et la géopolitique.
– OB : Perso je suis vaccinée contre Jean-Marie Bigard et ça se passe très bien. Aucun effet secondaire.
– CEMT : Gérald Darmanin : « Et j’ai décidé de porter plainte contre Evelyne Dhéliat car depuis quelques temps, je trouve sa météo glaçante. »
– CV : En signe d’apaisement, les autorités biélorusses proposent à la France de détourner l’avion qui doit ramener Manuel Valls à Paris.
– PA : Un scientifique lira des centaines de livres dans sa vie, mais sera toujours persuadé qu’il lui reste beaucoup à apprendre. Un fanatique religieux n’en lira qu’un et sera persuadé d’avoir tout compris.
– GD : Le verbe « assumer » pour un politicien, c’est comme les warnings pour un automobiliste mal garé « pour 5 minutes » : une façon commode de se dédouaner de faire n’importe quoi.
– MK : Un concert test, c’est bien. Mais pourquoi au stress ajouter la torture d’Indochine ?
– RT : Blague de prof : — Tu vas faire quoi avec l’augmentation que Blanquer t’a donnée ?
– PP : Un jour faudra m’expliquer pourquoi on fait un signe de main aux voitures qui s’arrêtent à un passage piéton. Ce signe veut littéralement dire « Merci de ne pas m’avoir renversé, quelle gentillesse incroyable ».
– NP : Ok sex is cool mais avez-vous essayé « Pouvoir enfin manger sur la terrasse que tu t’es fait chier à construire il y a un mois mais depuis il a fait une météo de merde » ?
– DSF : Dans le fond Manuel Valls est le seul à pouvoir unifier l’Europe. Contre lui.
Robert Goolrick, dont je suis devenue fana tout récemment,raconte, dans La Chute des Princes, la vie de folie, fric, alcool, drogues, sexe, puis la chute, dans les années 80, ces fameuses années déjà racontées et filmées par d’autres, mais c’est pas parce que Roméo et Juliette a déjà été narré qu’on ne doit plus parler d’amours contrariées. Ici, l’important c’est le style, formidable, et la qualité des anecdotes, incroyables. Je les ai un peu évoquées dans le dernier livre Ainsi passe la gloire du monde (voir ici), qu’il faudrait lire après celui-ci, mais peu importe. Quand on aime un auteur pour sa qualité d’écriture, rien n’est grave.
Ce qu’il raconte, c’est la gloire d’un trader, ces mecs qui faisaient des fortunes colossales sur le marché des bourse. Mais pour lui, l’auteur, c’était en fait d’âge d’or des années fric de la pub. Pareil, des monceaux de pognon qu’on claque pour rien, juste parce qu’on l’a gagné en travaillant parfois trois jours sans nuit, avec la coke of course, et surtout la fierté de surenchérir, d’en faire encore plus que les collègues. Le plus est le mieux. Les vanités de cette époque.
Evidemment, il y a des dommages collatéraux. Il tire avec brio le portrait d’un richissime collègue, fortune de famille gigantesque, indépensable, un type formidable aimé de tous, des délires de vacances, etc puis un jour, après un coup de fil personnel, au bureau, après avoir brisé la vitre avec un extincteur, ce qui a tué deux personnes en bas, il retire ses chaussures (les chaussures sont toujours de marque et hyper précieuses) puis saute du gratte-ciel, et s’écrase sur une voiture. Il venait d’apprendre qu’il était atteint de cette terrible maladie appelée sida, ce qui était moins grave que la honte insurmontable qui éclabousserait ses parents, homophobes pure souche. Ils l’ont d’ailleurs effacé de tous les documents familiaux, photos, souvenirs. L’auteur s’inquiète vaguement pour lui-même car il baise tout ce qui bouge, hommes et femmes. Mais il s’en sort sans une égratignure.
Il parle aussi de cette pute, un travelo magnifique, avec qui il est devenu ami, car, malgré un loft magnifique créé par le plus grand décorateur, il a gardé son taudis infesté de bestioles, dans le quartier pourri où sévissent tous les crimes. Donc les prostitués, dealers et clients. Sa femme, il l’aime toujours bien qu’elle l’ait quitté le jour où il a perdu son job. Il lui a tout laissé sans discuter, sauf le taudis.
Il raconte beaucoup d’excès, avec humour et non sans cynisme. Comment il a eu son job juteux : le patron de la Firme recrutait ses traders au poker. Une seule et courte partie. Car dans ce type de boulot, il faut savoir prendre des risques énormes. Il dit comment ça a fini, piteusement, violemment, et comment, quand on est viré, personne n’est plus censé vous parler, vous téléphoner, vous connaître. Monde impitoyable.
Et là, comme dans le dernier livre, il se retrouve à claquer ses derniers deniers, avec panache, avant de se fondre dans une solitude plutôt bien subie. Je pourrais en dire plus mais ça me fatigue et puis je suppose que vous voyez le genre de livre que c’est. Brillantissime. C’est dit.
La Chute des Princes ( The fall of princes, 2014) de Robert Goolrick chez 10/18. 240 pages.
Pendant que vous étiez tous en terrasse en train de vous murger dans le vent et la tempête, d’autres défendaient leurs droits à taper sur les manifestants en manifestant justement avec leur petit chef qui appuyait leurs revendications auprès de lui-même. Que d’autres, chefs de nous-mêmes mais que c’est nous qu’on les paie grassement, se délectaient à une terrasse d’où avaient été interdits nuages et autres désagréments climatiques, et qu’un autre, ex-chef de nous-mêmes, avait choisi de ne pas aller bygmalier au tribunal où il encourt quand même 3750 euros d’amende (3750 euros !!!) et un an de prison qu’ils ne font jamais. Autre bonne nouvelle : la fusion de deux gros cacas de la télé pour n’en faire qu’un. Mais un énorme. Couvrez-vous, dear friends, pulls, masques et capotes sauf si vous allez dans un club libertin, of course, où là, vous ne risquez rien, selon nos instances qui y trouvent certainement leur compte. Allez, tchin tchin !
– BM : On fête la réouverture des terrasses comme si on avait battu l’Allemagne. Dans le doute j’ai tondu ma voisine.
– BM : Juste pour remettre en perspective… Darmanin, ministre de l’intérieur, va manifester avec la police pour que le gouvernement agisse en leur faveur. Voilà.
– PA : J’en connais qui se plaignent qu’avec le masque, l’oxygène n’arrive pas à leur cerveau… Comme si avant il y arrivait !
– OK : Je vais stopper la recherche d’un créneau de vaccination pour les moins de 50 ans non prioritaires. Je préfère tenter de régler le conflit israélo-palestinien, ce sera peut-être moins compliqué.
– FB : On me dit à l’oreillette qu’après la manifestation des policiers, Darmanin va manifester avec les femmes victimes de viol.
– IS : En plus, demain, il semblerait qu’on déconfine et qu’on va pouvoir retourner au bistrot, au cinéma et chez H&M en présentiel s’acheter des tas de fringues de merde fabriquées par nos nouveaux esclaves que nous prions expressément de bien vouloir rester dans leur pays et à leur place. Elle est pas belle la vie ?
– PA : YOUPIIIIII ! La météo annonce 30 degrés pour le week-end ! — 14 degrés samedi, — 16 degrés dimanche !
– NP : Juste une question : Demain, en province, les bars ils sont OBLIGÉS de rester ouverts jusqu’à 21 heures ou ils peuvent fermer à 19 heures comme avant ?
– DC : Darmanin qui défile avec les flics. On l’a même entendu crier : Darmanin, démission !
– NP : Pour des raisons de décence, les images des politiques en train de défiler avec les policiers ne sont pas diffusées à la télé mais sur Pornhub.
– OM : Tiens, mon envie de ne pas regarder TF1 et mon envie de ne pas regarder M6 viennent de fusionner.
– NP : Tellement hâte de voir les programmes qu’ils vont lancer ensemble pour contrer Netflix : « Danse avec les chefs », « Scènes de Joséphine » ou « L’amour est dans Miss France »…
– JT : Sinon j’avais une blague sur Michel Fourniret mais impossible de retrouver où je l’ai enterrée.
– CC : Yann Moix continue à préférer les femmes de 25 ans de moins que lui. Aucun problème : de mon côté, je persiste bien à préférer les hommes gentils, drôles et intelligents.
– LM : Les barmen en ce moment : « non la pinte a toujours été à 14 euros dans notre établissement, vous avez dû oublier »
– OB : Vous croyez que notre maillot de bain va nous reconnaître après six mois de confinement ?
– OVH : Tu cherches désespérément tes somnifères ? Un tuyau infaillible : la boîte est tombée derrière les wawas.
– OK : La tête du cafetier quand, en terrasse, j’ai commandé un demi Pfizer.
– LS : Gérald Darmanin va participer à la manifestation des policiers prévue ce mercredi. « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, en tant que dégueul… que délégué de la ligue anti-alcoolique, je me défil… je défilerai marcreudi contre moi-même. »
– NP : — Je te parie que dans une semaine les parisiens se reconfinent et qu’il n’y a plus personne en terrasse. — À cause du COVID ? — Non à cause du prix des consommations en terrasse ! Il va vite falloir choisir entre sortir et manger.
– PI : Manifestation des policiers : Gérald Darmanin se joindra à la mobilisation organisée ce mercredi. Le sketch du patron qui manifeste pour l’augmentation et la protection de ses salariés. C’est un stand-up, ce quinquennat.
– LS : Selon Nicolas Sarkozy et François Coppé, aucun membre de l’UMP était au courant des surfacturations de Bygmalion. « Nous pensons que c’est une mauvaise blague faite par un livreur de pizza, nous ne voyons pas d’autre explication. »
– ES : Si un jour on m’avait dit qu’un mec avec l’accent du sud me dirait quand j’ai le droit de sortir de chez moi, de voir mes amis, ma famille ou simplement d’aller faire des courses, j’aurais tout de suite imaginé être prisonnière du chef d’un gang toulousain. Pas citoyenne française majeure et presque vaccinée. Castex girl.
– MZ : Je fais partie des personnes de moins de 55 ans ayant survécu à une injection d’AstraZeneca. Retrouvez mon histoire dans un livre à paraître prochainement au prix de 16,90 euros.
– LD : C’est le 21ème jour de la 21ème semaine de la 21ème année du 21ème siècle.
– JB : Forte augmentation du nombre de cas contacts de gueules de bois.
– OV : Dans la série, je refuse de parler plouc : « Bonjour Monsieur le cafetier sur la terrasse duquel je viens me geler les miches pour vous faire retrouver un peu d’espoir, pourrais-je avoir un Spritz s’il vous plaît, sans glaçon ? » et qu’on me répond : « Ça marche ou pas de souci » au lieu de : « Certainement, Madame, je vous apporte ça tout de suite », j’ai une sorte de haut le coeur. Et si, lorsqu’on me sert un plat accompagné d’un tonitruant : « Bonne fin d’appétit », je vomis mon quatre heures, séance tenante. S’il y en a que ça tente …
– GDV* : Afin de rassurer les conducteurs hésitants, nous vous confirmons que les clignotants ne contiennent ni lactose, ni gluten, ni huile de palme et ne sont pas alcoolisés. Vous pouvez donc les consommer sans modération . Si ça c’est pas une bonne nouvelle ! (* Gendarmerie des Vosges)
– BS : Je soussigné : Moi-Même, certifie sur l’honneur que je ne diffuserai pas de photo, ni de ma première injection, ni de ma première terrasse, ni de ma première séance de cinéma, ni de mon premier musée, ni sur Facebook, ni sur Instagram. A la limite je m’auto-autorise à poster mes pieds au bord d’une piscine cet été, mais uniquement si ceux-ci sont masqués et à plus de 10 kms. Bisous les loulous et vivement demain.
Dans les années 70, Michel Magne a créé, dans son chateau d’Hérouville, un somptueux studio d’enregistrement où les plus grands de la pop et du rock sont venus en résidence pour y graver d’inoubliables œuvres.
Mais qui est Michel Magne ? C’est un créateur génial, excessif, exubérant qui a commencé, dans les années cinquante, par composer des opéras expérimentaux et a été le premier a monter un ensemble de musique électronique. Il devient pote avec les plus en vue, Jacques Prévert, Vian avec qui il bosse, entre autres. Ses œuvres sont jouées dans des salles mythiques mais font scandales tellement c’est parfois inaudible. Il lui arrive de diriger son orchestre suspendu, la tête en bas (il est acrobate, aussi). Son talent va l’amener à composer des musiques de films — plus d’une centaine – dans les années soixante avec les plus grands (Magne vient du latin Magnus qui veut dire le plus grand) Gavras, Verneuil, Yanne… le cultissime Tontons flingueurs, c’est lui.
Avec l’argent pas dépensé (parce qu’il investit presque tout dans de grandioses fêtes) il achète le Château d’Hérouville dans l’Oise où il installe son premier studio, l’endroit où il rassemble tout. Il travaille comme une bête parce qu’il adore ça, fait la fête la nuit, bosse le jour et bouffe des pilules pour se tenir en forme.
Hélas en 1969, on ne saura jamais pourquoi, la partie du château où se trouve son studio flambe complètement. Ses bandes, ses partitions, ses disques, ses notes, ses archives, tout part en fumée. Il n’existe pas de sauvegarde à cette époque. Il a tout perdu, il est démoli. Peu à peu, comme il gagne de l’argent, il le réinvestit dans ce beau lieu et crée ce fameux complexe de résidence pour artistes qui viennent y concocter leurs albums. Il aménage de nombreuses chambres tout confort, prend un super cuisinier, monte une cave de luxe, fait construire une piscine et que la fête commence ! Pink Flyod, Bee-Gees, Grateful Dead, Higelin (qui vivra dans la bergerie par la suite), Elton John, Bowie, et beaucoup de groupe Français s’y donneront à cœur joie parce que les studios ont réellement le matos de pointe, et que surtout, travailler plus faire la fête au même endroit, quoi de mieux ?
Il épouse le jeune fille qui était venue comme fille au pair pour ses deux gamins, ils ont un garçon, c’est formidable cette vie de dingue. Formidable mais ruineux. Magne n’est pas gestionnaire. Acculé par les dettes, il confie la gestion du château à un pro qui hélas, serre la vis au maximum. Ça ne marchera pas, les artistes sont frustrés, la récré est finie, les dettes sont trop énormes, le château est mis en vente, ses droits d’auteur sont saisis. Comme il n’a plus rien à lui, il prend les milliers de bandes magnétiques pour les tisser, composer d’étonnantes œuvres plastiques qu’il expose.
Une descente aux enfers qu’il endure comme il peut. Mal. Beaucoup des gens sur qui il comptait lui tournent le dos, et bien qu’il travaille encore, il sombre dans la mélancolie. Il devient invivable, sa femme s’éloigne, bref, tout s’écroule autour de lui, il n’a plus de jus pour renaître une troisième fois. Alors il se suicide. Il a 54 ans. La légende, elle, restera inscrite dans la grande histoire de la pop et ses musiques continueront à tourner. Michel Magne est devenu un mythe. Les amours d’Hérouville est un splendide roman graphique, riche, dense, un collage palpitant où, parmi les planches de BD, s’intercalent de nombreuses photos de l’époque, articles de journaux, bouts de partoches, témoignages… Récemment, à l’occasion de cet album, sa femme est revenue sur les lieux abandonnés. Elle envisagea d’exposer tout ce qui prolonge la mémoire de ce génie incroyable. Petite vidéo ici.
Les amours d’Hérouville, une histoire vraie, de Yann le Quellec et Romain Ronzeau. 2020 aux éditions Delcourt. 256 pages,
Robert Goolrick dont j’ai adoré Féroces (voir ici) nous raconte ici, dans Ainsi passe la gloire du monde (sic transit gloria mundi), la fin de sa vie, une vraie ruine, une déchéance totale. Après une vie de patachon où il était le prince des nuits, le roi des festivités, l’homme que femmes et hommes s’arrachaient, il se retrouve laminé, dans un cabanon sommaire, perclus de douleur, addict aux médocs, avec son amour de chien et se perd dans le dédale de ses souvenirs les plus fous. Rooney, le double de l’auteur, nous entraîne dans une profonde et douloureuse nostalgie avec un brio étonnant. Rien de ce qu’il écrit n’est inventé, tout a été vécu par lui ou ses proche, dit-il dans un article, et il fait bien de nous en avertir car il a passé des moments insensés avec des personnages incroyables.
Le pire et le nœud du livre, c’est sa haine pour Trump, face de citrouille et autres comparaisons orangeasses, et ce qu’il fait de son cher pays. Sa vulgarité, son absence de savoir-vivre et de la moindre culture, fric et sexe étant ses seuls obsessions. Rooney relate une soirée avec lui, avant qu’il soit élu. C’est Trump qui l’a invité et celui-ci ne s’attendait pas à de telles grossièretés d’un homme pété de fric, avec ses deux petites vierges issues d’un trafic connu des puissants, relookées, pomponnées, envisonnées, bijoutées pour faire joli, puis le mépris de Trump pour les serveurs qu’il humilie rien que pour montrer comme il est dominant. Edifiant.
Dans cet ouvrage à l’écriture brillantissime, il revient sur ses parents, riches bourgeois alcoolos (voir Féroces) qui lui ont volé son enfance et sa vie même, par le viol de son père sous les yeux de sa mère quand il était tout petit. Il s’en confesse à un curé qui, bouleversé, lui conseille d’aller détruire le lit du crime, ce qu’il fera, enfouissant les restes maudits dans la forêt puis se saoulant avec le fond de whisky de son père, mort depuis longtemps.
Il se souvient sans trêve de ses amours, sa femme qu’il aime toujours bien qu’elle l’ait quitté lorsqu’il a perdu son job si rémunérateur, et tous les garçons et les femmes qu’il a adorés, les soirées insensées de ces années-là… Sa femme de ménage amidonnait et repassait ses caleçons et il était fier de penser qu’à 27 ans, il faisait face à des pontes qui portaient des caleçons froissés. Il repense à l’hôtel, un palace, auquel il a confié des verres en cristal à utiliser à chacun de ses passage, les limousines qui attendent, tout ce qu’il a consommé de plus luxueux. Un aller et retour dans l’avion privé pour déguster des shoot à l’huître à L.A., son portrait par Mapplethorpe… Et, à côté de ces rêves enfuis, les massacres des gosses dans les écoles, les petits Mexicains que Trump enferme, le pays qui fout le camp, qui ne ressemble plus à rien.
A la fin, un de ses meilleurs amis meurt, un ami qui a tout prévu pour non seulement de grandioses fêtes de funérailles tous frais payés pour les participants dans les plus grands hôtels, avions, chauffeurs, mais cadeaux insensés aux invités. En particulier pour Rooney qui figure en bonne place sur le testament. Ah, enfin, il va pouvoir remonter la pente. Mais est-ce réel, est-ce que les médocs ne lui font pas tourner la tête ? Ne vaudrait-il pas mieux mettre fin à tout, en finir avec ce pays qui a élu un orange à sa tête, mettre un terme à ses souffrance indicibles et partir avec son chien chéri vers d’autres cieux ? Âpre et déchirant, pour ne pas dire bouleversant.
Ainsi passe la gloire du monde de Robert Goolrick (titre original : Prisoner) 2019. Chez 10/18. Traduit par Marie de Prémonville. 192 pages