Quel foutoir, sa vie !

C’est ce que signifie Ma vie balagan, mot hébreu ou yiddisch ou encore issu du russe. C’est feue la délicieuse petite bonne femme qu’était Marceline Loridan-Ivens qui évoque des épisodes marquants de sa vie faite de très hauts et de très bas.
Juive, elle fut déportée à l’âge de 15 ans à Auschwitz-Birkenau, perdit son père adoré et beaucoup d’autres membres de sa famille comme elle déportés, mais l’optimiste toujours la mena par le bout du nez. Au détour de diverses anecdotes qui remontent à sa mémoire, elle livre les atrocités des camps dont elle fut victime et témoin et ses façons quelques peu originale d’échapper à ces horreurs en racontant toutes sortes d’histoires, en aidant les plus faibles, en s’intéressant aux autres. Et confirme que c’était irracontable, c’est pourquoi, lors de leur retour, les rescapés cessèrent d’en parler : personne ne voulait les croire.
Mais Marceline ne se laisse pas aller à la nostalgie. Elle lit, elle se met au travail et, chemin faisant, découvre la formidable liberté des jeunes à Saint-Germain-des-Près. Elle se mêle à eux, se nourrit de leur culture, de leurs connaissances et de leur entrain. Elle y vit beaucoup la nuit, elle adore le jazz et danser le bop. Et un jour, elle rencontre celui qui deviendra son premier mari dont elle a gardé le nom : Loridan, mais plus tard, elle refusera de le suivre sur ses chantiers dans les pays étrangers. Pas question de quitter la folle ambiance rive gauche.
Elle s’engage en politique, s’intéresse de très près à la guerre d’Algérie, transporte des valises pour le FLN, découvre Brecht et Jean Vilar. Par le manque d’études, elle se rend compte qu’elle est sous influence des intellectuels, principalement des hommes mais  son culot, son humour et sa détermination en font une femme forte. Elle sera dans la lutte pour l’avortement et son nom fera partie des 343 salopes.
Elle rencontre des gens de cinéma qui vont la faire avancer. Notamment Jean Rouch, grâce à qui elle va faire la connaissance d’un cinéaste important, de trente ans son aîné : Joris Ivens. Un amour puissant qui va lui faire parcourir le monde, la Chine surtout, et dédier sa vie au cinéma, celui de son homme et aussi le sien.
Elle nous raconte son amitié avec Simone Veil qui vivait aussi dans le même camp, leurs retrouvailles, leur entente mais aussi leurs différences.
Elle parle d’événements essentiels et traumatisants que le cerveau masque pendant des années et qui reviennent un jour tout bouleverser, comme son emploi au camp qui était de creuser des trous pour enfouir les morts. Elle dit aussi avoir un regret inconsolable : son père, prisonnier dans un autre camp, lui avait fait parvenir une lettre qu’elle a lue et relue puis planquée mais qui a été perdue dans ses pérégrinations. Dès lors, elle n’a plus pu se souvenir de ce qu’il lui avait écrit, et c’était le dernier contact qu’il a eu avec elle. (Elle lui a consacré un livre formidable.
Ce livre, écrit lorsqu’elle avait soixante-dix-huit ans, avec l’aide d’Elizabeth D. Inandiak, fourmille d’histoires, de moments, de réminiscences parfois très drôles, à son image, joyeusement bordélique. Un grand moment d’humanité par un petit bout de femme à l’énergie contagieuse. Elle s’est éteinte en 2018, à quatre-vingt-dix ans.
(Voir aussi son magnifique livre où elle évoque l’amour après, sous-entendu les camps)

Ma vie balagan par Marceline Loridan-Ivens, 2008. Editions Arion Robert Laffont (poche). 266 pages, 9 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #586

Dernière semaine avant fermeture des urnes ! Bizarrement, sur le ring, il n’y a plus que deux gros catcheurs, le petit roi et le râleur en chef. Car la blonde a été virée, elle n’est plus le terrible repoussoir qui fait craindre le pire. Remarquez, ce n’est qu’une simple femme. Au gouvernement, on nomme ministres des mecs qui les soi-disant maltraitent, des menteuses sûrement, ou alors elles l’ont bien cherché. Ou alors faut attendre que la justice se prononce. Dans quelques années. Avec 97% de relaxe pour les agresseurs (décontractés du gland, forcément). Bourdin lui, l’a été, viré. De BFMTV, comme quoi, il y a encore, dans des boîtesqu’on imagine intermopes, une certaine éthique. Et toc. A part ça, le ronron pré-scrutin, langues de bois, langues de putes, coups fourrés, coups foireux, coups de sang, coups bas, on verra qui aura le mieux tiré son coup. Et puis l’actualité qui fait pleurer, la disparition de Trintignant sur laquelle personne n’a vanné. Ouf. Quant à la canicule, paraît qu’en plongeant son coude dans l’eau fraîche, on le rafraîchit. Avec tous les éternuements qu’il s’est pris, il a bien mérité ce soin. Bon WE à vous, si le rosé est au frais (truc de vieux), je suppose que la bière aussi (truc de jeune). Alors tchin à vous toustes et votez dans le bon sens !
(Image twittée par Benoît Le Cam. Il ne dit pas qui en est l’auteur).

– SK : Macron pourrait être filmé en train de manger des chatons bouillis dans du champagne, il y aurait toujours un mec pour venir te dire que c’est mieux que de voter pour un dangereux communiste qui propose d’augmenter le SMIC.
– RR : N’oubliez pas que les musées et les cinémas sont aussi bien climatisés que les centres commerciaux.
– CEMT : Dépêchez-vous quand même d’aller voter parce que, ok il n’y a pas grand monde, mais les gendarmes qui vous posent des questions juste après, ça prend deux heures.
– EC : Les gendarmes auraient conseillé à Laura de prendre exemple sur Nathalie Saint-Cricq ou Léa Salamé. « Tu vois, elles, elles ne posent pas des questions qui dérangent le président »
– CEMT : Gérald Darmanin : « Bon, on a déjà 13 870 lycéens qui ont répondu NON à « revient-il à l’Etat de décider ce qui est juste », on interpelle ! »
– PA : Nymphomane : Terme utilisé par certains hommes pour désigner une femme qui a envie de faire l’amour aussi souvent qu’eux.
– PI : J’ai rien contre les araignées chez moi mais je pense qu’au-delà d’un certain diamètre, il doit y avoir participation au loyer.
– SA : Désormais, Jean-Michel Blanquer ambitionnerait de devenir maire d’Ibiza. Le souci, c’est que Manuel Valls est déjà sur les rangs.
– MK : Vu le nombre d’ânes au gouvernement, pourquoi le parti animaliste et LaREM n’ont-ils pas fait liste commune ?
– JF : Avis de recherche : on recherche activement les mots « salaires » et « augmentation » dans les discours de Pap Ndiaye.
– BNC : Élisabeth Borne prévient fermement : « À la 15e accusation d’agression sexuelle ou de tentative de viol portée à l’encontre du ministre Damien Abad, il recevra un avertissement. Au bout de trois avertissements il sera convoqué dans mon bureau.»
– DC : Lors d’accusations de viol, en face de présumé innocent, il faudrait toujours inscrire présumées menteuses. Puisque ça revient à cela.
– RT : Moi, ce que je retiens, c’est que dès qu’on demande à Macron de préciser son programme, il prend l’avion et il se barre à plusieurs milliers de kilomètres.
– CEMT : Les trucs dépassés qui ont fermé cette semaine : – Les cryptomonnaies. – Internet Explorer. – Le parti d’Eric Zemmour. – Manuel Valls.
– DC : Mélenchon tape sur Macron, Macron tape sur Mélenchon, Et LePen ? Elle tape sur des bambous et c’est numéro un ???!!!
– SP : Macron, le soi-disant écolo qui fait un discours en laissant tourner les réacteurs de l’avion présidentiel, le tout alors qu’une vague d’extrême chaleur arrive sur l’Europe.
– CEMT : — Voter NUPES est-il un danger pour l’humanité ? —  Pourquoi Macron est-il notre meilleur président de tous les temps ? — Décrivez votre futur boulot chez McDo.
– OM : « Des sirènes d’alerte entendues à Kiev une heure après l’arrivée d’Emmanuel Macron »(BFM). Après, on nous aurait posé la question, on aurait prévenu que depuis qu’il était arrivé, ici aussi on avait que des emmerdes…
– DC : Macron voyageant en Europe de l’est découvre le train. Et s’étonne que son luxueux wagon ne soit pas arrivé plus vite que les autres !
– GP : Va faire vraiment chaud, ce matin j ai vu passer des moustiques en string !
– EB : URGENT ! Un homme interpellé après avoir tenté de brancher sa voiture électrique sur Élisabeth Borne.
– RS : Je sais de source sûre que mon beauf compte bien poser deux trois questions gênantes à Emmanuel Macron. Ça serait quand même dommage que les gendarmes viennent au 31 rue des acacias à Caunette-sur-Loquet. en face de la poste, portail bleu.
– OK : Dans le train j’entends une discussion : « Dimanche avec la canicule et la reprise de l’épidémie de covid, les vieux n’iront pas voter. Macron est foutu. »
– NP : De toutes façons la canicule c’est une fête commerciale inventée par les vendeurs de climatisation.
– SF : Ils ne savaient pas pour Abad comme ils ne savaient pas que Poutine allait envahir l’Ukraine. C’est plus ce que c’était McKinsey !
– CEMT : Kevin Spacey, accusé d’agressions sexuelles au Royaume-Uni, laissé libre. Il va pouvoir prendre la nationalité française et entrer au gouvernement.
– FC : « Je n’ai pas lu cet article, mais je ne suis pas d’accord avec ce que j’ai imaginé qu’il pourrait dire ».
– MK : Bientôt le retour de la moutarde en rayon. Avec Mélenchon la vie redevient possible !
– RS : Vu le réchauffement climatique, je me demande si je vais pas acheter un mas provençal vers Perros-Guirec
– CEMT : Si Jean-Jacques Bourdin est viré, qui va interviewer Damien Abad ?
– OM : Bordel maintenant même BFMTV donne des leçons de moralité à Emmanuel Macron…
– JB : Quelqu’un a des nouvelles de Roselyne Bachelot ? À l’occasion, elle est restée Ministre de la Culture et personne ne s’en est aperçu, comme quand elle était Ministre de la Culture !?!!
– OR : J’avais déjà remarqué que les filles n’avaient pas les mêmes poumons que nous mais, là, je me demande si elles ne respirent pas par le nombril compte tenu de toutes celles qui ont le ventre à l’air pendant qu’on suffoque.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Encore un autre monde de Mayliss

Lire Un Monde à portée de main de Mayliss de Kerangal, c’est flotter sur un océan de poésie. Sa littérature est indicible de joliesse d’autant qu’ici elle nous inroduit dans le monde merveilleux de la matière brute que nous ne savons pas, ou peu, regarder, à savoir, le marbre, le bois, les pierres et bien d’autres qui font notre environnement naturel lors de nos sorties. Pourquoi ces descriptions ? Parce qu’elle nous embarque dans l’univers des copistes, des faussaires de la réalités, des peintres ou artisans qui créent trompe-l’œil, décors, reproductions de grottes… Elle nous y plonge littéralement et on sent la somme de temps passé auprès des étudiant.es moulu.es par les journées d’apprentissage et de pratique sans fin, sans pause, sans pitié dans cette grande école bruxelloise. On y fait connaissance avec les instruments utilisés, les techniques appliquées, les différentes familles de marbres ou autres matériaux plus ou moins nobles, on y découvre surtout un vocabulaire étrange, fleuri, boisé, parfumé ou très sec, rude et sauvage. Une merveille.
J’apprécie énormément cette plongée rare mais suis consciente que ça puisse en déconcerter certains, peut-être il faut aimer l’art dans toute sa nuance pour s’en délecter.
Les protagonistes de cette histoire sont principalement Paula, une jeune dilettante qui trouve subitement sa voie ici, par hasard presque, malgré le harcèlement que la discipline lui fait subir : fatigue musculaire, manque de sommeil, douleurs corporelles, insatisfaction permanente, isolement. Elle a presque tout coupé avec ses potes de bar et ses parents restés à Paris. Son coloc, un personnage celui-ci, n’est pas forcément le type idéal sauf qu’il n’est pas question de perdre du temps en coucheries. Mais peu à peu, ils se découvrent, s’apprécient, et forment un trio-cocon avec une autre étudiante.
Puis, séparation irrémédiable à la fin du cycle, chacun pour soi dans le vaste monde de la copie. Il va être question de recherche de contrats, de boulots à l’étranger, notamment à Cinecitta qui n’est plus la capitale du cinéma italien mais un agglomérat de studios de téléréalité et de séries B. N’empêche que son immersion dans cette cité où vivent les fantômes felliniens nous apprendra encore beaucoup de choses sur cet art décadent.
Puis ce sera un immense chantier pour créer la réplique parfaite, grandeur nature, de Lascaux, un travail de titan, de dingue qui nous en apprendra bien long sur les procédés et les artistes de la préhistoire.
Ce drôle de roman reste, pour moi, un documentaire pointu, extraordinaire sur le travail riche et pointilleux des « faussaires » qui, tout en nous montrant l’envers (l’enfer) du décor, nous entraînent dans une vaste réflexion sur le temps. Epoustouflant. Mais quelque peu ardu pour qui n’apprécie pas les  descriptions précises.
NB : Mayliss de Kerangal a écrit, entre autres très bons livres, Naissance d’un pont et Réparer les vivants, sur les greffes d’organes.

Un Monde à portée de main de Mayliss de Kerangal, 2018 aux éditions Verticales. 286 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

Tout Edmonde


Avant d’attaquer Edmonde, l’Envolée sorti cette année, j’ai fait connaissance avec Edmonde Charles-Roux, cette grande bourgeoise libre et brillante dans le premier livre que Dominique de Saint Pern lui a consacré. Ainsi, je ne perdrai pas une miette de la vie extravagante et originale de cette fille d’ambassadeur ayant vécu dans de nombreux pays, parlant plusieurs langues, charmante même si moins belle que sa sœur Cyprienne, paraît-il.
On commence en 1938 à Rome. De bal en bal, de réception en réception, elle se lie avec tout le gratin de l’aristocratie et elle rencontre celui qui va devenir l’homme de sa vie, grand, beau, courageux, érudit… mais non, cela ne se fera pas : il partira à la guerre et sera vite tué. Le père d’Edmonde, lié aux puissances italiennes elles mêmes amies avec un certain Hitler, va couper les liens avec ces fâcheux et ramenera sa filles à Marseille, un des lieux où vivait sa grand-mère. Tandis que sa sœur reste proche des chemises noires, par amour ou aveuglement.
Les (més)aventures de la famille seront détaillées dans ce premier tome, les passe-droits mais aussi la droiture, les compromissions de certains, les morts par exécution. Edmonde ne peut rester passive aussi s’engage-t-elle comme infirmière sur les champs de bataille. Elle résiste plutôt bien aux horreurs auxquelles elle est confrontée, la pourriture de la guerre, et se voit décorée. Lorsqu’elle revient, ou entre deux missions, elle va se distraire à Paris où elle charme un autre soupirant sérieux, alors que le maréchal Delattre a besoin d’elle. Elle ira aussi skier et s’amuser à Megève pour oublier la guerre.
Le livre s’arrête à la fin de la guerre. Edmonde est sur le rebord de sa vie, ne sachant pas vraiment ce qu’elle va en faire. En attendant, on aura eu droit à toutes les histoires de l’Histoire et aux anecdotes mondaines de cette époque bouillonnante, créative, intellectuelle.

NB : la façon de raconter vaut autant que les faits, c’est écrit d’une manière tellement vivante et anecdotique que chaque paragraphe est un vrai régal. Idem, sinon encore plus, pour le deuxième tome.

Edmonde, l’Envolée toujours par Dominique de Saint Pern, nous livre la suite et fin de l’incroyable existence d’Edmonde Charles-Roux, femme libre, curieuse, aventureuse, audacieuse, que rien n’arrête. Et chanceuse aussi. Car à la fin de la guerre, au lieu de profiter de la chance d’être nantie, de se trouver un beau parti et de faire des gosses dans le confort d’une vie bourgeoise, elle veut se rendre utile, travailler, se servir de son cerveau. Et tape dans l »œil des Lazareff lors d’une soirée — elle va dans TOUTES les soirées où il faut être — et ils l’engagent dans leur tout nouveau magazine ELLE, à la rubrique chiens écrasés. Mais sa personnalité lui fait grimper les échelons, elle s’allie à l’encore anonyme Robert Doisneau pour concocter ses articles, lancer des modes, rendre sexy et désirable ce jeune magazine.
Mais voilà-t-il pas que Condé-Nast la remarque et lui offre un super poste chez Vogue dont elle deviendra vite la directrice. Vie encore plus ultra-mondaine si c’est possible, bonjour ! Si vous aimez les gossips, vous allez être servi.es ! Entre les people et artistes de tous bords qu’elle fréquente, qu’elle fait découvrir, avec qui elle fonde une amitié éternelle, elle nous donne le tournis. Et ses amants ! Si chancun sait qu’elle se donne à qui lui plaît comme le chante BB, on ne les connaît pas tous, alors en voici quelques-uns avec qui elle s’affiche sans complexe : Orson Welles, le peintre André Derain, François-Régis Bastide, Maurice Druon, le Général Oufkir.
Et puis, comme si elle n’avait pas assez à faire dans sa vie foisonnante,  elle écrit. Elle a énormément d’amis dans l’édition, n’empêche qu’elle possède une belle plume et qu’elle reçoit le Goncourt pour Oublier Palerme. (Je ne l’ai pas lu).
Sa vie ne se résume pas en ces quelques modestes lignes : ses aventures professionnelles, familiales, sociales sont passionnantes et ne seront pas freinées quand elle partagera un amour incandescent et total avec Gaston Defferre. Il va lui ouvrir les plus grandes portes de la politique. Elle n’arrête pas pour autant de vivre de façon trépidante, d’écrire, de se placer, d’ourdir, de manigancer mais en tout bien tout honneur, pense-t-elle. Et nous suivons son parcours haletant qui ne sera stoppé que par sa mort. Comme on dit : une vie bien remplie. Deux livres qu’on ne lâche pas !

Edmonde par Dominique de Saint Pern, 2019 au Livre de Poche, 334 pages, 7,70 €.
Edmonde, l’envolée par Dominique de Saint Pern, 2022 aux Editions Stock, 430 pages, 22 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #585


Je ne dis pas que l’actu de cette semaine est à se tordre ou alors de douleur et d’indignation mais il faut reconnaître qu’il est plus facile de porter plainte quand on est ex-ministre enchantillé que quand on est morte de balles policières dans la tête. C’est plus facile aussi d’envoyer des lacrymos dans la tronche des gens qui voulaient juste voir un match ou aux victimes d’une panne de train gare de l’Est en petite bousculade à l’abord des cars, oui et plus facile aussi d’envoyer des gendarmes dans l’école où Laura a posé une question gênante à Macron. Tout ça fait peur alors pour nous apaiser, on nous retire le guignol valseur de la politique, on ferme les urgences comme ça plus besoin d’y aller donc si on va pas aux urgence, c’est qu’il n’y a rien de grave, et on nous annonce en une de Libé que Mélenchon ne mange pas les petits enfants, ouf. Tout ça nous rassérène bien et nous enjoint fortement à trinquer pour fêter ces événements. Alors, gling-gling glaçons, tchin-tchin, friends, bon week-end et bonnes urnes !

– FS : On vit dans un pays où quarante-et-une armes, cent-vingt-mille munitions sont retrouvées chez des néonazis dans l’indifférence totale des médias et où l’envoi de mousse à raser sur la tête d’un ancien ministre fait le tour de la presse.
– CEMT : Didier Lallement : « Il n’y a aucun risque à croiser la police. Du moment que vous êtes vous-même policier, ça passe tout seul. »
– OR : Indiscrétion : on me dit que la préfecture de Paris a commandé des bombes de mousse à raser pour les prochaines manifestations et pannes de train. La violence monte d’un cran. La peur va changer de camps.
– OP : Jean-Luc Godard avait refusé de porter plainte contre son entarteur, mais vous avez le droit de préférer les films de Jean-Michel Blanquer.
– ME : Spectateurs mal canalisés autour d’un stade ? Pschittt. Voyageurs se bousculant pour prendre un bus ? Pschittt. Un manifestant qui manifeste ? Pschittt. Un migrant qui plante sa tente ? Pschittt. Un journaliste qui filme un policier qui pschittt ? Pschittt.
– GD : Rappel des trois grands principes du maintien de l’ordre « à la française » : — balancer  — au hasard  — du gaz lacrymogène.
– OP : Churchill promettait de la sueur et des larmes, Macron promet du seum et des lacrymos.
– CEMT : Ah ok, en fait quand Macron a dit que tout le monde aurait du gaz pas cher, il fallait comprendre dans la figure.
– DB : Suite à l’exclusion de la Russie des événements culturels et sportifs mondiaux, la France récupère l’organisation de la coupe du monde des violences policières.
– SE : Maintenant, si je puis me permettre, j’ai un petit « love conseil » pour Johnny Depp. Cher Jo, arrêtez la cocaïne, l’alcool, les antidouleurs, la MDMA et surtout les actrices de moins de trente ans qui s’appellent « Ambre » par exemple. N’hésitez pas, désormais, à jeter un oeil à Jacky, cette conseillère bancaire de 54 ans assise six jours sur sept derrière son guichet et qui vous adore. Je ne serai pas toujours là pour assurer votre défense dans les diners en ville.
– BG : C’est où le pot de départ de Valls ? Il a supprimé son compte sans que j’ai le temps de noter l’adresse.
– SO : Manuel Valls a perdu en France, à l’étranger, et même en France à l’étranger, c’est incroyable, c’est vraiment un turbo-loser.
– BB : Très heureux de voir que Manuel Valls est finalement pour la retraite à 60 ans. Il a même deux mois d’avance.
– MP : « Amélie de Montchalin appelle « tous les Français à ne pas surutiliser leur climatisation » qui « consomme beaucoup d’énergie ». Elle demande également aux Français de ne prendre l’avion qu’une fois par semaine, pour limiter la consommation de kérosène, et de ne pas manger de homard a chaque repas pour limiter la surpêche de homard. »
– OM : Ne soyez pas naïfs, si Valls se retire de Twitter c’est certainement pour se présenter sur Facebook.
– RR : Dans le monde d’hier, quand on essuyait une défaite cinglante, on quittait la vie politique. Dans le monde d’aujourd’hui, on quitte Twitter.
– OK : Valls, il lui reste l’élection Miss France.
– CEMT : Finalement le seul endroit où Manuel Valls n’arrive pas à s’incruster c’est dans les urnes.
– SA : Voilà, j’espère que Johnny Depp ne sera plus Amberdé.
– GB : Un mois et demi de campagne côté majorité ça se résume à un scandale sexuel au gouvernement, des lacrymos sur des supporters anglais et passagers de bus, un « communiqué de presse » de Macron à la presse régionale, l’imminence des chars soviets à Paris et l’indignation sur « bonhomme » Programme de rêve.
– GE : La police tue une femme d’une balle dans la tête, mais le scandale c’est que Mélenchon ne trouve pas ça normal.
– PF : Tout est inversé en Macronie : Bonhomme = insulte irrespectueuse. Emmerder = mot affectueux.  Main arrachée = maintien de l’ordre. Crème chantilly = violence aggravée.
– GB : Il y a un mois et demi, tout l’aréopage LREM draguait la gauche dans l’entre-deux tours lui expliquant combien elle était indispensable à la survie de la démocratie de ce pays. Six semaines plus tard, les chars soviétiques sont aux portes de Paris et le Venezuela nous guette.
– GB : Imagine tu meurs d’une balle dans la tête en étant passagère d’une voiture après un refus d’obtempérer et immédiatement on se jette sur ton CV pour savoir si c’était pas mérité finalement. Parce qu’après tout on ne sait jamais au cas où. Une peine de mort à rebours. Impressionnant.
– BR : Mais si la police ne tue pas, qui a tué la passagère de 21 ans ?
– SA : Le problème avec des parents hétérosexuels, c’est que tu n’es jamais vraiment sûr d’avoir été désiré.
– CEMT : Elisabeth Borne : « Je le dis très clairement, si vous n’avez pas de bras, vous n’aurez pas de chocolat ! »
– DC : Quoi ??? J’apprends que Hollande et Gayet se sont unis devant le maire ? Et que le PS n’était pas invité ? Ah, si, pardon, il y avait seize personnes.
– GD : Encore un effort et on va nous expliquer qu’une victoire de la gauche provoquerait des nuées de sauterelles, des pluies de grenouilles et la transformation de l’eau des fleuves en sang.
– OM : Je ne comprends pas, si Mélenchon est un si grand danger pour nous, pourquoi c’est à l’extrême-droite qu’il a fallu faire barrage dès le premier tour ?
– CEMT : Didier Lallement : « D’abord je voudrais demander aux sénateurs présents s’ils ont des billets valides, sinon je serai forcé de balancer les lacrymos. »
– PA : —  Ça te sert à quoi de rentrer ton ventre quand tu montes sur la balance ? —  À voir le cadran. D’autres questions ?
– CEMT : Macron : « Je vous rappelle que les promesses que je fais aux syndicats aujourd’hui s’autodétruiront mystérieusement dans 8 jours. »
– NP : Je comprends pas : on n’a plus les vidéos de surveillance du Stade de France alors qu’elles auraient été utiles, mais on a encore Lallement et Darmanin alors qu’ils ne servent à rien… On a de drôles de priorités dans ce pays.
– NMB : Pas trop étonné qu’ils aient effacé les images du Stade De France, le match a commencé en retard et il n’était pas terrible.
– GD : « Les images de vidéosurveillance ont été automatiquement effacées » is the new « le chien a mangé mes devoirs ».
– PA : En ce qui concerne la variole du singe, je tiens à vous rassurer : aucun risque d’aller aux urgences. Y’en a plus !
– GD : Mais si, il existe forcément un cadre légal permettant à la gendarmerie de réprimander en plein cours une lycéenne ayant interpellé le président de la République, hein ? Dites ? N’est-ce pas ?
– AP : Quand quelqu’un commence sa phrase par « Force est de constater que », on ne peut que le prendre au sérieux. C’est prouvé. Scientifiquement.
– DC : C’est pas parce que tu es accusé d’avoir violé deux femmes et que tu t’es opposé au mariage pour tous que tu ne pas être nommé ministre des solidarités. Ce coup-ci, ça dépasse les Borne., monsieur Abad.
– GP : Des bénévoles à l’accueil des hôpitaux. Demain c’est moi qui opère, j’ai de l’expérience, j’ai vu tous les épisodes d’Urgence.
– RT : —  Il n’y a pas de ministre du logement ? —  Non mais il y a Darmanin, il peut rendre service…
– ES : Affaire Abad : Macron se sent tellement en confiance qu’il a choisi de démarrer son second quinquennat avec un gros Handicap.
– SB : Il faut cesser de porter « Angel » de Thierry Mugler, merci.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

La terroriste de Deauville

Vanessa Schneider, grand reporter au Monde, retrace une partie de la vie de Joëlle Aubron, activiste, terroriste et meurtrière durant les années 80, dans le giron du groupuscule d’extrême-gauche Action Directe dont le projet général était de mettre à bas le capitalisme. Si elle a intitulé son livre La Fille de Deauville c’est parce que Joëlle Aubron avait reçu la mission d’y entrer en contact avec le célèbre terroriste Carlos. Issue d’un milieu bourgeois, contrairement à ses collègues Rouillan et Ménigon, elle présentait bien et pouvait passer inaperçue quand les circonstances l’exigeaient.
Joëlle est donc une jeune fille bien mais, après échecs au bac, dépitée, elle plaque ses parents pour vivre dans des squatts, les plus pourris de Paris ou d’ailleurs. C’est là que commence sa grande aventure, en se liant avec des activistes confirmés qui vont la former au combat puis au maniement des armes. De hold-up en actions diverses en passant par la calamiteuse distribution de tracts qui valident leurs idées, leur vie est une fuite permanente pour échapper à la traque. Ils ont un lieu de repli, une vieille ferme en pleine campagne, tellement isolée qu’il est difficile voir impossible pour la police d’y accéder discrètement.
N’empêche que, arrêtée une première fois pour détention d’armes, Joëlle se retrouve en prison où elle serre les dents. Elle est une guerrière oui ou non ? Puis lorsqu’elle ressort, Action Directe se radicalise. On passe aux choses sérieuses, on tue des militaires de haut rang, on assassine des capitaines d’industrie.
La traque, c’est un policier qui la mène depuis des années. Ce groupuscule le met en rage et il est obsédé par cette fille, gracieuse, qu’il ne comprend pas. Il sacrifie sa vie entière, ses loisirs, ses amours, ne la lâche pas même si parfois sa hiérarchie s’intéresse moins à eux. Non, lui, il ira jusqu’au bout. Ce flic est un héros fictif mais tout le reste est vrai, bien que romancé. Les crises, les relations entre les membres, leur état d’esprit est soigneusement documenté et le résultat est autant un livre de suspense qu’un roman vaguement sentimental. Il se termine lorsque les participants d’Action Directe, ils sont très peu, sont arrachés de leur ferme. Joëlle sera condamnée à la perpétuité mais, atteinte d’un cancer à la tête, sera libérée dix ans plus tard avant de s’éteindre. Elle n’aura pas beaucoup parlé.

La Fille de Deauville de Vanessa Schneider 2022 aux Editions Grasset. 268 pages, 20 €.

Texte © dominique cozette

Si, les femmes ont des histoires, la preuve

Les femmes n’ont pas d’histoire, le premier roman d’Amy Jo Burns, n’est pas la traduction du titre américain qui est Shiner, référence à Moonshine, un whisky de contrebande, fabriqué dans les montagnes sauvages des Appalaches, où vit Wren, une jeune fille de quinze ans, avec sa mère et son père et non loin, mais pas trop près non plus,  la famille d’Ivy, meilleure amie de sa mère, qui a quatre fils et un mari imbibé. Qui fabrique le whisky.
C’est un récit âpre dans ce désert luxuriant propice à aucune incursion. Le smartphone comme l’ordinateur n’y ont pas droit de cité. Il faut aller à la ville, une bourgade, pour voir du monde et des choses. Mais pas grand chose.
Le père de Wren est un taiseux dont l’aura vient du fait qu’il est porteur de serpents, un don important pour un prêcheur, qui tend à disparaître. Il garde ses reptiles dans une cabane interdite. Ce sont de dangereux spécimens dont la morsure entraîne la mort.
Les deux mères, Ruby et Ivy sont inséparables depuis leurs années scolaires. Ivy est venue à contrecoeur s’installer ici avec celui qu’elle a épousé vite fait pour continuer à fréquenter Ruby qui a été mariée aussi très jeune, au prêcheur, homme séduisant mais très malsain.
Ce roman est en trois partie : le temps présent, riche en événements, blessures, mystères de toutes sortes, découverte de la sensualité pour la jeune fille. Quand on vit dans un monde clos, vaste et sauvage, beaucoup d’aventures vous attendent au coin du bois. Et pas que des bonnes.
La deuxième partie est un flash-back où l’on vit avec Ivy et Ruby adolescentes, leurs petits secrets, leurs mésaventures amoureuses ou sexuelles parfois très graves qui vont forger le destin que l’on connaît déjà.
La troisième partie est la confession d’une morte, une des deux mères disparues tragiquement, en fait toutes les questions que se pose Wren sur son histoire, ce qu’il s’est passé, la vie de ses parents. Elle y aura la révélation importante d’un ami des mères qui éclairera quelque peu les secrets qui empoisonnent sa vie. Une chose particulièrement : lorsque sa mère est morte, elle avait commencé une lettre à sa fille « Wren, je voulais te dire » mais n’a pas pu la continuer. Wren trouvera alors la « confession » d’Ivy, piste ténue de la résolution complète d’une existence border line.
Très très beau roman, touffu comme la forêt, accidenté et, pour nous, urbains inconscients, riche de toutes sortes de descriptions ou de faits propres à ces contrées inhabitées, dans la grande tradition de certains romans américains.

Les femmes n’ont pas d’histoire par Amy Jo Burns, 2020. Traduit par Héloïse Esquié. Aujourd’hui en poche chez 10/18. 310 pages, 8,20 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #584

Quelle semaine ! Rendez-vous compte qu’on a un nouveau gouvernement. Enfin, pas vraiment neuf, lavé avec Mir Laine, un peu rapetassé, néanmoins  reconnaissable à la rondelle Dupont-Moretti aux coudes, au col Claudine Darmanin, au jeu de boutons de chez Lemaire & Attal, et aux épaulettes lecornues, le logo Véran ayant été dissimulé dans la poche poitrine…Merci Borne de tant de créativité, merci la Renaissance de tant d’adéquation à ton nom de marque. Heureusement, on a autre chose à se mettre sous l’Adam : Eve en burkini dégoulinant qui, telle Vénus sortant de l’onde, arborera ses tétons durcis comme aux plus beaux temps des concours de tee-shirts mouillés sur une musique de Vangelis. Yeahhh ! C’est sûr que l’accoutrement ci-nommé ne fera pas les beaux jours du Festival de Cannes suffocant déjà sous le bilan carbone de ses ouailles-aïe-aïe-aïe. Pour finir, méfions-nous du singe, tenons-nous en éloignés, un simple coucou de la main suffira car seuls les contacts intimes sont contagieux. Profitez du beau temps, bonne fin de semaine à voustes toustes, et tchin !

– TE : Pour info, Élisabeth Borne est l’actuelle vice-championne du monde de « je te tiens par la barbichette » et n’a pas ri depuis 2013. J’aime autant vous dire qu’on va morfler.
– JB : Hey, dites, c’est quand qu’elle Cresson gouvernement ?
– MO : Le masque sous le nez dans les transports maintenant qu’il n’est plus obligatoire me fait poser tant de questions.
– OK : Cette pandémie a un bon côté, en 2 ans on a tous appris à se servir du coude pour ouvrir le robinet, demander l’arrêt du bus, allumer la lumière, ouvrir la porte du métro, etc…
– PC : C’est si compliqué que cela, de trouver une quarantaine de macronistes sans casseroles ni affaires judiciaires ni condamnation pour former un gouvernement ? Peut-être, finalement…
– MH : McDonald’s vient d’annoncer qu’ils se retirent de la Russie.  La seule consolation pour ses habitants, c’est qu’ils vont être en meilleure santé et y laisser beaucoup de kilos superflus…
– ML : On est plus proche de Recyclage que de Renaissance.
– OV : Ils n’ont quand même pas renommé le parti « Renaissance » juste pour pouvoir faire le jeu de mots « Borne Again »
– JD : Suggestion de nouvel angle d’attaque pour les chiens de garde du système : Mélenchon est misogyne : il veut prendre la place d’une femme.
– FR : Et dire que toute cette histoire de procès est partie d’un soir où Amber Heard a ouvert une boîte contenant de la drogue et que Johnny Depp, désapprouvant, lui a dit « Ferme ta boîte à came Amber. » C’est dingue. Franchement.
– JM : Si on veut vraiment supprimer un truc qui dérange quand on est à la piscine, c’est les enfants qu’il faut interdire.
– TB : USA, le pays de la Liberté. Celui où on veut contrôler les utérus et pas les armes…
– OR : Personnellement j’ai renoncé à combattre le réchauffement climatique quand j’ai vu comment les filles s’habillent quand il fait beau.
– BR : C’est moi ou la saison du burkini commence très tôt cette année ? D’habitude c’était plutôt un mois après la viande à la cantine.
– SA : Plus de trois semaines sans gouvernement. Je me sens de plus en plus belge.
– CP : A mon avis le débat sur le burkini est destiné a cacher celui, beaucoup plus grave, du port de chaussettes avec des sandales.
– OK : Alors les femmes, heureuses que votre corps soit au centre des préoccupations et des conversations ?
– DS : —  Mais ils se sont éteints comment, les humains ? —  Ils ont ravagé leur écosystème. Leurs dirigeants étaient avides et corrompus. —  Et le peuple n’a rien fait ? —  On a retrouvé des messages « Non au burkini dans les piscines » sur les murs. —  Ca signifie quoi ? —  Aucune idée.
– GB : Je ne sais pas vous, mais cette euphorie qui flotte depuis la nomination d’Elisabeth Borne, c’est du jamais vu depuis Mai 81 ou Juillet 98. Les Français hilares dansent dans les rues les yeux emplis de vie. Distribuant des accolades et rêvant enfin de lendemains qui chantent. L’espoir renaît.
– GD : « D’accord, Jerôme Peyrat battait sa femme mais il était fortiche en sudoku et chaque année, il tenait le stand des canards à la fête de l’école. »
– CEMT : Et Emile Louis était un excellent conducteur de car.
– PI : Si Schiappa n’est pas dans le prochain gouvernement, j’espère qu’elle trouvera quand même le temps d’écrire des livres.
– MK : Peut-on garder ses chaussettes avec son burkini à la piscine pour ne pas avoir froid aux pieds ?
– PS : Ok pour le burkini et tout, mais c’est quand qu’on peut mettre un short au taf ?
– SA : Quand je dois choisir des avocats au marché, j’essaie de prendre des « Dupont-Moretti » : mûrs mais pas trop. Bon là mauvaise pioche, je suis tombé sur un « Badinter ».
– OR : Tom Cruise est donc venu en jet privé passer une journée à Cannes pour faire la promotion de Top Gun que nous verrons bientôt en salle climatisée… Ça nous permettra d’oublier un peu le réchauffement et notre bilan carbone.
– HA : Chaud en mai : Vivement août qu’on puisse faire griller les merguez sans allumer de barbecue.
– OVH : Bon vent Gélis, tu ne faisais pas les choses à Demis.
– ALD : Grand merci à Piolle qui aide les femmes à disparaître. Signé les Frères Musulmans.
– SA : N’empêche, on progresse en matière de condition féminine. Voilà deux jours qu’Elisabeth Borne est nommée à Matignon et Fabius n’a toujours pas demandé « qui va garder les gosses ? »
– OK : Vous êtes blasés du covid ? La guerre en Ukraine vous lasse ? Devenez experts en variole du singe.
– PT : La chauve-souris a mordu le pangolin… Bon… Qui s’est tapé l’singe ?
– BP : Omar Sy qui arrive au festival de Cannes en jet privé, Tom Cruise qui arrive en hélico et monte les marches accompagné de la patrouille de France… Vraiment hâte que la remise des prix arrive et qu’ils nous expliquent la larme à l’œil à quel point il faut préserver la planète.
– RR : On a longtemps attendu la fumée blanche, mais c’est fait, habemus Pap Ndiaye !
– OVH : Pape N’Dyaye à l’Education nationale ? C’est pas un footballeur ?
– BR : « Allo Emmanuel ? Oui c’est Manuel … Valls…. Manuel Valls, tu sais…. c’est bizarre … je ne trouve pas mon nom sur la liste … j’ai quel poste finalement ?
– JNS : Marlene Schiappa n’est plus au gouvernement ? Ah merde ! Quand va donc-t’elle pouvoir trouver le temps d’écrire ?
– CEMT : Hé, les experts du GIEC, c’est bien gentil de nous faire des rapports alarmants sur le réchauffement climatique mais si vous voulez qu’on vous écoute, mettez au moins un burkini !
– RE : On a quand même plus de 80% des Français qui sont contre la chasse à courre, contre la chasse le dimanche, contre la chasse en enclos, contre l’élevage pour la chasse. Et ils arrivent à nous mettre un ministre de l’Agriculture … qui chasse à l’arc !
– BR : Marlène Schiappa nommée ministre du lissage brésilien et des chroniques chez Hanouna
– RR : Il y a eu tellement peu de ministres issus de la diversité que leurs noms sont plus écorchés que des bœufs par le boucher.
– GB : Bien sûr que vous pouvez être mis en examen pour « prise illégale d’intérêts » avec un procès requis contre vous, et rester Ministre de la Justice. Quel est le problème ?
– MK : Si le ministre de l’éducation nationale se prénomme Pap, j’en conclue que Blanquer n’était qu’une soupape
– DC : Un singe en hiver, une variole en été !
– OM : C’est un peu tôt, je trouve, pour se faire une idée négative de ce nouveau gouvernement. Je vais attendre demain matin.
– SA : Pap Ndiaye qui succède à Blanquer comme ministre de l’Education nationale, toute proportion gardée, c’est un peu comme si Guy Georges succédait à Dupont-Moretti.
GD : J’étais à deux doigts de m’intéresser à la composition du gouvernement mais j’ai finalement préféré lire le mode d’emploi de mon four.

NB : le sourire de Borne a été grossièrement extrait de l’œuvre du peintre Yue Minjun.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Les Fessebouqueries #583

Cette semaine voit courir non pas le furet mais la Corée, enfin plutôt le Covid qui est entré subrepticement, sans autorisation, visa, passeport, dérogation, ruse ou menace nucléaire, dans ce pays riant et libre… Comment le petit roi va-t-il gérer ça ? Clystère et boule de shit, nous avons d’autres chats à fouetter, sans me vanter : Zemmour qui prend possession de la Madrague, bon d’accord, BB n’est pas non plus gauchiste malgré tout le respect que j’ai pour elle, Willy Schraen (c’est français, ça ?) le patron des chasseurs qui nous renvoie à la maison comme de vulgaires femmes d’intérieur, non mais !, Macron qui erre devant le buffet Club Med et ses petits canapés de ministrables sans se décider lequel croquer, Elon Musk qui au contraire, gavé d’avance, remet son offre d’achat de Twitter dans sa culotte, hé oui, il porte un slip, pas comme ces Américaines qui se font engrosser à qui mieux-mieux et après demandent à avorter ! Non mais puis quoi ? Elles se croivent dans une république démocratique ? C’est pas rigolo tout ça, heureusement notre masque va sauter lundi tel un bouchon de champagne pour fêter ça. Quoi, ça ? Ben la libération du nez des gens. Mouais… Bon week-end tout de même, va faire chaud, mettez ce qu’il faut au frais et tchin, friends !

– MK : Le Covid chez Kim Jong-un : ça chie Corée !
– CEMT : Se confiner en Corée du Nord, c’est un peu comme se priver de viande pour un vegan, ils vont pas voir tout de suite la différence.
– OR : Remercions Florian Philippot qui a réussi à convaincre nos amis nord-coréens de participer à l’expérience scientifique « un pays pas vacciné est un pays de liberté ».
– MK : « La Corée du Nord est confinée » : stop aux pléonasmes !
– RV : J’ai déjà du mal avec « seum », « woke », « iel » et autres joyeusetés langagières alors « nupes » je sature… Hu hu hu…
– RT : Le véritable intérêt de la cérémonie d’investiture du président le plus mal élu de l’Histoire, c’est que ça permet de constater quelle serait la population carcérale si on avait une justice indépendante du pouvoir politique.
– GD : Pouf-pouf-pouf-vous-avez-vu-l’extrême-droite-a-disparu-le-vrai-danger-maintenant-c’est-la-gauche-quelle-surprise-dites-donc.
– AI : Ne dites plus Renaissance, dites Second En Pire.
– OR : Le droit à l’avortement est anticonstitutionnel parce qu’il est profondément discriminatoire : il ne profite qu’aux femmes. Suivez-moi pour d’autres éléments de langage réactionnaires.
– SA : Désolée d’interrompre votre journée avec une info sans importance mais ma mère prononce « Doudou liste ».
– AS : Le masque dans les transports en commun, dès lundi, c’est fini. Tant que le port du soutif noir est autorisé sous le tee-shirt blanc, ça me va.
– BLR : Fabius, le papa du directeur de McKinsey France qui proclame Macron président, comme c’est beau !
– GD : Moi je prononce la Nupes « Noupèss » pour lui donner une petite teinte hispanophone bienvenue qui donne des envies de voyage.
– GD : En version lusophone, ça donne à peu près « noupch » et ça colle une douceur océanique lisboète à l’affaire (et c’est bien aussi).
– AS : J’ai regardé les prix des salons de jardin. Je comprends mieux pourquoi vous bricolez tous des trucs avec des vieilles palettes.
– GD : Jérôme Peyrat, condamné en 2020 à verser 3.000€ pour violences conjugales à son ex-compagne qui avait eu 14 jours d’ITT, a été investi par la majorité présidentielle LREM aux législatives. La fameuse « grande cause du quinquennat » ???
– OM : « Pour éviter les accidents, le patron des chasseurs conseille aux promeneurs de se promener « chez eux » .  Super idée ! Je viens de flâner 2h dans ma cuisine et maintenant, go prendre l’air dans mes chiottes !
– OM : Et sinon tu connais la blague de l’ado qui a réclamé un smartphone pour « être joignable » et qui ne répond jamais au téléphone ?
– ZH : En fait pour être investi par macron pour les législatives, il faut avoir un casier judiciaire, non ?
– CR : On comprend mieux pourquoi Robert Ménard, sous le coup d’une enquête pour corruption, rallie Emmanuel Macron.
– MK : Zémourroïde pustule sur Saint-Tropez : un nouveau et vilain furoncle sur la Côte d’Azur !
– FN : On a débranché Bouhafs beaucoup plus vite que Darmanin, je trouve.
– AQ : Se faire dépasser dans les montées par des guignols en costard juste parce qu’ils ont un vélo électrique, ça devient soûlant !
– OS : Jadot pourrait faire son entrée au gouvernement. La vérité c’est qu’il va hériter d’un placard chez Macron genre haut commissaire à la gentrification des composteurs en milieu urbain.
– DE : Des fois, je suis tellement con que je me prend pour Enthoven.
– MK : Les socialistes dissidents sont ceux qui, il y a peu, raillaient les « sans-dents ».
– SA : Zemmour candidat dans le Var, à St Tropez. Du coup, il rebaptise son parti « Reconquête, Coquillages et Crustacés. »
– NW : Castex profitera du Falcon gouvernemental une dernière fois pour se rendre au Vatican ce dimanche, annonce Matignon aux rédactions.  Et ça vient nous parler laïcité et environnement !
– OM : « Dire d’un homme qu’il est chauve relève du harcèlement sexuel, juge un tribunal anglais ».  On savait qu’on n’avait pas les mêmes goûts culinaires que les Anglais, on sait maintenant qu’on n’a pas la même sexualité non plus…
– VG : Je confonds toujours les religions, c’est laquelle où on n’a pas le droit de tuer des gens ?
– CI : C’était quoi l’unique truc de cuisine que votre père faisait et devant lequel tout le monde devait s’extasier ? J’en reviens toujours pas de me dire que, chez moi, c’était la vinaigrette.
– DS : Finalement Elon Musk est comme moi : il voit un truc qui lui plaît, il l’envisage, il rêve dessus, se dit que ça va changer sa vie et puis ça le gave. Il n’en veut plus. Moi, pareil quand j’achète (pas) un pantalon.
– SA : C’est l’histoire d’un lycéen ukrainien qui cherchait un établissement en France pour la rentrée. Non seulement il a trouvé facilement, mais en plus il y enseignera les maths.

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Quand Fabrice Caro a piscine

Fabrice Caro et Fab Caro (Zaï zaï zaï zaï) c’est la même personne. Une personne déjantée d’un côté pour la BD et de l’autre pour la littérature. Fabrice, donc, signe ici son quatrième roman, Samouraï, sans se départir de sa singularité, la digression. Il ne peut pas s’empêcher d’aller chercher dans le fatras de sa tête le pourquoi du comment, se poser mille questions sans réponses, surtout lorsque qu’il baigne dans l’absurdité de sa vie. Et de la nôtre.
Il pensait être casé avec Lisa, la femme de ses rêves lorsque bam, elle le quitte en lui disant « tu ne pourrais pas écrire un roman sérieux pour une fois ? » et se met à roucouler avec un bellâtre aux tempes grises et au cerveau nickel. Pensez, il vient de publier « L’énonciation lyrique dans la poésie amoureuse de Ronsard et Baïf : étude stylistique comparative. »* Alors pour lui faire regretter cet affront, il va lui montrer qu’il est parfaitement capable d’écrire un super roman d’une profondeur insensée, voilà. Il tient un sujet et comble de la chance, ses voisins qui partent en vacances lui confient leur piscine à surveiller. Ce sera sa retraite d’écriture, cet endroit calme et serein.
Mais ses meilleurs amis (un couple qui a eu la chance d’avoir des jumeaux après avoir pensé que ça leur serait impossible mais la malchance que l’un des deux jumeaux cherche à tuer l’autre depuis sa naissance) ne veulent pas qu’il s’enferme dans la tristesse et la solitude, alors ils n’arrêtent pas d’organiser des dîners-surprises avec d’aimables jeunes femmes. En même temps qu’il est contacté par la mère de Marc, son inséparable copain de jeunesse suicidé d’une balle dans la bouche, qui fait un transfert sur lui et ne cesse de l’inviter alors que ça fait vingt ans qu’ils ne se voyaient plus. Et puis il y a aussi cette bestiole qui marche sur l’eau de la piscine, une notonecte, et puis sa mère, assez prenante aussi.
Comme on peut l’imaginer, tout ça ne va pas bien se passer. Déjà, l’eau de la piscine perd de sa transparence… Mais je n’en dévoile pas plus car ma copine  Chloé trouve que j’en dis trop. De toute façon, c’est du Fab ou Fabrice Caro, c’est super drôle, ironique, décalé, inattendu, désopilant, moi ça m’a éclatée et même fait réfléchir, oui oui. Alors ne vous privez pas de ce petit bonheur ciselé aux petits oignons.

Samouraï de Fabrice Caro, 2022 aux éditions Cygne Gallimard. 220 pages, 18€.

*Note de moi-même pour vous éviter de chercher : Jean-Antoine de Baïf, né à Venise le 19 février 1532 et mort à Paris le 19 septembre 1589 est un poète français. Ami de Pierre de Ronsard et membre de la Pléiade, il se distingue comme le principal artisan de l’introduction en France d’une versification quantitative mesurée, calquée sur la poésie de l’Antiquité gréco-latine. (Wikipedia). (Avant de googler, je pensais que ce poète était une pure invention).

Texte © dominique cozette

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