Les Fessebouqueries #644

Ah quelle drôle de rentrée ! Voyage en terre inconnue pour Attal qui ne connaissait que les cours privés (de rien) et qui va découvrir l’école publique privée de tout. Pour Macron qui adore manier la pelle, pas celle du 18 juin, mais celle qui fait des p’tits trous dans le service public, cette fois reboiser notre beau pays grâce aux petits musclés. Pour Bernard Arnault qui a filé une petite pièce aux Restos, vous me direz : c’est mieux qu’un coup de pied oc’, bien sûr. Pour Le Maire qui fait ce qu’il peut pour cacher notre pauvreté car son renflement brun n’a pas suffi, mince. Pour le cinoche qui nous joue le film catastrophe : les punaises de lit débarquent ! Et re-pour Macron qui a retardé son départ au G20 pour se frotter à son cher public siffleur. Bé ouais. Alors, glaçons, eau fraîche et des verres qui tintent. Tchin, dear friends !

  • BP : Macron qui demande aux élèves de sixième de planter des arbres pour lutter contre le réchauffement climatique, c’est un peu l’arbre qui cache l’enfoiré.
  • OM : Elle est pas émouvante l’histoire de ce gamin qui a franchi la porte d’une école publique pour la première fois de sa vie parce qu’il est devenu Ministre de l’Éducation nationale ?
  • NMB : – Et après les courses de rentrée, il faudra passer chez Truffaut acheter un peuplier Maman, je rentre en sixième
  • MBC : Bruno Le Maire : « Il n’y a pas d’appauvrissement de la société française, la preuve tous les Français que je connais se sont enrichis. »
  • LO : Tu te rappelles le bon vieux temps, quand la pâte brisée couvrait tout ton moule ?
  • MBC : Emmanuel Macron : « On critique beaucoup Bernard Arnault, mais sa fortune a augmenté moins vite que le nombre de pauvres depuis que je suis président. »
  • AN : Bernard Arnault a donné 0,000043% de sa fortune aux Restos du cœur, soit 0,06 centimes pour un smicard.
  • BR : Imagine : Bernard Arnault donne toute sa fortune aux Restos du cœur, 220 milliards d’euros. Du coup l’Etat doit lui rendre 66%, soit 145 milliards, soit 3 fois le budget de l’Education Nationale. En gros il peut ruiner l’Etat (nous et nos impôts) en faisant un don …
  • MBC : Bernard Arnault : « J’invite tous les Français à faire don, tout comme moi, d’une pièce de 10 millions d’euros aux Restos du cœur. »
  • CV : Je dis merci à Bernard Arnault pour ce don aux Restos du Cœur. D’autant qu’à partir de maintenant, on peut tous dire que c’est un Enfoiré !
  • MA : C’est gentil mais je préférerais que Bernard Arnault paye ses impôts comme tout le monde.
  • CEMT : Emmanuel Macron : « Et pour sauver la planète, chaque enfant devra planter un arbre, ce qu’Elisabeth Borne viendra personnellement vérifier en jet privé. »
  • EM : Renaud va être papa pour la troisième fois avec sa compagne Cerise. Peut-on dire que c’est la cerise sur le gâteux ?
  • PA : Un cafard peut survivre à une guerre nucléaire, mais il meurt s’il est frappé par un journal. Vous voyez à quel point les médias sont dangereux !
  • NP : En 18 heures il est tombé sur certaines régions de Grèce 75 cm de pluie. Soit autant qu’en un an à Paris. Heureusement, grâce aux arbres plantés par les élèves de sixième, le problème du dérèglement climatique est bientôt réglé.
  • NMB : J’étais bien parti pour gagner ma partie de Monopoly mais je suis tombé sur la carte Bernard Arnault, il faut que je donne 10 millions d’euros à une association sans passer par la case départ, ça fait chier…
  • RR : Tu déconnectes de twitter une journée et à ton retour tu apprends que des troupeaux de punaises en abaya font un Rennes-Paris en avion pour aller au ciné Bercy.
  • CC : Quand j’ai une petite dalle, mon astuce radin c’est de secouer le clavier de mon ordinateur et j’ai presque deux pépitos à reconstituer.
  • MBC : Gabriel Attal : « La rentrée s’est bien passée, personne n’a remarqué que l’éducation nationale est en train de s’effondrer. »
  • MH : Et vous, vous êtes plutôt Beatles ou Stones ? C’est l’éternelle Paul et Mick.
  • SA : Je viens d’entendre sur France Inter que les enfants mangent trop mou. C’est vrai que ça devient un problème, le vieillissement des prêtres.
  • MBC : Christophe Béchu : « Si on ne peut plus prendre l’avion à cause du climat, à quoi ça sert d’être ministre ? »
  • PA : Jouer avec Barbie et Ken donne de faux espoirs aux petites filles à propos du couple. Dans la vraie vie, la tête c’est beaucoup plus difficile à arracher.
  • BP : — Bonjour, que pensez-vous de la Coupe du Monde de Rugby, est-ce qu’on peut considérer qu’elle est écolo ? — Elle est sponsorisée par TotalEnergies, Société Générale et Emirates — Merci bonne journée.
  • CG : Bruno Le Maire : 8h45 : « La France tient parce qu’il y a les associations, parce qu’il y a les bénévoles, parce qu’il y a les restos du cœur. » 8h46 : « Je récuse cette idée qu’il y ait un appauvrissement de la société française ».
  • NMB : Darmanin : Les huées du Stade de France pendant le discours du Président Macron sont dus à des supporters de Liverpool venus sans billet, c’est pourquoi j’ai décidé de dissoudre le Royaume-Uni.
  • NP : Ça a vachement bien marché l’apaisement. Ou pas. Plutôt pas.
  • SG : “On est vraiment en France.” “C’est un village gaulois avec évidemment de la charcuterie.” Euh… C’est Éric Zemmour qui a conçu la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby ?
  • NP : Rappelons que chaque placage du match enverrait l’ensemble de l’équipe du PSG à l’infirmerie.
  • NP : Breaking ! Les joueurs du XV de France ont décidé de répondre au haka des All Blacks en chantant « Les lacs du Connemara ».
  • OM : Quelle bonne idée de confier l’organisation de la cérémonie d’ouverture au club théâtre du collège Jean Moulin de Concarneau !

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Un chien à ma table

Ce n’est pas un chien stupide qui débarqua un jour chez John Fante (dont le film qui en fut tiré est très au-dessous du livre), c’est une petit chienne qui débarque chez un vieux couple retiré au fin fond du trou de cul de l’est de la France. Un chien à ma table est un roman de Claudie Hunziger qui nous amène dans un coin presque encore inviolé de la forêt loin de tout, une vieille baraque, où ces deux énergumènes finissent leur vie. Lui, c’est Grieg, ou le Grigou, cheveux gris, bandana rouge, ridé, fumeur, qui passe ses nuits à lire dans sa chambre alors qu’elle se réveille plutôt dès matines et qu’elle écrit. Ils s’adorent depuis soixante ans, elle nous expose les écroulements du corps et de la santé liés à l’âge mais aussi la beauté presque perdue d’une nature généreuse, merveilleuse, consolante.
La petite chienne qu’elle va appeler Yes a subi visiblement les sévices d’un sale type, elle s’est enfuie, sa chaîne est rompue. Puis elle disparaît. Est-elle retournée chez son tortionaire ? Non, elle revient et s’installe auprès du couple. C’est une affectueuse, une lécheuse, une tendre. Notre héroïne va l’adorer plus que tout, va trembler pour elle lorsqu’elle verra passer des drôles de bonshommes sur le GR proche de chez eux.
Cette écri-vaine, comme l’appelle son vieux compagnon, va à la ville présenter son dernier bouquin, comme à la guerre : des pompes énormes, les mêmes que celle de Brigitte Fontaine sur une photo, et sa vieille parka.
Puis un jour, Grieg voudra redormir avec elle, alors elle construira un grand lit avec, pour sommier, tous les Monde qu’ils n’ont jamais jetés, dans un cadre en bois. La pièce à vivre deviendra la chambre des trois, eux deux plus la chienne.
Il ne se passe pas énormément de choses dans ce livre si ce n’est la narration d’un amour immense pour cette nature que détruit l’homme, la menace que tout s’arrête et aussi la peur de la mort de l’un d’eux. On apprend des noms d’arbres, de fleurs, des petites vies de bêtes et on partage des moments de pure simplicité avec eux. Et on a peur, nous aussi, que cette harmonie très roots ne vole subitement en éclats.
Très beau livre, poignant, d’une magnifique écriture.

Un chien à ma table de Claudie Hunziger, 2022, chez J’ai lu. 288 Pages, 7,80 €

Texte © dominique cozette

Triste tigre

Triste Tigre est un texte surprenant parce qu’il ne cesse de questionner, nous comme son autrice Neige Sinno, sur le mécanisme du viol, celui qu’elle a subi durant des années, et ses suites. Il ne se lit pas d’une traite, il demande réflexion, il comporte beaucoup de digressions proches du sujet mais s’en éloigne parfois. C’est impressionnant. Une fois n’est pas coutume, je vous livre le « résumé » que Babelio en a fait car je ne pourrai pas dire mieux :

« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »
Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte. Elle tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Il s’agit aussi de la manière dont fonctionne ce texte, qui nous entraîne dans une réflexion sensible, intelligente, et d’une sincérité tranchante. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrison, Christine Angot, Virginie Despentes). Comment raconter le « monstre », « ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : « Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ? » (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu « l’autre lieu », celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une « petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats. »

Triste tigre de Neige Sinno, aux éditions P.O.L. 288 pages, 20 €.

Texte © Babelio

Les Fessebouqueries #643

Notre prèz, il voudrait bien une troisième mandale mais voilà, il dit que la constitution, « c’est une vraie connerie ». Pas grave, y a les référendums, y a son pote Sarko qui va l’aider grâce à ses fans de radis roses qui font la queue pour qu’il imprime sa patte de moche sur son torchon, et pi y a aussi Dupont Morituri, grand soutien-gorge du gouvernement. Abaya aussi Attal, le chouchou, chef de classe des têtes à claques. Et pi aussi, des choses pas tristes comme Morandini, le pédo-présentateur en titre. Et le plus comique venu de nos élites neuronées, l’hommage à Luther King avec rien que des petits blancs y participant, et pas des sauvignons ou des picpouls, hein ? I have a dream, il avait dit. Ben oui, les rêves, on le sait, ne sont pas matières à réalisation. Pour la peine, un grand tchin-tchin de rentrée des glaces et des glaçons. Et toc !

  • CEMT : Emmanuel Macron : « J’ai décidé d’organiser des préférendums, c’est comme des référendums mais on prend le résultat que je préfère. »
  • OR : Déjà j’aimais pas le foot, mais si on ne peut même plus embrasser de force les filles à la fin du match, je vais vraiment détester.
  • MA : Sarkozy en signature. Après La Baule, Biarritz… La bourgeoisie confirme qu’elle n’a rien contre les délinquants lorsqu’ils font partie de son monde….
  • CEMT : Gabriel Attal : « Excusez-moi si je dis des conneries, c’est ma première rentrée et j’ai été recruté en une demi-heure. »
  • JD : « L’abaya ne pourra plus être portée à l’école », mais rassurez vous, on ne touche ni aux salaires merdiques des profs, ni aux classes surchargées, ni à l’abandon des élèves handicapés et de leur famille.
  • CD : Accidents du travail : j’avais parié sur un numéro vert. Perdu ! J’apprends qu’il s agit d’un spot tv. Le truc bien inefficace. Sinon y avait un truc qui marchait pas trop mal. Ça s appelait le CHSCT. Oh wait ! Macron l’a supprimé en 2020.
  • CR : Dans le cadre des échanges étudiants, on pourrait échanger les gourdasses françaises qui imposent l’abaya à l’école contre les Iraniennes qui veulent être libres de leurs idées et de leur corps. Au moins tout le monde serait heureux et on arrêterait d’en parler.
  • MA : Le double mis en examen Dupond-Moretti dont le fils est accusé de violences conjugales nous parle de la responsabilité des parents. C’est fascinant.
  • TEV : Je suis certain que si le gouvernement a polémiqué sur Maya L’Abaya c’est juste pour faire du Bzzzzz.
  • GD : Coucou les chaînes d’info, vous comptez aussi faire des heures de débat sur les quelque 2 000 enfants à la rue en France, ou bien seules les robes trop longues vous intéressent ?
  • RR : 04h58 : dans deux minutes, Paris s’éveille mais moi je vois déjà, par ma fenêtre, passer Paulette à bicyclette. J’ai toujours été en avance sur Montand.
  • CD : Et là, en plein brainstorming chez Mc Kinsey, un type se lève et fait : « j’ai une super-idée : faire lire le texte de Martin Luther King, mais uniquement par des petits blancs! ». Adopté…
  • NP : Un clip qui commémore le plus célèbre discours de Martin Luther King avec seulement des enfants blancs… Probablement l’idée la plus débile depuis l’invention du SNU. Dans moins de deux heures, on est la risée du monde entier.
  • FT : Grâce au Ministère de le la Propagande Pétainiste, on découvre que le « rêve » de Martin Luther King était visiblement de voir son discours repris sagement par de bons petits blancs triés sur le volet dans un pays où pas un seul enfant noir ne se sera vu accorder la parole.
  • LA : Se prévaloir de Martin Luther King sans aucune diversité parmi les collégiens dans la vidéo, un exploit retentissant.
  • GD : Ah, ce petit parfum de rentrée, entre fournitures scolaires, rangement des vêtements d’été, narration des vacances et clins d’œil du gouvernement à l’extrême droite.
  • BG : Un animateur de télévision avait le choix entre se servir de son cerveau ou de sa quéquette. L’ablation de son cerveau par TF1 il y a longtemps l’a aidé dans ce choix difficile. Il a bien fait. Visiblement quand on fait portnawak avec sa quéquette en France, on garde son boulot. #Morandini.
  • GD : Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré des trottinettes électriques en libre service !
  • PA : —  Quelle couleur je mets pour paraître mince ? — Gris, tu mets gris.
  • GL : Un deuxième quinquennat, c’était une funeste connerie. Le premier aussi d’ailleurs.
  • JD : Gérald Darmanin n’est «pas totalement certain» d’avoir toutes les «qualités» pour être président. Deux neurones viennent de se connecter.
  • NP : Une juge ordonne à Trump de se rendre à la police. Trump se rend. La police prend son portrait. Il se sert de cette photo pour lancer une gamme de merchandising intitulée « Ne vous rendez jamais ». Ses fans se ruent dessus… Un tel niveau de connerie est fascinant.
  • PA : ATTENTION ! Toute femme qui passe de maîtresse à épouse, ce qui est une promotion, ne doit pas perdre de vue que son ancien poste est vacant !

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La foudre du dernier Pierric Bailly

Le dernier opus de Pierric Bailly, La Foudre, est beaucoup plus épais que les précédents. Etoffé. C’est qu’il y en a à raconter. D’abord, et toujours chez cet auteur, la nature jurassienne dans toute sa beauté, ou sa dureté, ou sa variété. Le héros a pris le nom de son taiseux de grand-père, John, l’homme qui lui a tout appris sans mot. Il est mort mais toujours là, dans le cœur de John, le jeune. Pour l’instant, il est berger pendant plusieurs mois, il garde les brebis d’Anna-Marie qui ne veut plus monter. Il vit de peu, dans son abri sans grand confort, avec ses deux chiens adorés plus les deux patous qui protègent le troupeau des bêtes sauvages. Pour allumer son feu, il dispose d’une pile de vieux journeaux qu’il parcourt distraitement. Il n’a pas de Wifi, ni de portable. Il est vraiment coupé du monde. Il a cependant une amoureuse depuis quelques années qui a formé un beau projet pour eux deux : aller vivre à la Réunion et y faire un bébé. Elle est enseignante et n’aura aucun mal à trouver du boulot. Elle ira dès la rentrée des classes pour y trouver le lieu et la maison et lui la rejoindra une fois les brebis redescendues.
Mais soudain, bim, à la une d’un vieux journal, il apprend qu’Alex, un ami d’internat, vient de tuer un chasseur. Alex est un non-violent, certes il n’est pas très chasse, vegan plutôt et il sauve tous les animaux abîmés depuis qu’il est petit. Alex, c’était un sacré personnage, un charme fou, un charisme tel que John a copié son grand rire et l’a pris longtemps pour modèle dans sa tête. En plus, il sortait avec Nadia dont John était très épris.
Pour en savoir plus sur ce mystère qui le touche de près, il réussira à joindre Nadia avant de partir. Mais elle vit dans un tel désarroi avec ses deux petits mômes et son mec en prison, pas encore jugé alors qu’il s’agit vraiment d’un accident, que John fait tout ce qu’il peut pour la soutenir, l’aider, lui permettre enfin de libérer sa parole car son mari, le meurtrier, est devenu tabou auprès des autres, donc elle aussi. John n’a aucune arrière pensée en agissant ainsi. Dt impossible de ne pas assister au procès, il veut aller jusqu’au bout, et pour cela, il recule son arrivée à la Réunion.
Le roman va devenir tendu, on se doute qu’il ne va pas échapper à ce bon vieux dilemme : Héloïse ou Nadia, tout en sachant qu’Alex n’est pas mort, qu’il va peut-être revenir bientôt, libre, aimer sa femme, s’occuper de ses marmots.
Entre temps, on se promène dans ces paysages magnifiques où l’auteur ne se prive pas de citer plantes et animaux qu’il aime tellement, odeurs et bruissements.
Un très beau livre, sentimental parfois, c’est la spécialité de l’auteur qui a taxé son dernier opus, le Roman de Jim, de mélodrame. Il le fait très bien.

La Foudre de Pierric Bailly, 2023 chez P.O.L. 460 pages, 24 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #642

Semaine aussi chargée qu’un missile soviétique chevauché par une Vachekiri (cherche pas, c’est du Wagner), à croire que la seule canicule ne suffit pas à calmer les violences. Parlons de celles infligées à ce pauvre terrain de golf qui ne demandait rien d’autre que des petites baballes dans ses petits troutrous. A ce pauvre Pregojine tombé du ciel avec ses potes et son bras droit (il avait laissé son bras gauche à sa femme). A ce pauvre Sarkozy qui signe de brillantissimes bouquins alors que ses gracieuses chevilles enflent sous le poids de bracelets en fonte. A Trump qui tel les cailleras de banlieues s’enorgueillit d’avoir sa photo d’identité judiciaire. Et à ce pauvre Poutine qui a vu son spoutnik s’écraser piteusement sur la Lune. Heureusement, l’espoir renaît avec Ségolène qui nous en prépare une bien bonne. Trinquons donc à toutes ces nouvelles, tchin tchin, dearest friends…

  • JO : Avant je me faisais frapper au collège et puis je me suis mis au karaté, maintenant je me fais frapper au collège et au karaté.
  • MK : Au moment où Prigojine est mis en bière, Heineken se retire définitivement de Russie…
  • DO : Avec 300 millions en plus, Macron va porter une nouvelle aide à l’Ukraine. Dites, Président on ne pourrait pas simplement applaudir tous les soirs à 20h les Ukrainiens, je dis cela sans vouloir offenser aucune conscience mais ça a tellement bien marché pour le personnel soignant.
  • MK : Les Ukrainiens visent de mieux en mieux : la sonde russe Luna-25 s’écrase sur la lune.
  • MA : Les paniques morales de la droite en ce moment : – ma côte de bœuf – mon golf – mon Sardou.
  • MBA : Marc Fesneau : « C’est une honte d’attaquer des terrains de golf qui consomment moins d’eau qu’une méga-bassine. »
  • FM : Au début je croyais que c’étaient des photos aériennes, mais en fait non, c’est vraiment juste 25m² d’arrachés et trois tags. On a un ministre qui monte sur ses grands chevaux pour littéralement trois cents balles de gazon chez Leroy Merlin.
  • JML : Quand tu penses que les mecs de daesh, ils ont appris à piloter des avions alors qu’il suffisait d’arracher quelques brins d’herbe.
  • BR : La France compte trois cent mille SDF, dix millions de pauvres, on fout des antivols sur la viande, mais les droitards richous, entre deux photos de côtes de bœuf, sont en train de chialer pour trois brins d’herbes arrachés et parlent de « violence ». Qu’est-ce qu’on peut faire d’eux, sérieusement.?
  • US : Vous savez quand est prévue la marche blanche pour le green du golf de la Vienne et si un recueil de condoléances est ouvert ou une cagnotte pour aider les proches ?
  • DT : La différence entre un pilier de rugby et un pilier de bar, c’est la forme du ballon.
  • SG : Quand Sarkozy a des soucis, il fait éditer son livre chez Fayard, propriété d’Hachette du groupe Lagardère dont il est membre du conseil de surveillance. Et pour la promo, il va sur TF1, la chaîne de son témoin de mariage et parrain d’un de ses enfants. L’entre-soi, tout un art.
  • RDB : Pour Nicolas Sarkozy, « l’un des problèmes de notre démocratie c’est la véritable impossibilité de débattre sans s’insulter ». Ça et le fait que tu sois en liberté, mais on va pas chipoter.
  • MA : Un pays où un truand au petit pied sans bracelet donne des leçons de démocratie à la Baule au lieu d’être en taule n’est pas un état de droit.
  • SG : Quand je vois la ferveur quasi religieuse autour de Sarkozy — pourtant condamné deux fois à la prison ferme la même année — je repense à la phrase de Trump en 2016 : « Je pourrais tirer sur quelqu’un au milieu de la Cinquième avenue et ça ne me ferait pas perdre un seul vote ».
  • GFP : T’imagines, tu pratiques un des pires métiers par un cagnard pareil et t’as Dussopt, ce nabot en costard qui débarque de sa voiture de fonction climatisée pour te dire de boire de la flotte, je lui aurais coulé ses pieds dans du béton je pense.
  • VD : Prigojine est mort dans un accident d’avion. Didon c’est pas de bol.
  • DD : Lutte contre le réchauffement climatique : alors qu’il aurait pu prendre le train, Prigojine s’entêtait à prendre l’avion. Après consultation et en accord avec le GIEC et la Cop 27, Poutine a donc décidé d’abattre l’avion dans lequel se trouvait Evgueni.
  • CEMT : Vladimir Poutine : « D’après les premiers résultats de l’enquête, Prigojine serait mort pendu, d’une balle dans la tête, noyé et dans un accident d’avion. »
  • JPT : Il faut vraiment être stupide pour piloter un avion avec Prigojine à bord.
  • SA : Je ne comprends pas cet acharnement contre Médine, il n’a jamais dit une seule fois du mal de Michel Sardou.
  • OR : Un compromis a été trouvé entre les bouquinistes et la Mairie de Paris : Ceux qui transformeront leur boîte en trousse de médicaments pourront rester ouverts pendant les épreuves de natation dans la Seine durant les Jeux Olympiques.
  • DSC : Prigojine était violent, détestait la démocratie et avait bâti un système mafieux. Avec sa mort, Vladimir Poutine envoie un beau message au monde. Un message d’espoir, de justice et de progrès.
  • NMB : Poutine : je jouais tranquillement avec mon lance-missiles dans le jardin, et là, paf, en plein dans l’avion de Prigojine… l’accident bête quoi.
  • MZ : L’enquête sur le décès de Prigojine a révélé que le crash était dû à une erreur humaine, le pilote ayant été incapable d’éviter le missile qui se dirigeait vers l’appareil.
  • DC : Envie de faire plaisir ? Offrez Ségolène, la pochette-surprise la plus inattendue de la gauche.
  • PA : Je n’ai rien contre les religions, je dis juste que ça fait quand même beaucoup de guerres pour savoir qui a le meilleur pote imaginaire…
  • HD : Flash spécial !! Des archéologues ont retrouvé le onzième commandement. Le voici : « Et tu seras assez con pour croire aux dix premiers.

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Eloge de la plage

Le livre de Grégory Le Floch, Eloge de la plage, nous embarque dans un lieu que nous connaissons tous, dont nous rêvons tous, lieu magique où nous aimerions nous téléporter quand nous n’y sommes pas : la plage. Et pourtant, il y a très peu de temps que l’humain jouit de ce splendide bord de mer. Jadis, au contraire, il était craint ou ignoré. Les villages se construisaient loin des plages, ou dos à elles, sauf les ports, et seuls les fous et les malades y étaient emmenés pour soins. « Les premiers à fréquenter les plages sont les fous et les névrosés. Cela peut paraître étrange mais je ne suis pas surpris. Les fous ouvrent vraiment la voie. Ce sont eux qui débusquent la beauté, traquent les visions, malaxent et triturent la vie au péril de la leur jusqu’à ce que nous y percevions, nous autres, une petite trace de lumière. »
Que l’on se rassure, il ne s’agit pas d’un historique mais bien d’un ensemble de réflexions, de souvenirs et de références qu’a inspirés ce lieu. L’auteur cite nombre d’écrivains et d’artistes qui s’y sont illustrés comme Paul Morand, Eric Rohmer, Marcel Proust, Eugène Boudin le peintre, Brigitte Bardot, la liste est longue et savoureuse. Il se plaît à nous raconter les plages du monde qu’il a sillonnées ou adoptées avec son compagnon, celles qui disparaissent ou qui réapparaissent sous la furie des vagues ou par la bêtise des hommes.
Peuvent-ils le croire, les jeunes gens, que les hippies suivaient un circuit des plages pour aller jusqu’à Katmandou : on passait par Ibiza, Matala en Crète, Goa etc. Infaisable, bien sûr, de nos jours.
Il nous emmène dans des petites criques grecques, ou sur la plage que Jane Campion a choisie pour La Leçon de piano. Puis sur l’île d’Elbe, en Calabre. Il nous fait rencontrer Hermann Hesse adepte du nudisme. Et nous fait revivre quelques épisodes du débarquement.
Mais, car il y a toujours un mais, il nous attriste avec ce que nous faisons de ces lieux idylliques, les pollution de toutes sortes, les saletés que nous laissons traîner, les mines dont les truffent les guerres et surtout, surtout, l’énorme trafic mondial de sable : car le sable nous est indispensable pour fabriquer le ciment, le verre, l’asphalte, les routes etc. Les mégapoles qui se construisent en plein désert en sont avides car hélas, le sable du désert, trop rond, est inutilisable. Alors on pioche dans le patrimoine mondial, mers et rivières, on bouscule la diversité, on détruit, on vole, on fait des trous tellement énormes dans la mer que les plages finissent pas y disparaître. Sans parler de l’érosion, la bétonisation, la montée des océans… Des milliers de kilomètres de plages sont en train de disparaître irrémédiablement. D’autres sont devenues de vrais cimetières pour migrants. Le rêve devient cauchemar.
Puis la mer efface tout, la plage redevient vierge. Ce que nous souffle l’auteur : profitons encore des moments si beaux passés dans ces magnifiques endroits, ça nous rendra un bel éclat de vie.

Eloge de la plage de Grégory Le Floch, 2023 aux éditions Payot&Rivages, 236 pages, 19 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #641

L’actu est ainsi faite qu’elle est parfois conne et marave*. Quand elle a un truc dans la tête, elle ne l’a pas dans le renflement brun, c’est comme ça comme le chantait si justement Catherine Ringer, qui ne pouvait pas prévoir que non, c’est pas toujours comme ça, et heureusement car sinon le petit mec aux talonnettes viré du pouvoir par un conducteur de pédalo nous forcerait la main sur un autre petit mec à bistouquette vicieuse pour nous présider. Nan mais des fois ! Sinon, oui, on n’attendait que ça, un numéro vert pour aider à faire baisser la température annale des non-sachants. Ne laissons pas passer une occasion de tchin-tchiner avé les glaçons, dear friends !

  • CEMT : Gérald Darmanin : « Et pour éviter toute nouvelle polémique sur Michel Sardou, j’ai décidé de dissoudre Juliette Armanet. »
  • DJ : Une meuf dit qu’elle aime pas Sardou = fin de la civilisation
  • DSO : Moi j’aime bien Juliette Armanet, elle est en boucle sur la radio d’Intermarché et je trouve que sa chanson est très inspirante pour choisir le meilleur melon.
  • PE : Est-ce que Juliette Armanet connaît Marat ?
  • EM : La semaine prochaine, Juliette Armanet vous donnera son avis sur «Tu veux mon zizi» de Franky Vincent.
  • NMB : Vous n’êtes plus que douze à ne pas avoir donné votre avis sur la chanson de Sardou, merci de le faire rapidement qu’on puisse passer à une nouvelle polémique. Cordialement.
  • NP : — Papa ? Vous faisiez quoi en 2023 pendant que le réchauffement climatique s’amplifiait ? — On débattait pour savoir si « Le lac du Connemara » était une chanson de merde ou pas. — Pourquoi ? — Je ne sais plus. Ferme bien la porte, il fait encore 40 ° dehors.
  • RR : Neymar quitte Paris et rejoint l’Arabie saoudite. ON S’EN TAMPONNE LE COQUILLARD, IL NOUS RESTE SARDOU.
  • MA : Mes gamins, c’est comme mes règles. Quand je les ai, ça me saoule et quand je les ai pas, je me fais du souci.
  • NR : Sarkozy adoubant Darmanin dans son dernier livre. Bref, un trouduc qui a échangé des faveurs sexuelles contre une promesse de passe-droit et qui a appelé ça « avoir une vie de jeune homme », soutenu par un voyou multi-condamné cerné par la justice. Ça envoie du rêve…
  • PA : Peu de gens le savent, mais il est possible d’entendre un avis différent du sien et de passer à autre chose sans s’agresser.
  • CV : Je viens d’apprendre que le haut court qu’on appelle souvent et bêtement en France « crop-top », est nommé « chandail bedaine » au Québec. J’en suis fort aise.
  • LGG : Bien sûr que Nicolas Sarkozy a le droit de s’exprimer. Depuis le parloir, par contre.
  • MR : On apprend donc qu’un multi-récidiviste Sarkozy adoube pour les prochaines présidentielles, un menteur patenté qui a reconnu avoir échangé des faveurs sexuelles contre un logement. Au Japon le type se serait fait hara-kiri, en France il joue les influenceurs politiques !
  • CH : Darmanin Président d’après Sarkozy. Première réforme : Réhabilitation du droit de cuissage.
  • OR : Gérard Leclerc travaillait pour C News, la chaîne de Bolloré. Évidemment, la presse de gauche se garde bien d’évoquer la piste criminelle. Quand cessera-t-on de nous mentir?
  • NMB : Quitte à se foutre de notre gueule avec leur numéro vert canicule, j’espère au moins qu’ils ont mis « l’été sera chaud, l’été sera chaud » en musique d’attente.
  • RR : On est d’accord que le mec qui vient de demander un cappuccino au lait d’avoine juste à côté de moi doit être un sacré étalon ?
  • ML : Pourquoi on ne dit pas : « Quelle heure est-elle » ? Ça me hante depuis des années.
  • GR : Cinq fois la taille du Titanic : le plus grand paquebot du monde accueillera bientôt 7600 passagers. Et plus aucun iceberg pour le couler.
  • PB : Plus on leur dit qu’on va droit dans le mur, plus ils appuient sur l’accélérateur, ces cons là.
  • AS : Un papi condamné pour avoir vendu de la drogue dans son Ehpad à Caen. Il payait son Ehpad, on va payer sa détention.
  • MBC : Vincent Bolloré : « Le réchauffement climatique est une arnaque islamo-gauchiste. Sur mon yacht climatisé la température ne dépasse pas 22°C. »
  • GD : Comme Nicolas Sarkozy, le moustique nous rappelle une vérité : la capacité de nuisance n’est pas une question de taille.
  • .MBC : Éric Ciotti : « Je ne comprends pas comment l’Allemagne est passée du nazisme à la légalisation du cannabis. »
  • * Marave est un nom féminin utilisé en argot. Le verbe maraver a comme synonymes se bagarrer, se battre, taper.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Sacré Fab Cacaro !


Fan depuis le premier jour de Fab Caro, puis de Fabrice Caro, auteur de Zaï zaï zaï zaï dont a été tiré un film hilarant, rencontré plusieurs fois lors de signature donc vérifié que c’est un mec bien, drôle et tout, bouche bée devant son humour ravageur, je viens de m’offrir son tout dernier opus intitulé Journal d’un scenario qui, comme son nom l’indique, narre les affres d’un auteur aux prises avec une prod de film.
Comme de bien entendu, notre héros, Boris, est un loser. Inhibé, ayant une conscience fléchissante de lui même, néanmoins sûr de son talent créatif, il vient de finir Les Servitudes silencieuses, un scénar prout prout (c’est le cas de le dire) ambitieux, qui sera tourné en N&B et dont les deux héros seront Louis Garrel et Mélanie Thierry, conditions sine qua non à la négo de son futur succès.
Le producteur trouve son idée super, alors, il est fou de joie, et, cerise, rencontre à une soirée une jeune femme férue de ciné à laquelle il va confier tous les détails de sa créations. Elle en connaît un rayon car elle étudie le cinoche. Ils ne parlent plus que de ça, ciné, ciné, ciné.
Yann, son ami qui vient de subir une rupture, lui envoie son fils, un glandu style dilettante, qui lui fera un magnifique projet d’affiche. Boris ne sait pas dire non.
Il ne dit pas non non plus lorsque le producteur lui propose avec une insistance bienveillante et positive un autre comédien, puis un autre couple, un truc qui n’a mais alors rien à voir. Et qu’ensuite les financiers concernés développeront eux-mêmes des idées d’une vulgarité sans nom pour gagner les faveurs d’un public en quête d’humour. Car ils s’y connaissent en film et en humour.
Ces changements qui le mettent à bas, il est bien obligé de les accepter mais il continue à jouer la comédie devant la jeune femme dont il est amoureux, elle-même très amoureuse de Louis Garrel.
Je n’en dis pas plus… Personnellement, je n’ai pas vraiment aimé les gags grossiers des financiers, mais sinon, c’est un bon moment à passer, d’autant que Fabrice nous fait réviser des dizaines de films-cultes dans sa recherche de comparaisons à sa douleur de voir se diluer son idée.

Journal d’un scenario de Fabrice Caro, 2023 chez Gallimard Sygne, 190 pages, 19,50 €.

Texte © dominique cozette

La Péremption

Les pièges de ce livre de Nicolas Fargues, La Péremption :
– 40 ans. Nicolas Fargues n’a pas 40 ans comme il est exclamé sur le bandeau, mais ce sont les éditions P.O.L créées par feu l’incroyable Paul Otchakovsky-Laurens, mort lors d’un regrettable accident pendant ses vacances, qui les ont cette année. L’auteur, lui, a 51 ans, comme son héroïne Zélie.
Le Masque et la Plume ont encensé le bouquin dans un de leurs conseils.
– Le mec est un très bel homme après avoir été un très beau jeune auteur talentueux, donc oui, on aime lire du beau.
– le style est actuel, pour une vieille comme moi, il réfère beaucoup aux tics et éléments de langage qui habillent tous les billets et se déversent du bec de tous les sachants.
– C’est du P.O.L donc c’est du bon.
Et puis j’ai lu quelques-uns de ses titres de jeunesse où il se racontait avec aisance. Puis j’en ai lu un qui m’a déçu en mal. Donc je n’ai plus lu. Sauf que je m’y suis remise pour celui-ci, la preuve.
L’histoire n’est pas d’une grande originalité, c’est une femme sur le retour, comme on ne dit pas des hommes, donc fraîchement ménopausée, comme on ne dit pas des transgenres, qui prend une retraite précoce suite à un petit héritage et un désir de créer. Voilà-t-y pas qu’elle fait connaissance « par hasard » — comme on dit pompeusement trop souvent — lors d’une fête, un tout jeune homme issu de la diversité, très branché, « dreadlocks courtes aux pointes teintées de blond », qui se fait appelé Shock, Séraphin pour l’état civil, et se dit entrepreneur. Une histoire se noue, la vieille riche aisée et le jeune black en plein développement qui veut monter un élevage de je ne sais plus quoi dans son pays d’origine, la RC.
Ce livre est aussi agréable à lire qu’une satire de notre temps avec nos manies stupides, nos idées à la con, nos manières d’être ridicules, nos snobisme à la noix et nos références semi-culturelles vérifiées sur Wiki . Fargues s’amuse à les dézinguer avec grâce, il faut bien le reconnaître, et c’est très plaisant. Après ça, vous arrêterez peut-être de dire que vous êtes sur Paris.
Comme je suis d’humeur flemmarde, je te vous colle deux bonnes citations piquées dans Babelio :
« Une génération venue au monde avec une maîtrise innée du montage vidéo à coupe franche, de l’usage de la touche lecture rapide de la télécommande et des mots-consonnes de trois lettres. Hermétique aux temps morts, au silence, aux conjonctions de subordination et aux textes de plus de six lignes. […] Pour faire la conversation à Darel – et, par là, pour faire plaisir à Furio à qui je n’osais demander si lui et Darel étaient également amants, j’avais hasardé le nom d’Hervé Guibert. Darel m’avait toisée avec cette compassion amusée qu’on pouvait réserver, de mon temps, à un admirateur du violoniste André Rieu ou du saxophoniste Kenny G. J’avais pensé rectifier le tir en lançant celui de Guillaume Dustan moins consensuel. Lui, c’est vrai, on peut pas complètement nier qu’il a eu sa part dans le mouvement global, m’avait concédé Darel avec mansuétude. Mais je dirais qu’il reste quand même assez peu challengeant, vu l’importance du contexte, avait-il ajouté pour que je ne me fasse pas trop d’illusions non plus sur la pertinence de mes références archaïques. […] Avec Furio, ma règle était simple : ne pas aborder les sujets qui m’intéressaient. »
« Avec les réseaux sociaux qui, depuis quinze ans, avaient donné la parole au peuple dans son ensemble, les rapports de force étaient désormais inversés. le peuple et ses goûts pas toujours sélectifs, on n’entendait plus que lui. »
Comme quoi la forme peut aussi faire la rue, ça mange pas de pain si on manque de fond (vieilles expressions des musicos du milieu du XXème siècle).
Bref, la sémantique bien maniée peut amuser des esprits simples comme le mien à la mi-août.
J’oubliais : les prénoms aussi font la rue Michel : Elle c’est Zélie, son fils Furio, son ex Alessandro, Shock son amant alias Séraphin, Darel un pote etc.

La Péremption de Nicolas Fargues, 2023 aux éditions P.O.L. 190 pages, 19 €, ce qui nous fait la page à dix centimes exactement, et la couv en cadeau.

Texte © dominique cozette hors le passage Babelio.

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