« Je suis allée au Printemps de Septembre, un festival très culturellement rayonnant, à Toulouse, et je n’ai rien compris ! Rien du tout. j’en ai discuté avec quelques autres visiteuses. Rien pigé elles non plus (même qu’il y en avait une qui avait lu comme moi votre article sur le « parler art contemporain » dans Artension n° 97). Rien du trou. Stupéfactibilité. Incrédulité. Inbitabilité totale du blabla ! Comme je suis sans doute un peu VCBR (vieille con bourge et réac), j’ai interrogé deux djeunes qui étaient aussi désemparés que moi. Ils m’ont dit qu’ils étaient venus parce que c’était gratuit, mais qu’ils ont trouvé ça complètement NAC (nul à chier). Il y avait même des bambins de maternelle emmenés là de force, qui eux aussi trouvaient ça complètement NAC ! »
Suis passée au CREDAC, lieu d’Art Contemporain, à Ivry, situé entre ma tirette Société Générale et Carrefour Market. Le Grand Artiste Peter Coffin y expose. Dans une pièce blanche, aveugle, d’environ 300 m2, un néon blanc pas très droit qui relie le sol au plafond. « Ce néon de PC a été soufflé artisanalement. Sensible au mouvement, cette ligne sinusoïdale qui relie le sol et le plafond, la terre et le ciel, ne suit pas la rectitude attendue d’une corde reliant deux opposés. Du néon, on connaît plutôt la ligne droite, forme des standards de l’industrie, que cette ligne mouvante dont la réalité demande une maîtrise du verre etc…blabla… ça dure comme ça…Bon, voilà. (Ce néon est prêté par la Galerie Perrotin, qu’est-ce que c’est sympa !) (Le texte n’est pas signé. Qu’est-ce que c’est modeste !)
Ci-joint un dessin artisanal envisagé sous l’angle photoshopien dans une mouvance discontinuelle qui relie l’antériorité de la page d’hier à cette esquisse a-temporelle, imprimant par là même la nécessité du futur à être sous-tendu par l’exigence du passé, selon le rythme imprévisible du radius allié au cubitus du créateur de l’oeuvre dans un geste auguste menacé par une soudaine envie de faire caca, l’excrémentiel participant tant de la fluidité que de la densité de la trace laissée par la plastic(h)ienne soumise elle aussi aux contraintes divergentes de l’être et de l’étron. Ha ha ha !!! C’est complètement NAC !
(Intro de moi-même : que ceux qui travaillent avec leur plume ou leur clavier commencent à se faire du souci. Journalisme aujourd’hui, BD, pub, littérature dans quelques temps pourront bientôt se passer du cerveau humain. On dit que c’est pour libérer les journalistes et leur permettre de faire des travaux plus intéressantes, comme si un travailleur dégagé d’obligations ingrates grimpait de facto vers des tâches plus nobles… Lisez ça, c’est scotchant et caillant à la fois. C’est un peu long, mais ça explique la technique)
Des chercheurs américains créent, dans le secret de leurs laboratoires, des techniques journalistiques révolutionnaires. Articles ou journaux télévisés sont conçus par des ordinateurs. A première vue, rien de surprenant. Un compte rendu de sport d’une confondante banalité : « Les efforts remarquables de Joe Mauer n’ont pas suffi à assurer la victoire des Minnesota Twins contre les Texas Rangers lundi dernier au stade d’Arlington. Les Rangers l’ont emporté sur un score de 8 à 5 (…) Quand il maniait la batte, Mauer a été excellent de bout en bout. Il a marqué une fois dans la première manche et deux fois dans la sixième. Du côté des Texans, l’artisan de la victoire est sans conteste Tommy Hunter, qui a remporté avec brio son cinquième match d’affilée… » Un article de sport comme il en existe donc des milliers, publiés dans les pages sport de la presse américaine. Seule différence, mais de taille : il est signé The Machine, préparé et rédigé par un programme d’intelligence artificielle, baptisé Stats Monkey.
Depuis des décennies, dans le monde, des ouvriers découvrent un beau matin qu’ils vont être remplacés par un robot. Si les journalistes se croyaient à l’abri de ce genre de mésaventure, ils avaient tort. Depuis quelques mois, ils peuvent aller à Evanston (Illinois), près de Chicago, pour voir et tester le système qui va peut-être bientôt les suppléer. Il est tapi dans un réseau d’ordinateurs appartenant au laboratoire d’information intelligente (Infolab), installé sur le campus de l’université du Northwestern. Pour déclencher Stats Monkey, il suffit qu’un humain lui indique quel match il doit couvrir. Une fois lancé, il travaille automatiquement de A à Z. Il commence par télécharger les tableaux chiffrés publiés par les sites Web des ligues de base-ball, et collecte les données brutes : score minute par minute, actions individuelles, stratégies collectives, incidents… Puis il classe cette masse d’informations et reconstruit le déroulé du match en langage informatique. Ensuite, il va puiser son vocabulaire dans une base de données contenant une liste de phrases, d’expressions toutes faites, de figures de style et de mots-clés revenant fréquemment dans la presse sportive. Il va alors rédiger un article, sans fautes de grammaire ni d’orthographe. Il peut fournir plusieurs versions, rédigées dans un style plus ou moins imagé ( » Les Minnesota Twins ont : perdu/reçu une sévère correction/esquinté leurs battes en pure perte… « ) ou encore deux articles adoptant le point de vue de l’une ou l’autre équipe. Il ira même chercher sur Internet les photos des principaux joueurs. Le tout en deux secondes chrono, qui dit mieux ? Le rêve de tout chef de service : un journaliste rapide, pas cher, sans états d’âme.
Stats Monkey a été imaginé par les professeurs Larry Birnbaum et Kris Hammond, spécialistes d’intelligence artificielle. Puis son développement a été confié à John Templon, 27 ans, diplômé de journalisme, et Nick Allen, 25 ans, informaticien. M. Allen estime que le but est quasiment atteint : « Les articles écrits par The Machine sont très proches des dépêches sportives de l’agence Associated Press, qui sont souvent reprises telles quelles par les journaux. »
La première version de la liste de phrases-clés a été réalisée manuellement, mais, à l’avenir, Stats Monkey l’enrichira automatiquement, en décortiquant de gros volumes d’articles écrits par des humains. Il pourra même imiter le style d’écriture de tel ou tel journaliste connu.
Une version commerciale de Stats Monkey sera bientôt accessible en ligne. Kris Hammond vise en priorité les journaux locaux et les sites Web de sport, qui n’ont pas les moyens de payer des pigistes pour écrire les comptes rendus de tous les matches de leur région : » Il y a aux Etats-Unis 160 000 équipes scolaires de base-ball qui n’intéressent pas les journalistes, mais qui passionnent des millions de gens. »
Infolab a l’intention d’adapter Stats Monkey à d’autres sports, notamment le football et le basket-ball. Il souhaite également se lancer dans le secteur de la finance et de la Bourse – où, là aussi, les journalistes utilisent massivement un nombre assez limité d’expressions toutes faites. A nouveau, Kris Hammond parle chiffres : » 54 000 sociétés américaines sont cotées en Bourse, et chacune d’elles doit publier des données chiffrées, qui intéressent les actionnaires, les employés, les clients… Or, à peine 3 000 d’entre elles sont suivies par la presse économique. »
Reste une question épineuse : si l’on met en place un système efficace et bon marché pour couvrir les matches locaux et la vie des PME, pourquoi ne pas étendre peu à peu son usage aux rencontres importantes et aux grosses entreprises ? M. Hammond a une réponse toute faite : » Notre but est juste de fournir aux journalistes des outils qui les débarrasseront des tâches les plus répétitives et les moins intéressantes. Ils dégageront ainsi du temps pour accomplir leurs missions nobles : reportages de terrain, investigations, analyses… »
Au même étage, trois chercheurs mettent au point un système expérimental baptisé News at Seven, qui fabrique des mini-journaux télévisés pour Internet, présentés par Zoe et George, deux personnages de dessin animé. Le spectateur se contente de choisir trois thèmes d’actualité – par exemple politique intérieure, basket-ball et nouveau film -, News at Seven se charge du reste. Il parcourt une série de sites d’informations pour trouver des textes pertinents, qu’il raccourcit. Puis il les envoie vers un logiciel de synthèse vocale, qui crée deux fichiers audio – une voix d’homme, et une de femme. Les textes sont aussitôt dits à l’écran par Zoe et George.
Pour les critiques de films, News at Seven apprend à faire le tri entre les articles élogieux et négatifs, grâce à un dictionnaire de mots-clés. En même temps, il cherche sur Internet des vidéos pouvant illustrer les thèmes choisis, et les insère dans l’émission.
Dès le lancement des projets, les responsables d’Infolab avaient poussé les jeunes chercheurs à aller faire des stages de formation à l’école de journalisme Medill, rattachée à l’université. Nathan Nichols, diplômé d’informatique travaillant sur News at Seven, se souvient qu’au début la collaboration n’était pas idéale : » Des étudiants demandaient à leurs profs : faut-il vraiment aider ces gens à détruire nos futurs emplois ? Et certains profs semblaient assez d’accord avec eux. » Pour combler ce fossé, Infolab et Medill ont créé en 2009 un organisme commun d’enseignement et de recherche, le Centre d’innovation en technologie, médias et journalisme, qui va accueillir des étudiants venus des deux écoles et leur apprendre à travailler ensemble. Le rapprochement se fait aussi avec la grande presse. Bill Adee, directeur du département numérique du Chicago Tribune, est venu à Evanston pour étudier une éventuelle coopération avec Infolab sur des projets à venir, notamment des outils de veille pour repérer les sujets qui agitent Internet. Il a aussi invité plusieurs fois MM. Birnbaum et Hammond à la rédaction du Chicago Tribune : » Je leur donne des conseils pratiques, en adoptant le point de vue du journaliste. Ça les aide à concevoir des outils qui nous seront réellement utiles. » M. Adee ne s’intéresse pas particulièrement à Stats Monkey, mais il sait que, face à ce rapprochement, certains de ses confrères pourraient se sentir menacés : » Dans tous les journaux, il y a des gens qui passent leur temps à écrire des comptes rendus de matches. J’espère que, si on leur en offre la possibilité, ils seront capables à l’avenir de faire autre chose. » De même, Larry Birnbaum est conscient de l’impact de ses inventions : » Nous sommes en train de créer un paysage médiatique que nous ne comprenons pas encore, mais nous savons déjà que l’organisation économique des médias devra s’y adapter. Le défi sera d’intégrer les valeurs classiques du journalisme dans ces nouveaux outils. »
En attendant, d’autres équipes travaillent sur une demi-douzaine de projets qui viendront compléter la panoplie d’Infolab. Le chercheur Francisco Iacobelli construit ainsi un système intelligent baptisé Tell Me More. Il commence par mémoriser un article politique publié sur CNN. com, puis il trouve d’autres articles traitant du même sujet, publiés par AP, Reuters, le Chicago Tribune. Si leur contenu est identique, il les rejette. En revanche, s’ils contiennent des informations supplémentaires (noms de personnes ou de lieux, chiffres, citations), il extrait les paragraphes concernés. Dans un second temps, Tell Me More va composer un nouvel article plus long et plus riche à partir du texte de CNN, auquel il aura incorporé, aux bons endroits, les phrases pertinentes tirées des autres articles. M. Iacobelli a testé ses méta-articles sur un panel de lecteurs : » Ils ne voient pas la différence avec un texte écrit par un seul auteur. Il faut dire que, très souvent, les journalistes sautent d’un sujet à l’autre sans transition. » Combiné à Stats Monkey, on imagine ce que pourrait donner Tell MeMore…
Aucun aspect du journalisme n’échappe à Infolab. Patrick McNally, étudiant-chercheur, met au point un système de fabrication de bandes dessinées appelé Manatee Comics. Son but est de démonter, reproduire et automatiser le mécanisme des plaisanteries basées sur une comparaison, une chute inattendue, un paradoxe… A ce jour, les résultats sont assez déroutants, mais M. McNally semble sûr de lui : » Je vais prouver qu’une machine peut générer du contenu humoristique de façon robuste et régulière. » A terme,toute intervention humaine sera éliminée : Manatee Comics choisira le sujet de sa BD du jour en allant consulter Google pour connaître les événements les plus recherchés et les plus commentés par les internautes.
A la question des Inrocks « Pourquoi avoir choisi d’en faire un livre et pas un feuilleton pour un magazine ? » Florence Aubenas répond :
« Je crois qu’il y a un certain nombre de sujets sociaux — les sans papiers, la précarité — qui posent problème pour les journaux. Ils veulent les traiter tout en craignant d’avoir l’air ennuyeux, sinistres pour le lecteur. Face à ce type de sujets que les journalistes proposent, j’ai vu des générations de chefs de service lever les yeux au ciel, commander cinq feuillets et les réduire à deux, voire ne pas passer le papier du tout. Si la presse jouait pleinement son rôle d’intervention, d’engagement, ces papiers passeraient. je ne me voyais pas aller en réunion de rédaction au Nouvel Obs pour dire que je voulais faire de longs articles sur les femmes de ménage ou la précarité. Traités au cinéma ou dans les livres, ces sujets prennent une autre dimension. (…) J’ai pris un an de congé sans solde, j’avais mis de l’argent de côté. Et, surtout, je ne voulais pas faire un livre « Moi, femme de ménage ». je suis très amie avec l’artiste Sophie Calle et, même si ma démarche n’est pas la même, peut-être son culot à se mettre dans certaines situations m’ont-ils contaminée. »
A lire, forcément, il y a de l’humanité dans ce livre mais ma petite librairie ne l’a pas encore reçu. Je préfère l’acheter chez les petits commerçants vu que le prix est le même* ( qu’à la FNAC où les salariés ne sont pas très bien traités, comme c’est bizarre, et qui appartient à un très riche monsieur qui cherche à la revendre donc turbulences en vue… (* grâce à la loi Lang, merci Jack) et qu’un bouquin sur les précaires, on va pas enrichir un commerce libéral en l’y achetant.
Autre anecdote de Florence : les employeurs et consorts ne risquaient pas de la reconnaître bien qu’elle usât de son vrai nom et qu’elle fût très peu grimée, pour la bonne raison que quand tu es un précaire, tu passes totalement inaperçu, personne ne te regarde et a fortiori ne te voit…
«Marcel est incinéré au cimetière du Père-Lachaise. «Après son incinération, se souvient Paul Matisse, nous avons demandé de vérifier le contenu de l’urne. Bernard Monnier [le mari de Jackie] et moi avons accepté. Ce que j’ai tout de suite remarqué parmi les cendres, c’était ses clefs. Elles étaient restées dans sa poche… […] Elles étaient là, dans les cendres, elles n’avaient pas fondu. Pour moi c’était un miracle de voir cela, parce que cette question de secret, de clefs, a toujours tourné autour de Marcel et de son œuvre. On nous a demandé si nous voulions récupérer les clefs. J’ai tout de suite répondu : « Non, on les laisse ».». Quelques jours plus tard, les cendres de Marcel Duchamp sont transférées au cimetière de Rouen.»
J’ai trouvé cette anecdote dans le bouquin barré de Philippe Katerine « doublez votre mémoire », (journal graphique. Denoël 2007) et j’ai vérifié sur Internet. Katerine, dans ce bouquin, c’est une sorte de Lélu mais en bien mieux. Tout est écrit à la main et accompagné de dessins, collages ou photos plutôt jetés. Ex : « encore un rêve qui revient souvent et qui m’est pénible. Mes sourcils restent bloqués très haut sur le front. Impossible de les faire redescendre. + image de lui où il a découpé ses sourcils à la hache pour les coller très haut. Ce genre… vous voyez. Bon, je l’avoue, c’est assez régressif comme humour, c’est pour ça que je l’apprécie.
PS : Toujours en panne d’ADSL, qu’est-ce qu’ils foutent chez France-Télécom à part suicider leurs salariés (non, c’est pas drôle !) donc ceci étant mon dernier blog de secours, ne m’en veuillez pas si vous n’en recevez pas pendant quelques jours. AU SECOURS !!!
Quelques bribes de l’entretien de Boltanski par Vincent Noce, Libé d’hier, dans son atelier de Malakoff, autour de deux bouteilles de vodka cerise. « Avez-vous déjà dit : « Il faut tuer tous les Juifs et tous les coiffeurs », on vous répond : « Pourquoi les coiffeurs ? » Moi, je vois plein de raisons, ils ne sont pas propres, ils sont bavards, il y en a qui sont gays. Mais pour les Juifs, c’est évident, n’est-ce pas ? » … Pourquoi raconter qu’il a des origines corses ? « Ah, cela c’est un journaliste américain qui m’a dit : vous êtes un artiste juif ! cela m’a tellement énervé. « Mais pas du tout« , ai-je rétorqué, « je suis corse ». Vous avez raison, je suis un menteur. … Kundera disait : « Que les vieux morts laissent la place aux jeunes morts ». … J’aime beaucoup le bricolage, j’ai fait au moins 3000 cadres. J’y prends beaucoup de joie. j’écoute France Culture toute la journée, mais je suis occupé. C’est mon grand problème. Je passe ma vie à ne rien faire. J’aime cuisiner, là, au moins, on fait quelque chose, et c’est utile. On fait attention, c’est important… les vernissages, les cocktails, passer son temps à voir des gens, il faut le faire mais c’est extrêmement négatif. je suis un si jeune retraité, quelle vacuité ! Je reste des heures dans cet atelier, à ne rien faire, face à un mur. …
Au musée tout est sacré. Chez moi, il n’y a rien de sacré. Pour rouiller mes boîtes, je pissais dessus. Après, je les ai arrosées de Coca. Un conservateur pour une exposition les faisait installer avec des gants blancs. Cela n’a aucun sens. »
Vous les avez vus pour ma bonne année, mais j’aime bien qu’ils re-servent. Ce sont de bons pieds comme on dit à la caserne de Bonneuil (94). Alors voilà, c’est l’histoire d’un gars qui a une superbe paire de pompes en daim bleu, comme ses pieds car c’est un schtroumpf, et il y tient plus qu’à la prunelle de ses vieux (ses vieux fabriquent une liqueur de prunelle extra, c’est son alcool de prédilection). Et y a un de ses potes maladroit, le genre qui renverse son cocktail blue lagoon sur ton smoke, qui fait gicler le jus de sa langoustine sur ta chemise et la goutte de citron dans l’oeil de ta meuf qui est en phase d’adaptation de lentilles de contact. Alors le mec aux pompes bleues le prévient : je te préviens, mec, tu me marches pas sur les pompes, OK ? Tu peux faire tout ce que tu veux, m’envoyer un coup de tatane dans le gueule, écluser mes bouteilles de prunelle de mes vieux, foutre le feu à ma baraque, accrocher une photo de Sarkozy à mon rétro, faire des trucs avec ma meuf, tout, tu m’entends, tu peux tout me faire mais pas touche à mes pompes en daim bleu.
Alors qu’est-ce qu’il a fait le mec ? Il lui a foutu un coup de tatane dans la gueule, après, il s’est soulé avec les bouteilles de prunelles de ses vieux et puis il a niqué sa femme qui ne demandait que ça, il l’a embarquée dans la caisse du mari en accrochant une photo de Sarkozy au rétro (ça aide quand il y a un alcootest), puis il a foutu le feu à la baraque du mec et il s’est cassé. Il a plus jamais entendu un mec le gonfler avec ses pompes en daim de quelle couleur qu’assoient (heu… il sait pas trop si on dit comme ça, mais vous comprenez l’idée).
La rédaction du magazine britannique Artreview, « assistée d »experts » aux noms gardés secrets, vient de classer les 100 personnes plus influentes de la scène artistique internationale actuelle. Parmi elles, six Français : les collectionneurs François Pinault (n°6) et bernard Arnauld (49), le diercteur du Centre Pompidou Alfred Pacquement (18), le galeriste Emmanuel Perrotin (64), le critique d’art Nicolas Bourriaud (68) et la sculptrice Louise Bourgeois (75).
…
A quand un lieu d’exposition, dans la capitale, subventionnée par l’Etat ou par la ville, et prêté aux artistes ? Pourquoi le Grand palais ou l’Espace 104, entretenus à l’aide de nos impôts, ne remplissent-ils pas cette mission ? L’essentiel des lieux parisiens (soir 575 000 m2) sont depuis 2008 aux mains de VIParis, soit Unibail-Rodamco, une foncière immobilière membre du CAC 40, ayant passé un accord avec la Chambre de Commerce et d’Industrie. Le Salon d’art actuel MACParis vient de lui louer l’Espace Champerret (500 m2 , 5 jours durant) « entièrement aménagé » pour … 205 000 euros. L’artiste souhaitant une prise électrique sur son stand devait débourser 75 euros supplémentaires, entre autres.*
« J’ai joué du clairon dans la phalange enfantine des sapeurs pompiers de Reims et de la trompette, dite d’harmonie. Je ne sais pas à quoi c’est dû, mais je faisais partie de ces gens qui pensent que ce n’est vraiment pas pour eux, les choses artistiques. Mes parents espéraient pour moi un boulot à la poste. Une bonne place et en plus, on a les vêtements, on n’use pas trop ses vêtements personnels. Plus tard, ils ont été très inquiets, ils ne comprenaient pas trop ce que je faisais, je travaillais vaguement dans des journaux où on écrivait « ta gueule ! » à la une. Ça ne pouvait pas bien être intelligent tout ça. Moi, je suis venu un peu par hasard à l’écriture, à l’inverse des gens qui écrivaient déjà des poèmes dans les marges de leurs cahiers. Le contraire des gens comme mon fils. Nous, les gens de 45 ans* d’un certain milieu, on a l’impression qu’on a tous les mêmes gosses, des gosses pas cons mais qui ne foutent rien, qui dessinent ou qui grattent un peu la guitare, qui ne savent pas ce qu’ils vont faire. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne vont pas aller à l’usine ou à la poste. C’est seulement dans les sphères artistiques qu’ils cherchent. Ils ne voient pas ce qu’ils pourraient faire d’autre que d’écrire des livres ou d’enregistrer des disques. Pour moi, c’était tout à fait le contraire. Tout ça n’était pas pour nous. »
Figurez-vous que ce bon vieux passé très passé rejaillit encore puisque Ace Records prépare une compil avec des chanteuses des années soixante. Yéyé donc. Malgré le caractère confidentiel de ma carrière discographique, j’aurai l’honneur d’en être avec ma grande création « les cheveux dans les yeux » qui raconte les mésaventures d’une jeune fille dans le vent causées par la mèche qu’on a tous eue un jour dans les yeux, au grand dam des grands-parents et des bien-pensants de tout poil. Le refrain, que j’avais longtemps porté en moi et écrit avec les tripes (comme j’aime à le formuler) disait et dit toujours (car les disques gravés restent, contrairement aux fichiers MP3)
« J’ai les cheveux dans les yeux han han dans les yeux
j’ai les cheveux dans les yeux han han dans les yeux ! »
A la réflexion, je me demande si Beigbeder ne m’aurait pas pompée avec sa pub « j’ai dit dans les yeux… ». Pour les seins, je sais que non, c’est plutôt Jane qui m’aurait piratée.
Tout ça pour vous informer qu’il existe un site des yéyé girls d’Europe qui s’appelle Ready Steady Girls, sur lequel on est toutes, au fur et à mesure de l’avancement des infos, et sur lequel on peut écouter nos complaintes. Très marrant. Suffit de cliquer here and there (c’est anglais).
* « I say yeh yeh » est une chanson de Georgie Fame (66) qui raconte son histoire d’amour avec sa baby lorsqu’ils se retrouvent chez lui à écouter des chansons, baisser la lumière et faire des choses que personne ne peut voir, si si, ils le font insiste-t-il, et lorsqu’elle lui demande si tout est OK, il répond : « je dis yeh yeh, c’est ce que je dis, je dis yeh yeh ». Ça passe moins bien en français.
La reproduction, d’Arnaud Fleurant-Didier à écouter ici le clip
Il ne m’a pas appris l’anglais,
Il ne m’a pas appris l’allemand,
Ni même le français correctement.
Elle ne m’a pas parlé des livres,
De l’histoire des idées,
Pas de politique à suivre,
Pas de mouvements de pensées.
Elle ne m’a rien montré de pratique,
Ni cuisine, ni couture,
Faire monter une mayonnaise,
Monter une SARL, tenir un intérieur.
Il ne connaissait pas grand chose en mathématiques,
Ni équation de Schrödinger.
Mais pour être honnête,
On avait veillé à que je perfectionne mon revers a deux mains,
Que je fléchisse bien sur mes jambes, mais ça n’est pas resté,
ça n’est pas rentré.
On m’a donné un modèle libérale, démocratique.
On m’a donné un certain dégout,
Disons désintérêt de la religion.
Mais il ne m’a pas dit à quoi servait le piano
Ni le cinéma français qui pourtant le faisait vivre.
Elle ne m’a pas dit comment elle s’était mariée, trompée, séparée,
Ni donné d’autre modèle à suivre.
On ne m’a pas parlé de Marx, rival de Tocqueville,
ni Weber, ennemi de Lukacs,
mais on m’a dit qu’il fallait voter.
Elle ne m’a pas caché l’existence mais a tu celle de
Rousseau, de Proust, de Mort à Crédit.
Ils n’ont fait aucun commentaire sur mai 68,
Ni commentaire sur la société du spectacle,
Mais ils savaient que Balzac était payé à la ligne
Et qu’on pouvait en tirer un certain mépris.
Ils ne connaissaient pas d’histoires de résistance ou de Gestapo
Mais quelques arnaques pour payer moins d’impôts.
Ils se souvenaient en souriant de la carte du PC de leur père
Mais peu de De Gaulle, une blague sur Pétain, rien sur Hitler.
Ils avaient connu le monde sans télévision mais n’en disaient rien.
Ils n’avaient pas voulu que je regarde « Apocalypse Now »
Mais je pouvais lire « Au cœur des Ténèbres »,
je ne l’ai pas lu. On ne m’a pas dit que c’était bien.
On ne m’a pas dit comment faire avec les filles,
Comment faire avec l’argent, comment faire avec les morts.
Il fallait trouver comment vivre avec demi-frères, demi-sœurs, demi mort, demi -compagne, maîtresses et remarié,
Alcoolique, pas français fils de gauche : tu milites, milite,
Fils de droite : hérite, profite.
On ne m’a pas donné de coups,
On m’a sans doute aimé beaucoup.
Il n’y avait pas de chose à faire
À part peut-être polytechnicien.
Il n’y avait pas de chose à ne pas faire,
À part peut-être musicien.
Elle m’a fait sentir que la drogue était trop dangereuse,
Il m’a dit que la cigarette était trop chère,
Elle m’a dit qu’une fois elle avait été amoureuse,
Elle ne m’a pas dit si ça avait été de mon père.
Elle ne m’a pas dit comment faire quand on se sent seul,
Il ne m’a pas dit qu’entre vieux amis, souvent, on s’engueule.
On s’embrouille, que tout se brouille, se complique, qu’il faudrait faire sans.
Elle ne m’a rien dit sur Freud et j’ignore Lacan
Pas de conseils ni de raisons pratiques.
Pas de sagesse de famille, pas d’histoires pour faire dormir les enfants,
Pas d’histoires pour faire rêver les grands.
Il ne soufflait mot de la Nouvelle Vague,
Et de tout ce qu’on voyait avant
Mais parlait du Louvre comme d’un truc intéressant.
On ne disait rien sur Michel Sardou
Mais on devait aimer Julien Clerc On m’a parlé d’un concert.
Sinon je ne sais rien des pauvres, Je ne sais rien des restes d’aristocrates,
Je ne sais rien des gauchistes, Je ne sais rien des nouveaux riches,
On ne parlait pas de cathos, ni de juifs, Ni d’arabes.
Il n’y avait pas de chinois.
Elle trouvait que les noirs sentaient Elle n’aimait pas les odeurs Lui, lui s’en foutait.