Journaliste, boulot de merde ?

A la question des Inrocks « Pourquoi avoir choisi d’en faire un livre et pas un feuilleton pour un magazine ? » Florence Aubenas répond :
« Je crois qu’il y a un certain nombre de sujets sociaux — les sans papiers, la précarité — qui posent problème pour les journaux. Ils veulent les traiter tout en craignant d’avoir l’air ennuyeux, sinistres pour le lecteur. Face à ce type de sujets que les journalistes proposent, j’ai vu des générations de chefs de service lever les yeux au ciel, commander cinq feuillets et les réduire à deux, voire ne pas passer le papier du tout. Si la presse jouait pleinement son rôle d’intervention, d’engagement, ces papiers passeraient. je ne me voyais pas aller en réunion de rédaction au Nouvel Obs pour dire que je voulais faire de longs articles sur les femmes de ménage ou la précarité. Traités au cinéma ou dans les livres, ces sujets prennent une autre dimension. (…) J’ai pris un an de congé sans solde, j’avais mis de l’argent de côté. Et, surtout, je ne voulais pas faire un livre « Moi, femme de ménage ». je suis très amie avec l’artiste Sophie Calle et, même si ma démarche n’est pas la même, peut-être son culot à se mettre dans certaines situations m’ont-ils contaminée. »
A lire, forcément, il y a de l’humanité dans ce livre mais ma petite librairie ne l’a pas encore reçu. Je préfère l’acheter chez les petits commerçants vu que le prix est le même* ( qu’à la FNAC où les salariés ne sont pas très bien traités, comme c’est bizarre, et qui appartient à un très riche monsieur qui cherche à la revendre donc turbulences en vue… (* grâce à la loi Lang, merci Jack) et qu’un bouquin sur les précaires, on va pas enrichir un commerce libéral en l’y achetant.
Autre anecdote de Florence : les employeurs et consorts ne risquaient pas de la reconnaître bien qu’elle usât de son vrai nom et qu’elle fût très peu grimée, pour la bonne raison que quand tu es un précaire, tu passes totalement inaperçu, personne ne te regarde et a fortiori ne te voit…

Texte © Florence Aubenas/Inrockuptibles 17 fév 10. parlant de son livre « le quai de Ouistreham ».
Photo de mon balai** © dominiquecozette
** si vous avez une bonne vue, vous verrez le logo Carrefour sur mon balai. Ce n’est pas moi qui l’ai acheté mais j’aurais pu le faire moi-même  dans ce haut lieu de l’économie ultra-libérale vu que Jack Lang n’a rien décrété sur le prix des balais, qui sont donc forcément plus chers dans les commerces de proximité. Comme quoi c’est pas parce qu’on a de belles idées qu’on est une belle personne.

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