Alors on danse

Rappeur belge, Stromae m’a séduite avec cette chanson un peu désespérée mais après tout, les poètes ne se doivent-il pas  de l’être ? Je pose la question.

Alors on danse, alors on danse
Alors on danse

Qui dit étude dit travail
Qui dit taf te dit les thunes
Qui dit argent dit dépenses
Qui dit crédit dit créance
Qui dit dette te dit huissier
Et lui dit assis dans la merde
Qui dit Amour dit les gosses
Dit toujours et dit divorce

Qui dit proches te dit deuils
Car les problèmes ne viennent pas seuls
Qui dit crise te dit monde
Dit famine et dit tiers-monde
Qui dit fatigue dit réveille
Encore sourd de la veille

Alors on sort pour oublier tous les problèmes
Alors on danse… (x9)

Et là tu te dis que c’est fini
Car pire que ça ce serait la mort
Quand tu crois enfin que tu t’en sors
Quand y en a plus et ben y en a encore
Est-ce la zik ou les problèmes, les problèmes ou bien la musique
Ça te prend les tripes
Ça te prend la  tête
Et puis tu pries pour que ça s’arrête
Mais c’est ton corps, c’est pas le ciel
Alors tu te bouches plus les oreilles
Et là tu cries encore plus fort, mais ça persiste
Alors on chante
Lalalalalala, Lalalalalala
Alors on chante
Lalalalalala, Lalalalalala

Alors on chante… (x2)
Et puis seulement quand c’est fini
Alors on danse … (x8)
Et ben y en a encore… (x5)

Pour voir et entendre Stromae, c’est ici

Miam-miam le Vieux Comptoir !

Foin des régimes, de toute façon, c’est pas maintenant que vous deviendrez la brindille que vous avez toujours rêvé d’être. Autant se régaler avec son amoureux(se) ou ses potes autour d’un plat génial et d’une bonne bouteilles (je mets un S exprès car on pense boire peu et puis et puis…).
Donc, voici un resto extra qui pète le feu. Il s’appelle le Vieux Comptoir.
J’adore ce resto ! Rue des Lavandières Sainte-Opportune, la rue de feu le Petit Opportun et à côté de la Robe et le Palais, voici un bistrot à vins tout ce qu’il y a de plus agréable. C’est Anne qui nous accueille. Anne, c’est la nana la plus joyeuse que j’aie vu dans une salle de resto ! Elle sait te faire attendre avec un verre d’une de ses trouvailles — c’est une fée de la vigne — et elle virevolte de table en tables avec l’air d’être née pour rendre les gens gais.
La carte est celle d’un bistrot de qualité avec des produits triés, goûtés et approuvés par Anne et Cyril, qui va d’excellentes charcuteries de terroir, pour attaquer, aux enivrants babas pour finir en s’enracinant avec appétit sur des plats costauds et authentiques, marins et fins, originaux et étonnants…. Comme les plats et les vins changent tout le temps, le mieux c’est d’aller voir le site ici. Pour avoir une table, réservez, c’est très souvent blindé. Il y a une petite terrasse pour les beaux jours.
Je m’aperçois que je suis une piètre critique gastro, c’est juste pour vous faire partager mon enthousiasme car ce bistrot attachant n’a nul besoin de ma pub.
Le vieux comptoir 17 rue des Lavandières Sainte Opportune Paris 1er, au Châtelet. 01 45 08 53 08

Texte et dessin © dominiquecozette

toutes les filles de mon âge…

Dernier couplet (Oui, y en a marre de commencer toujours par le premier).

Toutes les filles de mon âge en 60 ont comme moi 60 ans aujourd’hui
elles ont tout vu tout bu tout essayé elles ont fait toutes les conneries
elles se regardent en tirant sur leurs joues et elles sentent quelque part que c’est cuit
s’il y a une chose qui leur donne du regret c’est qu’elles n’ont rien qu’une vie
Oui mais moi, j’ai été tellement seule
oui mais moi, j’en ai pris plein la gueule
oui mais moi, moi…. ça va.
Oui, ça va, et toi, ça va ? Oui, moi ça va..

Cette chanson est une sorte de cover quelques 40 ans et des poussières  plus tard de l’histoire que chantait Françoise Hardy à qui on me comparait souvent.
Donc, voilà où on en est, les baby-boomeuses sexygénaires, toujours à nous vanter que tout va bien, qu’on est en pleine forme (mettre un s, ici), que la vie est belle… Non, mais franchement, ça veut dire quoi cette espèce d’optimisme à la mords-moi-le-vieux, toutes ces bonnes femmes en pantacourts, sac à dos, billets de trains en veux-tu en voilà, iphone avec photos des petits-enfants « oh ils sont trop kiffants », blogueuses à la petite semaine, créateuses d’associations diverses, chassant le vieux beau sur la route de Compostelle, laissant le botox aux petites cinquantenaires, avec le parler fort de celles qui ont assurét en Rodier, à la mine compatissante pour les pauvres jeunes qui se préparent à un drole d’avenir (et toi, patate, tu en seras où avec ton monologue pour un asticot, hein ?). Bref, vous voulez que je vous dise ? Que je vous dise franchement ? Vaut mieux entendre ça que d’etre sourde !
Et si vous ne l’etes pas, sourd(e), vous pouvez écouter ce chef d’oeuvre de l’art crypto yéyé ici sur mon mySpace. (Ouais parce qu’en plus, on a son mySpace !). En revanche, pas d’accent circonflexe, ça, c’est raide !

Texte, chanson et dessin © dominiquecozette

Ma femme m’affame

Ma femme m’affame c’est infâme
ma femme m’affame c’est infâme et j’ai faim.

Moi qui suis toujours en rut pur
je stocke mes humeurs séminales
puisqu’elle refuse en sa fêlure
que je plante la fleur du mâle.
Mon ex-amazone érogène
libidineuse repentie
devant ma rigidité vaine
fait de la sexe-anorexie.

Au refrain

Toutes mes valeurs sont à la baise
je rêve d’être lover-dosé
mais elle ferme en ses parenthèses
l’objet du désir déserté.
Dans la vallée siliconique
de sa paire de seins animés
je n’ose plus glisser mon stick
de peur de le frigidifier.

Au refrain

Irascible autant qu’érectile
j’onanise tel un veuf poignant
jouissant du spectacle infertile
de son après-ventre abstinent.
J’essaie parfois de l’ébranler
prostré à genoux et à jeun
mais son sexe clos sous scellés
ne recèle plus que le mot faim.

Texte © Sacem dominiquecozette. Dessin © dominiquecozette

Pur Godard ! Des parachutistes pour distribuer son film…

Godard, au sujet de la distribution de son film Film socialisme qu’il a mis quatre ans à réaliser  : « On s’est donné beaucoup de temps. Je pense que le film aurait dû bénéficier d’un même rapport à sa durée quant à sa distribution. J’aurais bien aimé qu’on engage un garçon et une fille, un couple qui ait envie de montrer des choses, qui soit lié un peu au cinéma, le genre de jeunes gens qu’on peut rencontrer dans des petits festivals. On leur donne une copie DVD du film puis on leur demande de suivre une formation de parachutiste. Ensuite, on pointe au hasard des lieux sur une carte de France et on les parachute dans ces endroits. Ils doivent montrer le film là où ils atterrissent. Dans un café, un hôtel… Ils se débrouillent. Ils font payer la séance 3 ou 4 euros, pas plus. Ils peuvent filmer cette aventure et vendre ça ensuite. Grâce à eux, vous enquêter sur ce que c’est de distribuer. Après seulement vous pouvez prendre des décisions, pour savoir si oui ou non on peut le projeter dans des salles normales. Mais pas avant d’avoir fait une enquête d’un ou deux ans là-dessus. Parce qu’avant, vous êtes comme moi : vous ne savez pas ce que c’est que ce film, vous ne savez pas qui peut s’y intéresser. »

Texte © Les Inrockuptibles 12 mai 2010.
Dessin © dominiquecozette (remarquez, ça m’étonnerait qu’on me le pique !)

In vino, c’est la tasse

On a bu cul sec notre vie, intubés, entubés aussi par l’intarissable nectar amer à boire.
Quand on se cuite on se quitte, c’est même pas un délit de fuite, juste une voie d’eau dans le radeau du conjugo.
Nous deux c’était du tout cuit, et puis très vite ce fut cuit. L’amour est parti doucement en titubant.
Entre nous deux l’Entre-deux-mers, aromatique adultère, ce fut le verre dans le fruit jamais cueilli.
In vino, toute la vérité, beaucoup d’amis nases, de gamma GT, et nos gamins jetés dans l’eau du vin.
On a bu jusqu’à l’hallali à notre amour qui s’est tari, fini en eau de boudin, tout ça en vain.
Boire et déboires j’assume en bloc, et dans ma cave, je stocke mes cadavres millésimés non consignés…

Quelle sale histoire de couple, franchement, c’est la débâcle. Boire cul sec leur vie et tout qui fout le camp…. Voilà. Il lui reste juste, à la dame, que ses cadavres exquis et millésimés mais malheureusement non consignés. Moi ça ne risque pas de m’arriver : je n’ai pas de cave.

Vous pouvez écouter un échantillon de cette chanson (et d’autres) ici sur mon site. C’est moi qui chante et qui l’ai écrite. Comme les autres.
On peut aussi l’écouter en entier sur mon myspace. Et puis acheter le CD pour 6 euros, c’est donné, il y a 12 titres, ça fait 0,50 le titre et 0 la pochette qui est de toute beauté et le liflet inside, de toute utilité.

Texte et photo © dominiquecozette

Ben, un autre bordel du vendredi

Comme je vous ai dit ce matin, c’était Strip Tease Intégral à Lyon, la grande rétrospective de Ben. Pas Ben Laden, mais le ben qui ne met aucune majuscule et qui n’arrête pas d’écrire des aphorismes sur les fournitures scolaires de vos enfants et les tee-shirts noirs des mecs aux cheveux poivre et sel. En vrai il s’appelle ben vautier et si vous allez voir son site ci-dessous, vous aurez une mince idée de ce qu’est cette expo : une quantité impressionnante d’écrits peints, de trucs ramassés par terre et collés sur des toiles, de photos surabondamment commentées, d’installations aussi fournies qu’une pizza US, de bidules dans des petites pièces diverses, de malles fermées à clé ou ouvertes sur des amas d’objets sans importance comme il dit, de milliers de propos sur l’art, le non-art, le tout-est-art, les critiques d’art, l’ego des artistes etc…
On en avait le tournis tellement c’était foisonnant. Et drôle bien sûr. Je me suis dit que je regarderai tout en détail dans le catalogue. Le catalogue pèse dix kilos, donc je l’achèterai à Paris, donc je vais sur son site et hou ! Un bordel ! Il l’appelle newsletter, il en ajoute chaque jour, des blagues du jour, des images du jour (ça, c’est pour les mecs), il y mille trucs à cliquer ! Ses vidéos, ses braillements, ses citations, tout, tout, tout… Ouf…Sa maison, c’est comme celle du facteur Cheval en plus colorée, en plus excentrique. Je ne sais pas ce qu’il a dans les boyaux de la tête, j’ignore comment Annie, sa tendre épouse, gère cet énorme nuage volcanique, je ne veux même pas imaginer comment c’est chez lui ! Mais au moins, il n’est pas avare de son art, de sa personne et de son exubérance. J’aime. Je comprends que ça peut fatiguer et que l’expo Turner, alors, apparaisse comme une aire de repos nécessaire.

Rétrospective de Ben : c’est au Mac de Lyon jusqu’au 11 juillet. Son site, c’est ici, c’est labyrinthique !

Sauve qui peut (la vie)

« Godard. Je l’ai vu une fois à Paris. Il n’avait pas de scenario. Il m’a montré un truc assez court sur une K7. Il m’a dit : »c’est le film. » Puis je suis allé le voir en Suisse. Il est venu me chercher à l’aéroport. Dans la voiture, c’était bien parce qu’il ne parle pas et moi non plus et le seul truc que j’aie trouvé à dire c’était : « c’est vert », parce que je trouvais sur la route que tout était vert. Il m’a dit : « C’est bien, vous avez compris le film ». Le soir même, il nous a fait faire une rédaction. Il y avait Nathalie Baye, Isabelle Huppert et moi. Racontez le film que nous allons tourner. Moi, comme j’avais dit : « c’est vert », j’en ai été dispensé. Bon sansg, mais c’est Godard. »
« Travailler avec Godard, c’est être dirigé par un très grand chef d’orchestre mais il faut être un bon musicien, parce qu’il oublie de vous donner la partition. »

Texte © Jacques Dutronc
Photo © dominiquecozette, sculpture de la ferme aux Crocodiles.

(Si demain vous n’avez pas de blog, allez vous plaindre auprès de la SNCF, merci).

L’autre docteur Freud

Vous vous trouvez grosse ? Vos cuisses vous paraissent énormes ? Votre ventre vous semble pendre sur vos gras genoux ? Vos seins vous sont comme deux planètes felliniennes ? Le tour de vos bras est monstrueusement comparable au tour de hanches de mannequines ordinaires ? Et votre tour de taille est enfoui sous le plissement hercynien de votre torse ? Et votre peau !!!  Votre peau, parlons-en ! Où est la lissitude enviable car photoshopée des moindes égéries sur papier glacé ? Quelle est cette pauvre enveloppe charnelle distendue irrégulièrement, semée de plaques rougeâtres, de vagues hématomes, de réticulations veineuses bleutées ou violacées, de parties blanchâtres ou verdâtres selon la pression sur elle exercée. Votre visage lui-même, recouvert de cette même matière, vous apparaît-il indigne de figurer  sur la carte de bibliothèque d’une modeste commune suburbaine ?
Homme, vous-même, ne vous voyez-vous pas flatulent, ventripotent, variqueux, mou du gland et des bourses, las du regard, gras de la paupière et clairsemé du cheveu ?
Alors, hommes, femmes désappointés, complexés, ankylosés, voici le remède pour vous remonter le moral : aller voir ce bon docteur Freud. Pas n’importe lequel. Le petit-fils, alias Lulu, oui, le peintre là, qui expose à Beaubourg et qui fait rien que de nous montrer de sublimes monstres de laideur. Allez-y voir, je vous jure, vous vous trouverez d’un seul coup très acceptable voire carrément baisab’. Hummmm, quelles chairs, ma chère ! Trop beau aussi les feuillages, les toitures, tout quoi ! Lifting du cerveau en même temps…

Pour voir plein de tableaux (et pas que ceux de Beaubourg)  cliquez ici.

Texte © dominiquecozette
Dessin très modestement d’après Lucian

Penser en rond

« Comment je pense quand je pense ?
Comment je pense quand je ne pense pas ?
En cet instant même, comment je pense quand je pense à comment je pense quand je pense ? »

Georges Perec. Penser/classer 76-82

« Mieux vaut ne penser à rien que de pas penser du tout,
Rien c’est déjà rien c’est déjà beaucoup
On se souvient de rien et puisqu’on oublie tout
Rien c’est bien mieux,
rien c’est bien mieux que tout. »

© Gaingain comme l’appelait BB

« Je pense que si vous pensez
que je pense à ce que vous pensez,
nous ne sommes pas très loin de nous comprendre.  »

© Julien Duvivier

« Quand je vois ce que je vois
et que j’entends ce que j’entends,
je suis bien content de penser ce que je pense.  »

© Fernand Raynaud

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