Ursinade

Ursin (collection cozette)
Ursin (collection cozette)

On dirait un pseudo.  C’est son vrai nom, Ursin, et ça pique comme ses personnages taillés dans le métal, cisaillés, suturés, épointés. Ça montre les dents, parfois de vraies dents, ça grouille de trucs, fragments d’os, grenouilles aplaties, souries desséchées, arêtes de poisson. Ursin a un prénom, Catherine, donc c’est une nana, une pisseuse d’idées,  une bricoleuse de  monstres, une metteuse en abyme, une faiseuse d’anges, une broyeuse de bidons, une bouffeuse de ferraille et une brouilleuse de pistes puisqu’elle fabrique avec autant d’insolence des carnets qui rendent l’oeil tactile. Ce qui est top, c’est qu’elle expose actuellement à Paris, à la mairie du 9ème jusqu’au 26 septembre, et à la galerie Marassatrois, dans le 12ème. Ne loupez pas ce lifting du moral en sortant du boulot, du Pôle Emploi ou du lit de votre amant. Cliquez, et vous verrez…
site Ursin
Les expos

Sculpture : Ursin
Texte © dominiquecozette

Cancelled

mythique
toute ma vie j'ai rêvé...

C’était un pauv’ gars qu’avait un papa et une maman qui étaient bien contrariants. Car son rêve n’était pas d’voir pousser l’gâzon, mais d’être une hôtesse de l’air, donc d’avoir les fesses en l’air. Ça, c’est de l’ambition ! Mais son père trouvait que c’était peu mâle comme idéal et sa mère le mettait en garde contre les ballonnements et flatulences que ne manquent pas d’occasionner les changements d’altitude et de pressurisation. Alors, ce pauv’ gars qui s’appelait pas Armand était très malheureux et avait l’habitude, après son cours de lutte, de se jeter sur son lit, d’y déverser toutes les larmes de son corps en tapant le couvre-lit de ses petits poings teigneux ! Ses parents en avaient mal au coeur mais leur réponse était définitive : non non mon fils, tu n’iras pas danser à poil dans un avion parmi les hommes d’affaires concupiscents qui vont abuser de toi. Redoublement des pleurs. Alors, ne sachant trop quoi faire, il est devenu conseiller au sein du ministère des droits de l’homme et de l’émigration sauvage, un truc comme ça.

Dessin et texte © dominiquecozette d’après une chanson de Jacques Dutronc, vraisemblablement écrite par le lubrique Lanzmann alias patron de Lui, vous voyez le genre !

L’ami de mon amy

amy
Amy par Luis

Un nouvel illustrateur a fait son entrée à Libé new formule. Il a fait un Brice Hortefeux-tête de noeuf trop fort, voyez vous-même en bas de page, à la gouache, simple mais saisissant, dans l’édition de samedi (ou de vendredi) à propos de sa bavure. Alors j’ai voulu en savoir plus sur ce fantastique talent, pas le baveur mais le dessinateur,  je suis allée sur son site  et j’y ai vu de splendides caricatures dont celle ci-contre d’Amy, l’amie qui ne lâche pas la grappe de la vigne en faisant no no no comme jadis la poupée d’un certain auteur compositeur interprète aux jolies fesses rondes, mais c’est une autre histoire. Donc notre talentueux artiste est gnol comme tous les Espagnols et il s’appelle Luiz Granena avec un petit accent – dont j’ignore le nom – sur le premier « n » de façon à ce qu’on le prononce mouillé, ceci étant une supposition, n’ayant pas eu l’heur d’apprendre cette belle langue sanguine et sensuelle, mon père préférant m’orienter sur celle de Goethe, Hesse und Schiller,  initiative avisée qui m’a juste servi à comprendre les paroles complètes de Sag Warum du beau Camillo. Ce n’était qu’une deuxième langue, heureusement. Revenons à vous, les curieux de l’artistique, voici le site de Luis qui ne porte pas son nom, il a du se remarier.

http://www.seis-cuatro.com

Dessins : Luis Granena
Texte © dominiquecozette

:-(
🙁

Madame chapelure

des centaines de castings
Des centaines de castings

Gertrude bout !  Elle a enfin  obtenu un rôle dans une pub, un 20″ réalisé par son beau-père (un ex ex ex de sa mère) ! Après avoir passé des centaines de castings depuis toute petite !  Blédina, Pampers, Evian, P’tit Ecolier, Chavroux, La Sécurité Routière, MMA, Petit Bateau, Clearasyl, la Collective de la banane, le Sida, des tas de produits laitiers, cuisinés, sucrés, congelés… Elle a tout fait. Jamais prise. Statistiquement inexplicable. Même pas en silhouette ou en sécu de second rôle. Elle est connue de tous les casteurs et casteuses. Te v’là encore ? T’a d’la constance ! Tiens, ça f’sait longtemps ! Etc, tant d’humiliation. Et puis voilà que brusquement, alors qu’elle n’avait même plus l’ombre de l’écaille de la queue d’un espoir avorté, on la retient. Puis on la prend. Puis on lui donne sa feuille de route. Puis on l’habille, on la maquille, on la coache et on la met devant la camera. Puis on la monte, enfin pas elle mais le 20″, puis on la programme, puis on la voit à la télé ! Horreur-malheur ! Il est nul !  Crache-t-elle à ceux qui l’ont vu. D’ailleurs, si elle pouvait l’interdire, ce spot. Parce que ça commence à terriblement la chauffer qu’on l’appelle Madame Chapelure ! Comment oser espérer mettre un bout d’ongle de doigt de pied french-manucuré  dans du L’Oréal quand on s’appelle madame Chapelure. Dément ! Madame Chapelure ! C’est dingue ça !

Texte et dessin © dominiquecozette

Retouche-moi

Ronde et gironde
Ronde et gironde

Thelma* a demandé au dessinateur de la retoucher car elle se trouve trop grosse. Et puis aussi de la rendre moins visible à l’image, elle n’aimerait pas s’y reconnaître, et puis aussi de ne pas inscrire son nom, des Thelma il n’y en a pas tant que ça. Le dessinateur, comme tous les dessinateurs, a au contraire un peu forcé le trait. Il adore les formes voluptueuses. D’abord, c’est plus facile à rendre, ensuite ça plaît plus. Il vend ses dessins au Grand Marché de L’Art de Guéméné lors de la fête de l’andouille, et il a constaté, bien qu’il le sût déjà,  que les femmes les plus rondes étaient les plus girondes. Celles qui se vendaient de suite sans discussion. Qui partaient sans même se retourner pour aller s’accrocher dans des salons tristouilles et verdâtres alors que lui restaient sur les bras les ingrates représentations d’hommes maigrelets et moustachus et de femmes aux fesses plates et au cheveu triste.
* Le prénom a été changé.

Texte et dessin © dominiquecozette

Se reproduire

fverte
Disparaître juste après

Femme 35 ans, cherche homme 30-54 ans physique avantageux, généreux,  sachant manier Maserati et aspirateur, préparer sushi et rôti de porc aux pruneaux, pouvant porter lourdes charges, pratiquant self defense et piano classique, très bon amant, sentimental et érudit. Cet homme n’existant pas, je cherche son contraire, un type comme on en voit tous les jours dans la rue, normal, ordinaire, capable de vite faire enfant pas trop moche et de disparaître juste après. Aucun mal ne lui sera fait, aucune poursuite ni procédure ne seront entreprises. Homme marié ou ecclésiaste bienvenu.

Texte et dessin © dominiquecozette

Citation débridée

« Un soir, en faisant ses courses, elle a interrogé l’épicier chinois pour savoir si c’était pas trop gênant d’avoir les yeux bridés « vu qu’on voit moins de choses, forcément puisque la fente est plus petite ». Le lendemain, je demandais le divorce. »

Jean-Paul Dubois (Parfois je ris tout seul).
Photo © dominiquecozette

(Vous allez me dire : elle s’est pas cassée, pourquoi pas un texte d’une ligne tant qu’on y est, elle aurait pu bosser un peu plus… Ce que vous ignorez et que je ne savais pas en initiant ce blog, c’est qu’il est beaucoup plus long de recopier un texte que de le créer directement. Il faut d’abord le trouver, puis le trouver sympa, puis regarder le texte puis ses doigts qui tapent puis on perd la ligne à copier, il faut relire avant de la retrouver, et il faut se montrer très rigoureux avec les ponctuations. Ne s’agit pas de trahir un auteur. Et puis je voulais placer mon minimarket La Madone. Il est chou, non ?) Bien à vous.
(D’ailleurs, juste au-dessus du minimarket La Madone se trouve un miniloft. Trop cute, non ? Je ne pense pas que ce soit un duplex, encore moins un triplex, si ça tombe c’est une cité dortoir avec plein de petits hamsters qui tournent toute la nuit pour alimenter les minifrigos du minimagasin de La Madone. Bon, j’ai dépassé le bas de la photo, je vous laisse).

Vendanges tardives

Tout est toujours écrit
Tout est toujours écrit

Mylène reconnaît Mikaël à la station de taxi de la porte Maillot. Il est toujours aussi bel homme. Elle l’aborde. Il s’illumine. Mais elle n’a pas de temps pour prendre un verre avec lui. Elle lui donne son numéro de portable. Leur grande histoire date d’il y a vingt ans, ils étaient fous amoureux, il était marié, le bi-bop n’existait pas. Il ne pouvait pas quitter sa femme, elle ne voulait pas de cette souffrance. Puis il est parti pour affaires à Hong-Kong. Revenu à Paris depuis la mort de sa femme, il a beaucoup fantasmé sur une reprise de leur relation sans oser faire le premier pas. Aussi rayonne-t-il face à cette perspective. Mais au cours d’un déjeuner de retrouvailles, Mylène lui parle d’un certain Francis avec qui la vie est douce. Mikaël ravale ses rêves et passe à autre chose. Six mois plus tard, ayant rompu avec Francis, Mylène appelle Mikaël pour dîner avec lui. Mais il lui apprend qu’il a quelqu’un, qu’il n’est pas libre le soir. En revanche, l’après-midi… Voilà comment Mylène se retrouve la maîtresse du même homme, sans nuit, sans week-end et sans vacances avec lui. Comme dit son psy : Toute histoire est inscrite dans son début.
Texte et dessin © dominiquecozette

Home sweet home

Pleine de bonne volonté
Pleine de bonne volonté

C’est abominable. Vivre chez ses parents à quarante ans, c’est inhumain. Ils ne veulent pas virer leurs élevages de canaris frisés de ma chambre, ils disent que j’ai qu’à trouver du travail, que eux ils ont le droit à une retraite peinarde et pas à s’occuper d’une vieille enfant pénible qu’est toujours à les emmerder quand ils veulent fumer un cigare ou qu’ils aèrent jamais. Les canaris, ça pue, ça fait un barouf dès six heures du matin, j’ai pas le droit d’ouvrir à cause qu’ils sont fragiles et maintenant faut que je les aide à trimballer les cages pour les concours. Alors j’ai ramené un chat, un p’tit chaton, pour foutre un peu le souk, et ben croyez moi ou pas, j’ai les yeux comme ça à cause de l’allergie. Y a tout qui foire mais je veux tellement travailler. J’aimerais bien présenter la météo, m’occuper d’une ONG comme Emmanuelle Béart, aider les mannequins à s’habiller, conseiller des bonnes femmes à présenter mieux. Voyez, ce genre. Si vous connaissez quelqu’un, je demande que ça.

Texte et dessin © dominiquecozette

Combien ça coûte ?

A Granpopo (Bénin)
Votre vie est la plus belle

« Mais c’est gratuit. La vie ne coûte rien, vous la gagnez à la tombola de la naissance et vous vous l’appuyez jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ne prenez pas la peine de vous casser la tête ou de vous ouvrir le ventre pour y chercher la facture ou le bon de garantie, il n’est pas question qu’on vous l’échange contre une prairie ou qu’on vous remplace un mauvais souvenir par une nuit d’amour. De toute façon, n’oubliez pas que votre vie est la plus belle, la plus merveilleuse de la planète et du temps.
– C’est la vôtre.
Et les autres ne sont que des fantasmes, pas des pulls en cachemire ou de jolis maillots de bain dont vous pourriez avoir toute une panoplie dans votre armoire pour en changer quand votre humeur s’assombrit, s’illumine, ou quand le temps bleuit, rumine, ou bruine comme le plafond sature d’humidité d’un hammam. »

texte Régis Jauffret (Libération 9-10 fév 2007)
photo © dominiquecozette

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