Caritativ’strip®

Zéro défaut

C’est comme les laissés pour compte de leur grosse boîte en faillite qui font un calendrier avec eux à poil pour attirer l’attention. Elle, c’est pour aider des gens pauvres de son quartier. Elle a organisé un caritativ’strip® en rameutant les meufs pas trop bégueules mais pas moches non plus, elle s’est fait prêter une sorte de salle des fêtes et a distribué ses flyers. L’idée, c’est de se foutre à poil et d’attendre que quelqu’un donne un billet. Alors, on montre son premier défaut plastique et on enchaîne. Sauf qu’il n’y avait que des voyeurs fauchés, des obsédés voraces, des pervers pépères, des p’tites cailleras. La sono (bien grand mot) n’a pas marché, le projo a pété, les types l’ont matée d’une façon malsaine, pour tout dire concupiscente. Les autres nanas qui attendaient leur tour se sont vite rhabillées. A la fin, quand elle est sortie en larmes de la « scène », elle s’est réveillée, il faisait gris, le bruit du balai de plastique emplissait la rue, la radio de la vieille folle hurlait derrière la cloison, son jules cuvait sur le canapé devant la télé allumée, son piercing suintait encore un peu, et son nouveau vernis de chez Deborrah l’attendait sur le lavabo. Elle a aimé cette pure ambiance

Texte et dessin © dominiquecozette

De la mode by Chi Li

« Elle portait un fuseau noir, Dieu sait qui a inventé ce genre de pantalon. A la taille, il y a une ganse élastique ; en bas des jambes est fixée une bande qui passe sous le pied. La matière est de la fibre synthétique qui, dès qu’on bouge, se couvre de poussière attirée par l’électricité statique. Même si la matière est de qualité, le style est surprenant : à quoi cela rime-t-il de faire passer une bande sous pied ? »

(Chi Li. Pour qui te prends-tu. 1995)*
photo © dominiquecozette
* Très chouette bouquin chinois, très drôle.

Oral sex

Ma langue maternelle
Ma langue maternelle

« Bonjour, docteur, voilà, je viens vous voir parce que je voudrais savoir ce que vous pourriez faire pour moi. Ma pathologie est gênante : j’ai une langue de bois. C’est pas que ça me dérange dans mon métier, vous pensez ! Je suis dans un métier de représentation, voyez, non, vous ne voyez pas ? Je suis député, enfin presque et c’est vrai que je n’ai aucun mal oralement. Le problème, c’est dans mes relations privées, voyez-vous, non, vous ne voyez pas ? Avec toutes ces femmes qui m’entourent,  auxquelles j’accorderais volontiers quelques privautés si cette fichue langue voulait se faire de velours, vous voyez, non, vous ne voyez pas ? Ah, vous ne voyez rien du tout ? Ah, vous n’êtes pas le docteur ? Ah, vous attendez l’ophtalmo ! Ah … voilà, voilà, voilà… Vous n’auriez pas une idée pour ma langue, des fois ? Parce que comme on dit : c’est ceux qui voient mal qui le font mieux… Non, on ne dit pas ça ? Aïe, je me suis mordu la langue ! Je ne vois pas que ça a de drôle. Au plaisir monsieur, et joyeux glaucome ! »

Texte et dessin © dominiquecozette

Hors sujet

Réduire son empreinte ?

Edmond n’a pas d’enfant. Du moins d’enfant avec lequel être attentionné. Les dernières nouvelles de son fils Pablo date d’une dizaine de mois et concernent son incarcération à vie pour viols et tortures multiples sur diverses « espèces vivantes ». Donc Edmond n’a aucune raison de se soucier de l’avenir de la planète. mettez-vous à sa place : son futur concerne à tout casser les 40 prochaines années, qu’est-ce qu’il va se faire chier à réduire la durée de ses douches, se priver de sa grosse vieille Américaine super toxique, éteindre au lieu de laisser sur veille, acheter les produits verts qui de toute façon sont moches, chers et moyennement verts à fabriquer ou à éliminer, trier ses saletés, renoncer à voyager loin ! Non, bien sûr, il va pas se faire chier, mais ce qui le fait chier, c’est que sa bad attitude ne fait pratiquement pas de différence avec ceux qui bossent à réduire leur empreinte. C’est pas qu’il est parano mais il y a de quoi se demander qui c’est qui se fout de la gueule du monde, merde quoi. Et le voilà qui se rebelle, qui devient grossier et hors sujet.  Par exemple, aujourd’hui, en pleine pandémie, il a glavioté. Demain, il pissera sans soulever la lunette, après-demain il laissera tourner le moteur en allant chercher son pressing. Edmond est un gros et sale con mais nous, on s’en fout car il habite Lima, Equateur, là où tout pourrit.

Dessin et texte © dominiquecozette

Motivée !

Mes sentiments les plus nets
Mes sentiments les plus nets

Messieurs-dames,
j’ai le grand honneur de vous proposer ma candidature au poste de technicienne de surface privée. Etre embauchée chez vous répond à deux critères prépondérants : premièrement le confort d’un emploi très spécialisé qui requiert une expérience forgée sur dix ans, deuxièmement, le trajet lieu de vie-lieu de travail sans correspondance, ce qui, comme vous ne l’ignorez pas, garde intacte l’énergie que je déploierai à vous servir. Travailler dans votre unité offre une vision attrayante et moderne de ma profession, n’ayant pas eu jusqu’à ce jour, l’occasion de côtoyer l’intimité des politiques. Ma motivation première est de faciliter la vie de personnalités qui, comme vous, ont de la France une très haute idée. Je suis emballée par vos penchants sécuritaires, ce qui tend à prouver que je serai d’une honnêteté maladive. J’ai, bien entendu, quelques desiderata afin de mener à bien mes tâches : je ne fais pas la poussière à laquelle je suis allergique mais j’ai un mastère de brillance P.I.C.E.L (porcelaine, inox, cuivre, évier, lavabo) et j’ai obtenu le Golden Iron (Fer d’Or) en 2006 à Juvisy.
Vous remerciant de la confiance que vous voudrez bien m’accorder, je vous prie de croire, Messieurs-dames, à l’expression de mes sentiments les plus nets. Isadora Duteil.
PS : Etant d’une discrétion totale, je sais recevoir les représentants de la presse pipole comme il se doit, c’est à dire, si vous me permettez, à grands coups de pieds au cul. Néanmoins, je peux laisser filtrer toute information que vous jugerez utile : en ce cas, voyez mon agent.
Texte et dessin © dominiquecozette

Idée de roman.

Vaine écrivaine
Vaine écrivaine

Amandine est écrivaine. Plus vaine qu’écri car elle a beau avoir une plume, comme on dit, elle est incapable de mener une histoire à sa fin. Dès le matin, pourtant, dès que son amant est parti voir les putes (c’est son business, mais de luxe), elle s’installe à une des tables de travail dans l’hôtel particulier qu’il possède aux Invalides. Elle passe déjà beaucoup de temps à choisir sa tenue d’intérieur, elle en possède des centaines. Puis elle doit briefer la cuisinière pour le dîner du soir selon que son mac reçoit des collègues, de la flicaille, des « Bovo » ou des tarifs 250. Il est déjà l’heure de prendre son thé chez Angelina où elle rencontre ses vieilles « grues » de copines puis de faire un tour chez Smith. Enfin, vers les 19 heures, elle ferme son ordi  non sans avoir jeté une idée de roman qu’elle aura eue en traversant la Seine. Idée du jour : Une nuit, LA bombe explose. Plus rien. Plus tard, Dieu nous cherche, ne nous trouve pas et demande à la ronde : Qui m’a piqué mon monde ? Ouais, bof
Texte et dessin © dominiquecozette.

Islandaise 13 en colère

Allez Louilla !
Allez Louilla !

…Comment a t-on pu à ce point négliger la nature pour se laisser embobiner par la Bible ou le Coran ? Comment a t-on pu accepter docilement ce calendrier ridicule de douze mois, avec des mois dont on ne sait même pas s’ils ont 28, 29, 30 ou 31 jours ? Le corps, lui, sait qu’il y a treize mois : les femmes saignent 13 fois par an, il y a treize pleines lunes. Mais le christianisme ne tolère pas le 13. ..en supprimant ce nombre, il s’est imaginé plus fort que la nature. Les gratte-ciel à New York n’ont pas de treizième étage : ça en dit long sur l’influence de la religion sur ce pays !

©Björk dans les Inrocks du 27/3/07
Photo © dominiquecozette

Au programme philo

Une femme très heureuse
Une femme très heureuse

« J’ai souvent envié les femmes parce qu’elles font du tricot ou de la broderie. Leurs yeux suivent quelque chose de réel : cela fait que les images du passé et de l’avenir n’apparaissent vivement que par éclairs ».

©Alain *. Propos sur le bonheur
photo © dominiquecozette

* Il ne s’agit ni d’Alain Bashung,  Chamfort, Juppé, Resnais, Manoukian, Souchon, Delon, Gillot-Pétré, Jêrome, Peyrefitte, Tanner, Robe-Grillet, Jacquet, Minc, Prost, Krivine, Afflelou, Mikli, Corneau, Ducasse, Ayache, Fournier ou Finkielkraut. Ni d’un copain comme cochon ni de mon premier flirt qui s’appelait  Jean-Pierre mais se faisait appeler Didi. Il s’agit d’Emile-Auguste Chartier (1868 1951) dit Alain (pourquoi pas Mimile ou Gugusse ?) qui avait une bien belle idée du fonctionnement du cerveau féminin. En même temps, il ne savait pas tricoter.

L’artiste du post-it

aujourd'hui, le nez
aujourd'hui, le nez

Pietro est un post-it artist. Posture artistique s’il en est mais rien ne viendra altérer sa soif d’unité de format et de support, le vilain petit post-it jaune, par ailleurs bien pratique pour penser bête. Pietro a commencé en gribouillant des fantômes pointus tandis que des clients calamiteux lui donnaient des cotes de tubes, des dimensions de tuyaux et des diamètres de conduits. Quand il a été débarqué pour fautes professionnelles graves (au plus que pluriel), il nous a dit « m’en fous, mon art m’attend ». Sans jeu de mot. Nous lui avons offert des palettes de carnets de post-it jaunes volées aux fournitures. Le mois suivant, il fit son vernissage. Les murs de son appart était entièrement tapissés de son travail intitulé gribouill’it. A dix euros l’exemplaire, il en vendit quatre. Ce qui l’encouragea. Il demanda à post-it de parrainer sa prochaine exhibition. Le scélérat qu’il eut en ligne le lui promit à condition qu’il fasse des « femmes à poil car y a qu’ça qui s’ vend ». Depuis Pietro dessine la femme qu’il aime, petit bout par petit bout, espérant finir l’ensemble avant que chaque post-it ne se dessèche.

texte et dessin : dominiquecozette

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