Vieilles, d'accord, mais quelles canailles !

Ce titre du Point, alarmiste comme tous les titres du Point, mérite un bon crochet dans la gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Bah rien, Jojo. Ta gueule est chargée certes, elle a vécu plus de mille vies, et aujourd’hui, enfin hier soir aux Arènes de Nîmes, blindées, elle a encore montré à toutes ces vieilles lunes que ta gueule n’a rien n’a craindre des autres. Quelle présence, quelle voix, quelle bonne humeur, quelle énergie, quel talent !
Oui, ce fut un spectacle époustouflant. Parce que le grand petit Charles était là ? Et Laetitia et les pitchounes comme ils disent ici ? Tu t’es défoncé, mec, et je ne devais pas être la seule à me dire : arrête un peu, laisse les deux autres relayer, tu vas claquer… Les deux autres faisaient ce qu’ils pouvaient pour être à ta hauteur. Schmoll toujours sobre et vaillant, schmollant as usual, mais interprétant quelques chansons pas connues, puis Jacquot, poussant la chansonnette avec ce demi sourire l’air de dire : je n’en pense pas moins, brindille un peu branlante entre les deux maousses du rock français. Bref, Jojo, tu nous l’a encore fait : moi vivant, je ne serai jamais mort. Alors la voix, dès la première note, brillante et vibrante comme la vingtaine de cuivre derrière vous, galvanisant les fans des premiers jours, du Pénitencier à Gabrielle pour finir sur Toute la musique que j’aime. J’ai pas honte de dire que j’étais poignée comme tous, parce que c’était poignant. 74 ans ce mois-ci, le plus jeune des trois, en chimio, cancer et bidule, on n’y croit pas, c’est du fake news, même si ou t’a vu en promo à la télé, amorti comme tes compagnons. On craignait la mollesse, la décrépitude, le pathétique. Et on avait tort. Le petit Charles, 93 ans, ton presque papa, cheveux tout blancs, il fallait envoyer face à lui. Tu as envoyé grave. Pulvérisé les doutes. Ça a commencé par Les cactus, par toi, ouais, trop fort.
Le public était plus pimpant que d’habitude où sévissent les gros relous à pattes, tattoos, santiags et cuirs. Des sexygénaires en robiches, des septuas bien coiffés, j’ai repéré seulement deux sosies un peu tapés de Jojo et un de Schmoll façon P. Sébastien, c’est vous dire. Et à côté de nous, sur les gradins du vomitoire (premier rang, super places payées un bras de tourne-disque), un couple hyper mignon de quadras dont les parents, quelques rangs derrière, étaient aussi des fans de toujours. Ces jeunes qui connaissaient tout de nos années yéyé, vénéraient Presley, Sinatra et donc Johnny, sont allés au bar et nous ont rapporté une coupe de champ parce qu’ils nous trouvaient sympas. De rêve, quoi, tout ça.

J’avais décidé de faire mes adieux à Johnny au Parc des Prince pour ses 50 ans, c’était torride. Cette fois je ne pense pas le revoir de sitôt, pas parce qu’il aura préféré rejoindre Gene V et sa clique, mais parce que moi, je vise ses 100 ans, sinon rien, je vais donc garder une belle image de celui qui faisait battre mon cœur de 13 ans avec Laisse les filles, ses hoquets, son déhanché, sa chemise en dentelle et cette phrase un peu choquante : lorsque ma mère s’est radinée… Clip à voir ici (après une pub Meilleurtaux au casting calamiteux).

Texte © dominique cozette

Dutronc au bureau

« Comment se passaient mes journées chez Vogue ? Eh bien je me levais vers 11 heures, 10 quand j’étais en forme, je prenais ma douche puis j’allais au bureau. Je pointais ma carte dans la machine, puis je téléphonais à Londres, à New-York, à Tananarive, à Papeete, à Marnes-la-Coquette pour des contrats importants.  Ensuite je prenais ma Rolls pour aller acheter un sandwich et je revenais. Je repointais, je retéléphonais, je signais des feuilles de droits d’auteur, je faisais des courbes et des graphiques pour savoir si les disques de Jules Stroumzigloff se vendaient bien, ensuite je mangeais un chocolat fourré et j’attendais six heures. A six heures, je repointais et me tirais. Le samedi, je ne venais que le matin, mais je prenais deux chocolats fourrés avant de partir. »
 » Un jour, un type m’a dit :
– Vous avez une longue carrière devant vous !
J’ai enlevé mes lunettes et j’ai répondu :
– Où ça ? »

Texte © Jacques Dutronc,  Pensées et répliques.
Dessin © dominiquecozette

Cancelled

mythique
toute ma vie j'ai rêvé...

C’était un pauv’ gars qu’avait un papa et une maman qui étaient bien contrariants. Car son rêve n’était pas d’voir pousser l’gâzon, mais d’être une hôtesse de l’air, donc d’avoir les fesses en l’air. Ça, c’est de l’ambition ! Mais son père trouvait que c’était peu mâle comme idéal et sa mère le mettait en garde contre les ballonnements et flatulences que ne manquent pas d’occasionner les changements d’altitude et de pressurisation. Alors, ce pauv’ gars qui s’appelait pas Armand était très malheureux et avait l’habitude, après son cours de lutte, de se jeter sur son lit, d’y déverser toutes les larmes de son corps en tapant le couvre-lit de ses petits poings teigneux ! Ses parents en avaient mal au coeur mais leur réponse était définitive : non non mon fils, tu n’iras pas danser à poil dans un avion parmi les hommes d’affaires concupiscents qui vont abuser de toi. Redoublement des pleurs. Alors, ne sachant trop quoi faire, il est devenu conseiller au sein du ministère des droits de l’homme et de l’émigration sauvage, un truc comme ça.

Dessin et texte © dominiquecozette d’après une chanson de Jacques Dutronc, vraisemblablement écrite par le lubrique Lanzmann alias patron de Lui, vous voyez le genre !

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