Thelma* a demandé au dessinateur de la retoucher car elle se trouve trop grosse. Et puis aussi de la rendre moins visible à l’image, elle n’aimerait pas s’y reconnaître, et puis aussi de ne pas inscrire son nom, des Thelma il n’y en a pas tant que ça. Le dessinateur, comme tous les dessinateurs, a au contraire un peu forcé le trait. Il adore les formes voluptueuses. D’abord, c’est plus facile à rendre, ensuite ça plaît plus. Il vend ses dessins au Grand Marché de L’Art de Guéméné lors de la fête de l’andouille, et il a constaté, bien qu’il le sût déjà, que les femmes les plus rondes étaient les plus girondes. Celles qui se vendaient de suite sans discussion. Qui partaient sans même se retourner pour aller s’accrocher dans des salons tristouilles et verdâtres alors que lui restaient sur les bras les ingrates représentations d’hommes maigrelets et moustachus et de femmes aux fesses plates et au cheveu triste.
* Le prénom a été changé.
Texte et dessin © dominiquecozette