Le prénom a été changé

Angélique* est née dans une famille nantie et joyeuse, sa mère ayant préféré la concevoir avec un beau musicien brésilien qu’avec son mari qui n’en tire aucune amertume. Enfance dorée, adolescence dorée, jeunesse dorée. Amants multiples, beaux et célèbres, carrière éblouissante dans le milieu du luxe et du show business. Un enfant superbe d’un homme époustouflant de beauté et d’intelligence. Lorsqu’elle regarde autour d’elle, Angélique ne voit que de merveilleux nuages.  Elle est la plus glamour de toutes les glamours, elle a de merveilleux amis dans le monde des arts, des lettres, de la politique, des avionneurs, de la gastronomie, de la médecine, des affaires, de la presse, de la joaillerie, de la banque, de la haute-couture, de l’architecture, des médias, des finances etc,  et ses parents font de leur retraite une oeuvre d’art. Son mari, le petit Président d’une république bananière  semble désormais amoureux d’elle et elle-même s’est habituée à son physique ingrat et à ses manières rustaudes. En somme, elle n’a qu’à claquer des doigts pour que tous ses souhaits se réalisent. Alors, pourquoi son psy depuis dix ans ne lui dit-il pas que la cure est finie ? Pourquoi ne se résout-elle pas à lui dire : ayé, t’auras plus ma thune ? Pourquoi a -t- elle si peur d’avoir peur alors qu’elle est avec le mec qui peut tout  ? Hein ? Y a forcément un bât qui blesse dans cette affaire ! C’est là que ses amies (qui ne valent pas un pet de nonne) se rengorgent  : Ha, tu vois, elle aussi ! se disent-elles pour se consoler de la relative médiocrité de leur vie de femmes de député, d’affairiste, de trader, de bassiste, de chirurgien plastoc et de réalisateur. ATTENTION ! FIN ABRUPTE ! Quand elles ne sont pas tout simplement plaquées par les susdits.
* Le prénom a été changé.

Texte et dessin © dominiquecozette

Poupée Barbue

Cher monsieur Mattel,

vous me reconnaissez ? Je suis Barbie-la-coupe-au-carré-et-les-cheveux-blond. Alias Barbie n° 24 367. Mais comme vous le voyez, j’ai du poil au menton et une toison pectorale qui frise l’espagnolade. Je m’adresse à vous parce que je me souviens très bien que vous vous êtes amusé à faire des expériences sur nous, Ken et moi, en nous injectant des hormones de l’autre sexe. Ken s’en est bien tiré puisque malgré son manque de couilles, il a réussi à faire carrière auprès des petites filles qui aiment bien les hommes lisses et plats de l’entrejambe. Mais pour moi, c’est une autre paire de manches : avec mes joues qui piquent et mon paillasson pectoral, je passe pour une perverse auprès des mamans et des grands-mères et de ce fait, je reste seule en rayon à me faire chier la b… (oui, oui) et franchement le temps me paraît bien long. Ne pourrais-je pas espérer tomber dans une petite famille tranquille du Texas pour vivre ma vie normale de Barbie avec des bras en moins, des cheveux arrachés et plein de stylo feutre sur la gueule ?  Alors monsieur Mattel, sauvez-moi, remettez-moi ma dose d’oestrogène et je serai la plus heureuse des poupées Barbues. Heu, Barbie.
Cordialement.

Texte et photo velue © dominiquecozette

Delerm est-il un écrivain ?

Street art dans le Tricastin.

« Delerm a-t-il quelque chose à écrire ? Non, sans aucun doute, Delerm n’a pas de sujet, pas d’histoire, pas de personnages à dépeindre et se contente donc de photographier le quotidien avec un Instamatic et une bonne foi qu’on pense sincère.  C’est court, ça ne mérite pas le bûcher, mais ça ne fait pas un livre, encore moins un écrivain…  Si on dit que ça ne vaut rien, on passe pour un intello chiant qui préfère se « prendre la tête » que de goûter aux choses simples. Mais faire 60 lignes sur le bruit du frigidaire, c’est ça se « prendre la tête. Depuis qu’il a écoulé ses hectolitres de gorgée(s) de bière, Delerm a choisi de se spécialiser dans le compactage de clichés, de banalités prétendument touchantes. Or, il n’ y a a pas plus de poésie ou d’humanité dans ses pages que dans une liste de course. Le genre de manuscrit que toute maison d’édition d’édition digne de ce nom refuserait. Mais Delerm, c’est Delerm, une sorte de marque déposée du zéro absolu, du vide, du rien. »
Lilian Massoulier (sur « Enregistrements pirates » de Delerm  in Libération du 15/01/04*)
Photo © dominiquecozette

* Pourquoi éditer ce vieux machin ? Parce que je l’avais gardé au cas où, et le cas où, c’est maintenant. Et puis Delerm, en fait, père ou fils, je m’en bats l’anse, c’est juste pour publier cette photo réalisée sur un mur de Saint Paul Trois Châteaux. Chirac aurait aussi bien fait la farce.

alloalloalloalloalloalloallo….

hh

Allo ? Tu m’entends, là, je t’entends très mal, non, je me suis arrêté, ça y est ? Tu me captes ? Merde, ça se barre, je crois qu’il n’y a pas de réseau ici. Quoi ? Oui, super, enfin, moyen, que des cons, on se demande pourquoi ils viennent à ces colloques, hein ? je disais on se demande pourquoi ils s’inscrivent, ils passent leur temps à envoyer des SMS, quoi ? T’entends plus ? Attends, je bouge. Et là ? Oui, et dès que les portes s’ouvrent, ils se ruent sur leur mobile, quoi comme moi ? Non, t’es gonflée quand même, je ne t’entends plus, allo, allo ? Merde, ça a coupé ! Quelle conne, non mais elle attige ! Hé, t’as du réseau, toi ? t’es quoi ? Quoi quoi, comme opérateur … Bouygues, Orange ? Ah excuse, ça sonne ! Allo ! Oui ! Tu vois, j’aurais du prendre Orange ou SFR, Bouygues c’est nase, ça passe nulle part, non, je dis Bouygues c’est nase ! Allo ! Allo ? Coupé ! Mais que fait Sarkozy, merde, il est président, non ?

Texte © dominiquecozette
peinture © dominiquecozette pour le Salon Comparaisons, au Grand Palais, du 4 au 9 novembre. Allo ?

Sale péripatéticienne !

Allumeuse !
Maillasse !

Un jour, il rentre du travail plus tôt et il voit sa fiancée s’adonner à des privautés avec un autre garçon. Son sang ne fait qu’un tour, il la renie. Il trouve que vraiment, ça ne se fait pas, le sexe oral avec un autre homme que celui avec qui on est, d’ailleurs il lui souhaite plein de choses moches et violentes, il a envie de lui faire des trucs qu’on ne peut pas rapporter dans un blog, lui il est fidèle, il l’aime, il ne mérite pas cela, alors comme il souffre,  il la traite de tous les noms et notamment de sale péripatéticienne. Et puis il énumère par le menu les dégâts qu’il ferait à son corps, ce n’est pas très gentil et ça fait mal d’entendre ça,  en même temps, c’est pas très futé de faire ça (je parle du sexe oral) dans l’entrée, au su et au vu de tout le monde, elle l’aurait cherché que ça aurait pas été pire. Tout le monde a dit pis que pendre de cette chanson, moi je ne sais pas trop quoi penser de tout ça et d’ailleurs personne ne me le demande. Si vous me le demandez, je dirai : Puisque vous me demandez ce que je pense de cette chanson, je vais vous dire : j’en pense que pouic ! Orelsan, il aurait dit : je m’en bats les choses. Et la jeune fille, elle aurait dit en tapant sur sa fesse (comme sur le dessin) « maillasse ».  Et je ne serais pas plus avancée !

Texte © dominiquecozette d’après la chanson Sale Pu** (sic) d’Orelsan
Dessin © dominiquecozette

mer 6 pr T mess

oooooOOOOOOUUUUIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!

Arèt 2 me tél qd j nik, c vrai koa, P nib a la fin, on pe pa niké trankil, C naz ! ta vu coment kil é bo mon mec, J l’M trp, C dla bal, il bez com 1 dieu, c ouf, jle kif grav.
6 tu ve, on se voi  D ke possib, 10 manch, pr prendr 1 ver ou alé O 6né… aten o o o ooooooo  OOOOOO OOOOOOO !!!!!!!!!!!!!!, G joui comm une trui, C g nial ! Bon, j te less, 6 non il va X plosé mon ifone, il M pa ke J fas 2 choz a la foa. Slt é a +. Lèt.

Ça ié, il é parti, il a une meuf jalouz 2 ché jalouz, kelconn ! taka 10 né ché oim ce soir, G D ravioli é D piza conjlé, avec 2 la vod K, et dla be. On smé 1 DVD é a minui, on sor, on se trouv 2 bomec, G encor envi 2 B zé, ce mec ma rendu chodass. 6 non, on sfou o pieu toutlé 2, ya pa ke lé mec, non plu. Ten 10 koa ? Biz . Lèt.

OK, OK !  alor rdv 2main à la picine, fo ke J naj, jen é mar 2-7 vi 2 patach. On se remé o spor, dac ? Pr etre bel 7 é T, pr dragué lé + bomec. A 2 min, Lét.

G oublié 2 T dir : amN D Kpot, D foa ke, a la picine. On C jamé. Rebiz. Ta Lèt.

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette pour le Salon Comparaisons, au Grand Palais (mé voui !), du 4 au 9 novembre 09.

Prenez donc un siège !

Bienvenue au club !
Bienvenue au club !

Si vous aimez les fauteuils, les fauteuils, les fauteuils, vous aimerez  le site de ce peintre, Joël Gangloff car il ne peint (joliment) que ça. Enfin, que ça… il y a aussi des échelles, des tréteaux, des seaux, des pots. Des traces de l’homme, comme il dit dans son site. Moi, je ne sais pas pourquoi j’aime sa peinture, mais je l’adore ! Je l’ai vue deux fois, lors de deux marchés de l’art à la Bastille, et je suis tombée en arrête (je laisse la faute, tant pis, je trouve ça mignon) devant ses toiles. Richesse de la matière, fondu des couleurs, simplicité du sujet, unité d’action… Oh lala, que je suis une piètre critique ! Mais si vous prenez le temps de vous asseoir cinq minutes et de regarder ses oeuvres, hé ben heu, hé ben je suis sûre que vous aimerez. Et si vous n’aimez pas, je vous parlerai une autre fois de gens qui photographient des poissons, qui tordent du fil de fer ou qui cuisent de la terre. Enfin, on verra…

Texte (médiocre) © dominiquecozette
Photo tirée du site de Joël Gangloff

m’aigrir

L'ombre de moi-même

Donc je rentre en salle d’op, on me dit à demain, vous verrez, vous ne vous reconnaîtrez pas. Et c’est incroyable, je ne me suis pas reconnue. On m’a enlevé 50 kg de graisse, et vous savez comme la graisse, c’est léger ! 50 kg, ça en fait de la graisse ! Ils font ça en 3 heures dans la machine à dégraisser, on te pique partout comme un gigot, on te cuit au micro-ondes, ce genre, et toute la graisse fondue sort des petits trous. Après, on te met dans la machine à retendre, c’est un truc très froid qui tend les tissus puis grâce à un procédé secret, ça reste tendu quand on te remet à 37°. Et puis faut que tout le zinzin interne se remette en route car ils avaient dérivé le circuit. Et voilà. Seulement, un hic : personne ne m’a reconnue. De retour au boulot, on m’a regardée comme un merlan frit quand j’ai repris mon poste, mes potes n’arrivaient plus à se concentrer sur moi, les autres personnes, comme le cafetier, la boulangère etc ont fait comme avec un étranger. Il a fallu que je me retende mon tissu social et ce n’est pas facile. Et surtout, j’en ai beaucoup entendu sur moi-même. Comme j’ai la même voix que moi, les gens me parlaient de moi mais fallait voir comment : la grosse truie, la baleine, la pôtate etc tout en m’assurant que je ressemblais, mais en tellement mieux, à cette personne. Sale histoire quand même et si c’était à refaire,  j’arrêterais de me gaver de ces saloperies que nous vantent la pub, avec laquelle je gagne ma thune d’ailleurs, entre parenthèse, il n’y a pas de quoi se vanter. (J’aime pas trop la chute de l’histoire, vous conviendrez que ça n’apporte rien au récit). (J’aurais du tourner ça de façon plus philosophique). (Je me demande si c’est pas un peu convenu, tout ça)… (je mets des points de suspicion pour insinuer que tout peut arriver) … (Et rebelote)

Texte  et dessin © dominiquecozette

Etre ou disparaître…

Survivants de la tribu Akuntsu, Brésil
Survivants de la tribu Akuntsu, Brésil

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’un trio issu de la tribu Akuntsu d’Amazonie brésilienne, mais bien de Gina Lollobrigida la bien nommée, Françoise Arnould et Bernadette Lafont en vacances en Casamance où elles ont appris à entrer dans le réseau FB, drivées par Casimir, GO web du club. Problème : leur recherche de nouveaux amis est souvent vaine puisque les personnes qu’elles ciblent, de leur génération,  ne pratiquent pas le net. Quant aux plus jeunes par elles clickées, elles n’ont pas encore répondu. Elles en sont là, avec leurs six amis, elles-mêmes donc, plus Casimir, sa femme Kadiatou qui tresse les petites nattes mais n’a pas d’ordi et Matty qui donne les cours de Shiatsu, le matin, au bord de l’Atlantique.

Blague à part, ce petit 20×20 part d’une photo parue dans Courrier International n°977, où une aide est demandée en faveur des derniers Indiens de la tribu Akuntsu menacés de disparition. Voir le site Survival
Ce petit format et dix autres seront à l’expo 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre, pour venir en aide aux enfants hospitalisés.

Texte et peinture © dominiquecozette.
L’auteur de la photo originale n’est pas mentionné sur le communiqué.


On dirait le sud

Ce n'est pas du Uncle Ben's

C’est un endroit qui ne ressemble ni à la Louisiane ni à l’ l’Italie mais ça pourrait être joli, c’est le Sud, le temps dure longtemps et la vie pas vraiment, quelques petites années, et toujours en été.
Il y a plein d’enfants qui se meurent sur le sable, il n’y a pas de chiens ni de chats, il manque de tout, pas d’eau, rien à manger.
Un jour ou l’autre il faudra qu’il n’y ait  plus la guerre mais on ne sait pas quoi faire pour l’empêcher, c’est le destin.  Si ça arrive, tant mieux pour le Sud, ce serait vraiment  bien, on pourra alors vivre plus d’un million d’années, et toujours en été.

Toujours en été, Nino, auteur de la chanson originale,  s’est tiré une balle de fusil dans un champ de blé, il ne se remettait pas de la mort de sa mère. Nino, je l’ai un peu connu dans son époque flamboyante, dandy, Bentley et Jaguar, pourquoi n’avoir pas gardé Ferrari comme nom, verres de Murano, cigares commak, masseur pour ses deux femmes, mais ça, c’était aussi à l’époque où je portais un ensemble tunique-pantalon en soie indienne couleur émeraude.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que personne ne pourra le raconter à ma place. C’est fort comme justification, non ?

Texte © dominiquecozette, inspiré par Nino Ferrer
Peinture © dominiquecozette pour l’expo 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre.

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter