Quand on veule, on pleutre…

Je ne voudrais pas être pessismiste, mais pour moi, tout est crade, tout est moche, tout est vil, tout est triste, tout est faux, tout est nul, tout est nase, tout est bidon… Moi qui suis un honnête homme, je suis effaré par la noirceur de l’âme humaine ! La mienne, déjà. Si vous connaissiez mes fantasmes, vous iriez chez l’armurier d’un coup. Et pourtant, j’ai été élevé par les Jésuites, avec les voleurs de la République — je veux dire les valeurs — mon père votait à droite (bien qu’il portât à gauche) et ma mère s’exprimait à gauche bien que très adroite. Comme dans tous les couples des mid-fifties, au fond.
Mon père était un mauvais père mais un bon maire et ma mère était la belle-soeur de Mamère qui, ne nous le cachons pas, a célébré le premier mariage gay qui s’est terminé, des années plus tard, par des entourloupettes et des impostures pas très catholiques.
Ma soeur est kiné car elle a raté médecine mais qui n’est pas kiné de nos jours après avoir loupé l’enseignement hippocratique ?
Je suis marié et malheureux car ma femme m’affame, souhaitant me voir perdre quelques précieux kilos gagnés à la sueur de ma panse du temps où j’étais critique gastro. Métier perdu depuis que je suis devenu agueusique et anosmique suite à la piqûre malveillante d’un chikungunya quand nous partîmes à la Réunion fêter nos noces de porcelaine.
Pour l’heure, je m’entraîne à me suicider car je sais que la première fois n’est pas toujours la bonne. A dire vrai, je me fais juste plaisir en imaginant leur gueule à tous quand ils verront ma cervelle encore débordante d’idées dégouliner le long des golfes clairs de ma tonsure naissante. Et comme je suis d’une lâcheté impressionnante, je vais ranger mon engin de mort dans sa boîboîte Gastine Rénette (du vrai Rohmer !) et acheter des marshmallows light.

Ce tableau est à l’Aiguillage, la galerie des Frigos, jusqu’au 12 juin. Plus de détails ici.

Peinture et texte © dominiquecozette

LA RETRAITE, J’AI MA PETITE IDÉE…

Comme tout le monde, Flora a son avis sur les retraites. Elle dit : c’est pas compliqué, y a qu’à réfléchir ! Et Flora réfléchit constamment, c’est sa posture préférée. Je suis la penseuse de radin,dit-elle. Radin parce qu’elle pense pour deux balles, en tout cas, c’est ce que lui reproche le mec avec qui elle ne vit pas. Encore une pensée à deux balles. Chaque fois qu’elle ouvre la bouche, toc, deux balles qui foutent le camp.
Pour en revenir aux retraites, elle a une exxxxxcellente idée, Flora. Elle dit : il y a deux sortes de travailleurs, les riches et les pauvres. Les riches, il n’ont qu’à prendre leur retraite à 70 ans !
– Pourquoi ça, Flora ?
– Parce que s’ils sont riches et qu’ils travaillent, c’est qu’ils aiment travailler. Ou alors, s’ils sont riches, c’est parce qu’ils se sont enrichis en travaillant. C’est que du positif. Donc ils peuvent continuer puisque ça les rend riches ou heureux. Parmi ces gens, il y a aussi tout ceux qui passent à la télé et qui se vantent de « ne pas travailler » tellement c’est sympa leur jobs. Les acteurs, les druckers, les présentateurs, les écrivains, y en a plein. C’est tous des people. Et puis aussi ceux qui font des boulots « chouettes », dans les medias, les nouvelles technologies, la com. Tous, ils seront en pleine forme jusqu’à 70 balais minimum dans leurs boulots qu’ils kiffent. Minimum !
– Et les pauvres travailleurs, Flora ?
– C’est ceux qui se font chier dans un boulot de merde où ils lorgnent la pendule car chaque minute est un supplice. Des métiers où ça pue, où t’as trop chaud, trop froid, trop mal, où on te gueule dessus, où tu dois pointer, où tu pourras jamais même pas en rêve t’acheter une jolie maison, où personne t’envie, tu vois, ce genre de sale truc que ton gosse à honte de dire aux autres… Ceux-là, on touche pas à leur retraite. De toute façon, ils crèvent plus tôt que les autres, c’est statistique…
– Bon, et la classe moyenne, dans tout ça, elle fait quoi ?
– J’sais pas encore, faut que je continue à réfléchir. C’est le seul truc qui m’empoisonne dans mon raisonnement. Sinon, ça se tient, non ? Vous ne trouvez pas ?

Texte et dessin © dominiquecozette

Ce dessin, comme beaucoup d’autres, sera avec mes peintures à l’Aiguillage,aux Frigos, pour les Portes Ouvertes, le WE prochain. Savoir plus.

Bad golden parachutes

Dans cette logique de l’ultra-libéralisme, les golden parachutes sont dorénavant fabriqués en Corée. Dit-on. Ils n’y sont qu’assemblés. Auparavant, ils ont été copiés, coupés, tissés, traités dans divers pays du sud, par des enfants, des cochons, des singes, tout ce qu’on veut du moment que ça coûte le moins cher possible. Ne parlons pas du matériau, une sorte de toile polymère produite par un conglomérat de mafieux qui font entrer ça par containers en Indonésie et ressortir blanchie comme par magie d’une île proche de la Tasmanie. Ces beaux produits pliés proprement par les trompes d’éléphanteaux sri-lankais et conditionnés au Chili, arrivent par avions blindés dans nos grandes métropoles occidentales puis sont parcimonieusement et cérémonieusement distribués à qui de droit dont le premier (et le dernier) geste sera de l’arrimer avec force clins d’oeil style à bon-entendeur-salut (ils ne croient pas si bien dire) et le saucissonner sur leurs torses suffisants avant que de prendre leur envol vers leur nouvelle vie de gogos nantis mais plouf, y aurait comme un bug, c’est plié, c’est du toc, de la merde, une vraie arnaque ! Le dit produit, aka golden parachute, se met en vrille, en torche ou en quatre, selon, et notre bonhomme à cestui-ci rattaché s’éclate comme une vieille tomate pourrie sans OGM, du temps où ça existait sans OGM. C’est crade, ça craint, c’est pas beau à voir. Moi je dis c’est bien fait pour eux. Mais j’ai rien dit. On s’en fout…

Ce tableau sera exposé à l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

Peinture et texte © dominiquecozette

Question casher

Il a raison de se poser la question, le jeune homme en peinture. Par exemple, moi je suis arabe et je ne peux pas me piffer en ce moment (pour un vague problème de type grec, voyez le genre). Donc ça donne le syllogisme suivant :
Je suis arabe, je ne m’aime pas, donc je n’aime pas les Arabes.
Ou alors : Je ne m’aime pas, je suis arabe, donc je n’aime pas les Arabes.
Si j’étais chinois, ça serait pareil, ou handicapé, ou roux, ou tout autre chose qui me caractériserait. Lui, sur la peinture, il est juif, donc est-il antisémite ? Si quelqu’un lui dit : « je t’aime pas » en sachant qu’il est juif, est-il antisémite ?
C’est difficile aujourd’hui avec cette mode du politiquement correct. Y a un groupe qui danse, y en a un qui danse d’une certaine façon. Tu veux en parler après, tu es tenté de dire  « Le Noir, t’as vu comme il a bien dansé ? « . Parce qu’à part ça, il porte la même tenue que les autres, il a aussi le crâne rasé. Mais tu as l’impression de proférer une insulte. Alors, je préfère ne rien dire. Et si on m’interroge plus tard sur ce danseur,  je réponds : Ah bon ? Y avait un Noir ? J’ai pas remarqué !
A part ça, quand on peut pas se voir en peinture, eh bien on ne pose pas, cher jeune homme juif qui ne s’aime pas ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ! Oui, enfin je dis ça mais j’ai rien dit.

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

Texte et peinture © dominiquecozette

Drôle de banquier !

Il se présente comme un banquier de gauche, il adore la musique, il a acheté les Inrockuptibles ( je veux dire qu’il dirige le canard) et est directeur de la banque Lazard France. Il s’appelle Matthieu Pigasse. Oui, Pigasse, marrant.
Si vous avez un projet rock’n roll à lui présenter, n’espérez pas l’inviter à une bonne table. Il n’aime pas l’alcool, raffole des Chupa Chups et boit Coca Light, café et thé vert.
« Je n’aime ni les mondanités (inutiles), ni les dîners, ni la convivialité feinte. Prendre le temps de manger ne me plaît guère. Je n’aime pas l’idée d’être rassasié, repu. Je préfère celle d’avoir faim, d’être sous tension ».

{…}

« L’art, quel qu’il soit, est le produit d’un spleen, d’une nausée, d’un désespoir. Il ne participe pas d’une démarche esthétique, mais politique : le refus du réel. L’art consiste en une révolte contre l’absurde de notre existence qui s’est concrétisée à travers les époques sur différents supports. Des poètes maudits du XIXème siècle aux punks. »
Je suis assez d’accord avec son idée de l’art. Sinon, j’ai tenté de faire son portrait, c’est pas vraiment ça, mais comme j’aime bien ce dessin, je vous le fourgue. Et puis j’ai deux amies qui vernissent ce soir à des endroits différents, je n’ai plus le temps. Voilà.

Texte © les Inrocks. Dessin © dominiquecozette

Pur Godard ! Des parachutistes pour distribuer son film…

Godard, au sujet de la distribution de son film Film socialisme qu’il a mis quatre ans à réaliser  : « On s’est donné beaucoup de temps. Je pense que le film aurait dû bénéficier d’un même rapport à sa durée quant à sa distribution. J’aurais bien aimé qu’on engage un garçon et une fille, un couple qui ait envie de montrer des choses, qui soit lié un peu au cinéma, le genre de jeunes gens qu’on peut rencontrer dans des petits festivals. On leur donne une copie DVD du film puis on leur demande de suivre une formation de parachutiste. Ensuite, on pointe au hasard des lieux sur une carte de France et on les parachute dans ces endroits. Ils doivent montrer le film là où ils atterrissent. Dans un café, un hôtel… Ils se débrouillent. Ils font payer la séance 3 ou 4 euros, pas plus. Ils peuvent filmer cette aventure et vendre ça ensuite. Grâce à eux, vous enquêter sur ce que c’est de distribuer. Après seulement vous pouvez prendre des décisions, pour savoir si oui ou non on peut le projeter dans des salles normales. Mais pas avant d’avoir fait une enquête d’un ou deux ans là-dessus. Parce qu’avant, vous êtes comme moi : vous ne savez pas ce que c’est que ce film, vous ne savez pas qui peut s’y intéresser. »

Texte © Les Inrockuptibles 12 mai 2010.
Dessin © dominiquecozette (remarquez, ça m’étonnerait qu’on me le pique !)

Débuts d’ébats

– A quoi tu penses, Chouchou ?
– A rien…
– Mon oeil ! Tu as le regard lubrique comme quand tu vas faire l’amour !
– Qu’est-ce que tu vas chercher ! T’as vu ces filles ?
– Justement ! Elles sont exactement comme tu n’avoueras jamais que tu les aimes !
– Ah ! Et elles sont censées être mon type de femmes ?
– Oui, je sais que tu aimes les fesses un peu grosses qui bougent quand elles marchent…
– N’importe quoi !
– …que tu trouves les marques de slips qui les boudinent très bandant !
– Pfff…
– …les gros seins lourds qui bringuebalent… les poils sous les bras, tout ce qui est vulgaire ! Ça t’excite, avoue !
– Hé ben oui, ça m’excite ! Les trucs lisses, maigres, polis, parfaits, glabres, tu sais quoi ? Ça me fais chier. Alors oui, toutes ces petites bonnes femmes pas très belles qui bossent là, avec leurs chairs qui débordent, leurs cheveux un peu gras, avec leur odeur de sueur, ça me bouleverse, voilà ! Et ne me dis pas que toi, quand tu vois un bûcheron mal dégrossi avec ses poils qui sortent du cou et son odeur de mâle, tu ne mouilles pas…
– Je ne te le dis pas.
– Ah.
– Ah quoi ?
– Tu penses aussi à des trucs, comme moi.
– Mais c’est toi qui m’en parles !
– C’est toi qui as commencé ! Pourquoi faut-il toujours que vous nous demandiez à quoi on pense, tout en étant convaincues qu’on ne penses qu’au cul ?
– C’est trop long comme débat, Chouchou. Je ne comprends pas bien la question.

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

Texte et peinture © dominiquecozette

On n’a qu’à laisser mourir la terre

Comme à chaque fois qu’une « mauvaise » chose arrive, on interdit de la nommer (les mots rigueur et austérité sont bannis par le gouvernement) ou on lui donne un nom positif, donc mensonger. Ex : la Révolution verte. Révolution verte, ça fait rêver. C’est une des plus grosses impostures de l’histoire contemporaine, très bien expliquée dans le film de Coline Serreau. QUI EST PASSIONNANT. Le livre qui en est tiré, que je n’ai pas lu, explique :

« Après la deuxième guerre mondiale, les surplus d’explosifs, de gaz de combat et de tanks ont été recyclés vers l’agriculture pour le plus grand profit de l’industrie chimique et pétrolière*. Cette prétendue « révolution verte », en guerre contre la terre, a éradiqué les écosystèmes gratuits et pérennes qui avaient nourri l’humanité depuis la nuit des temps, pour leur substituer les intrants polluants et coûteux de la pétrochimie.
La conséquence de cette « révolution verte » c’est la mort des sols, l’éradication de la biodiversité, l’exode rural massif ou le suicide des paysans, la confiscation de notre bien commun primordial, la semence, la malnutrition de ceux qui mangent et la famine pour un milliard d’humains.
Cette agriculture n’est pas pérenne, elle repose sur une ressource épuisable et bientôt épuisée, le pétrole, elle nous emmène vers des crises alimentaires qui frapperont les pauvres d’abord, mais aussi les pays riches. »

Le film est bourré d’exemples que nous pouvons constater nous-mêmes en regardant la terre, ce qui y pousse et comment. Par exemple, le maïs. Le maïs était une plante qui résistait naturellement à la sécheresse. Les industriels l’ont transformé pour « l’améliorer ». Mais il lui faut tellement d’eau  et de fertilisants qu’il  déséquilibre et pollue les ressources et les nappes phréatiques. Alors Monsanto, qui a plus d’un tour dans son sac, nous fabrique un nouveau maïs résistant à la sécheresse ! Un OGM sur lequel il touche des royalties. Et auquel il faudra adjoindre tout un pack de produits chimiques pour obtenir une récolte optimale.

Heureusement, le film nous montre comment des agriculteurs et des associations font de la résistance en revenant à l’agriculture d’avant, avec le bétail et les arbres pour nourrir la terre gratuitement, qui elle-même nous nourrira amplement et sans dommages. Mais on n’en est pas là. La majorité des semences cultivées dans le monde sont des hybrides, donc stériles, fabriquées par l’industrie agro-alimentaire, non adaptées aux divers sols, répertoriées et exclusives (on n’a plus le droit de cultiver ce qu’on veut, il faut s’en tenir à la liste étroite décidée par les technocrates ). Comme les semences sont stériles, il faut les racheter chaque année à ces gros porcs. Excusez-moi, ça m’a échappé. Je le regrette d’autant plus que les porcs sont des animaux aimables et bien maltraités eux aussi. Je suis très en colère contre cette aberration, contre nos gouvernements, tous les gouvernements, qui ont signé les protocoles d’accord avec les assassins de la terre !
Pour ceux qui ont envie de se battre, il y a le lien combat-Monsanto ici

* L’arrêt de la guerre créa un manque à gagner énorme pour les industriels. Il fallait trouver  une industrie aussi juteuse pour y remédier.

Texte © dominiquecozette et le livre Solutions locales pour un désordre global (Actes Sud). Photo © dominiquecozette

Demain mardi sur Arte, un documentaire sur la mort des abeilles, c’est lié tout ça. Les abeilles abattent un travail énorme et indispensable dans la chaîne alimentaire grâce au butinage et à la pollinisation.

Préluminaires

On m’appelle monsieur Préluminaires, je ne sais pas pourquoi. J’éteins toujours pour faire l’amour, je n’allume pas de bougie ni de veilleuse, j’aime bien être dans le noir total, je ne supporterais pas qu’on me regarde en train de faire « ça ». Parce que je m’applique. Et quand je m’applique (à peindre, à écrire, à dessiner), je fais une sale tête, on me l’a dit maintes et maintes fois. Une sale tête qui évoque le sérial killer, m’a t-on dit. Comme si j’avais envie de tuer la personne avec qui je suis en cheville.
Oui, en cheville est le mot car je m’occupe en premier de ses pieds. Je suis un fétichiste du pied, entre autres. Il faut du temps pour embraser un pied. Et il y en a deux. Ensuite, je passe aux creux poplités, les chairs tendres derrière les genoux. Puis je saute aux oreille. Les oreilles, c’est complexes, extrêmement érogène et très inervé. Beaucoup de temps aussi même si je n’en fais qu’une sur les injonctions de la personne qui brûle déjà de finir.
Mais je n’en suis pas là. Il me faut la nuque et les aisselles. Les aisselles ! Un spot de choix. Bon, les classiques seins, tout le monde connaît, le nombril, puis les reins et le haut de la raie. Le haut de la raie est une spécialité régionale mise au point par monsieur Larêt sur sa maîtresse Aude. A ce qu’on dit. Ensuite on en arrive à la banlieue des parties génitales proprement dites, il y a à faire croyez moi. Disons que deux heures sont déjà passées avant que je ne m’attaque au clitoris qui, comme chacun sait, nécessite un soin exceptionnel. Très souvent, lorsque je suis sur le point de m’introduire dans la personne, la personne est profondément endormie. Alors je ressors, me lève, sors de la chambre, allume la télévision et regarde un film de Martin Scorsese ou de Claude Zidi. Ça dépend de mon humeur.

Texte et peinture © dominiquecozette

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

Tu veux ou tu veux pas ?

– Ce que j’aime chez toi, Seb, c’est qu’on ne s’encombre pas de séduction, ensemble. On se parle sans arrière pensée, sans frime, c’est rare avec un mec !
– Oui, Caro, notre relation est exceptionnelle, et je tiens tellement à notre amitié.
– Je t’ai dit que j’avais rencontré un mec ? Pas un mec d’un soir, non, un mec bien …
– Et… il a quoi de bien, ce mec ?
– Il a que quand on est ensemble, Cyril et moi, c’est comme nous deux. On peut parler de tout. Et même de rien. Sauf que j’ai couché avec et  au pieu, c’est une bombe !
– Je te ferais remarquer qu’on n’a jamais couché ensemble, Caro. Tu ne sais même pas comment je suis au pieu !
– Mais Sébounet, pas avec toi, on ne va pas tout gâcher, nous deux ! C’est pas le sexe qui nous attache, hein ?
– …
– Hein Seb, on est au-dessus de ça ? Non ?
– …
– Hé, tu pourrais répondre !
– Excuse-moi. C’est cette histoire d’amitié, de sexe, tout ça. J’ai plein d’amies comme toi qui me disent toutes ça. OK pour l’amitié. Mais pour le sexe, tintin !
– Quoi ? Tu as d’autres amies comme moi ? Avec qui tu ne couches pas ?
– Hélas…
– C’est dégueulasse, Seb, dégueulasse ! Comment tu as pu me faire ça à moi !
– Mais… c’est juste de l’amitié, Caro !
Juste de l’amitié ! C’est ce qu’il y a de plus beau entre un homme et une femme. Et toi, tu vas galvauder tout ça… Alors qu’il aurait été tellement facile de coucher ensemble !
– Si tu veux, on peut le faire, là, maintenant, j’en ai très envie !
– Quoi ? Tu veux me baiser ? Mais c’est quoi ce mec ! Dis, c’est quoi, ce mec ! Y a quoi dans ta tête, hein ? Pourquoi tu ne m’as jamais rien demandé ? C’est pas compliqué, tu m’aurais dit « je veux coucher avec toi », c’est clair, ça. Et au lieu de ça, une Amitié en Majuscule, de Nobles Pensées, des Sentiments Respectueux… Non, je plaisante  !
– Moi aussi, je plaisantais !
– On se marre bien, tous les deux, Seb, hein ?
– Ouais, heu… c’est cool entre nous. Très cool…

Texte et peinture © dominiquecozette

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

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