J'aime Coline Serreau

Je l’ai beaucoup aimée lorsque j’ai vu son formidable film écolo « solutions locales pour un désordre global » plus que d’actualité. Et je l’aime chaque été lorsque je vais écouter sa magnifique chorale, qu’elle dirige dans les petites églises de la Drôme provençale ou du Vaucluse, mélangeant poignant et humour. Et puis pour son énergie et ses multiples facettes. Cette fois, c’est pour ce livre #colineserreau, atypique et bizarroïde comme sa trajectoire.
Sur 16 pages, elle raconte #Barrett et Bernoulli, une fantastique mais hyper tragique histoire d’amour, impensable tellement c’est triste, à l’origine de la naissance d’une de ses aïeules. Puis ensuite, vient #Mathieu Monnier, encore une drôle d’histoire d’un amour plus fort que tout, qui finit bien. Un de ses aïeux. Et quelques autres histoires hashtaguées de ceux qui l’ont précédée et fait d’elle ce qu’elle est. De très beaux récits.
Ensuite, Coline nous livre des Textes à l’envers, des saynètes sous forme de pièces (elle a beaucoup fait pour le théâtre) avec, quelque part, des enjeux qui lui tiennent à cœur comme la domination masculine. Elle insère, pour mon plus grand plaisir, la fameuse, l’hénaurme,  scène de son film la Crise, (à voir ou revoir ici) en hommage à Maria Pacôme qui va quitter mari et grands enfants pour une histoire de cul. Vous vous souvenez ? « Mais bien sûr que ça m’intéresse de m’envoyer en l’air… Ça t’intéresse pas, toi ? Et quand bien même ce ne serait qu’une belle histoire de cul, j’ai pas le droit d’en avoir, des histoires de cul, moi ? Mais bon sang, comment vous croyez que vous êtes venus sur cette  terre tous les deux ? Vous croyez que je vous ai faits avec les oreilles ? Je vous ai faits avec mon cul mes petits loups ! Même qu’à l’époque c’était drôlement chouette le cul avec votre père, et puis voilà, maintenant il ne se passe plus rien entre nous, alors ça ne vous fait peut-être pas plaisir de l’entendre mais votre mère, elle a un cul, et qui fonctionne très bien, mieux que jamais même. Et puis il y a une chose que vous ne voulez pas entendre, c’est que je suis amoureuse, je suis heureuse, je nage dans le bonheur… »
La troisième partie concerne Quelques pensées, forcément très intéressante car elle possède une vaste érudition, sur Freud, sur Bach, sur le trapèze qu’elle a longuement pratiqué dans le cadre d’un cirque, sur Moïse, Rembrandt…
Tout cela forme un ouvrage non pas hétéroclite puisque tout la concerne, mais parcellaire sur cette femme engagée, musicienne, artiste, réalisatrice et pas que… Il suffit de jeter un œil sur sa biographie, à la fin, pour comprendre que si elle n’a eu que cinq minutes de temps mort dans sa vie, on se demande bien où elle a pu les caser !

#Colineserreau par Coline Serreau, 2019 chez Actes Sud. 208 pages avec plein de photos. 29 €.

Texte © dominique cozette

Coline Serreau, une musicienne formidable !

Si on vous dit Coline Serreau, vous pensez aussitôt trois hommes et un couffin, ce  chouette film vieux comme mes couches qui a étonnamment bien vieilli, dans le sens pas pris une ride sur le cul du bébé et qu’on peut regarder en famille recomposée sans se prendre un bide velu avec des ados aussi enclins à l’urbanité qu’un ministre de l’intérieur à la tolérance. Coline, c’est plein d’autres films d’une fraîcheur sauvage et poétique, d’un engagement joyeusement féministe et résolument écologiste. Le dernier, c’est un superbe documentaire gai, pédagogique et positif sur l’avenir de l’agriculture si chacun le désire  (solutions locales pour désordre global : à voir absolument).
Mais Coline, c’est aussi une formation musicale béton pointue, des compositions de musiques de film, de la mise en scène d’opéras, et plus précisément en ce moment, sa chorale du Delta — qu’elle anime tous les dimanches rue du Delta à Paris avec rigueur, humour et créativité —  qu’elle vient balader chaque été dans les magnifiques villages de la Drôme provençale et ses  environs de plus en plus lointains vu son succès qui y fait tache d’huile (d’olive).
Bien que composée  de choristes amateurs, cette chorale sonne très très pro. Coline mène sa quinze-vingtaine de chanteurs/teuses avec poigne et enthousiasme, racontant pour chaque courte pièce une anecdote sur son compositeur ou le sens de la chanson. La représentation est gratuite mais on peut mettre dans un chapeau ou acheter le CD de la chorale. « Mais il n’est pas terrible, nous rassure-t-elle, ce n’est pas vraiment une affaire. Sauf la fin : la fin est très belle ».
Puis on passe au sympathique buffet offert par les vignerons locaux et les généreux bénévoles et, sur fond de coucher de soleil sur les reliefs arrondis flanqués de quelques éoliennes, nous pouvons papoter avec cette femme simple, chaleureuse, joyeuse avant qu’elle retourne avec ses talentueux choristes sur les hauteurs de Dieulefit, dans sa tour de Babel en vieilles pierres où elle  les couve, les nourrit, les affine, les dorlote…
Si vous êtes dans le coin, ne vous privez pas de ce plaisir, c’est là : dates, et c’est jusque début août.

Texte © dominique cozette.

Les pecquenots

C’était tôt et déjà, il me soulait avec ses histoires de  terre, de sols etc …en s’étrillant au savon Marseille, coupant l’eau à chaque opération. Merde, j’étais encore tombé sur un pur produit de la théorie écologique  !
« Autrefois, on ne disait pas un agriculteur, on disait un paysan. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est une insulte. Ça fait plouc, cul-terreux. En fait, ce qui leur plaît, c’est d’être exploitants agricoles. Le mot « exploitant » est parfaitement clair : on exploite la terre – Tu comprends ça, non ? – Alors qu’avec le mot « paysan », on comprenait qu’il faisait le pays. Il construisait des haies, s’occupait des chemins, gérait les fossés. Il construisait un équilibre agro-sylvo-pastoral : le champ, la forêt, les animaux, cet équilibre qu’on est en train de détruire depuis cinquante ans en mettant les cultures d’un côté, les animaux qu’on entasse dans des usines de l’autre, et puis la forêt qu’on parque ou qu’on cultive, comme les céréales, en plantant les arbres en ligne… Le cauchemar, quoi ! »
Oui, bon, c’est important, il a raison, mais moi ça me gave, j’habite dans le 5ème, alors les haies et les fossés ! Et, lui, s’entêtant :
« Aujourd’hui, il n’y a plus une haie. On a tout arraché. On a fait des déserts biologiques qui ne fonctionnent qu’à coup de pesticides, parce que les plantes sont dans un tel état de maladie que, si on ne les traite pas, on n’a plus rien. En 1950 – bon, on n’était pas nés –  on ne traitait jamais un blé. Maintenant, on le fait 3 à 6 fois par an. Les arbres fruitiers reçoivent jusqu’à 40 traitements par an. Le pire, c’est l’artichaut, qui est traité quasiment tous les jours. (passant sa tête shampooinée hors du rideau) Tu te rends compte ? Tous les jours, l’artichaut ! »
Moi, je n’en mange jamais, je n’ai pas de cocotte-minute et dans les restos, c’est assez rare d’en trouver…
« On ne mange que des plantes malades, continuait-il patiemment sans me demander si ça m’intéressait, que des animaux malades, ce qui rend les gens malades. Alors la médecine vend ses médicaments et comme ce sont les mêmes boîtes qui font tous les produits…Cycle magnifique, ça, c’est superbe, ça ! (Repassant sa tête, mais rincée, hors du rideau), c’est superbe, non ? Quand des paysans se suicident, ils se suicident avec des pesticides. L’agriculteur ne se tue pas au fusil. Il se tue avec le produit qui a tué sa terre. Symboliquement, c’est très lourd. Et ça m’a toujours impressionné… Comment peut-on ouvrir une bouteille de pesticide, et la boire ? Il faut vraiment être au bout du rouleau. Tu sais quoi ? En Inde, chaque année, 22000 paysans se suicident aux pesticides »
Un mec comme ça, c’est pas pour moi. Il sera déçu. Je clope, j’écrase les araignées, trier m’emmerde, je gâche la planète avec toutes sortes de lingettes et j’adore les mecs arrogants en 4×4. J’ai laissé le numéro de téléphone de Clotilde, elle, elle saura. Et j’ai fermé doucement sa porte.

Texte d’après Claude Bourguignon, ingénieur agronome et docteur ès sciences de la microbiologie des sols in Solutions locales pour désordre global, le livre SUPER-IMPORTANT de Coline Serreau chez Actes Sud
dessin © dominiquecozette

Golden, la pomme à thunes

Il s’agenouilla dans le confessionnal. Son haleine sentait l’ail et la menthe, comme s’il avait désiré gommer la première odeur par la seconde. Il fit le signe de croix et, tandis que je replongeai le regard dans ma bible, à la page marquée par une image de Richard Gere en 1984, il entama sa confession avec une voix rocailleuse, comme un vieux bandit corse :
« Ce que les gens ne savent pas, mon Père, c’est qu’il y a une entente entre les semenciers et la marchands d’engrais. Prenons l’épeautre qui est une espèce de blé très rustique qui n’a pas besoin d’engrais. (Il marqua une pause pour me faire relever les yeux vers lui) Il a été éliminé du catalogue des semences parce que, comme il ne nécessite pas d’engrais, on ne peut pas faire d’argent avec lui. Tout ce qui ne permet pas de faire de l’agro-business a été retiré.
Après, on dit aux gens que si on ne met pas d’engrais, rien ne pousse. »
Il sortir un kleenex de son pantalon Tom Truc, essuya son front bombé, regarda la trace de sueur comme les vieux regardaient leur morve, chiffonna le tout et poursuivit, sur un ton de complot :
« L’Inde avait 100 000 variétés de riz. 100 000, mon père ! A l’heure actuelle, il lui en reste une dizaine, cultivées massivement. 10 sur 100 000, mon père !
En Europe, il y avait 3600 variétés de fruits en 1904. Il fallait 13 volumes pour décrire les pommes de France. A l’heure actuelle,  vous n’avez plus que sept variétés de pommes commercialisées en France, dont la majorité sont américaines. US, mon père ! Nous payons des royalties aux semenciers américains, alors que nous avions la plus forte densité de fruits au monde, adaptés à chacun de nos terroirs. Vous rendez-vous compte, mon père ? »
Il sortit alors un peigne à poux et joua du pouce avec.
 » Le pire, mon Père, c’est la Golden. La Golden occupe 90% du marché. Et pourquoi la Golden ? Parce que c’est la pomme qui demande le plus de traitements phytosanitaires, 36 traitements au minimum par an. C’est pour ça qu’on l’a imposée. La PAC, vous savez ce qu’est la PAC, mon père ? La Politique agricole commune — soutenue par les grandes firmes qui vendent les pesticides — a même financé l’arrachage des variétés européennes de pommes, pour mettre de la Golden à la place. Mon père, arrêtons de fustiger Eve et la Pomme ! (Sa voix s’encoléra) Eve est une femme qui a eu les couilles de dire non au Pouvoir ! Eve est une sainte, mon Père !!! »
Il se leva, tendu. Je lui prescrivis cinq Je vous salue Marie. Puis décidai de remplacer cette vieille photo de Richard Gere par une image de Sid Vicious  confisquée à mon enfant de choeur.

Texte © dominiquecozette d’après Claude Bourguignon, ingénieur agronome et docteur ès sciences de la microbiologie des sols in Solutions locales pour désordre global, le livre de Coline Serreau chez Actes Sud.
Dessin © dominiquecozette



Algues vertes, OGM & autres saloperies

Le mec en 4X4 noire vitres noires qui m’avait prise en stop dans cette plaine de Nullepart où ne paissait rien mais poussait du maïs arrosé, entreprit de me faire la conversation tout en continuant à téter un énorme cigare étronique et à visionner un porno d’un pénis distrait :
« Autrefois, le lisier —  les excréments des animaux — précisa-t-il  à la blondasse que j’étais, était mélangé à la paille, et cela donnait l’or noir des étables. Mais, comme on a divisé, cloisonné et délocalisé les productions, on a la paille et les céréales en Beauce (il fit un large geste du bras droit en direction du plat pays) et l’élevage en Bretagne. Et on en peut même pas restituer la paille en Beauce, parce que le sol n’a plus les bactéries nécessaires pour la digérer, elle se retrouve intacte dans les sols, trois ou quatre ans après. Donc on la brûle. En, ce faisant, on déminéralise encore plus le sol, on détruit encore plus sa faune. Pendant ce temps, en Bretagne, le lisier part dans les rivières et sur le littoral, provoque les marées vertes au printemps. »
Il se tourna vers moi et éclata de rire ! « Pauvres vacanciers ! ».  Puis poursuivit:
« Les OGM, voyez-vous, génèrent l’affrontement entre deux droits de propriétés. Si je cultive mes espèces normales mais que mon champ est contaminé par des OGM, je ne suis plus propriétaire de ma récolte. PLUS PROPRIÉTAIRE DE MA RÉCOLTE ! martela-t-il. Celle-ci appartient au propriétaire du brevet des OGM. C’est comme ça que des paysans américains et canadiens ont été ruinés ces dernières années par Monsanto. Vous connaissez forcément Monsanto. Imaginez si Lavoisier avait déposé un brevet sur l’azote et sur la carbone et que plus aucun scientifique n’ait pu travailler dessus ! Où en serait-on ? »
Il éclata de nouveau d’un rire obscène au moment où le comédien déchargeait un tube de lait Nestlé sur le ventre de la nana.
 » Moi, je vous raconte ça mais je m’en tape ! J’ai pas de gosses, la planète de toute façon elle continuera sans nous, alors les OGM, les pesticides et tout ça, moi, c’est la thune qui m’intéresse, pas vrai ? »
Intérieurement, je m’en voulais de m’être encore trompée d’histoire d’amour. Enfin, je n’avais qu’à monter dans le véhicule précédent, une vieille bétaillère conduite par un vieux bonhomme sans dents.

Texte d’après Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en sciences de l’environnement, université Paris-VII, directeur du centre-pilote de la Ferme de Sainte Marthe et président d’Intelligence verte (association pour la promotion de la biodiversité). In Solutions locales pour un désordre global, le livre de Coline Serreau chez Actes Sud.
Dessin poussif © dominiquecozette

Et le bousier, dans tout ça ?

La plus belle femme du monde me fixait d’un oeil torve alors que je lui racontais ce qui me préoccupait le plus sur cette planète : la disparition de la biodiversité, tandis que le maître d’hôtel découpait l’os de la côte sur une épaisse planche en citronnier.
– Le bousier, par exemple. Ah, le bousier ! T’en as jamais vu ? Impressionnant, cette petite bestiole qui pousse, tel Sisyphe, une énorme boule de bouse. Mais il a disparu des pampas australiennes parce qu’en remplaçant le vermifuge naturel qu’on donnait au bétail par des produits chimiques, on a intoxiqué les bouses et tué les bousiers.
– C’est gracieux, tout ça ! Qu’est-ce qu’on en a à foutre des bousiers ?
– Eh bien figure-toi que le bousier est le seul être qui déconstruise la bouse…
– Franchement, c’est passionnant !
– Alors la bouse reste intacte et empoisonne le sol. Et on y voit pousser des refus, des herbes énormes et âcres que les animaux ne veulent pas manger. Et alors la prairie se dégrade et
– Et alors ? Et alors ???
– Et les bactéries du sol disparaissent. Donc plus de sol, plus de bétail, tu vois le topo !
– C’est chiant, ton truc, ta bouse, tout ça, on s’en tape !!! (dit-elle en enfournant un gros morceau de viande)
– Eh bien le gouvernement australien vient de voter un crédit de 15 milliards de dollars
– QUINZE MILLIARDS  DE DOLLARS ????? (Elle s’étouffe, tousse, devient rouge, se ridiculise, je ne l’aime plus, ça y est, je la trouve moche)
– … pour réintroduire le bousier. Tu vois la connerie du monde dans lequel on vit, finis-je vivement en sortant ma pince à billets et en ajoutant bien fort :  Garçon, l’addition, s’il vous plaît !
Et je quittais la table, la laissant perplexe devant cette histoire agro-écologique dont elle n’avait rien à foutre car rien ne l’intéressait hors la marque de ses chaussures, le prix de son sac et le nombre d’étoiles de l’hôtel où quelqu’un de plus con que moi l’aurait invitée à passer la nuit. Merde !

Dessin et texte © dominiquecozette d’après un texte de Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en sciences de l’environnement, université Paris-VII, directeur du centre-pilote de la Ferme de Sainte Marthe et président d’Intelligence verte (association pour la promotion de la biodiversité). In Solutions locales pour un désordre global, le livre de Coline Serreau chez Actes Sud

De l’orge, de l’ADN et des WC…

J’étais tranquillement au petit coin en train de lire « comment faire l’amour à une femme » (le livre que je venais de lui offrir), il était 6 du mat’ et vla t’il pas qu’il déboule devant la porte que je n’avais pas fermée à clé. Il l’entrouvre — sa spécialité — pour me causer.
– Arrête, j’y dis, tu vas être déçu par les effluves…
– j’ai juste un truc trop cool à te dire, sinon je vais oublier…
– Si t’oublies, c’est que c’est nase !
– Non, c’est d’une extrême importance. C’est ce truc que je lis sur les  généticiens qui bossent dans l’agro-alimentaire !
– je rêêêêve !
– Figure-toi qu’il ont été vexés comme des poux, tu sais pourquoi ? Parce que  l’orge a deux fois plus de gènes que nous. T’as capté ?
– Ah, t’es chiant ! Oui, j’ai capté, comment tu veux que je fasse autrement !
– Tous ces types, ils pensaient que nous les humains, comme nous sommes les plus intelligents, c’était nous qui avions forcément le plus de gènes… (je le sens sourire comme quand on sait qu’un amant va sortir du placard)
– Et  manque de pot, l’encouragé-je…
– Manque de pot : l’orge a deux fois plus d’ADN que nous. Et c’est une plante !!! Et alors là ils sont très embêtés parce que, comme il y a une partie immense de cet ADN de l’orge qu’ils ne comprennent pas, tu sais comment ils l’ont appelé, cet ADN ?
– heu… Grégory, Valentin, j’sais pas…
– ils l’ont appelé « junk ADN » : ADN de merde. Pour eux, c’est de l’ADN qui ne sert à rien. Non mais avoue le niveau de connerie !
– J’avoue, j’avoue. Allez, tu me laisses ? j’ai moi-même une p’tite junk commission à faire.
Il se retira, heureux d’avoir pu encore m’épater avec ses histoires végétales. Finalement, je trouvai « comment faire l’amour à une femme’ totalement erroné et regrettais de ne pas avoir choisi « le traité de la pomme de terre ».

Dessin et texte© dominiquecozette d’après Claude Bourguignon, ingénieur agronome et docteur ès sciences de la microbiologie des sols in Solutions locales pour désordre global, le livre de Coline Serreau chez Actes Sud

On n’a qu’à laisser mourir la terre

Comme à chaque fois qu’une « mauvaise » chose arrive, on interdit de la nommer (les mots rigueur et austérité sont bannis par le gouvernement) ou on lui donne un nom positif, donc mensonger. Ex : la Révolution verte. Révolution verte, ça fait rêver. C’est une des plus grosses impostures de l’histoire contemporaine, très bien expliquée dans le film de Coline Serreau. QUI EST PASSIONNANT. Le livre qui en est tiré, que je n’ai pas lu, explique :

« Après la deuxième guerre mondiale, les surplus d’explosifs, de gaz de combat et de tanks ont été recyclés vers l’agriculture pour le plus grand profit de l’industrie chimique et pétrolière*. Cette prétendue « révolution verte », en guerre contre la terre, a éradiqué les écosystèmes gratuits et pérennes qui avaient nourri l’humanité depuis la nuit des temps, pour leur substituer les intrants polluants et coûteux de la pétrochimie.
La conséquence de cette « révolution verte » c’est la mort des sols, l’éradication de la biodiversité, l’exode rural massif ou le suicide des paysans, la confiscation de notre bien commun primordial, la semence, la malnutrition de ceux qui mangent et la famine pour un milliard d’humains.
Cette agriculture n’est pas pérenne, elle repose sur une ressource épuisable et bientôt épuisée, le pétrole, elle nous emmène vers des crises alimentaires qui frapperont les pauvres d’abord, mais aussi les pays riches. »

Le film est bourré d’exemples que nous pouvons constater nous-mêmes en regardant la terre, ce qui y pousse et comment. Par exemple, le maïs. Le maïs était une plante qui résistait naturellement à la sécheresse. Les industriels l’ont transformé pour « l’améliorer ». Mais il lui faut tellement d’eau  et de fertilisants qu’il  déséquilibre et pollue les ressources et les nappes phréatiques. Alors Monsanto, qui a plus d’un tour dans son sac, nous fabrique un nouveau maïs résistant à la sécheresse ! Un OGM sur lequel il touche des royalties. Et auquel il faudra adjoindre tout un pack de produits chimiques pour obtenir une récolte optimale.

Heureusement, le film nous montre comment des agriculteurs et des associations font de la résistance en revenant à l’agriculture d’avant, avec le bétail et les arbres pour nourrir la terre gratuitement, qui elle-même nous nourrira amplement et sans dommages. Mais on n’en est pas là. La majorité des semences cultivées dans le monde sont des hybrides, donc stériles, fabriquées par l’industrie agro-alimentaire, non adaptées aux divers sols, répertoriées et exclusives (on n’a plus le droit de cultiver ce qu’on veut, il faut s’en tenir à la liste étroite décidée par les technocrates ). Comme les semences sont stériles, il faut les racheter chaque année à ces gros porcs. Excusez-moi, ça m’a échappé. Je le regrette d’autant plus que les porcs sont des animaux aimables et bien maltraités eux aussi. Je suis très en colère contre cette aberration, contre nos gouvernements, tous les gouvernements, qui ont signé les protocoles d’accord avec les assassins de la terre !
Pour ceux qui ont envie de se battre, il y a le lien combat-Monsanto ici

* L’arrêt de la guerre créa un manque à gagner énorme pour les industriels. Il fallait trouver  une industrie aussi juteuse pour y remédier.

Texte © dominiquecozette et le livre Solutions locales pour un désordre global (Actes Sud). Photo © dominiquecozette

Demain mardi sur Arte, un documentaire sur la mort des abeilles, c’est lié tout ça. Les abeilles abattent un travail énorme et indispensable dans la chaîne alimentaire grâce au butinage et à la pollinisation.

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter