Les Fessebouqueries #472

Black is black, criait l’actu, cette semaine. Oui, noir c’est noir, répondait Johnny dans l’écho de son caveau ensoleillé sans savoir qu’on ne parlait pas de lui (sauf de sa veuve ayant retrouvé l’amour sur la couv des mag) mais de plein d’autres choses qui fâchent comme Balkany qui perd son avocat, l’Argens qui ruisselle à flots sur ses pauvres (riverains) donnant par là raison à la théorie du prèz, la grosse voix testostéronée de Demorand piégée par la grève, les écoles qui ne trouvent pas de feignants de profs pour faire la classe, Villani dont la candidature asperge un peu de m… le parti au pouvoir, les paysans qui crèvent de crever pour pas un radis bio, et last but not liste comme disent les acheteurs impénitents, le Black Friday qui n’est ni un Black Sabbath, ni un Noir qui aime les frites du jour, mais un mouvement de foule se ruant follement vers des affaires qui puent quand même majoritairement le Grand Moisi. Alors décroisons élégamment nos jambes comme jadis la belle Sharon (dont le cerveau n’était certes pas boudiné par la culotte ) pour jouir d’un week-end décontracté du… Quoi ? Rhoooo….

– GP : Trop d’inégalités dans le régime des retraites. Alignons tout ça sur le modèle des retraites des politiques.
– JPT : Quand ça avantage un riche, c’est un privilège. Quand ça avantage un travailleur, c’est un régime spécial obtenu à la su!te d’une lutte farouche. Franchement, qu’est-ce que vous ne comprenez pas à l’économie sociale en France ?
– CC : À en juger par les râles appuyés venant de la chambre du dessus, difficile de savoir si le monsieur est sur le point de jouir ou s’il vient de se cogner le petit orteil contre la table basse, je vous tiens au courant.
– MK : Hong-Kong : quand on voit le nombre de pékins qui votent contre la Chine…
– EEF : Certains mecs devraient faire gaffe en croisant leurs jambes, ils écrasent leur cerveau.
– RR : En raison de la grève de France Inter et pour échapper aux rafales de pubs d’Europe 1 en ce jour de black friday, j’écoute France Bleu Nord. Merci au grévistes de revenir vite. Cordialement.
– MM : Aujourd’hui au boulot, y’a un rebeu qui s’est fait piquer son vélo. Il me lâche : « Je suis sûr que c’est un coup des gitans, cette sale race là ».  J’étais ému, c’est la première fois que je vois un rebeu aussi bien intégré en France
– NP : Dati, Schiappa, Hidalgo… Deux femmes sur trois seront battues le soir des élections municipales à Paris… Et le gouvernement prétend vouloir lutter contre les violences faites aux femmes….
– RR : L’égalité existera quand les hommes feront leur petite bonne femme de chemin, comme nous notre petit bonhomme.
– MK : Drame conjugal à Levallois : Balkany se sépare de Dupont-Moretti.
– DF : A vendre au bord de l’Argens maison « les pieds dans l’eau »; prévoir petits travaux
– OVH : Chasse à la glu : il faut séparer l’homme du chasseur.
– JB : Moi qui pensais que Michel fournirait un bon alibi…
– CC : —  elle est blonde —  blonde comment ? platine, norvégien, vénitien, paille, cuivré ? —  blonde frite.
– MK : Trump soutenant la démocratie (à Hong-Kong) ça sonne aussi faux que si Macron soutenait la non-violence.
– GD : Je lis ici et là que nombre de postes de professeurs ne trouvent pas preneurs. Triste pays où même les jobs de fainéants à gros salaires n’attirent personne.
– OM : Franchement, si Cédric Villani était autiste, ce serait pas plutôt carrément un énorme atout pour séduire le parisien moyen…?
– NP : Quel est la musique préférée des prêtres pédophiles ? La messe en six mineurs.
– AB : Quand Trump poste un montage où il apparaît en Rocky Stallone musclé, la question n’est plus de savoir s’il est digne de sa fonction mais s’il sera interné en psy ou dans un cirque.
– PG : Si je dis que j’encule le Black Friday, va-t-on dire que c’est le type même du viol raciste et colonialiste d’un blanc sur une personne opprimée ? Bon, mon seul écart en ce « vendredi noir » c’est un white russian ! Vous savez pas ce que c’est ? Allez vous faire enculer, vous ne me méritez pas !
– RR : L’ironie serait de poser un congé sans solde pour profiter du black friday.
– AB : La Macronie, ce pays où l’agriculteur bosse 7 j/7, vend à perte, ne gagne que 400 €/mois et ne peut rembourser ses emprunts.  — C’était déjà comme ça avant.  —  Et ? —  Euh…
– ES : Tout le paradoxe Black Friday résumé dans Libé aujourd’hui : — 4 pages et la une pour en évoquer les calamités —  plus loin, 3 énormes pubs (Fnac, Monoprix, Nespresso) sur 4 ou 5 colonnes.
– DA : – Allô Damian c’est toi ? —  Bah oui Mamy —  C’est toi Damian ? —  Oui Mamy c’est Damian !! — ALLÔÔÔ ?? QUI EST AU BOUT DU FIL ? DAMIAN C’EST TOI ??? —  NAN C’EST EMMANUEL MACRON ! — Ah pardon (elle raccroche).  Ma grand-mère, 99 ans, impératrice du 1er degré.
– RDB : Donc le Black Friday c’est LE jour de l’année où la pub c’est mal et où la surconsommation mène à la destruction de la civilisation, mais les 364 autres jours ça passe et on base même l’indice de moral des ménages sur leur capacité à consommer ? Non mais c’est intéressant.
– JT : Arrêtez de dire que c’était mieux avant, je vous rappelle qu’avant les textos, on était obligé de parler aux gens pour mettre un terme à une relation.
– RR : Prévenez-moi quand on pourra recommencer à faire des emplettes à des prix normaux. Je ne sais plus quoi faire de mon pognon de dingue.
– RP : Macron : « Il me manque un Jack Lang ». Jusque là, je trouve qu’on arrive plutôt à s’en passer
– NI : Vous allez vous habiller comment pour la grève des cheminots, de la RATP, des enseignants, des étudiants, d’EDF, d’Air France, des transports routiers et de la police du 5 décembre ?

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Les pecquenots

C’était tôt et déjà, il me soulait avec ses histoires de  terre, de sols etc …en s’étrillant au savon Marseille, coupant l’eau à chaque opération. Merde, j’étais encore tombé sur un pur produit de la théorie écologique  !
« Autrefois, on ne disait pas un agriculteur, on disait un paysan. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est une insulte. Ça fait plouc, cul-terreux. En fait, ce qui leur plaît, c’est d’être exploitants agricoles. Le mot « exploitant » est parfaitement clair : on exploite la terre – Tu comprends ça, non ? – Alors qu’avec le mot « paysan », on comprenait qu’il faisait le pays. Il construisait des haies, s’occupait des chemins, gérait les fossés. Il construisait un équilibre agro-sylvo-pastoral : le champ, la forêt, les animaux, cet équilibre qu’on est en train de détruire depuis cinquante ans en mettant les cultures d’un côté, les animaux qu’on entasse dans des usines de l’autre, et puis la forêt qu’on parque ou qu’on cultive, comme les céréales, en plantant les arbres en ligne… Le cauchemar, quoi ! »
Oui, bon, c’est important, il a raison, mais moi ça me gave, j’habite dans le 5ème, alors les haies et les fossés ! Et, lui, s’entêtant :
« Aujourd’hui, il n’y a plus une haie. On a tout arraché. On a fait des déserts biologiques qui ne fonctionnent qu’à coup de pesticides, parce que les plantes sont dans un tel état de maladie que, si on ne les traite pas, on n’a plus rien. En 1950 – bon, on n’était pas nés –  on ne traitait jamais un blé. Maintenant, on le fait 3 à 6 fois par an. Les arbres fruitiers reçoivent jusqu’à 40 traitements par an. Le pire, c’est l’artichaut, qui est traité quasiment tous les jours. (passant sa tête shampooinée hors du rideau) Tu te rends compte ? Tous les jours, l’artichaut ! »
Moi, je n’en mange jamais, je n’ai pas de cocotte-minute et dans les restos, c’est assez rare d’en trouver…
« On ne mange que des plantes malades, continuait-il patiemment sans me demander si ça m’intéressait, que des animaux malades, ce qui rend les gens malades. Alors la médecine vend ses médicaments et comme ce sont les mêmes boîtes qui font tous les produits…Cycle magnifique, ça, c’est superbe, ça ! (Repassant sa tête, mais rincée, hors du rideau), c’est superbe, non ? Quand des paysans se suicident, ils se suicident avec des pesticides. L’agriculteur ne se tue pas au fusil. Il se tue avec le produit qui a tué sa terre. Symboliquement, c’est très lourd. Et ça m’a toujours impressionné… Comment peut-on ouvrir une bouteille de pesticide, et la boire ? Il faut vraiment être au bout du rouleau. Tu sais quoi ? En Inde, chaque année, 22000 paysans se suicident aux pesticides »
Un mec comme ça, c’est pas pour moi. Il sera déçu. Je clope, j’écrase les araignées, trier m’emmerde, je gâche la planète avec toutes sortes de lingettes et j’adore les mecs arrogants en 4×4. J’ai laissé le numéro de téléphone de Clotilde, elle, elle saura. Et j’ai fermé doucement sa porte.

Texte d’après Claude Bourguignon, ingénieur agronome et docteur ès sciences de la microbiologie des sols in Solutions locales pour désordre global, le livre SUPER-IMPORTANT de Coline Serreau chez Actes Sud
dessin © dominiquecozette

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