Pétain, OGM, même con bât.

Le catalogue du GNIS (groupement national interprofessionnel de semences) régit les semences autorisées (par Monsanto et consorts) pour lesquelles on s’acquitte chaque année d’un droit puisqu’elles ne sont par fertiles. « Et il est interdit de commercialiser, cultiver, de distribuer des semences de toute variété qui ne soit pas inscrite sur cette liste nationale. Les pouvoirs publics disent que c’est pour protéger les consommateurs » (Dominique Guillet) *
A l’heure où s’ouvre le procès des 82 arracheurs d’OGM Monsanto,  il est bon de rappeler que :
1/  depuis le « délit », ces OGM ont été interdits en France.
2/  le GNIS a été créé en 1941, sous l’occupation,  par le maréchal Pétain soi-même, ainsi que le fameux CTPS qui décide de tout en matière de semences. ! Quelles bonnes idées il avait, ce bon Français patriote et collabo ! Il a créé aussi  l’ordre des médecins, des pharmaciens, des vétérinaires,  avec, dans la foulée, la suppression des diplômes de médecin herboriste et de médecin homéopathe.  Et bien d’autres choses pour formater et mettre en fiches tout ce qui se pouvait. Plein de mesures pour faire main basse sur le vivant au détriment des populations. Et ni de Gaulle, ni les communistes, ni personne — personne ! — n’a abrogé ces pratiques anticonstitutionnelles. Et pourquoi ? Ah, mais c’est que ça foutrait le bordel, de ne plus avoir le contrôle, ça ferait du manque à gagner ! Pensez, d’un seul coup, cultiver son champ pourrait être gratuit !
C’est pour ça qu’aujourd’hui, nombre d’associations luttent contre cet état de fait. L’une d’elles, Kokopelli, association « rebelle » qui commercialise des semences libres, est en procès constant avec les pouvoirs publics.  Alors que ses produits sont utilisés dans les grands restaurants et les lieux de pouvoirs parce que, bien sûr, les aliments issus de ces semences ont un goût, et ce goût, on ne le trouve plus dans la grande consommation. Si c’est pas de la bonne démocratie, tout ça !

*  Dominiqe Guillet, qui a contribué au livre de Coline Serreau Solutions locales pour un désordre global ajoute : » pourquoi n’existe-t-il pas un catalogue des camemberts, des chaussettes et des réfrigérateurs ? C’est clairement pour protéger les multinationales qui ont confisqué la totalité du vivant en Europe. »

Algues vertes, OGM & autres saloperies

Le mec en 4X4 noire vitres noires qui m’avait prise en stop dans cette plaine de Nullepart où ne paissait rien mais poussait du maïs arrosé, entreprit de me faire la conversation tout en continuant à téter un énorme cigare étronique et à visionner un porno d’un pénis distrait :
« Autrefois, le lisier —  les excréments des animaux — précisa-t-il  à la blondasse que j’étais, était mélangé à la paille, et cela donnait l’or noir des étables. Mais, comme on a divisé, cloisonné et délocalisé les productions, on a la paille et les céréales en Beauce (il fit un large geste du bras droit en direction du plat pays) et l’élevage en Bretagne. Et on en peut même pas restituer la paille en Beauce, parce que le sol n’a plus les bactéries nécessaires pour la digérer, elle se retrouve intacte dans les sols, trois ou quatre ans après. Donc on la brûle. En, ce faisant, on déminéralise encore plus le sol, on détruit encore plus sa faune. Pendant ce temps, en Bretagne, le lisier part dans les rivières et sur le littoral, provoque les marées vertes au printemps. »
Il se tourna vers moi et éclata de rire ! « Pauvres vacanciers ! ».  Puis poursuivit:
« Les OGM, voyez-vous, génèrent l’affrontement entre deux droits de propriétés. Si je cultive mes espèces normales mais que mon champ est contaminé par des OGM, je ne suis plus propriétaire de ma récolte. PLUS PROPRIÉTAIRE DE MA RÉCOLTE ! martela-t-il. Celle-ci appartient au propriétaire du brevet des OGM. C’est comme ça que des paysans américains et canadiens ont été ruinés ces dernières années par Monsanto. Vous connaissez forcément Monsanto. Imaginez si Lavoisier avait déposé un brevet sur l’azote et sur la carbone et que plus aucun scientifique n’ait pu travailler dessus ! Où en serait-on ? »
Il éclata de nouveau d’un rire obscène au moment où le comédien déchargeait un tube de lait Nestlé sur le ventre de la nana.
 » Moi, je vous raconte ça mais je m’en tape ! J’ai pas de gosses, la planète de toute façon elle continuera sans nous, alors les OGM, les pesticides et tout ça, moi, c’est la thune qui m’intéresse, pas vrai ? »
Intérieurement, je m’en voulais de m’être encore trompée d’histoire d’amour. Enfin, je n’avais qu’à monter dans le véhicule précédent, une vieille bétaillère conduite par un vieux bonhomme sans dents.

Texte d’après Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en sciences de l’environnement, université Paris-VII, directeur du centre-pilote de la Ferme de Sainte Marthe et président d’Intelligence verte (association pour la promotion de la biodiversité). In Solutions locales pour un désordre global, le livre de Coline Serreau chez Actes Sud.
Dessin poussif © dominiquecozette

On n’a qu’à laisser mourir la terre

Comme à chaque fois qu’une « mauvaise » chose arrive, on interdit de la nommer (les mots rigueur et austérité sont bannis par le gouvernement) ou on lui donne un nom positif, donc mensonger. Ex : la Révolution verte. Révolution verte, ça fait rêver. C’est une des plus grosses impostures de l’histoire contemporaine, très bien expliquée dans le film de Coline Serreau. QUI EST PASSIONNANT. Le livre qui en est tiré, que je n’ai pas lu, explique :

« Après la deuxième guerre mondiale, les surplus d’explosifs, de gaz de combat et de tanks ont été recyclés vers l’agriculture pour le plus grand profit de l’industrie chimique et pétrolière*. Cette prétendue « révolution verte », en guerre contre la terre, a éradiqué les écosystèmes gratuits et pérennes qui avaient nourri l’humanité depuis la nuit des temps, pour leur substituer les intrants polluants et coûteux de la pétrochimie.
La conséquence de cette « révolution verte » c’est la mort des sols, l’éradication de la biodiversité, l’exode rural massif ou le suicide des paysans, la confiscation de notre bien commun primordial, la semence, la malnutrition de ceux qui mangent et la famine pour un milliard d’humains.
Cette agriculture n’est pas pérenne, elle repose sur une ressource épuisable et bientôt épuisée, le pétrole, elle nous emmène vers des crises alimentaires qui frapperont les pauvres d’abord, mais aussi les pays riches. »

Le film est bourré d’exemples que nous pouvons constater nous-mêmes en regardant la terre, ce qui y pousse et comment. Par exemple, le maïs. Le maïs était une plante qui résistait naturellement à la sécheresse. Les industriels l’ont transformé pour « l’améliorer ». Mais il lui faut tellement d’eau  et de fertilisants qu’il  déséquilibre et pollue les ressources et les nappes phréatiques. Alors Monsanto, qui a plus d’un tour dans son sac, nous fabrique un nouveau maïs résistant à la sécheresse ! Un OGM sur lequel il touche des royalties. Et auquel il faudra adjoindre tout un pack de produits chimiques pour obtenir une récolte optimale.

Heureusement, le film nous montre comment des agriculteurs et des associations font de la résistance en revenant à l’agriculture d’avant, avec le bétail et les arbres pour nourrir la terre gratuitement, qui elle-même nous nourrira amplement et sans dommages. Mais on n’en est pas là. La majorité des semences cultivées dans le monde sont des hybrides, donc stériles, fabriquées par l’industrie agro-alimentaire, non adaptées aux divers sols, répertoriées et exclusives (on n’a plus le droit de cultiver ce qu’on veut, il faut s’en tenir à la liste étroite décidée par les technocrates ). Comme les semences sont stériles, il faut les racheter chaque année à ces gros porcs. Excusez-moi, ça m’a échappé. Je le regrette d’autant plus que les porcs sont des animaux aimables et bien maltraités eux aussi. Je suis très en colère contre cette aberration, contre nos gouvernements, tous les gouvernements, qui ont signé les protocoles d’accord avec les assassins de la terre !
Pour ceux qui ont envie de se battre, il y a le lien combat-Monsanto ici

* L’arrêt de la guerre créa un manque à gagner énorme pour les industriels. Il fallait trouver  une industrie aussi juteuse pour y remédier.

Texte © dominiquecozette et le livre Solutions locales pour un désordre global (Actes Sud). Photo © dominiquecozette

Demain mardi sur Arte, un documentaire sur la mort des abeilles, c’est lié tout ça. Les abeilles abattent un travail énorme et indispensable dans la chaîne alimentaire grâce au butinage et à la pollinisation.

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