Tu veux ou tu veux pas ?

– Ce que j’aime chez toi, Seb, c’est qu’on ne s’encombre pas de séduction, ensemble. On se parle sans arrière pensée, sans frime, c’est rare avec un mec !
– Oui, Caro, notre relation est exceptionnelle, et je tiens tellement à notre amitié.
– Je t’ai dit que j’avais rencontré un mec ? Pas un mec d’un soir, non, un mec bien …
– Et… il a quoi de bien, ce mec ?
– Il a que quand on est ensemble, Cyril et moi, c’est comme nous deux. On peut parler de tout. Et même de rien. Sauf que j’ai couché avec et  au pieu, c’est une bombe !
– Je te ferais remarquer qu’on n’a jamais couché ensemble, Caro. Tu ne sais même pas comment je suis au pieu !
– Mais Sébounet, pas avec toi, on ne va pas tout gâcher, nous deux ! C’est pas le sexe qui nous attache, hein ?
– …
– Hein Seb, on est au-dessus de ça ? Non ?
– …
– Hé, tu pourrais répondre !
– Excuse-moi. C’est cette histoire d’amitié, de sexe, tout ça. J’ai plein d’amies comme toi qui me disent toutes ça. OK pour l’amitié. Mais pour le sexe, tintin !
– Quoi ? Tu as d’autres amies comme moi ? Avec qui tu ne couches pas ?
– Hélas…
– C’est dégueulasse, Seb, dégueulasse ! Comment tu as pu me faire ça à moi !
– Mais… c’est juste de l’amitié, Caro !
Juste de l’amitié ! C’est ce qu’il y a de plus beau entre un homme et une femme. Et toi, tu vas galvauder tout ça… Alors qu’il aurait été tellement facile de coucher ensemble !
– Si tu veux, on peut le faire, là, maintenant, j’en ai très envie !
– Quoi ? Tu veux me baiser ? Mais c’est quoi ce mec ! Dis, c’est quoi, ce mec ! Y a quoi dans ta tête, hein ? Pourquoi tu ne m’as jamais rien demandé ? C’est pas compliqué, tu m’aurais dit « je veux coucher avec toi », c’est clair, ça. Et au lieu de ça, une Amitié en Majuscule, de Nobles Pensées, des Sentiments Respectueux… Non, je plaisante  !
– Moi aussi, je plaisantais !
– On se marre bien, tous les deux, Seb, hein ?
– Ouais, heu… c’est cool entre nous. Très cool…

Texte et peinture © dominiquecozette

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

Résumé succinct de la littérature occidentale.

Pour écrire un chef d’oeuvre de la littérature occidentale, c’est facile. Vous disposez de 26 lettres. Il suffit de les mettre dans un ordre particulier pour en tirer des mots, des phrases, puis des chapitres, le tout composant le volume. Vraiment à la portée du premier imbécile. N’oubliez pas aussi d’y placer des signes qu’on appelle la ponctuation, qui sont principalement le point et sa famille (point-virgule, d’exclamation,d’interrogation, de suspension, les deux points),  la virgule, les tirets, les guillemets, les parenthèses. Ne pas confondre ces deux derniers — combien d’ignares disent « entre parenthèses » au lieu de « entre guillemets » avec le geste doigts crochus en plus  — et utilisez bien les capitales et les bas de casse.
Si vous voulez faire du genre, maniez l’italique à bon escient (il gravissait lentement la colline : ça en jette, non ?).
Notez quand même que pour écrire une merde, la recette est la même. Personnellement, je pèse mes mots*, je mesure mes propos et je châtie mon style dans la mesure du possible (*Je cède mon vieux pèse-mots pour quelques euros, ayant mis la main sur une balance extraordinaire, capable d’isoler la cellulite du texte, tout ce qui, en gros, n’est pas du muscle et de l’os, comme les adverbes, les périphrases, les adjectifs oiseux et les etc… Etc).
Maintenant, si vous ne vous sentez pas d’attaque, préférez la musique. Il n’y a que sept notes plus cinq demi-tons, ce qui ne fait que douze sons à combiner. Bon, après il faut jouer sur leur durée et leur intonation mais ce n’est pas plus difficile que de crier : Ouille ! C’est même plus facile car on n’a jamais pu transcrire les interjections sur une portée. Enfin, ceux qui ont essayé. Et ils ne sont pas nombreux.

Texte et peinture © dominiquecozette

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

Waou, le mec, hé !

Je suis trop bien, trop élégant, trop galant, trop sympa, trop attentionné, trop généreux, trop intelligent, trop discret, trop mâle dominant, trop amoureux, trop viril, trop propre, trop sain, trop racé, trop charmeur, trop touchant, trop…voilà. Pas le genre aléatoire, improbable, flou, chelou, indéfinissable, douteux, mi-figue mi-raisin, imprévisible, impuissant, fade, médiocre. Ni totalement prévisible, totalement carré, totalement droit, totalement fidèle, voire totalement fiable mais un poil mystérieux, déjanté, salaud, bad boy, chiant, insupportable, destroy. J’en passe et des pires !
Vous comprendrez qu’avec un tel code ADN, je ratisse large.
Le problème c’est que j’aime tous les types de femmes, de la garce avérée à la gentille fragile, de la pulpeuse poupée à l’ascétique anorexique, de la joyeuse fêtarde à l’intello castratrice, de la jeune fougueuse à la vieille râleuse, de la grande prétentieuse à la petite modeste. Toutes, je dis bien TOUTES me tapent dans l’oeil. C’est d’un pénible ! Je vous jure, c’est difficile à gérer.

Texte et peinture © dominiquecozette

Si vous voulez voir ce tableau en grand, il sera exposé avec tous les autres  à  l’Aiguillage, la galerie des Frigos, du 26 mai au 12 juin. Plus de détails ici.

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