Sculpteur corrosif

L'homme de fer
Homme de fer

J’adore Julien Allègre ! Il est jeune, grand, beau, il a un charmant accent du soleil et surtout, il a un talent d’enfer. Il est sculpteur. Il ne sculpte pas, il déforme, reforme, réforme, soude, dessoude, ramasse, trie, plie, assomme, que sais-je, je n’ai pas encore réussi à aller le voir dans son atelier de Vaison la Romaine. Ce sont ses personnages qui me sont tombés dessus, que ce soit au grand marché de la Bastille, dans une galerie place des Vosges, ou sur une restanque dans le Vaucluse. Des characters bien bruts, et pas bidon bien que souvent fabriqués dans cette matière qu’est le vieux machin pourri et abandonné. C’est du lourd, du maousse, de l’inoxydable. Pour le voir, cliquez sur ce lien et/ou venez le découvrir à Mac 2000 Paris en novembre à l’espace Champerret. C’est géant. (profitez-en pour me dire un petit bonjour, j’y serai aussi). C’est du 19 au 22 novembre.

texte © dominiquecozette
bad photo © dominiquecozette
sculptures : Julien Allègre.

Glutron

Ah, quel glu !
Ah, quel glu !

T’es tranquille dans un boîte, cool et là, y a un mec qui vient te brancher pour danser. Mais je le kiffe pas trop. Je décline. Alors il insiste, il me raconte des trucs sur ce qu’il aurait pu être, avec de la chance, mais qu’il n’est pas, et il ajoute :  je vous’emmerde. Le mec frustré qui fait que se prendre des râteaux. Bon. Et ce con, il reste planté là, relou, à insister, genre qui a fait une fixette sur moi. Je rêve ! Il continue à m’importuner, se dit poète maudit. Il fait chier. Je l’invite à dégager. Je lui propose même une bière au bar mais ça ne lui dit rien, trouve qu’il a déjà assez bu. Quel chieur. Je le traite de connard, de puceau mais ça n’a pas l’air de l’atteindre. Il a beau répéter qu’il m’emmerde, il reste là, à me fixer de son oeil torve. Un vrai glutron.  J’vous jure, c’est quoi, ce taré ?

Voir ce clip de Katerine, très marrant. Déjà 10 ans !

Texte © dominiquecozette d’après la chanson de Philippe Katerine « je vous emmerde »
Photo blurrée © dominiquecozette

La galerie s’amuse

rien à voir
rien à voir

Hier, c’était ma journée visite de galeries selon un parcours d’artistes que j’avais envie de voir, Virginie Barré et Annette Messager.  Passant devant une galerie de Saint Germain des Pieds oui, parce que ça use, je vois un petit attroupement devant l’une d’elles. Petit attroupement d’Asiatiques, jeunes, filmant et shootant. Et dans la galerie, une artiste du même continent, à quatre pattes sur le carrelage foncé, piochant d’une boîte de carton une poudre beige, genre gros sel mal blanchi et, de sa petite main adroite, la répandant en une sorte de flaque. Puis se penchant sur le résultat et soufflant doucement sur certaines régions pour les faire déguerpir vers d’autres, et reversant de la poudre, soufflant, reversant, soufflant…. sous l’oeil absolument concentré des jeunes émules compatriotiques. Autre galerie, autre style,  des grands portraits (ou drapeaux US) fabriqués avec des tous petits carrés de bois peints de motifs thématiques, soit des fleurs,  des visages ou encore des sexes. Un boulot ! Il s’appelle Cameron Gray. C’est un peu comme celui qui avait réalisé sur commande un portrait de Bush et que Bush avait refusé parce que justement il n’était qu’un assemblage d’anus horribilis. Très ressemblant, forcément. Petit tour au squatt Rivoli près de l’ancienne Lintas, au sixième étage, un artiste qui n’a pas de site ni de carte imprimée ni rien, qui peint avec n’importe quoi, ce qu’il trouve, sur du bois usagé. Ça m’a beaucoup plu, si vous y passez, il s’appelle Barroux. Il  fait aussi des livres pour enfants. Et ce soir, il y a vernissage du lieu, si vous passez par là. Cela dit, c’est ouvert tous les jours sauf le lundi. C’est un joyeux foutoir, comme avant, qui pue la térébenthine.

Texte et image © dominiquecozette

Exactitudes ©

exa1exa2exa3Rotterdam-based photographer Ari Versluis and profiler Ellie Uyttenbroek have worked together since October 1994. Inspired by a shared interest in the striking dress codes of various social groups, they have systematically documented numerous identities over the last 14 years. Rotterdam’s heterogeneous, multicultural street scene remains a major source of inspiration for Ari Versluis and Ellie Uyttenbroek, although since 1998 they have also worked in cities abroad.
They call their series Exactitudes: a contraction of exact and attitude. By registering their subjects in an identical framework, with similar poses and a strictly observed dress code, Versluis and Uyttenbroek provide an almost scientific, anthropological record of people’s attempts to distinguish themselves from others by assuming a group identity. The apparent contradiction between individuality and uniformity is, however, taken to such extremes in their arresting objective-looking photographic viewpoint and stylistic analysis that the artistic aspect clearly dominates the purely documentary element.
Texte : Wim van Sinderen, Senior Curator Museum of Photography, The Hague
Photos : Ari Versluis. Casting : Ellie Uyttenbroek

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Présences

Immobilisme
Immobilisme

La scène se passe dans un ravissant village haut perché de l’Ardèche méridionale, à Banne, sous le cagnard. Il fait tellement chaud que tout mouvement est interdit sous peine de se dissoudre dans une cascade de sueur. Pourtant, l’immobilité des chalands nous inquiète et leur silence itou. C’est alors que nous constatons qu’il s’agit de personnages en papier mâché, saisissants de réalisme. Si la photo en montre quatre, sachez qu’une vraie bande de ces héros sympathiques s’active, façon de parler, dans tout le village. Un mécano se gratte l’occiput devant le moteur d’une vraie bagnole, trois vieilles sur un banc regardent passer les couillons  que nous sommes, un peintre, une nana perchée sur un mur nous leurrent à un point tel que nous finissons par regarder de vraies personnes sous le nez pour nous repaître de leur perfection. L’artiste accoucheur de ces « présences » comme il les appelle, est sétois, il s’appelle Joel Bast et click ! vous arrivez chez lui. Il fait aussi de l’événementiel pour mes amis pubeurs que ça intéresse. Un petit déplacement à Sète pour un casting, c’est pas désagréable, non ?

Sculptures : Joël Bast
Texte et photo © dominiquecozette

Filles des villes et gars des champs

Bon bah ciao !

Voilà un garçon de la campagne américaine, disons un red-neck tiens, je le verrais bien ressembler à Ricky Nelson avec un rictus sur la lèvre et un Stetson délavé. Le mec qui peut plaire mais, ah flûte, il a pas de blé. Enfin si, il le cultive même, ce qui ne suffit pas à faire de la thune. Alors qu’est-ce qu’il veut ce garçon ? A quoi il rêve ? Aux filles de la ville, ces filles formid qui couchent, ah ça, pour coucher, elles couchent ! Mais au petit matin, pfffuitt !, tap-tap sur l’oreiller déserté, plus personne, elles se sont barrées. C’est qu’il voudrait tant la retenir, celle-ci là,  qu’il a levée au diner hier soir,  elle est si bonne ! Ce qui est ballot, c’est qu’il ne puisse lui offrir ni diamant ni truc sublime ! Ah, une idée :  il va chanter pour elle en espérant qu’elle restera. Sacrée fille de la ville ! (A mon avis, mais c’est très personnel, elle est mal barrée, cette affaire).

Texte d’après City Girls de J.J.Cale (music & lyrics J.J.Cale)
Dessin © dominiquecozette

De la gueule !

« Après avoir déposé mes bagages à l’hôtel de Suède rue Vanneau, j’ai marché jusqu’au Bon Marché pour acheter de l’époisses et un mont-d’or, un robuste gigondas et un châteauneuf-du-pape Vieux Télégraphes…L’odeur familière des fromages envahit ma chambre, une odeur qui, aux Etats-Unis, eût immédiatement mis en alerte nos services de sécurité… Le soir, je goûtais à la vigoureuse cuisine de mon ami Lulu, dans son restaurant l’Assiette, rue du Château ou dégustais les solides plats du Sud-Ouest chez Thoumieux, rue Saint-Dominique. Je dégustais un ferme poulet à la Rôtisserie du Beaujolais. Je m’asseyais au Sélect pour lire et écrire de médiocres poèmes, boire du Brouilly et observer à la dérobée les jolies femmes qui ne me regardent pas parce que je suis vieux. Je passais à la Taverne Basque, rue du Cherche-midi, pour vérifier que ma garbure préférée figurait toujours au menu…(Ensuite ses amis de virées gastronomiques arrivent et ils partent dans le midi et la Bourgogne à leurs adresses de prédilection). J’ai gardé pour la fin mes deux refuges favoris en France. Le Domaine Tempier à Bandol chez mon ami Lulu Peyraud, et le manoir de Gérard Oberlé et de Gilles Brezol… Ce jour-là, Gérard a offert un déjeuner privé à quatorze de ses amis dans le restaurant de Marc Meneau, l’Espérance. Nous sommes restés à table onze heures durant, pendant lesquels nous avons dégusté trente-sept plats et une douzaine de vins fins. Quarante huit heures plus tard, me voilà de nouveau chez moi, dans le Montana, où des loups ont, il y a quelques jours, égorgé la plupart des moutons de mon voisin…

Jim Harrison dans une chronique publiée par le Nouvel Obs du 8 janvier 2004.
Peinture sur tôle © dominiquecozette

Incompétence

Monsieur Asap
Monsieur Asap

« Un chef doit sauver sa place ou prendre celle d’un autre. Il passe donc la moitié de son temps à magouiller. L’autre moitié, il ne fait pas grand-chose. Au total, on peut considérer qu’Alexandre ne fait rien. Il lui faut donc un adjoint. Par ailleurs, avoir un adjoint est signe de puissance. On l’emmène dans les réunions importantes. De ce qui précède, on déduit aisément que la fonction d’adjoint présente un avantage incontestable : comme vous renoncez à prendre la place de votre chef, votre chef ferme les yeux sur votre nonchalance ou votre incompétence, lesquelles ne sont que le reflet des siennes. A vous deux finalement, vous fournissez le travail d’un salarié. Ce n’est pas si mal. …/…
Toute nouvelle activité économique attire une bande d’aventuriers, généralement sans diplômes. C’est le Nouveau Monde. Chacun y va tenter sa chance. Il y a une effervescence assez bohême. Le profit est presque secondaire. Puis, la logique du marché reprend ses droits. On engage des diplômés performants. On licencie. »

Pierre Mérot (Mammifères). (En 4ème de couv : « Pierre Mérot est né à Paris il y a une quarantaine d’années. Mammifères raconte la vie d’un type né à Paris il y a une quarantaine d’années. »). (Ce premier bouquin était top. J’ai moins aimé le suivant). (Si ça vous intéresse, naturellement).
Peinture  © dominiquecozette

(Asap signifiant as soon as possible, mot d’ordre accompagnant toute tâche à effectuer)

Ursinade

Ursin (collection cozette)
Ursin (collection cozette)

On dirait un pseudo.  C’est son vrai nom, Ursin, et ça pique comme ses personnages taillés dans le métal, cisaillés, suturés, épointés. Ça montre les dents, parfois de vraies dents, ça grouille de trucs, fragments d’os, grenouilles aplaties, souries desséchées, arêtes de poisson. Ursin a un prénom, Catherine, donc c’est une nana, une pisseuse d’idées,  une bricoleuse de  monstres, une metteuse en abyme, une faiseuse d’anges, une broyeuse de bidons, une bouffeuse de ferraille et une brouilleuse de pistes puisqu’elle fabrique avec autant d’insolence des carnets qui rendent l’oeil tactile. Ce qui est top, c’est qu’elle expose actuellement à Paris, à la mairie du 9ème jusqu’au 26 septembre, et à la galerie Marassatrois, dans le 12ème. Ne loupez pas ce lifting du moral en sortant du boulot, du Pôle Emploi ou du lit de votre amant. Cliquez, et vous verrez…
site Ursin
Les expos

Sculpture : Ursin
Texte © dominiquecozette

L’ami de mon amy

amy
Amy par Luis

Un nouvel illustrateur a fait son entrée à Libé new formule. Il a fait un Brice Hortefeux-tête de noeuf trop fort, voyez vous-même en bas de page, à la gouache, simple mais saisissant, dans l’édition de samedi (ou de vendredi) à propos de sa bavure. Alors j’ai voulu en savoir plus sur ce fantastique talent, pas le baveur mais le dessinateur,  je suis allée sur son site  et j’y ai vu de splendides caricatures dont celle ci-contre d’Amy, l’amie qui ne lâche pas la grappe de la vigne en faisant no no no comme jadis la poupée d’un certain auteur compositeur interprète aux jolies fesses rondes, mais c’est une autre histoire. Donc notre talentueux artiste est gnol comme tous les Espagnols et il s’appelle Luiz Granena avec un petit accent – dont j’ignore le nom – sur le premier « n » de façon à ce qu’on le prononce mouillé, ceci étant une supposition, n’ayant pas eu l’heur d’apprendre cette belle langue sanguine et sensuelle, mon père préférant m’orienter sur celle de Goethe, Hesse und Schiller,  initiative avisée qui m’a juste servi à comprendre les paroles complètes de Sag Warum du beau Camillo. Ce n’était qu’une deuxième langue, heureusement. Revenons à vous, les curieux de l’artistique, voici le site de Luis qui ne porte pas son nom, il a du se remarier.

http://www.seis-cuatro.com

Dessins : Luis Granena
Texte © dominiquecozette

:-(
🙁

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