Ne coupez pas !

Horreur malheur !
Horreur malheur !

Un séminaire pour cadres en 2006 : « On allait nous expliquer comment mettre sous tension nos collaborateurs. On a commencé par nous mettre sous les yeux la pyramide des âges, auteur des 50 ans. L’animateur a dit : « Vous voyez où est le problème ? Le problème, c’est vous ». La centaine de cadres réunis ce jour-là en a le souffle coupé. Les plus zélés s’en sortiront peut-être. A condition de suivre la méthode : « Vous devez travailler au corps vos équipes pour en faire partir le plus possible. Suggérez-leur des reconversions, par exemple ouvrir une chambre d’hôte ou un club de plongée. N’hésitez pas à les coincer sur les horaires ou à surveiller les mails et les communications téléphoniques pour les prendre en faute ». Cette histoire ne se passe pas dans un pays totalitaire, émergent ou lointain. Un pays sans lois sociales. Ça se passe en France, chez France Télécom précisément et c’est rapporté par un cad sup, ingénieur, 25 ans d’ancienneté, dans un article du Nouvel Obs du 17 septembre. Allo ? Y a quelqu’un qui cause ?

Texte Isabelle Monnin (Nouvel Obs)
Dessin bidouillé © dominiquecozette

De la gueule !

« Après avoir déposé mes bagages à l’hôtel de Suède rue Vanneau, j’ai marché jusqu’au Bon Marché pour acheter de l’époisses et un mont-d’or, un robuste gigondas et un châteauneuf-du-pape Vieux Télégraphes…L’odeur familière des fromages envahit ma chambre, une odeur qui, aux Etats-Unis, eût immédiatement mis en alerte nos services de sécurité… Le soir, je goûtais à la vigoureuse cuisine de mon ami Lulu, dans son restaurant l’Assiette, rue du Château ou dégustais les solides plats du Sud-Ouest chez Thoumieux, rue Saint-Dominique. Je dégustais un ferme poulet à la Rôtisserie du Beaujolais. Je m’asseyais au Sélect pour lire et écrire de médiocres poèmes, boire du Brouilly et observer à la dérobée les jolies femmes qui ne me regardent pas parce que je suis vieux. Je passais à la Taverne Basque, rue du Cherche-midi, pour vérifier que ma garbure préférée figurait toujours au menu…(Ensuite ses amis de virées gastronomiques arrivent et ils partent dans le midi et la Bourgogne à leurs adresses de prédilection). J’ai gardé pour la fin mes deux refuges favoris en France. Le Domaine Tempier à Bandol chez mon ami Lulu Peyraud, et le manoir de Gérard Oberlé et de Gilles Brezol… Ce jour-là, Gérard a offert un déjeuner privé à quatorze de ses amis dans le restaurant de Marc Meneau, l’Espérance. Nous sommes restés à table onze heures durant, pendant lesquels nous avons dégusté trente-sept plats et une douzaine de vins fins. Quarante huit heures plus tard, me voilà de nouveau chez moi, dans le Montana, où des loups ont, il y a quelques jours, égorgé la plupart des moutons de mon voisin…

Jim Harrison dans une chronique publiée par le Nouvel Obs du 8 janvier 2004.
Peinture sur tôle © dominiquecozette

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