
(Rentrée Littéraire) Perpétuité de Guillaume Poix se joue à l’intérieur d’une prison du sud de la France. Tout s’y déroule en une seule nuit : unité de temps et de lieu, pour les surveillants, gardiens, et supérieurs d’astreinte. C’est étouffant, chacun d’eux a ses problèmes personnels très délicats à gérer de loin mais tous espèrent, vainement que la garde sera relativement tranquille. Oui, vainement quand on sait qu’ici comme partout dans notre beau pays, les incarcérés sont beaucoup plus nombreux que le nombre de places (matelas par terre…) et que beaucoup devraient être en hôpital psychiatrique.
Ce soir, pourtant, un grand événement est attendu : le transfert d’un monstre, célèbre et cruel serial killer, sous très grosse garde car son procès se fera dans le coin. Surveillance accrue, tension au max. Hélas, il y aura d’autres « incidents » graves, pétage de plomb avec agression, et suicide.
Il y a évidemment les rivalités, jalousies ou parfois épisodes sexuels, racisme, et sexisme car le personnel pénitentiaire est tenu de respecter la parité.Ça court dans tous les sens, les pompiers interviennent, les rapports doivent être faits dans l’instant et le dîner qu’ils se font la nuit à tour de rôle reste souvent en rade. Les dialogues sont excellents, les actions et manœuvres diverses (les portes, les œilletons, les fouilles…) y sont décrites avec une immense précision (longue liste de remerciements), on s’y voit, on les plaint, c’est des boulots de merde épuisants, stressants au maximum et ultra-dangereux car ils ne sont pas armés.
Chaque personnage est décortiqué, les épithètes et autres appositions font florès, c’est très riche et ça contribue à donner de la touffeur à ce récit sans concession, d’une noirceur, d’une violence et d’une brutalité impressionnantes. Je ne ‘ai pas lâché de la journée et d’une partie de la nuit.
Quelle écriture !
Perpétuité de Guillaume Poix, 2025 aux éditions Verticales. 334 pages, 22 €
Texte © dominique cozette