Les Fessebouqueries #295

La dixième semaine de l’an 16 aura été marquée par une actualité tout à fait mignonne : les curés qui adorent les petits garçons, les hommes qui offrent une belle journée aux pauvres femmes, le monsieur d’en haut qui offre une belle croix d’honneur au monsieur qui coupe des têtes, une dame incomprise qui concocte une gentille loi pour les travailleurs, et des mignonnes personnes qui chantent pour des pauvres qui ont trop faim. Quelle chouette semaine !

– OVH : Il a 80 ans, un grand crivain vnait au mond : Gorges Prc.
– PdC : Même Louis XIV savait que la famille, c’était pas UN PAPA UNE MAMAN, mais UN PAPA HUIT NOURRICES CINQ MAITRESSES SEIZE BÂTARDS UN DAUPHIN.
– RR : Top 3 des personnalités les plus battues en France : – Le beurre – les femmes – le pavé
– OM : Bluffé par la maturité des lycéens qui n’ont pas peur de braver la pluie, le froid et les CRS pour défendre leur droit à sécher les cours !
– RR : Des milliers de manifestants selon la police. Des humiliés selon les syndicats.
– MH : – C’est quoi pour toi être une femme ? – Manger des kiwis et des yaourts 0%.
– DJ : Le gagnant-gagnant selon la loi ElKhomri : le licencieur pourra virer plus facilement et le salarié pourra être licencié plus aisément.
– VS : Journaliste : Type qui parle tranquillement d’un smicard en CDI comme « privilégié » sans jamais évoquer son abattement fiscal de 7650 euros.
– NP : Pour les droits des femmes au Vatican ils sont croyants mais pas pratiquants. Pour la pédophilie c’est exactement l’inverse.
– LC : Les mecs qui mettent du rouge à lèvres pour dénoncer les violences conjugales, faites le ménage ce sera + utile et vous aurez l’air moins con.
– LO : Il va finir par nous sortir « il n’y a pas de prêtre pédophile, il n’y a que des enfants faciles »
– JB : Ludovine de la Rochère et Frigide Barjot ont rejoint la manifestation dès qu’elles ont su que des milliers de personnes défilaient à Paris contre le mariage du patronat et du gouvernement.
– OM : En fait la Journée des droits de la femme, c’est le jour où les mecs offrent des fleurs aux femmes pour s’excuser d’être payés 35% de plus.
– RR : Je ne sais pas si la femme est l’avenir de l’homme, mais présentement je suis comme le passé, décomposée.
– AB : Pour cacher ou protéger un pédophile, il faut être carrément décalotté du bulbe ou sacrément calotté comme le cardinal Barbarin.
– OK : Vivement que D. Trump soit élu président des USA, il pourra lancer une guerre capillaire contre le leader nord coréen Kim Jong-Un.
– OM : Le plus honteux dans cette histoire de légion d’honneur remise à un prince Saoudien, c’est quand même qu’il est passé avant Bachar el-Assad.
– CC : Sarkozy est contre. Après je n’ai pas bien compris si c’était contre Loi du Travail ou contre les manifestants ou contre les lycéens. Contre
– EM : « Ok, je vous ai donné la Légion d’Honneur, maintenant vous me filez le truc pour supprimer les pétitions. »
– LU : Sophie Marceau a refusé la légion d’honneur. faut dire qu’elle n’avait décapité personne.
– JS : Dans ma famille, on possède un poil de cul de Vercingétorix depuis des générations. Quelqu’un aurait le 06 de Philippe De Villiers ?
– CC : Société Générale envisage 550 nouvelles suppressions de postes. Trop dur le licenciement en France ! Vite une loi !
– NP : Il faut être vraiment débile pour vendre son bébé contre un Iphone 6 alors que l’iPhone 7 va bientôt sortir.
– OM : « Italie: un film sur l’homosexualité censuré par l’Eglise. » C’est con le film aurait porté sur la pédophilie, l’Église aurait fermé les yeux.
– NP : Le Prince héritier d’Arabie saoudite, Ali Bongo, Vladimir Poutine, Isabelle Balkany, Maurice Papon, bref la Légion d’Horreur.
– CC : Ce qu’il y a d’intéressant c’est à quel point Fukushima a eu une valeur d’exemple pour les dirigeants ! Ou pas !
– AB : Si Trump est élu, l’Europe prévoit dix millions de réfugiés américains qui exigeront burgers, Coca, wi-fi et port d’arme.
– RR : Tu es une actrice sans rôle ? Tu approches de la ménopause ? Les Enfoires 2016 embauchent.
– DS : Les Enfoires : Ça fait 2 heures que mes gosses me demandent « c’est qui ? »… J’en peux plus.
– AL : C’est que, tu comprends, il n’y a plus d’argent, les riches ont tout pris…

Illustration © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici.

Fêter Perec et se régénérer

 

Le texte est un monovocalisme en e, c’est-à-dire qu’il est écrit en n’utilisant que la lettre e comme voyelle. Comme dans les revenentes de Perec, un maître. Ou un mètre ?

Je crée et je t’emmerde.
Créer, c’est… rêver ?
Elle se rêve en vedette,
en fée de best-sellers, les recettes et le sceptre
les étrennes en été, les fêtes et les télés
et les verres de Xéres, les crèmes renversées
les kermesses éternelles…
Elle espère, elle espère, et elle stresse.
Créer, créer, créer… elle reste tellement sèche,
et elle se désespère.  C’est l’échec.
Créer, pense-t-elle, créer c’est s’emmerder,
Merder, se débecter. Nettement, bêtement.

Hé ! Revenez, mes pensées !
Sellez mes zèbres, vengez mes errements
prenez mes encres d’ébène…
Hé, descellez mes lèvres,
Désherbez mes déserts, décélérez le temps !

Revenez, mes pensées !
Déchevêtrez les rêves, ensemencez l’éden !
Ferrez les fées fêlées, mêlez belles et bêtes
gentlemen éméchés tête-bêche. Et péchez !
Créez, persévérez.
Elle pense : créer c’est s’entêter, s’endetter,
Et tester. C’est … tenter !

Hé ! T’entends ? Créer c’est tenter !
Desserrer des fesses, lécher des verges,
détendre des sexes et les pénétrer,
délester en des gerbes le sperme fermenté,
entremêler les femmes, les pédés et les nègres,
les esthètes rebelles.
Déverser des ventrées de sentences démentes
des pelletées de textes et de vers zélés
verbe et verve en même temps.
Elle pense : hé hé, je crée, hé hé, je me démerde,
et je me régénère! Défense de cesser !

Eh !  Les décérébrés, les pète-sec vénères,
les empestés d’encens, de prêche et de versets !
Hé ! Benêts délétères excédés et replets,
hébétés éphémères, brêles dégénérées !
Hé ! Spectres desséchés, très chers frères éventés,
tremblez de senescence, bêlez et végétez,
dépendez les emblèmes, fermez les temples blêmes.

Et crevez en enfer.
Je crée et je t’emmerde.

Texte et illustration © dominique cozette

Exercices de style de l’Oubapo

Matt Madden a eu l’heureuse idée de réaliser 99 exercices de style selon les contraintes similaires à celles de l’Oulipo, l’Ouvroir de Littérature Potentielle initialisé en 47 par Queneau, Jacques Roubaud, Perec, François le Lionnais, tapez Google, merde quoi.
Cette hilarante BD d’Oubapo (Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle pour ceux qui ne suivent pas mais qui se demandent comme moi pourquoi ce « a ») représente six années de boulot et comme le dit l’auteur auquel je laisse l’entière responsabilité de cette formule : c’est le plus grand corpus de contraintes transformatrices.
La matrice montre un jeune homme quittant son bureau/ordinateur, passant dans une pièce où montre un escalier d’où sort un phylactère demandant l’heure. Il lui répond en ouvrant le frigo, puis devient songeur en regardant à l’intérieur, se demandant ce qu’il était venu y chercher.
A partir de là, Matt Madden a brodé 99 (ou 98 ?) façon de raconter cette simple anecdote : Le point de vue de la fille qui demande l’heure, celui du voisin d’en face, celui du frigo, la narration de la scène par le héros, le récit en flash-back, en déjà-vu, en une case, en trente cases, façon manga, polar, western, anticipation et tellement d’autres plus fun, tragiques, décousus, mensongers, sinistres, plats, mini— ou maximalistes… Une grande leçon d’imagination !

99 exercices de style / 99 ways to tell a story (2005). L’Association 06 Collection Ciboulette.

Texte © dominique cozette

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma therapute

Ma psy-chose
ma psy-chose

« La psychanalyse ne ressemble pas vraiment aux publicités pour chauves : il n’y a pas eu un « avant » et un « après ». Il y a eu un présent de l’analyse, un « ici et maintenant » qui a commencé, a continué, s’est achevé. Je pourrais tout aussi bien écrire « qui a mis quatre ans à commencer » ou « qui s’est achevé pendant quatre ans ». Il n’y a eu ni début ni fin ; bien avant la première séance, l’analyse avait déjà commencé, ne serait-ce que par la lente décision d’en faire une, et par le choix de l’analyste ; bien après la dernière séance, l’analyse se poursuit… »
©Perec, Penser/choisir. 1976-82

Ben moi, quand je lis ça, j’me marre ! J’suis peut-être un gros bourrin, mais quand ça va pas, c’est pas en bavant sur une banquette avec un barbu assis derrière qui pense à autre chose que je me soigne. J’ai découvert qu’il y avait pas loin de chez moi (mais je vous dirai pas où, petits vicelards) une thérapute. Je vous jure. Et franchement, y a pas photo avec ce que raconte le bonhomme ci-avant. J’explique : quand ça va mal, ça va tout de suite mieux car je me dis : chouette, je vais aller chez ma thérapute. Donc, quand j’arrive chez elle (un charmant pied-à-terre meublé design vers la place Saint Sulpice), je suis en bonne disposition. Elle se présente en tenue légère et me dit : déshabille-toi chéri.  Comme son confrère barbu, elle me propose de m’allonger sur son lit. Ensuite elle me demande ce qui n’allait pas avant que ça aille bien et là, j’ai comme un trou, complètement oublié ce pourquoi je suis ici. Et alors, ayant laissé glissé à terre la lingerie qui l’entrave,  elle attrape mon ego, le masse voluptueusement, pétrit mon surmoi tout en explorant mon ça avec une conscience toute professionnelle. « C’est pour faire sauter tes verrous », commente-t-elle. Ensemble, nous étudions mes stades de l’oral au génital en passant par le sadique-anal afin de nous assurer que tout est en ordre. Lorsque je sens mon trop plein d’inhibitions prêt à jaillir, je fais péter mon transfert et …ouf… je me sens d’un bien ! Mais d’un bien !  Pour clore la séance, ma thérapute me sert une chope de bière pression, ça pourra être un whisky ou un pastis vu que son pied-à-terre est l’arrière salle d’un bar. Je lui lâche un billet tout neuf, me rhabille et quand je m’en vais, elle me fait : Au revoir chéri, à la prochaine ! Vous imaginez le barbu du mec ci-avant dire au mec : au revoir chéri ? Même pas en rêve ! Franchement, je comprends pas ces mecs qui vont claquer autant de fric chez les psys. Ou alors, c’est des masos. Oui, sûrement.

Texte et dessin © dominiquecozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter