Fêter Perec et se régénérer

 

Le texte est un monovocalisme en e, c’est-à-dire qu’il est écrit en n’utilisant que la lettre e comme voyelle. Comme dans les revenentes de Perec, un maître. Ou un mètre ?

Je crée et je t’emmerde.
Créer, c’est… rêver ?
Elle se rêve en vedette,
en fée de best-sellers, les recettes et le sceptre
les étrennes en été, les fêtes et les télés
et les verres de Xéres, les crèmes renversées
les kermesses éternelles…
Elle espère, elle espère, et elle stresse.
Créer, créer, créer… elle reste tellement sèche,
et elle se désespère.  C’est l’échec.
Créer, pense-t-elle, créer c’est s’emmerder,
Merder, se débecter. Nettement, bêtement.

Hé ! Revenez, mes pensées !
Sellez mes zèbres, vengez mes errements
prenez mes encres d’ébène…
Hé, descellez mes lèvres,
Désherbez mes déserts, décélérez le temps !

Revenez, mes pensées !
Déchevêtrez les rêves, ensemencez l’éden !
Ferrez les fées fêlées, mêlez belles et bêtes
gentlemen éméchés tête-bêche. Et péchez !
Créez, persévérez.
Elle pense : créer c’est s’entêter, s’endetter,
Et tester. C’est … tenter !

Hé ! T’entends ? Créer c’est tenter !
Desserrer des fesses, lécher des verges,
détendre des sexes et les pénétrer,
délester en des gerbes le sperme fermenté,
entremêler les femmes, les pédés et les nègres,
les esthètes rebelles.
Déverser des ventrées de sentences démentes
des pelletées de textes et de vers zélés
verbe et verve en même temps.
Elle pense : hé hé, je crée, hé hé, je me démerde,
et je me régénère! Défense de cesser !

Eh !  Les décérébrés, les pète-sec vénères,
les empestés d’encens, de prêche et de versets !
Hé ! Benêts délétères excédés et replets,
hébétés éphémères, brêles dégénérées !
Hé ! Spectres desséchés, très chers frères éventés,
tremblez de senescence, bêlez et végétez,
dépendez les emblèmes, fermez les temples blêmes.

Et crevez en enfer.
Je crée et je t’emmerde.

Texte et illustration © dominique cozette

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