Ma therapute

Ma psy-chose
ma psy-chose

« La psychanalyse ne ressemble pas vraiment aux publicités pour chauves : il n’y a pas eu un « avant » et un « après ». Il y a eu un présent de l’analyse, un « ici et maintenant » qui a commencé, a continué, s’est achevé. Je pourrais tout aussi bien écrire « qui a mis quatre ans à commencer » ou « qui s’est achevé pendant quatre ans ». Il n’y a eu ni début ni fin ; bien avant la première séance, l’analyse avait déjà commencé, ne serait-ce que par la lente décision d’en faire une, et par le choix de l’analyste ; bien après la dernière séance, l’analyse se poursuit… »
©Perec, Penser/choisir. 1976-82

Ben moi, quand je lis ça, j’me marre ! J’suis peut-être un gros bourrin, mais quand ça va pas, c’est pas en bavant sur une banquette avec un barbu assis derrière qui pense à autre chose que je me soigne. J’ai découvert qu’il y avait pas loin de chez moi (mais je vous dirai pas où, petits vicelards) une thérapute. Je vous jure. Et franchement, y a pas photo avec ce que raconte le bonhomme ci-avant. J’explique : quand ça va mal, ça va tout de suite mieux car je me dis : chouette, je vais aller chez ma thérapute. Donc, quand j’arrive chez elle (un charmant pied-à-terre meublé design vers la place Saint Sulpice), je suis en bonne disposition. Elle se présente en tenue légère et me dit : déshabille-toi chéri.  Comme son confrère barbu, elle me propose de m’allonger sur son lit. Ensuite elle me demande ce qui n’allait pas avant que ça aille bien et là, j’ai comme un trou, complètement oublié ce pourquoi je suis ici. Et alors, ayant laissé glissé à terre la lingerie qui l’entrave,  elle attrape mon ego, le masse voluptueusement, pétrit mon surmoi tout en explorant mon ça avec une conscience toute professionnelle. « C’est pour faire sauter tes verrous », commente-t-elle. Ensemble, nous étudions mes stades de l’oral au génital en passant par le sadique-anal afin de nous assurer que tout est en ordre. Lorsque je sens mon trop plein d’inhibitions prêt à jaillir, je fais péter mon transfert et …ouf… je me sens d’un bien ! Mais d’un bien !  Pour clore la séance, ma thérapute me sert une chope de bière pression, ça pourra être un whisky ou un pastis vu que son pied-à-terre est l’arrière salle d’un bar. Je lui lâche un billet tout neuf, me rhabille et quand je m’en vais, elle me fait : Au revoir chéri, à la prochaine ! Vous imaginez le barbu du mec ci-avant dire au mec : au revoir chéri ? Même pas en rêve ! Franchement, je comprends pas ces mecs qui vont claquer autant de fric chez les psys. Ou alors, c’est des masos. Oui, sûrement.

Texte et dessin © dominiquecozette

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