Le dernier Winckler, livre d’humanité et d’engagement

Martin Winckler est médecin, vous le savez sûrement. Il a écrit des livres puissants (entre autres, le formidable choeur des femmes, et la maladie de Sachs, monté en spectacle et joué avec talent par Dupontel) comme ce dernier ouvrage, d’une sensibilité totale. Il porte sur la douleur, la fin de vie, l’apaisement final.
C’est un roman d’imagination — avant de voir l’entretien ci-dessous, j’avais cru à des souvenirs professionnels — qui met en scène un professeur de médecine, André, qui demande à un ancien élève de l’aider à passer le cap. Car il a besoin de quelqu’un comme lui pour se confier, confier son secret de vie, et partir en paix.
Le narrateur est un médecin engagé contre la douleur, quelle qu’elle soit, même dans la tête car une douleur reste une douleur. Il va prêter assistance aux patients qui l’appellent « en souvenir d’André », c’est le mot de passe, et qui ne passent pas forcément à l’acte une fois leur douleur éteinte. Car ce docteur va devenir une sorte de dépositaire de la grande affaire de leur vie : des choses vécues qu’ils n’ont jamais avouées, ou jamais digérées, des raisons de mourir que leurs proches ne pourraient comprendre, des abcès à crever afin de s’alléger.
Avec sa mémoire légendaire, il va relater leurs histoires comme des testaments précieux, dans des petits cahiers bien rangés chez lui. Mais il va aussi payer de sa personne car sa démarche n’a rien d’anodin. Il va faire des rencontres hasardeuses ou miraculeuses, et leur contraire, les voir disparaître de sa vie.
Très beau livre sur un des thèmes cruciaux de notre société.
« Je ne vous raconte pas le monde tel qu’il est mais comme  je voudrais qu’il soit » : Martin Winckler parle de son livre

En souvenir d’André de Martin Winckler chez P.O.L, 2012. 196 pages.

Texte © dominique cozette

De qui est l’enfant ?

« J’ai eu un rapport le 16 décembre avec mon copain et le 24 décembre avec le meilleur ami de mon copain parce que j’avais rompu et je croyais que c’était pour de bon et je me sentais seule et je n’ai pas eu de règles quand je les attendais le premier janvier et depuis mon copain est revenu il veut faire sa vie avec moi et hier je me suis mise à vomir et j’ai fait un test je suis enceinte. De qui est l’enfant ? » *

Texte tiré de « le choeur des femmes » de Martin Winckler (09), superbe pavé sur les femmes, leur corps et la façon de les soigner. Bien que le début soit un peu démotivant parce que l’interne qui est une femme parle plutôt comme un macho, mais finalement, c’est fait exprès.
Peinture sur tôle © dominiquecozette

* J’ai connu une fille qui s’était posé la même question mais elle savait que le problème serait réglé dès la naissance puisque l’un de ses deux amants était indien et l’autre très blond. De ce fait, elle n’a pas pu faire endosser la paternité à l’un des deux durant sa grossesse. Donc ni après, je suppose car je n’en sais pas plus. L’enfant doit avoir une vingtaine d’années aujourd’hui.

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