Palpitant, le dernier Maylis de Kerangal !

Ça peut faire joke mais en fait non. C’est le bon mot, bien adapté à ce roman pulsant, puissant, qui traite du coeur, du palpitant. Réparer les vivants raconte une histoire d’une force étonnante, d’un suspens permanent bien que l’on sache à quoi s’attendre. M. de K, qui a déjà reçu deux prix pour ce livre admirable, est dotée d’une écriture qui sculpte avec force et sensibilité le réel.
Un surfeur, Simon, est victime d’un accident. A l’hôpital, bien que son cerveau soit en état de mort clinique, on le maintient en vie dans l’espoir de pouvoir disposer des organes. On va se pencher plus précisément sur le coeur. Le roman va nous raconter depuis la séance de surf dans un froid glacial et jusqu’à la transplantation finale, tout ce qui se passe autour de ce coeur. Les émotions, en premier. L’écriture est riche et nous plonge dans la mer, dans l’amour, dans la mère aussi. Entre les parents, la petite amie, mais surtout la chaîne médicale qui préside à toutes les étapes d’une greffe, les différents soignants, transporteurs, chirurgiens, on est en plein dedans. On voit tout, en sent tout, on entend tout. On accompagne une femme au bord de ses limites, celle qui va se réveiller avec ce coeur tout neuf dont elle ignorera l’origine, c’est la loi en France, et pour lequel elle ne pourra jamais dire merci.
Ce livre est d’une richesse absolue. On y apprend énormément. Sur les techniques chirurgicales mais aussi sur le surf,  les chardonnerets, le travail du responsable chargé de convaincre les parents, la personne qui restera près du corps jusqu’à la fin et transmettra ce qu’on lui a confié, les données sur les possibles receveurs par rapport à l’organe.  La course contre la montre joue aussi mais pas de façon cinématographique, juste pour insister sur l’extrême professionnalisme des équipes qui n’ont que très peu de temps pour réussir leur mission sans unité de lieu. En l’occurrence, les organes de Simon vont être livrés dans plusieurs villes, par avion spécial ou convoi rapide.
j’ai vibré tout au long de ce roman qui est plus un livre de la vie qu’un livre de la mort. J’avais adoré « Naissance d’un pont » (article ici) prix Médicis 2010. je vous recommande chaudement celui-ci, il est formidable !

Réparer les vivants de Maylis de Kerangal aux Editions Verticales. 2014. 280 pages. 18,90 €.

Texte © dominique cozette

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