Et Dieu créa l’infâme

Et Dieu créa l'infâme

Très mauvais titre pour ce tableau car Vadim, Roger de son prénom, était tout sauf un infâme, on a su cela lors de ses obsèques où toutes ses femmes (qui n’étaient pas les plus moches du monde occidental) l’ont évoqué en termes plus qu’élogieux. C’est lui qui s’est occupé des gosses la plupart du temps, Jane Fonda le dit dans ses mémoires, bref c’était un mec bien. Bon, alors pour mon tableau, je me suis inspirée d’une image de Et Dieu créa la femme (d’où le titre). Sur le volet gauche, c’est l’homme qui parle : « Je te jure, toute ma vie je t’aimerai ». Sur le volet droit (et avec la voix de BB s’il vous plaît) : « Comment peux-tu dire ça ? Si ça tombe, je serai morte ou tellement moche ». Et le personnage coupé, commentant la promesse fallacieuse de l’homme marmonne d’une voix à peine audible quoique sarcastique « Et Dieu créa l’infâme ».
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce qu’on est samedi matin, que je vais bientôt partir aux Frigos, à la galerie Aiguillage où ce tableau est exposé, que je reviendrai tard, qu’il sera peut-être vendu et qu’il tombera alors dans votre oubli. Pour vous dire aussi que ce tableau qui a l’air comme ça extrêmement futile est d’une grande gravité puisqu’il y manie les concepts métaphysiques  de temps, de mort, d’amour, d’anticipation, de durabilité, de beauté/laideur, de sincérité, de doute, de relativité, d’amitié/complicité et de perméabilité de la serviette éponge avec laquelle le personnage central s’est ceint les hanches pour mieux s’appliquer à crêper sa choucroute.

Texte et peinture © dominiquecozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter