Mensonges d’un jour d’été

Non, un très beau temps...

Le temps pourri qui n’a pas l’air d’épargner grand monde en ce week-end pascal, vous allez voir que personne de ceux qui partent n’en aura subi les conséquences. Parce que c’est typique, comme disent des gens dont je ne citerai pas le nom, les gens ont tous la chance d’avoir un micro-climat dans leur endroit de villégiature. La France est une mosaïque de micro-climats distribués généreusement aux salariés qui prennent leurs ponts.
Mais pas que ça.
Le week-end de Pâques est généralement très chargé lorsque le lundi de Pâques tombe un lundi. Comme cette année. Des centaines de milliers de voitures, on entend cela à la radio, sont sur sur nos belles routes et sur les belles autoroutes revendues à des sociétés privées. Mais là encore, nos salariés ont une chance de cocu. Presque tous — ne généralisons pas — presque tous donc vont se vanter de n’avoir mis que trois heures pour aller à Truc-les-Oies de porte à porte ! Pas un bouchon, rien !!!
Ce sont les gens. Ils ne veulent pas être des victimes, ils ne veulent pas être des moutons. Alors, ils racontent des bobards, des petits mensonges qui les dédouanent et que personne ne croit ou dont tout le monde se fout. Puis, quand ils bifurquent vers la politique,  ils louent un jet privé avec l’argent du contribuable, ils vivent à moindre frais dans une HLM usurpée à des pauvres, ils s’arrogent les privilèges dus à leur rang d’êtres extraordinaires nés avec le cul bordé de nouilles et une petite cuiller en argent dans la bouche. Du plus bel effet. On est tous pareils.

Texte et dessin © dominiquecozette

Les taureaux adorent la corrida, c’est bien connu !

– T’as ta première corrida, dimanche ?
– Je te signale qu’on ne participe jamais à une deuxième corrida !
– Et alors, ça te fait quoi ?
– Comme tu vois, je rayonne ! J’ai une super forme et les arènes sont déjà blindées. C’est un beau sport, tu sais, et je suis fier d’en être !
– Tu n’as pas peur de souffrir ?
– Meuh non ! Dans le feu de l’action où l’on se bat à armes égales avec le valeureux Homme-Dieu,  on oublie toute souffrance, nous ne sommes pas des bêtes, tout de même !
– Et  mourir, ça ne te fait pas peur ?
– On va tous y passer, autant le faire en beauté ! Toutes ces belles dames qui t’admirent et tous ces hommes qui t’encouragent, non, je te jure, un taureau qui meurt lors d’une belle corrida, c’est exaltant !
– C’est quand même une torture, non ? Tu agonises, on te coupe la queue et les oreilles…
– Oui, c’est l’inconvénient. Mais tu sais, je suis un vrai taureau, un bon taureau, et si  l’Homme-Dieu a décidé de nous infliger cette épreuve, il faut s’en montrer digne.
– En somme, la corrida, tu es pour !
– Tous les taureaux sont pour, évidemment, comment peut-il en être autrement ! Ça serait interdit, sinon !

Si vous, vous êtes contre la corrida, faites un tour au CRAC, le Comité Radicalement Anti-Corrida, c’est ici.
Et puis vous pouvez aussi signer la pétition contre l’inscription de la corrida au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, c’est ici.

Texte et dessin © dominiquecozette

Alors, c’est ça, mademoiselle Coco ?

Un doigt frenchmanucuré dans la bouche, entre deux lèvres entrouvertes, elle dit :
– « Léon-Charles, dis-moi encore que tu m’aimes ! Dis, et mes émeraudes, celles qu’on a vues chez Chaumet, tu les reçois quand, mon Léon-Charles aimé ? Parce que mes oreilles sont toutes nues, regarde comme elles sont malheureuses, mes deux oreilles-coquillages sans ces belles émeraudes, avec leurs pauvres petits lobes si désertiquement indécents ! »
Léon-Charles se tourne vers elle :
– « Tu ne comptes pas sortir comme ça chez les Clermont-Tonnerre, tonnerre de Dieu !
– Comment comme ça ? Tu m’as dit que j’étais adorablement coquine, Léon-Charles, hein ?
– Mais pas pour sortir, chérie, voyons, on voit toute ta poitrine !
– Pas du tout, Léon-Charles adoré ! Les bretelles de mon joli pantalon cachent mes aréoles turgescentes et de toute façon, ma chemise est hyper transparente !
– Peut-être, chérie, mais ça ne t’empêche pas de la fermer et de la boutonner, que dirait notre chauffeur ?
– Ah ah ah ! Que tu es drôle Léon-Charles quand tu es en colère ! Viens m’embrasser…
– Encore faudrait-il que tu retires ton doigt de ta pulpeuse bouche. Que ne le fais-tu ?
– Parce que je trouve ça trendy. C’est chaud bouillant, non, Léon-Charles adulé ?
– Tu parles comme toutes ces greluches !
– Greluches, ah ah ah !!! Tu as toujours de ces mots erronés, Léon-Charles poupougnou ! Oh ! Bordel de cul !
– Ah,  je t’interdis de jurer !
– Mais j’ai renversé tout mon flacon de Mademoiselle Coco de Chanel dans mon sac Chanel et sur mon costume Chanel ! Il faut qu’on retourne chez Chanel, Léon-Charles chéri !
– Alors tu enlèves ton doigt de ta bouche !
– Oui, Léon-Charles adoré, ça y est, j’ai la bouche toute libre ! »

L’égérie de Mademoiselle Coco de Chanel, sorte de lointaine imitation d’une certaine  Gilda en bêtasse avec ce doigt dans la bouche et  cette bretelle collée sur le sein droit, n’est qu’une suggestion de présentation du produit. Bien sûr, elle est belle, elle est probablement très connue… mais pourquoi toujours mettre ces nanas dans des postures aussi niaises ? Hein ? Hé, Karl ! J’te cause ! Bon, personne ne répond.  Je ne vois pas pourquoi je m’égosille, c’est vrai, quoi, mais de quoi je me mêêêêêêêêêle !

Texte et dessin © dominiquecozette (d’après la pub)

Lettre ouverte à Dieu

Cher Dieu,
je vous écris pour vous dire que je ne suis pas contente de vous. Qu’est-ce que vous fabriquez, ces derniers temps ? Vous êtes en train de saccager votre oeuvre et je trouve ça con. On dirait un môme qui saute à pieds joints sur son transformer ou une gamine qui arrache les bras de sa Barbie. Je ne vois pas l’intérêt, franchement.
Vos tremblements de terre, vos éruptions volcaniques, vos tempêtes, vos épidémies, je trouve ça nul et pas très inventif. Le tsunami au moins, je parle d’il y a dix ans, il avait du panache. Attention, je ne dis pas que c’est bien. Simplement, je m’interroge :  Quel plaisir éprouvez-vous à passer votre temps à nous emmerder, et à nous coller des guerres par-dessus le marché, comme si on avait besoin de ça.
Je ne suis pas assez sotte pour attendre une réponse. Quoi qu’il arrive les bigots continueront à vous célébrer, on se demande, parfois. Autre chose, tiens : des gens comme Enrico Macias, par exemple, ou Ariane Massenet, ou Hortefeux, tiens, je pourrais en citer des centaines, Zemour, Hitler bien sûr…pourquoi les avoir créés ? Quel était le brief de départ ? Les papillons, les insectes, les poissons, les fauves, ça je comprends, c’est impressionnant, c’est sublime, c’est varié, c’est créatif, mais franchement, ces gens, hein ? Même moi, c’est vrai, quand je me regarde en sachant que je suis faite à votre image, je ne vous fais pas mes compliments ! Heureusement que je plais à certains.
d’ailleurs, faut que j’y aille, je me marie pour la quatrième fois.  ET J’AIMERAIS QUE VOUS CESSIEZ DE RAPPELER À VOUS MES MARIS CHÉRIS TOUS LES DEUX ANS ! Ça commence à jaser dans les chaumières !
A tout à l’heure à l’église (attention, la prochaine fois, ça sera  le temple ou la mosquée), bien à vous. (Et faites un effort)

Texte et dessin © dominiquecozette

Des patrons qui en ont

Selon une étude qui sera publiée en avril dans la revue du CNRS “Travail, genre et sociétés” : les entreprises du CAC 40 qui ont plus de 35% de cadres féminins ont connu une croissance de chiffre d’affaires de 23,54%, contre 14,61% dans les sociétés qui ont moins de 35% de femmes cadres. Cette croissance  s’accompagne d’une productivité sur cinq ans supérieure de 33,88% aux autres entreprises, et de créations d’emplois plus nombreuses (18,08% contre 7, 36%). Attendez !!! Je n’écris pas ce blog à la gloire des femmes ! Laissez-moi finir !

Parmi les explications avancées et indéniables (vivier de talents élargi, comportement différent des femmes face aux risques…),  il y en a une, et de taille, qu’on oublie : la mentalité de leurs patrons. Des patrons capables de filer le pouvoir à de nombreuses femmes, ce sont des mecs qui en ont, qui n’ont pas peur que les femmes piquent leur job, qui les placent sans barguigner à des postes de responsabilités, qui les écoutent, qui respectent leur talent et leurs compétences. Des patrons à l’esprit ouvert, quoi. Donc des gagneurs. CQFD

Texte et dessin © dominiquecozette

Vu à la radio

Avant, tu étais invité(e) à la radio pour causer dans le poste, tu y allais comme ça, pas coiffé(e), pas sapé(e), pas maquillé(e), mal chaussé(e) etc… Tu pouvais faire des mimiques, des grimaces, des gestes insensés pendant qu’on te posait des questions ou que des infos tombaient. Tu pouvais aussi mettre les doigts dans ton nez, fumer une clope, mettre une main aux fesses, boire de l’alcool, être moche sans que ça se sache, auréoler tes aisselles, te gratter le ventre, que sais-je… Mais voilà que les studios radio sont devenus des relais d’internet, du zapping, du Petit et du Grand Journal. Et voilà qu’on montre tout ce qu’il s’y passe. Enfer et damnation, plus rien ne sera jamais pareil. Le secret de la confession en feutré disparaît pour faire place soit au cabotinage, soit à l’immobilité totale (après une  prise en flag d’exploration nasale, Roselyne Bachelot se statufie dorénavant sans ciller). Tout ça pour quoi ? Pour faire de la mauvaise télé ! C’est pas que ça me dérange vraiment, je m’en tape même le transistor,  c’est que ça change l’esprit.
A partir de maintenant, on ne comprend plus qu’on passe la voix de quelqu’un sans une image qui bouge et qui va avec. On s’étonne qu’on ne soit pas dans les coulisses de la chose et dans les chiottes des coulisses. On veut tout voir, tout savoir, avoir des preuves, des vu-de-mes-yeux-vu, des sources sûres. Imaginer n’est plus intéressant, c’est même pénible, ça fatigue la tête. A partir de maintenant, on veut du making off, du webcamé, du coloscopique, du trou se serrure. Moi je dis : pourquoi on ne fixe pas un petit écran sur la radio pour la regarder ? Quelqu’un (à l’intérieur de ma tête) me rétorque : t’es con, ça serait de la télé, voyons ! Voyons, bien sûr, mais qu’est-ce qu’on est con, parfois. Enfin, je parle pour moi et je vous jure que si j’étais filmée en train de me fustiger ainsi, ça passerait en boucle sur Youtube  !

texte et dessin © dominiquecozette (sujet très très vaguement inspiré de « au poste » de Judith Sibony)

Ma mémé a cen-hans…

Ma mémé a cen- hans, ma petite soeur di-hans et moi même quarante deu-hans. Ça fait pas bizarre ? Hé si. Alors pourquoi y en a qui font ça avec  lé-heuros ? Hein, pourquoi ??? Comme l’a expliqué un jour un amoureux de la langue dont je tairai le nom pour la bonne raison que je ne l’ai pas imprimé, il faut faire  avec les zeuros comme avec les ans, la liaison. Ainsi, ma mémé a cent teuros, ma petite soeur dix zeuros et moi-même quarante-deux zeuros. Ça ne fait beaucoup de thune à l’arrivée mais au moins c’est corrèk. Bordel à queue de crénom de dieu de nouille du cochon, ça serait bien que les journalistes s’y mettent, non ? Y en a marre des gens publics qui s’expriment pas convenablement, chier, quoi ! Bon, je vais prendre mes gouttes…

texte et dessin © dominiquecozette

Je te jure que je ne te toucherai pas…

Mais non, je te jure que je serai sage. Aie confiance, puisque je te le dis ! Tu sais très bien que je te respecte et que je ne vais pas abuser de toi comme ça, voyons. Même si tu me fais… enfin, je ne suis pas un sauvage, je sais me tenir. mais pourquoi tu tournes la tête ? Je peux quand même t’embrasser. Regarde, j’ai les mains dans le dos, comme ça tu ne crains rien. Un tout petit baiser, du bout des lèvres… Sois pas stupide, je ne vais pas te violer… On le fera quand toi tu voudras, je ne peux pas te dire mieux… Je te le jure sur la tête de ma mère ! Crois-moi ! Allez, reste encore, ma voiture est cassée et il n’y a plus de métro. Je te promets de ne rien tenter. Tu dormiras dans le lit et moi sur le canapé, OK ? Mais reste encore un peu contre moi, serre-moi, mais non, j’ai rien dans ma poche, qu’est-ce que tu vas chercher… Bon, je me retourne, retire ta robe et mets-toi au lit. Mais n’aie pas peur, je ne rentre pas dans le lit, je veux juste un baiser, avant de me coucher dans le canapé…Dis, tu sais que je t’aime, tu le sais ?  Tu ne me crois pas ?… Dis, tu ne vas quand même pas me laisser dormir sur le canapé !  Je te jure que je me mets dans le lit sans te toucher. A l’autre bout. Et si toi tu veux un câlin… hé ben tu décides, je ne peux pas te dire mieux. Allez Judith, dis oui…

Texte © dominiquecozette d’après « L’eau à la bouche » de Gainsbourg
Dessin © dominiquecozette

Pas concernée du tout, et alors ?

Les contraintes peuvent se  resserrer, les obligations se faire plus pressantes et le principe de précaution plus inquiétant, je m’en contrefous. Je n’ai pas d’avis sur la burqa, ni sur les « affaires », Clearstream, Polanski, Frêche… Je ne me suis pas mise à la TNT, ni ruée aux soldes, je ne me suis pas fait vacciner,  je n’ai pas de préservatif sur moi, je n’ai pas prévenu qu’un bagage était abandonné, je n’ai rien donné pour Haïti, je n’ai pas suivi le débat du président, je n’ai pas appuyé sur la touche étoile, je n’ai pas travaillé plus, ni le dimanche, je n’ai pas fait de mammographie, je ne ferai pas de coloscopie, j’ai zappé le dentiste, je n’ai pas tenu la rampe ni mon chien en laisse, je n’ai pas ramassé sa crotte,  je n’ai pas acheté une nouvelle voiture avec la prime à la casse, je n’ai pas participé au débat sur l’identité nationale ni prouvé que mes parents étaient français, je n’ai pas vu Avatar, je ne vais jamais sur Facebook ou Twitter, je ne lis pas les blogs,  je ne me suis pas fait lifter ni remonter les seins, je n’ai pas  de cashemere, je ne dis pas « en surpoids » au lieu de « gros » ni « de couleur » au lieu de « noir », je ne boycotte pas le thon rouge, je n’ai pas vu Dr House ni 24h chrono, la mort de Michael Jackson m’indiffère, je n’ai pas consommé utile, ni inutile d’ailleurs, ni bio, je n’ai pas acheté ni offert de sex-toy, je n’ai pas l’intention de mourir bientôt, ni de voter, ni d’acheter l’ipad,  je bois même si je conduis, je n’attache pas ma ceinture, je fume partout où je veux, je fais du 200 sur l’autoroute, je me fous de la fonte des glaces et de la pollution… A vrai dire,  j’emmerde le futur ! Car on est au milieu des 60’s,  j’ai eu le bac, le permis, mon premier amant  et  je ne sais même pas ce que veut dire filière en langage étudiant. Alors l’avenir !!!

texte et dessin © dominiquecozette

Couchée, sultane !

Tous les jours se faire la plus belle, passer des heures à s’émollier dans le bain chaud, à s’extraire les sucs impurs, à étriller sa surface, à y faire circuler la vie, à extraire les pilosités dans les moindres recoins, à oindre la masse capillaire, la faire reluire aux huiles parfumées, idem pour les ongles qui se doivent d’être rigides et épais, nacrés et parfaitement ovalés, puis ensuite le maquillage, les pigments, les khôls, les onguents, les préparations karitéennes, des heures tous les jours pour se faire la plus belle dans ce palais mirifique aux trente femmes. Et encore des heures à s’assortir au temps, aux lumières, aux états d’âme par des étoffes somptueuses, soyeuses, mouvantes, crisseuses ou voileuses afin d’apparaître comme la plus belle des belles lorsque le sultan vient y choisir son plaisir du soir et de la nuit.
Eh bien, sans moi. Et puis quoi ? Il n’a qu’à me prendre comme je suis. Et de toute façon, je n’aime pas qu’il me prenne, je n’aime pas ses bras grassouillets, son corps rebondi, son torse moelleux et glabre, quasi eunuquéen. Je n’aime pas qu’il prenne son plaisir sans me donner le mien avec son petit sexe impatient et ses grognements puérils. Moins je le vois et mieux je me porte. Si je m’ennuie ? L’ennui n’existe pas dans une tête de femme. Une femme, c’est comme un chien ou une chatte, ça accompagne le temps qui coule, ça pépie joyeusement ou ça somnole passivement à l’endroit où elle s’est posée en attendant la suite des événements.

Texte  et dessin © dominiquecozette

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