Nathalie demande grâce…

J’ai rencontré NKM dans le métro. Désespérée, la nana ! Elle n’avait pas de ticket sur elle et elle se demandait si elle trouverait suffisamment de monnaie au fond de son sac jaune pour s’acquitter du prix d’un billet. Pour elle, le billet vaut 4 €. En fait, il vaut 1,70 € à l’unité et 1,30 € si on prend le carnet de 10. Mais ça, personne ne l’a avertie car elle aurait trouvé ça pas assez cher, comme c’est dit dans la première pub pour la Duster.
Donc, la voilà dans l’entrée du souterrain de la station Sèvres-Bab, celle de la Grande Epicerie, là où elle fait provision de mets délicats, sucreries douces-amères (qui lui donnent ce petit rictus pincé) et huile issue des liposuccions de Catherine Deneuve. Tout ça stocké dans son grand sac jaune Hermès dont elle rêve qu’un jour la marque le rebaptisera le « KM » comme on a déjà le Birkin et le Kelly. En même temps, se demander si chaque matin on va prendre son Kochouchomorizet, c’est pas terrible. Moi, j’aurais le choix… mais je ne l’ai pas et je ne suis pas très sac.
Bref, elle en est là de ses recherches lorsqu’un mécontent de Hollande lui pose cette question : « Le pouvoir d’achat baisse, les impôts augmentent, faut-il encore augmenter les prix ? ».
Edouard Leclerc, il s’appelle le mec qui fait son intéressant car il vient de reconnaître la candidate à la mairie de Paris, si proche du peuple, si concernée par le quotidien des travailleurs.
Levant sa tête contrariée, elle lui répond : Non, faut surtout pas ! Vous vous rendez-compte ? Je dois déjà payer 12 € pour revenir chez moi, alors non, surtout pas !
On a ri autour d’elle, tous autant qu’on était, car la pauvre NKM croyait qu’il fallait raquer à chaque correspondance.
Finalement, un gros gars « de couleur » style caillera quand il avait 20 ans mais là il en avait 40, lui a proposé de la faire passer avec lui, il lui a fallu se coller sur son gros derrière pour franchir le tourniquet. Un superbe moment de grâce ! N’empêche, elle en faisait une tête !

Texte © dominique cozette

Mon chauffeur de métro

   j’ai un tuyau faramineux à vous filer si vous voyagez en métro. Le meilleur conducteur, c’est lui. Il s’appelle Denis Lavigne — déjà ce nom qui fleure bon le nectar — il écoute les Fabulous Trobadors et il me file So Foot à la fin de son service. Surtout, il est confortable : jamais un coup de patin qui t’envoie valdinguer contre la mémère effarouchée, et toujours il t’informe d’une voix posée sur le pourquoi du comment t’es en rade dans le tunnel. C’est sobre, ce n’est pas l’autre, le Tony Truand qui raconte ses conneries, je dis pas que c’est mal mais ça  lasse.
Donc, je ne voyage plus qu’avec lui, ou, quand ce n’est pas possible, qu’il est en vacances, avec Sylvette l’Antillaise à la voix chantante. Sinon, je reste à quai. J’en ai soupé des conducteurs qui font durer le signal de fermeture des portes à te casser la tête, qui cliquent vingt fois sur le micro avant de passer une annonce — ou sans en passer, les cons — hurlent dans le micro comme si on était au Stade de France ou chuchotent comme s’ils disaient une horreur. Et qui klaxonnent quand ils croisent un collègue, soit toutes les deux minutes, qui te laissent moisir  sans rien dire quand tout s’éteint (remarquez, quand je roupille, c’est pas moi que ça gêne), qui pilent, qui ne disent rien quand c’est le terminus etc etc… C’est vrai que ça restreint mes déplacement tout ça, mais vous savez quoi ? J’habite dans le métro, alors tant qu’à faire, autant choisir son tôlier, non ?

Texte et dessin © dominiquecozette

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