Tiens, des drôles de films !

« Victime d’une sévère chute de rein, contre toute attente, elle se releva indemne. »

Comme je n’ai rien d’avance à vous servir pour cause de peinture fraîche (vernissage ce jeudi), je vais vous parler de quelques films charmants qui peuvent tout aussi bien  ne pas vous plaire. Mais qui constituent d’excellents lavages de cerveaux par leur éloignement des tyrannies  commerciales habituelles.

Dans le genre minimaliste, le premier est chinois, d’une lenteur esthétique que d’aucuns apparentent à un Jarmush à ses débuts. Les plans sont d’une langueur monotone, fixes et peu causants. Il s’appelle « winter vacations » de Li Hongqi, il a gagné le grand prix et la prix de la critique à Locarno et conte le quotidien oisif de quatre ados pendant les vacances d’hiver. Ils ne font rien de spécial, se racontent en deux mots une histoire de coeur, se prennent des baffes sans s’en formaliser. Une fillette de quatre a des insomnies, un pépé immobile menace son petit-enfant sage, et le film se clos sur l’interrogation écrite de la rentrée : comment être utile à la société. Tête des mômes. Le genre de film dont l’ambiance absurde et étirée ne s’oublie de sitôt. Bande annonce (en fait, il s’agit de la deuxième séquence) ici
« La BM du Seigneur » de Jean-Charles Hue est tournée dans une communauté de gens du voyage : unité de lieu totale. Des caravanes, la zone, des personnages (des vrais) dans une vie plutôt simple entre larcins et code d’honneur , respect dû au patriarche, sens de la famille. Les sentiments y sont rudimentaires, les échanges primaires, la vie basique. Quand l’un d’eux, après avoir eu une vision, décide de se ranger des voitures, c’est à dire de ne pas voler la BM qu’on lui a commandée, ça fout la zizanie. Bon. Curieux, dépaysant, sans ironie ni décalage. Un peu effrayant quant aux facultés d’adaptation de ces personnages à la société actuelle. La poésie ethnologique si on veut.
Si vous avez envie de mer et de soleil, un autre film où il ne passe pas grand chose mais c’est dans une des plus grandes barrières de corail de la planète, au Mexique. Il s’appelle Alamar,  il est réalisé par Pedro Gonzales Rubio et a été sévèrement primé. C’est l’histoire — réelle — d’un beau petit garçon né de l’amour entre une Romaine et un pêcheur mexicain. Qui se sont séparés. Alors, un jour, le petit, citadin italien, va aller passer des vacances avec son père  pour le connaître, et son grand-père, simple pêcheurs vivant dans une petite maison sur pilots. Il apprend la mer, la pêche, les fonds sous-marins, les oiseaux, les crabes, la nature, l’humilité, l’attention aux autres. Le papa est un magnifique spécimen naturaliste, délié, souple, élancé, craquant. C’est le vrai père. Bande annonce aqui
Enfin, plus proche de notre cinéma mais atypique quand même, « je suis un no man’s land » de Thierry Jousse, avec Philippe Katerine et Julie Depardieu, protagonistes d’un improbable amour. Ça se passe dans le terroir, dans les champs et les bois. Il se retrouve fortuitement, après le harcèlement d’une ex, dans la ferme de ses parents superbement campés par Aurore Clément et Berroyer, et curieusement, ne peut plus en repartir. Très poétique aussi, drôle, inattendu, rafraîchissant. Bande annonce ici

Texte et dessin sans rapport © dominiquecozette

Donc jeudi 3, vernissage au cabinet d’amateur, près de la Bastille. Lien ici

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