Gloire aux petits bras !

On n’en parle jamais des petits bras fins. Les petites flûtes adolescentes. Les jeunes biscottos malingres. Quel poète, quel aède, quel chantre a osé dire à une jeune fille qu’elle avait des bras ravissants ? Sans le risque d’une baffe car un tel éloge pourrait sous-entendre que le tout reste, yeux, bouche, seins, nuque, taille, hanches, fesses, jambes, chevilles, oreilles, pieds, voix, nez etc… est vaguement daubé.
Donc, les petits bras …

Oui, les bras d’adolescentes montées en graine, ces brindilles maigrelettes, voire anorexiques so Eléonore Klarwein, diaboliquement menthe !
Puis qui  s’épaississent doucement pour passer au stade Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Audrey Tautou,…
Et puis, il y a les très honnêtes bras des créatures ensorcelantes, les femmes femmes exhibant leur moelleux rondelé, comme celui des cuisses, des seins, de la petite couche de graisse ventrale. C’est joli aussi mais c’est alors plus Romy Schneider, Sophie Marceau.
A l’heure où les petites nanas farfouillent pour dégotter la chouette robe dénudée qui va mettre en valeur en cette fin d’année leurs juvéniles humérus, les ex-ex-ex-petites-nanas-baby-boomeuses vont s’emmitoufler dans un plaid 100% cachemire à 425 € chez Merci ou 9,99 chez Toupourien (garanti bourré d’électricité statique) pour roupiller devant les multiples bêtisiers censés leur faire finir l’année dans une cascade de rires à bouche que veux-tu (moi ? … non, non, rien… faut juste que j’aie le courage de me sortir de mon Cinna / mon Clic-clac pour aller au lit), on peut se poser la question : pourquoi les petits bras ne sont pas plus chantés, honorés, fêtés, focusés, comme le seul (et rare) gage de fraîche jeunesse de son innocente propriétaire ?
Oui pourquoi ? Je pose la question.
Quelques égéries, largement dépassés les 50, 60 balais mais conscientes du pouvoir d’attraction d’un tel morceau de roi, ont su le garder maigre, le gringalet, telles Arielle D., Karen Ch. ou encore madame la première dame, qui n’hésitent jamais à porter une petite robe sans manches — sans manches mesdames et messieurs — et à continuer d’exhiber cet endroit du corps que je ne saurais voir sans un frisson de terreur dans l’hypothèse d’un éclairage imparfait ou d’un soleil ruisselant au zénith : gare alors au terrible effet chauve-souris ou à la rédhibitoire ridularité de ce petit spot intime qui ne devrait jamais sortir nu en ville à l’âge canonique, toujours fixé à 40 ans même si on est encore canon à cet âge, mes bien chères sœurs.
(Il paraît que ça se peut se dégraisser ou lifter mais il ça coûte un bras.)

Si cet article vous a passionné(e)s, je vous parlerai prochainement de la taille des oreilles qui s’accroît avec l’âge.

Texte © dominique cozette.

Lolito

Je ne vois pas trop pourquoi ça tombe sur moi. On a toutes fait la même chose. Après notre rude journée de travail — je bosse dans une société de service dont je tairai le nom — on a fait comme d’hab avec les copines. On est allées chez Patrick, le troquet d’en face, s’en jeter un, puis deux, puis trois puis finalement pas mal car on était une équipe de sérieuses et on n’avait pas envie de rentrer tout de suite. Puis y en a une qui a commencé à lorgner un mec qui lisait l’Equipe, une autre qui se frottait au chambranle de la porte comme Arielle Dombasles dans le film mémorable de son mari BHL, et une troisième qui hurlait à la lune, alors que la lune n’était que le vulgaire (enfin pourquoi vulgaire, direz-vous) réverbère de la rue. J’ai compris qu’elles étaient en chaleur, c’est normal, après des journées pareilles, il faut bien que le corps exulte.
Alors on est allées, oui, toute la bande, chez Monsieur Jacques, recueillir un peu de tendresse là où ça manquait. Oh, qu’ils étaient croquignolets, tous ces petits mâles qui nous tendaient les lèvres et les bras. Mon choix se porta sur un nouveau, Jon il s’appelle, trop cute avec ses petites dreads et ses biscottos de frimeur en herbe. Je n’ai pas été déçue, il s’est occupé de moi comme personne. Il a fait tout bien, style tendre voyou vous voyez ? Bref, tout s’est bien terminé. Sauf qu’aujourd’hui, tout le monde m’emmerde parce qu’il paraît qu’il n’avait pas 18 ans ! Pas 18 ans, Jon ? Et alors, on n’a qu’à abaisser la majorité des beaux petits mecs, ça paraît simple, non ?

Texte et dessin © dominiquecozette

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