Je ne vois pas trop pourquoi ça tombe sur moi. On a toutes fait la même chose. Après notre rude journée de travail — je bosse dans une société de service dont je tairai le nom — on a fait comme d’hab avec les copines. On est allées chez Patrick, le troquet d’en face, s’en jeter un, puis deux, puis trois puis finalement pas mal car on était une équipe de sérieuses et on n’avait pas envie de rentrer tout de suite. Puis y en a une qui a commencé à lorgner un mec qui lisait l’Equipe, une autre qui se frottait au chambranle de la porte comme Arielle Dombasles dans le film mémorable de son mari BHL, et une troisième qui hurlait à la lune, alors que la lune n’était que le vulgaire (enfin pourquoi vulgaire, direz-vous) réverbère de la rue. J’ai compris qu’elles étaient en chaleur, c’est normal, après des journées pareilles, il faut bien que le corps exulte.
Alors on est allées, oui, toute la bande, chez Monsieur Jacques, recueillir un peu de tendresse là où ça manquait. Oh, qu’ils étaient croquignolets, tous ces petits mâles qui nous tendaient les lèvres et les bras. Mon choix se porta sur un nouveau, Jon il s’appelle, trop cute avec ses petites dreads et ses biscottos de frimeur en herbe. Je n’ai pas été déçue, il s’est occupé de moi comme personne. Il a fait tout bien, style tendre voyou vous voyez ? Bref, tout s’est bien terminé. Sauf qu’aujourd’hui, tout le monde m’emmerde parce qu’il paraît qu’il n’avait pas 18 ans ! Pas 18 ans, Jon ? Et alors, on n’a qu’à abaisser la majorité des beaux petits mecs, ça paraît simple, non ?
Texte et dessin © dominiquecozette
C’est à craindre. une loi clientèliste pourrait bien voir le jour et abaisser la minorité à 16 ans pour que les petits merdeux puissent aller voter.