Etre ou disparaître…

Survivants de la tribu Akuntsu, Brésil
Survivants de la tribu Akuntsu, Brésil

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’un trio issu de la tribu Akuntsu d’Amazonie brésilienne, mais bien de Gina Lollobrigida la bien nommée, Françoise Arnould et Bernadette Lafont en vacances en Casamance où elles ont appris à entrer dans le réseau FB, drivées par Casimir, GO web du club. Problème : leur recherche de nouveaux amis est souvent vaine puisque les personnes qu’elles ciblent, de leur génération,  ne pratiquent pas le net. Quant aux plus jeunes par elles clickées, elles n’ont pas encore répondu. Elles en sont là, avec leurs six amis, elles-mêmes donc, plus Casimir, sa femme Kadiatou qui tresse les petites nattes mais n’a pas d’ordi et Matty qui donne les cours de Shiatsu, le matin, au bord de l’Atlantique.

Blague à part, ce petit 20×20 part d’une photo parue dans Courrier International n°977, où une aide est demandée en faveur des derniers Indiens de la tribu Akuntsu menacés de disparition. Voir le site Survival
Ce petit format et dix autres seront à l’expo 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre, pour venir en aide aux enfants hospitalisés.

Texte et peinture © dominiquecozette.
L’auteur de la photo originale n’est pas mentionné sur le communiqué.


On dirait le sud

Ce n'est pas du Uncle Ben's

C’est un endroit qui ne ressemble ni à la Louisiane ni à l’ l’Italie mais ça pourrait être joli, c’est le Sud, le temps dure longtemps et la vie pas vraiment, quelques petites années, et toujours en été.
Il y a plein d’enfants qui se meurent sur le sable, il n’y a pas de chiens ni de chats, il manque de tout, pas d’eau, rien à manger.
Un jour ou l’autre il faudra qu’il n’y ait  plus la guerre mais on ne sait pas quoi faire pour l’empêcher, c’est le destin.  Si ça arrive, tant mieux pour le Sud, ce serait vraiment  bien, on pourra alors vivre plus d’un million d’années, et toujours en été.

Toujours en été, Nino, auteur de la chanson originale,  s’est tiré une balle de fusil dans un champ de blé, il ne se remettait pas de la mort de sa mère. Nino, je l’ai un peu connu dans son époque flamboyante, dandy, Bentley et Jaguar, pourquoi n’avoir pas gardé Ferrari comme nom, verres de Murano, cigares commak, masseur pour ses deux femmes, mais ça, c’était aussi à l’époque où je portais un ensemble tunique-pantalon en soie indienne couleur émeraude.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que personne ne pourra le raconter à ma place. C’est fort comme justification, non ?

Texte © dominiquecozette, inspiré par Nino Ferrer
Peinture © dominiquecozette pour l’expo 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre.

Incognita

Pas le portrait de ma nana
Ceci n'est pas ma nana

Ça, c’est deux dessins que j’ai faits de ma nana, hier soir, avec peu de lumière, parce qu’elle n’aime pas rester nue devant moi. Pourtant bon, le reste du temps, enfin bref… C’est le fait de poser en pensant que je l’examine sous toutes les coutures qui  l’insupporte. Donc, peu de lumière. En plus, elle a honte à l’idée que quelqu’un de notre entourage, ou de son boulot, ou de sa future carrière, pourrait la reconnaître. Elle m’a donc supplié de ne pas la reproduire telle qu’elle est. J’ai du changer son corps, dommage car en vrai elle a une taille très fine et des formes généreuses. Il a fallu que je gomme tout ça.  J’ai changé aussi les cheveux, elle les a différents, je ne peux pas vous dire comment sinon elle va criser. En dernier ressort, elle m’a demandé de la passer sur photoshop, de retirer le grain de beauté, de la passer en négatif et de ne pas trop contraster. Bon. Si je marque  Mauricette sous l’image, ça ne vous dira rien car le prénom a été changé, forcément. Moi-même, je ne vous dis pas qui je suis, d’ailleurs je ne vais plus jamais la dessiner et puis pour finir, je vais la quitter et trouver un vrai modèle. Je suis peintre, fauché, et je me demande ce que je fous avec une femme que j’aime, c’est clair, mais qui met des bâtons dans les roues de mon art. Voilà.

Texte et dessin © dominiquecozette

Sculpteur corrosif

L'homme de fer
Homme de fer

J’adore Julien Allègre ! Il est jeune, grand, beau, il a un charmant accent du soleil et surtout, il a un talent d’enfer. Il est sculpteur. Il ne sculpte pas, il déforme, reforme, réforme, soude, dessoude, ramasse, trie, plie, assomme, que sais-je, je n’ai pas encore réussi à aller le voir dans son atelier de Vaison la Romaine. Ce sont ses personnages qui me sont tombés dessus, que ce soit au grand marché de la Bastille, dans une galerie place des Vosges, ou sur une restanque dans le Vaucluse. Des characters bien bruts, et pas bidon bien que souvent fabriqués dans cette matière qu’est le vieux machin pourri et abandonné. C’est du lourd, du maousse, de l’inoxydable. Pour le voir, cliquez sur ce lien et/ou venez le découvrir à Mac 2000 Paris en novembre à l’espace Champerret. C’est géant. (profitez-en pour me dire un petit bonjour, j’y serai aussi). C’est du 19 au 22 novembre.

texte © dominiquecozette
bad photo © dominiquecozette
sculptures : Julien Allègre.

Délicatesse

Excusez-moi d'exister

J’avais fait le ménage et tout et tout quand une bande de CRS est venue pour me virer. Oh, ils ont été très délicats, ils ont retiré leurs pompes pour pas salir, en même temps, un bataillon de CRS en chaussettes, ça fouette, mais on ne peut pas leur en vouloir. Sinon, monsieur Besson est très sympa, il essaie d’arrêter les trafiquants de migrants qui en veulent à nos pauvres pécules, et de le faire avec humanité, mais fermeté comme il l’a dit, vous comprenez, c’est difficile d’arracher tous ces jeunes gens forts et désespérés à cette jungle, de détruire leur cabanes pour qu’ils aillent voir ailleurs s’il y est, le problème, c’est qu’il est partout avec ses troupes, donc c’est pas facile pour nous non plus, on ne peut pas se dissoudre comme ça. On aimerait mieux que ça se passe bien dans nos pays, rester dans nos maisons en dur avec nos amis pas loin et nos familles, croyez pas qu’on fait ça pour embêter messieurs Besson et consorts, on est juste des gens. Alors oui, un doigt de délicatesse dans ce monde de bruts, j’apprécie.

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette pour l’expo les 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre.

Jamais le dimanche

Bloody sunday...

C’est pas la peine d’insister, je te l’ai dit : je reste fermée le dimanche. Hier, j’étais ouverte, t’avais qu’à en profiter. Je suis ouverte toute la semaine, du lundi au samedi minuit, jamais de vacances sauf quand tu t’es barré, alors qu’est-ce que tu crois, je suis pas à ta disposition, nous les femmes on a aussi le droit de tirer le rideau. Quoi les autres meufs, bah vas-y voir les autres meufs, ça me fera des vacances, si elles ont envie de s’ouvrir le dimanche ça les regarde, c’est pas le mec de l’UMP qui va me dicter ma conduite. Moi,  je suis pas payée comme lui, j’ai pas des frais de représentation, une bagnole de fonction, des notes de frais, des avantages de toute sorte, j’ai pas un siège à l’hémicycle pour me rebecter quand je suis nase, et arrête d’insister, c’est usant ça, la plupart des meufs, elles préfèrent dirent oui parce que ça va plus vite que de défendre son intimité, parfaitement, arrête de rire, non mais c’est pas drôle, mais oui je suis bien avec toi, c’est pas le problème mais y a des jours pffff, bon, allez, d’accord, mais vite fait hein, et puis ce soir, tu m’invite à la pizza, OK ? (Je n’ai aucune volonté).

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette pour l’expo les 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre.

photobeurkite

Aucune photo d'elle

Plus beau bébé du monde, puis plus belle petite fille de toute l’école, Héloïse  est aujourd’hui à tomber. Une beauté incandescente, un regard insoutenable, une attractivité hors du commun, hommes / femmes/ enfants. Un problème ? Oui, bien sûr. THE problem : en arrêt sur image, en photo quoi, elle est d’une rare laideur. Repoussante. Nul ne peut l’expliquer. Combien pourtant ont tenté LA photo où elle serait enfin elle-même. Balpeau. Amateurs, professionnels,  Harcourt, elle-même, tous ont échoué. Sur chaque photo : hideuse. Ça semble idiot, comme ça, mais imaginez la vie de cette pauvre Héloïse que tout le monde veut immortaliser, obligée de se cacher des objectifs, des téléphones portables, de se porter pâle dans les fêtes et les mariages sous peine de laisser d’horribles souvenirs ! Pour ses papiers, on a toujours fait faire son portrait par un hyperréaliste, sinon, elle ne passait pas les douanes. Et voilà qu’un jour, elle entendit parler de son négatif, un homme d’une laideur accablante mais d’une beauté hors norme sur chaque cliché. Vie cauchemardesque itou, pour la raison inverse. Ils se trouvèrent, se firent tirer le portrait, lui de face, elle de dos contre lui  et décidèrent d’unir leurs malheurs. Ils ne furent jamais très heureux et leur vie s’écoula au rythme des milliers  de photos que le mari continuait à s’infliger chaque année. Ils ne firent pas d’enfants, pas de fêtes, pas de vagues. Ils disparurent peu à peu à la manière d’un fading out de cinéma. Il n’existe aucun portrait d’elle. Frustrant / excitant / déroutant. Mystère…

Glutron

Ah, quel glu !
Ah, quel glu !

T’es tranquille dans un boîte, cool et là, y a un mec qui vient te brancher pour danser. Mais je le kiffe pas trop. Je décline. Alors il insiste, il me raconte des trucs sur ce qu’il aurait pu être, avec de la chance, mais qu’il n’est pas, et il ajoute :  je vous’emmerde. Le mec frustré qui fait que se prendre des râteaux. Bon. Et ce con, il reste planté là, relou, à insister, genre qui a fait une fixette sur moi. Je rêve ! Il continue à m’importuner, se dit poète maudit. Il fait chier. Je l’invite à dégager. Je lui propose même une bière au bar mais ça ne lui dit rien, trouve qu’il a déjà assez bu. Quel chieur. Je le traite de connard, de puceau mais ça n’a pas l’air de l’atteindre. Il a beau répéter qu’il m’emmerde, il reste là, à me fixer de son oeil torve. Un vrai glutron.  J’vous jure, c’est quoi, ce taré ?

Voir ce clip de Katerine, très marrant. Déjà 10 ans !

Texte © dominiquecozette d’après la chanson de Philippe Katerine « je vous emmerde »
Photo blurrée © dominiquecozette

Crise de PFOA

Aïe, aïe, aïe !!!
Aïe, aïe, aïe !!!

Maîtres queux et maîtres pas queux – pas qu’eux d’ailleurs – nos amis les hommes sont tous attachés à leur « qu’est-ce qu’on mange »? Et là est le hic parce que soit ils cuisinent, soit ils se font livrer. Dans le premier cas, ils le font dans la poêle BIIIIP qui n’attache pas, et dans le deuxième, ils réchauffent leur pizza dans sa boîte au micro-ondes (je résume). Ce faisant (je ne parle pas de l’homme, c’est une expression), ils s’envoient une bonne dose de PFOA dans j’sais pas quelle partie du corps, en tout cas, à l’arrivée, c’est comme une arme de destruction massive pour leurs spermatos. PFOAAAAA !!! Ils n’en reste plus que 5 millions dans un mm2 d’éjaculat. Qu’est-ce qu’on va foutre de ça ! C’est moitié moins qu’une dose normale, la dèche quoi ! Entre parenthèses, vous vous rendez compte du gâchis, tout ce qu’il faut que les mâles produisent pour que l’un de ses p’tits têtards, après une course effrénée, réussisse à frapper chez M. Ovule, à glisser sa flagelle dans l’entrebâillement d’icelle en vantant les mérites de son ADN justement en promo ce jour et payable en nature, puis à fusionner avec l’unique noyau – encore appelé ovocyte – à lui imposé. Ça, c’est l’hypothèse optimiste. La pessimiste justement, c’est où nous sommes : la fertilité des hommes baisse. Parce que leurs troupes sont décimées, donc, comme au tour de France, ne peuvent pas assurer la victoire. A cause des poils ? Mais non voyons, des poêles BIIIIP, des cosmétiques, des imperméabilisants, cartons, moquettes, textiles, mousses anti-incendie, aïe, aïe, aïe ! Y en a partout, du PFOA. Une nouvelle façon de régler le problème de la surpopulation de la planète ?  Faut pas que ça nous coupe l’appétit non plus !

Texte © dominiquecozette d’après l’article « friture sur les spermatos » d’Eliane Patriarca (je n’invente rien !) dans le Libé du 06/10/09. Dessin © dominiquecozette

La galerie s’amuse

rien à voir
rien à voir

Hier, c’était ma journée visite de galeries selon un parcours d’artistes que j’avais envie de voir, Virginie Barré et Annette Messager.  Passant devant une galerie de Saint Germain des Pieds oui, parce que ça use, je vois un petit attroupement devant l’une d’elles. Petit attroupement d’Asiatiques, jeunes, filmant et shootant. Et dans la galerie, une artiste du même continent, à quatre pattes sur le carrelage foncé, piochant d’une boîte de carton une poudre beige, genre gros sel mal blanchi et, de sa petite main adroite, la répandant en une sorte de flaque. Puis se penchant sur le résultat et soufflant doucement sur certaines régions pour les faire déguerpir vers d’autres, et reversant de la poudre, soufflant, reversant, soufflant…. sous l’oeil absolument concentré des jeunes émules compatriotiques. Autre galerie, autre style,  des grands portraits (ou drapeaux US) fabriqués avec des tous petits carrés de bois peints de motifs thématiques, soit des fleurs,  des visages ou encore des sexes. Un boulot ! Il s’appelle Cameron Gray. C’est un peu comme celui qui avait réalisé sur commande un portrait de Bush et que Bush avait refusé parce que justement il n’était qu’un assemblage d’anus horribilis. Très ressemblant, forcément. Petit tour au squatt Rivoli près de l’ancienne Lintas, au sixième étage, un artiste qui n’a pas de site ni de carte imprimée ni rien, qui peint avec n’importe quoi, ce qu’il trouve, sur du bois usagé. Ça m’a beaucoup plu, si vous y passez, il s’appelle Barroux. Il  fait aussi des livres pour enfants. Et ce soir, il y a vernissage du lieu, si vous passez par là. Cela dit, c’est ouvert tous les jours sauf le lundi. C’est un joyeux foutoir, comme avant, qui pue la térébenthine.

Texte et image © dominiquecozette

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