Comment Flore Vasseur a liquidé le siècle

Je me suis aperçu avec stupeur et putréfaction que je n’avais pas blogué ce livre formidable de Flore Vasseur, Comment j’ai liquidé le siècle, sorti en 2010, haletant, dense, superbe, qui ose s’attaquer à l’institution Bildeberg. Comment j’ai liquidé le siècle de Flore Vasseur
L’histoire : Fils de plombier de Clermont-Ferrand et souffre-douleur de l’école, Pierre se réfugie dans la cave pour il faire des maths et de l’informatique. Surdoué, il devient trader et conçoit des calculs systémiques et des algorithmes qui lui font engrangee des milliards. Il bosse dans une banque et mène une vie de con de nabab : un mariage avorté, une fille qu’il ne voit plus, , peu d’amis, des avions, des putes de luxe. Il est convoqué à New-York par une vieille dame sur sa fin : elle compte sur lui pour liquider le capitalisme (avec une clé USB hello Kitty où elle a inscrit LE programme) car elle ne supporte pas que les Chinois supplantent un jour les Russes. Elle est à la tête du Bilderberg, ce fameux rassemblement transatlantique de diplomates, puissants et autres dirigeants politiques qui dominent le monde. S’il ne réalise pas cette tâche, il risque de lui arriver malheur. Il se tâte, se tâte. Puis après divers aventures, copie la clé à deux ou trois types de confiance qui vont diffuser son contenu. Que se passe-t-il alors ? Rien ou presque : ils se renflouent tous mais c’est tout. La vieille dame meurt.
Puis un jour, plus tard, toute l’informatique mondiale s’arrête. Plus rien ne marche. Plus de communications, de transports, de bourse, d’argent. Avant que les gens s’entretuent, il revoit sa sa fille, anorexique, elle 18 ans, elle est sur la bonne pente et voulait faire de l’humanitaire, pour rejoindre sa mère qu’il ne voyait plus, dans le Cantal.
Superbe, tendu, caillant ! Génial !

Comment j’ai liquidé le siècle de Flore Vasseur, 2010. Editions des Equateurs et Poche.

Texte © dominique cozette

 

Un extrait de fragment de passage de texte.

« Chez moi, tout est noir sauf le catalogue de l’exposition du moment au Guggemheim qui trône sur la table basse. Je fais partie des « Amis du musée », une amitié à 10 000 dollars l’an. Je n’y mets jamais les pieds mais reçois tous les beaux livres de l’institution. Le dernier, celui de l’exposition Bill Viola, est parfaitement aligné avec deux pots d’orchidées blanches et une pile de magazines. Toujours les mêmes, au même endroit, dans le même ordre. André le majordome les change chaque lundi. Je ne les ouvre jamais. Il y a aussi  Risk Magazine, la bible du trader, dont j’ai souvent fait la couverture. Quand je prends quelques vacances, j’emmène André. C’est la dame de compagnie. Du haut de son mètre soixante, il me sauve des contingences de la vie.
Chaque matin, à l’aube, je cours une heure sur le tapis d’entraînement. Casque sur les oreilles, j’écoute Bon Jovi ou Mozart, zappe de Bloomberg à CNBC. J’enfile un pantalon de flanelle sombre et une chemise bleu ciel — bleu banquier — et suis l’évolution des Bourses asiatiques. En quittant l’île de la Jatte, je connais déjà tout de ma journée.
Je gare la Lamborghini Countach au niveau -6 de la défense. Vingt types veillent sur ce parking en permanence. On entre sur empreintes digitales. C’est un perk, un avantage en nature offert par le Crédit Général. Comme l’accès à la salle de sport du Ritz, la loge à Roland-Garros, les concerts privés de Barbara Hendricks à la Salle Pleyel, les caisses de champagne à chaque clôture d’exercice. Ce parking est notre coffre-fort. Nous y entreposons nos jouets. »
{…}
« Mes copains de promo de l’X sont englués dans leur quotidien de cadre de direction. Ils sont des salaires de misère, partent en vacances à l’île de Ré. Leurs maîtresses lisent People or not People. Elles traversent l’existence avec un distributeur de sucrettes dessiné par Karl Lagerfeld. Ils passent leur vie à tenter de la gagner. La mienne n’a aucun sens. Je suis une machine à cash, un cerveau-serveur, un père absent, un amant qui paie. J’ai la rémunération de Brad Pitt. Lui a un vrai métier. »

Cet extrait un peu cliché sur les traders est tiré du livre de Flore Vasseur —  spécialiste du monde de la finance — »Comment j’ai liquidé le siècle ». Livre formidable.
Dessin  dominiquecozette

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