Où je décide que Wallander ne sera pas qu’un simple amour d’été

Même si ce n’est pas James Bond (je n’aime pas James Bond, qu’on se le dise) ou San Antonio (qui m’a refilé pas mal de maladies textuellement transmissibles), hé bien je suis tombée sous le charme décadent de l’inspecteur Wallander, un fatigué désabusé porté sur le gorgeon.  Et aux amours inexistantes ou lointaines, un peu négligé sur lui, qui ne fait pas le ménage et doit puer l’oignon.
Ce bouquin « la lionne blanche » de 1993 est le premier que je lis de son auteur Henning Mankell, qui a pondu énormément de trucs depuis, théâtre, contes philosophiques, bouquins pour enfants et polars avec Wallander.
Cette enquête commence mollement : il s’agit d’une femme honnête, scrupuleuse, fidèle qui disparaît en allant visiter une maison pour son agence immobilière, dans la cambrousse. Elle se perd et, voulant demander son chemin, reçoit une balle entre les deux yeux. Aucune trace d’elle, aucune raison, aucun mobile. En cherchant dans les environs de la baraque, on découvre une maison juste explosée avec reste de matos hyper-sophistiqué dedans et un doigt de Noir fraîchement coupé.
Wallander, par compassion pour le mari et les deux fillettes orphelines, va se jeter à fond dans une enquête d’abord sans queue ni tête, puis avec un vague lien qui se noue tout au bout de la terre, en Afrique du Sud, où se concocte un attentat contre une personnalité des plus haut placées. Comme il s’agit de de Klerk ou de Mandela, on sait qu’il n’aura pas lieu. Mais n’empêche que le suspens, complexe et rebondissant, fait son oeuvre en tenant en haleine la pauvre lectrice désarmée que je suis.
On y apprend pas mal de choses sur les Boers, l’anti-apartheid et ses relations avec les mouvements d’extrême-droite russe et on y découvre des personnages ultra pointus et invincibles qui nous collent la peur au ventre.
C’est écrit sans chichi, de façon classique et fluide et la construction est bien menée. Ça me rappelle un peu les bouquins de Fred Vargas avec son fameux Adamsberg qui, comme Wallander, refuse de marcher dans les clous, cafouille et se plante bien souvent. Mais je les ai tous lus, ceux de Vargas. Je vais donc enquiller les Mankell car on m’a dit qu’ils étaient vraiment super, j’ai envie de continuer avec lui.

La lionne blanche de Henning Mankell 1993. 430 p. chez Seuil Policier. Et en poche.

Texte et dessin © dominique cozette

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