Je voulais parler de son dernier opus, « l’été de la vie », 2009, puis comme mon dessin est nul, j’ai voulu y renoncer — mais je le mets quand même. Vous verrez finalement que ça correspond bien au personnage du livre : petit, médiocre, ni fait ni à faire.
Oui, ce bouquin est très original car le procédé de la bio détournée m’a bien plu. Pas parce que c’est nouveau, d’autres l’ont fait, mais autrement.
Coetzee se dit mort et charge un biographe de retourner voir les quatre femmes qui ont compté pour lui dans les années 70. L’incongruité, c’est qu’il se présente — par la bouche de ces femmes très réticentes à parler de lui — comme un homme qui n’en est pas un, pas sexuel pour un sous, manquant de tout, de charisme, de corporéité, de personnalité, de sensualité, de présence… bref, il se décrit comme un personnage paumé, ce qui pourrait faire un excellent anti-héros mais Coetzee s’en garde bien, se portraiturant comme un raté improbable, vivant chichement avec un père maladif et fermé dans une baraque minable, ne laissant qu’une pauvre trace d’escargot dans le coeur de ces femmes (dont une Française) qui se fichent totalement qu’il soit devenu par la suite un grand écrivain. Puisqu’il n’était rien lorsqu’elles l’ont connu, il l’est resté et aucune n’a l’idée de se vanter de l’avoir fréquenté. Le personnage qu’elles esquissent en creux, s’il n’a pas d’envergure dans la vraie vie, ne manque pas d’épaisseur dans sa fadeur livresque.
Et c’est tellement rare qu’un écrivain se présente sous son plus mauvais jour que j’ai eu envie de vous en faire part. Rien n’est tenté pour rendre le personnage un tant soit peu sympathique. Beau travail, mister Coetzee !
Une critique un peu plus pro sur le site de l’Express : ici
Suite à la constatation qu’il n’est qu’un intello au chômage ratant sa vie : « comprendre les choses est une perte de temps; si on veut réussir dans la vie, être heureux avec sa petite famille, avoir une maison et une BMW, on ne devrait pas essayer de comprendre les choses mais se contenter d’additionner des chiffres, ou presser des boutons ou Dieu sait quoi, ce que font les gens du marketing qui leur vaut d’être grassement récompensés. »
Texte et dessin © dominiquecozette (remarquez, si vous me piquez le dessin, je ne vous en voudrai pas !)