Asterios Polyp, super(be) roman graphique

C’est une BD qui m’a esbroufée, laissée sulku, aussi bien dans la forme que le fond. Un pavé soigneusement découpé en chapitres de flash back, de tranches de vie, de considérations sur l’architecture, la philo, le massacre des Indiens d’Amérique, l’art, le style…. et un épisode hilarant sur un chorégraphe contemporain qui se la pète…
Ça se passe aux Etats-Unis, l’auteur, David Mazzucchelli, est de là-bas et, après avoir sévi dans les super héros, se consacre à des travaux plus personnels. Ce roman graphique narre le parcours d’un architecte « de papier », théoricien en vogue et prof se tapant ses élèves, mais n’ayant rien bâti,  en crise morale et personnelle dans l’Amérique d’aujourd’hui. Un incendie ravage son appartement new-yorkais bordélique — il a été largué par sa chouette femme — et taille la route, seulement  vêtu de ses  frusques cracra, dans l’Amérique profonde. Il devient mécanicien dans une bourgade de red necks, tandis qu’en cut, on découvre sa vie de mondain qui-sait-tout avec sa femme sculptrice style art brut, et son enfance d’hyper doué veuf d’un jumeau homozygote. Ce bouquin énorme, d’une foisonnante richesse formelle et narrative, à la mise en page et  direction artistique remarquables, a été salué par les médias américains. Il a reçu de nombreux prix ainsi que le Fauve d’Angoulême – prix spécial d’Angoulême.
Plein de blogs, de critiques  et de références sur Google.

Asterios Polyp de David Mazzucchelli chez Astermann 2010 (2009 aux USA).

Texte  dominique cozette

 

Fessebouqueries #76

Première fessebouqueries de 2012 : ça commence par des voeux simplissimes puis moins. Quelques ovairedoses de Pucelle et Morano. Et des broutilles à brouter pour des posts un peu vaches
– FC : Bonne année bonne santé !
– RD : Malgré une fin de soirée qui s’est apparentée à un début de matinée foireuse – J’ai perdu mes lunettes dans un lavabo géant ou un truc comme ça, et sans mes lunettes, moi … – je tiens à assurer tous et toutes mes ami(e)s ici abonné(e)s de mon affection dévouée et de tous mes souhaits de bonheur les plus sincères ! Si en plus l’un ou l’une d’entre eux ou elles pouvait m’aider à retrouver mes bésciles et à me relever, là, c’est la reconnaissance éternelle !
– PCI : à vous toutes et tous, à tous vos proches, je vous souhaite une putain de d’année 2012, qu’elle vous soit heureuse, musicale, amicale, pleine de peps, de luttes,de projets, d’amour, de cul, de rêves, et que vos verres soient remplis de bons jus tous les jours!!!
– EL : Merde j’ai oublié un truc en 2011, faut que j’y retourne….
– GG : Plus difficile de monter un camion de pompiers Playmobil que de descendre une campagne de pub.
– PAG : Crise, chômage, tremblements de terre, tsunamis, catastrophes nucléaires, réchauffement climatique, couche d’ozone, bêtise du genre humain, obscurantisme de tous types de gens qui croient en différents dieux, réélection du nabot en mai, Guéant à BB, sauvetage à coup de milliards des putains d’enculées de banque de merde, Johnny qui chante toujours, les White Stripes qui ne chantent plus et cerise sur le gâteau d’immondices, la fin du monde le 21 décembre. Ne vous attendez pas à ce que je vous souhaite une bonne année. Une bonne santé et le moral, ce sera déjà pas mal.
– DT : L’encadrement militaire des jeunes délinquants débutera le 1er janvier : « Après la garde à vue, le garde à vous .
– PK : morts voeux
– SG : Irréfutablement, la moitié d’entre nous est moins intelligente que la moyenne. Cette moitié se situe généralement entre le sol et le nombril.
– EL : Argh, j`ai marché sur un cornflake ! Je suis un céréale killer !
– EL : Libéralisme : Doctrine politique visant à faire cohabiter des poules et des renards dans un poulailler, en proclamant l’égalité des chances pour tous…
– HV : En 2011, on n’avait toujours pas inventé le faisceau de télécommande qui traverse le chien. Obligée de me redresser dans le canap’ pour zapper. pffff
– JPT : Savez-vous quel est le nom de jeune fille de Nadine Morano ? Pucelle !!! Transformé en Pugelle par décret quand elle avait 13 ans. Autrement dit, la secrétaire d’Etat à la famille a cessé d’être Pucelle à 13 ans ! Elle est belle, la France !
– CA : 5 janvier 2012. Dans la série gestes de survie: j’arrête d’écouter et de regarder les journaux télévisés. Les JT tuent. Les JT sont dangereux pour la santé…
– JPT : Si des « pompiers volontaires » de Fukushima ont survécu, qu’on nous en envoie un ou deux pour désactiver Nadine Morano. Grosse récompense.
– EO : Pour votre santé, arrêtez les PIP
– EO : Sur décision officielle de Mlle Ol. et Mr M., le sapin « dit de Noël » bénéficie d’une grâce de 24h avant d’être emmené dans les couloirs de la mort.
– SG : En train d’écrire une reco. Comment tu dis bouche-à-oreille sur Internet ? Doigt-à-oeil ?
– EL : A trop vouloir rentrer dans le moule, on finit tarte….
– JPT : Rendons hommage à Nadine Morano qui, à sa façon, remet au goût du jour un de ces vieux métiers oubliés : aboyeur.
– SG : J’irai bien aux Alcooliques Anonymes. Mais j’ai peur qu’on me reconnaisse.
– MC : Sarkozy rend hommage à Jeanne d’Arc… Il fait vraiment feu de tout bois.
– EO : Il me fait rire le Daïla Lama « ouiiii les hommes veulent profiter de la vie et passent toute leur vie à travailler pour pouvoir profiter de la vie, c’est incohérent » (quelque chose comme ça) ben oui Papy! C’est la vie qui est comme ça! Ca c’est bien une rêflexion d’assisté qui a vécu toute sa vie à méditer. Va mouiller le maillot!
– CA : ZZZZZZZZZ…. ZZZZZZZZ….ZZZZZZZZ…. Mais qu’est-ce qui fait dans ma chambre celui-là ? Tiens mais c’est mon mari qui poirote ! Fb tue la libido… Niark !
– JPT : Décidément, Sarkozy a du goût pour les Pucelles. Qui l’eût cru après son troisième mariage ?
– Gérard Collard : ALERTE ALERTE ALERTE ALERTE!!!!!!! CHRISTINE ORBAN A ENFIN ECRIT UN BEAU LIVRE!!!!!!

Peinture © dominique cozette

Du cul ? Pas que. Du Crumb et de la Crumbette à donf !

Parlez-moi d’amour, l’énorme album que vient de sortir le couple Robert Crumb et Aline Kominsky-Crumb est d’ une jouissance parfaite. Il est énorme en boulot, en intérêt graphique, littéraire, sociologique, psychologique, philosophique, mais énorme aussi en taille et en poids. Le lire au lit relève d’un tour de force de plusieurs jours/nuits vu le temps qu’il faut pour détailler une page de Crumb et de sa moitié — qui est plutôt son double vu sa densité physique, son imposante stature de sportive compulsive qui n’aime que les petits mecs geignards, style avortons portables (elle le porte fréquemment dans ses séances de baise). Ça tombe bien, lui raffole de ses fessiers bombés et charnus. Donc ce couple qui s’est réellement trouvé après tâtonnements maritaux a vite fait dessins communs, ne se privant pas de se surcorriger de préciser ou d’annoter  dans la case de l’autre. Kiffant d’infantilisme.
Il y a plusieurs époques  dans cette somme, des trucs des années 70 jusqu’à nos jours, ce qui permet de les voir, non pas vieillir, mais avancer en âge et en mentalité, faire leur gosse, une fillette qu’ils laissent pousser de façon très cool. La question juive prend beaucoup de place : Aline est une vraie juive américaine, brillante, bruyante, extravertie et lui non. Elle est athée mais reste représentative de sa communauté avec la bouffe y rattachée, la façon peu discrètes de causer aux gens ou de s’habiller, sa propension à grossir,  oui elle est forte. Lui, ça continue de l’interroger ce folklore mais elle s’en fout à un point ! Elle part ramasser le vomi du chat ou prépare la table. On les voit vraiment dans leur intimité de dessineux, de ménagère, leurs balades avec leurs discussions animées. Et dans leurs activités sexuelles au stade prémisses.
Ils s’installent dans un village médiéval du sud de la France dans les années 90. Et là, c’est hilarant la façon dont ils appréhendent les Français (qu’ils adorent) : toutes les différences socio-culturelles entre nos deux pays sont là. Ne manquent pas les crottes de chiens fumantes, les tracts (Le Pen, vite !) collés aux murs, les vieux sur les bancs de l’église, l’absence d’ambition à faire du fric, la queue au bureau de poste, les journées de ces drôles de Latins passées au bistro. Et les Françaises ! Des maigrelettes à tête d’oiseaux habillées strict.

Passage très marrant aussi où ils se rendent à la grande cousinade de la famille Crumb, aux Etats-Unis. Elle s’est mise sur son 31 (des trucs voyants, comme d’hab) et se rend compte que le chic crumbien c’est d’être en beige/blanc/bleu ciel, sobre. Elle est désappointée aussi par le fait que tous ces goyim qu’elle imaginait coincés se marrent, sont branchés, rigolos, pas comme il faut, bref ultra-fréquentables.
Il faut la voir aussi revenir de Londres, le visage en canard ultra-botoxé et les arguments qu’elle développe pour se faire accepter par son mari halluciné qui ne lui demandait que de « vieillir avec grâce ».
Et puis le sexe. Ils essaient d’être soft un moment car ne voudraient pas que leur fille ait honte. Mais Aline est une chaudasse surtout depuis sa ménopause et lui se laisse tenter. En même temps, ils refusent la monogamie depuis toujours et elle ne vit que dans la séduction. Une sacrée nana qui picole jusqu’à tomber raide au milieu du village… puis se met au Coca Light.
Ça foisonne, ça foisonne, ça n’arrête pas, on finit par se sentir bien chez eux et se dire qu’aux prochaines vacances, on se pointera dans leur bled médiéval (elle tient à ce terme) pour s’en claquer deux, trois, quatre, faut voir, ils n’ont pas de limites.

Aline et R. Crumb. Parlez-moi d’amour d’amour | Drawn together, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lili Sztajn | Ed. Denoël Graphic | 264 p., 35 EUR.

Texte © dominique cozette.

Portrait d’un fumeur de crack, l’ultime expérience…

Il devrait être mort. Avec tout ce qu’il s’est enfourné en quelques jours pour en finir, ces litres de vodka pour arrondir les effets du crack, plus les somnifères pour être sûr d’y arriver. Il avait déjà perdu  son job — une petite boîte d’édition montée avec une amie — perdu son amoureux qui ne pouvait plus supporter l’addiction mortifère, perdu son corps, 18 kg qui avaient fondu en un rien de temps, et son fric donc impossibilité de continuer à cracker.
Bill Clegg, beau jeune homme séduisant menait une vie agréable entre les auteurs pour qui il bossait, son amoureux cinéaste, leur bel appart, les fêtes où ils étaient toujours conviés et ses  excès d’alcool et de dope  qu’il contrôlait assez bien.
Un soir de beuverie, il suit un type plus âgé qui lui propose le caillou. Et c’est un tel pied qu’il se hâte de s’y adonner, d’autant qu’il possède un solide compte en banque. La descente est rapide, l’argent dans les beaux hôtels où il se réfugie vite claqué, la vie vite saccagée. Il devient une loque sale, maigre, indifférente à tout ce qui n’est pas le crack. Rejeté par la société des gens propres sur eux, il s’enfonce dans un enfer terrible. Il est pourtant rattrapé par les bretelles, sauvé, sevré lors d’une sincère rehab. La vie peut reprendre, ça n’aura été qu’une sale parenthèse. Mais non, quelques mois plus tard, le démon revient et là, ça sera la fin. Il ne sait pas comment il se retrouve à l’hosto.
Ce récit passionnant d’une aventure de l’extrême ultra-détaillée vue de l’intérieur  est entrecoupé de douloureux souvenirs d’enfance, difficulté tragique d’uriner avec rituels humiliants, père méprisant au verbe violent, mère présente mais tellement absente. Il ne tente pas d’y voir des excuses à son addiction, il ne tente rien, d’ailleurs, il raconte, il déballe. C’est sec, bref, concis et froid. « Au scalpel » comme on dit dans les rubriques littéraires. Efficace en tout cas et brillant.
C’était  au début du siècle, il est clean à présent et s’apprête à sortir la suite.
Ici vous pouvez voir le personnage interviewé.

Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme par Bill Clegg. Editions Jacqueline Chambon Actes Sud 2011. (New-York 2010). 253 pages.

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