Une quarantenaire vénère !

Marine Pénicaud, amie FaceBook a réagi à mon article (et ma chanson) : toutes les filles de mon âge en 60 ont comme moi soixante ans aujourd’hui.

« Toutes les filles de mon âge, les mères :
Toutes les filles de mon âge ont 43 – 48 ans, ce qui n’est même pas un chiffre rond dont nous pourrions nous vanter.
Nous ne nous sommes jamais battues pour un monde meilleur, nous n’avons pas partagé d’idéaux communs, nous n’avons fait que récolter les fruits d’un combat féministe déjà en perte de vitesse.
Nous raclons maintenant les fonds tout cuits, trop cuits de ces beaux idéaux qui nous ont fait croire mordicus et dès le départ que notre indépendance de femme était naturellement légitime.
Or, dans mon milieu, nous sommes, toutes les filles de mon âge, perdues entres deux O, entre Orgasmes et Ornières, orgasmes pas toujours conjugaux, et trop rares, et ornières le plus souvent professionnelles, alors qu’on voudrait tellement déchirer en affaires, dans toutes nos affaires. Nous sommes obligées de composer entre un mari en pleine crise, quand y’ a un mari, et y’en a de moins en moins, des finances catastrophiques pour nos âges, des ados qui font chier, un boulot bien en deçà de nos espérances de jeunes femmes – quand on s’appelait encore des « filles » – , une maison qui nous bouffe un temps innommable, des emmerdes administratives à régler toutes seules (les mecs ne s’en n’occupent pas, ça ne les intéresse pas !), des scandales de la vie domestiques à se fader trop souvent, et des repas, pour 3, 4, 5 personnes, tous les soirs, avec des protéines s’il vous plait, pour tout ce monde qui, à table, est « en pleine croissance » (tu parles !) et qui constitue notre propre famille à nous, celle qui s’est faite parfois bien malgré nous. Pour ma part, j’aurais tellement voulu offrir une autre enfance à mes propres enfants, et aussi bien, une autre relation à mon amoureux qu’était leur père. Mais il faut composer avec tout cela, quand on est soi-même encore adolescente dans l’âme ! avec la soif d’un monde meilleur ! avec du temps à soi, puisqu’on nous serine à longueur de temps : « pense à toi ! », « fais-toi plaisir ! », « fais ce que tu veux ! »… Ben Merde : on peut pas ! pas assez (bien un peu tout de même, encore heureux !) (et dire qu’il y a toujours pire que sa propre situation …
Les petits plus (plus de temps, plus de gadgets, plus de fun, plus de tout à mon avis) des sexygénaires nous sont inabordables, et ça, c’est carrément insensé ! Vous pouvez rigoler mais je me demande bien où sont partis les idéaux de ces sexagénaires, celles qui dépensent maintenant leur fric fou, ou celui de leur mari quand ils sont encore là, celles qui sont devenues des capitalistiques épanouies, mais qui, peut-être, ont gardé leurs beaux idéaux pour leur pomme ! et rien que pour leur pomme ? je n’arrive pas à y croire…
Et notre liberté de femme qu’on a crue si chèrement gagnée, elle est où MA liberté ? Je la vois de trop loin, c’est dégueulasse ! et puis merde. »
Texte © marine pernicaud (qui est sur fb si vous voulez la cliquer. Marine, fais-toi cliquer !)
dessin © dominiquecozette (le dessin ne représente pas Marine).

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