Another Ron Rash. Des nouvelles, et des bonnes !

Je vous ai parlé de Ron Rash il y a peu, que je viens de découvrir (voir ici). Je poursuis cette rencontre avec un nouveau livre Incandescences qui masque qu’il s’agit de nouvelles (c’est écrit en tout petit à l’intérieur). Je ne l’aurais pas acheté et j’aurais eu tort car elles sont excellentes. Encore des histoires d’Amérique profonde, du côté des Appalaches, dans des sortes de trous du cul du monde où le rêve américain c’est juste un vieux fantasme d’avant, comme chez nous liberté, égalité et fraternité. Il y a des histoires de pauvreté, beaucoup car par ici, les gens n’ont pas grand chose. Sinon se bourrer la gueule le soir en écoutant du rock improbable ou du metal rouillé dans un bar cheap qui s’appelle la dernière chance, dealer et s’en mettre plein les veines ou le nez sans même se dire qu’il serait raisonnable de s’arrêter ou d’arrêter de piller ses vieux, des vieilles histoires de confédérés où on tue son voisin parce qu’il ne pense pas bien, où on pille aussi des tombes pour revendre les ceinturons et autres décorations de guerre, des types qui perdent la tête et font une grosse connerie parce que d’un seul coup le,monde a changé et qu’il n’y a pas de fraternité qui vaille juste pour une plante qu’on a coupée et que c’était votre père qui l’avait plantée, alors prison, ou des mecs qu’il vaut mieux épouser sinon tu passes pour une traînée même si le type, c’est un moins que rien. Plein d’histoires d’hier et d’aujourd’hui qui te font penser qu’au fond, on n’est pas si mal que ça ici et que les Etats-Unis, ben c’est juste un beau concept pas développé comme il faudrait.

Incandescences de Ron Rash, 2010 pour la VO. Traduit par Isabelle Reinharez. Aux éditions Points. 198 pages. 6,70 €

Texte © dominique Cozette

Polar qui va me polariser sur Ron Rash

Je ne connaissais pas Ron Rash. Et soudain, dans une de mes deux librairies sétoises préférées, j’avise une petite somme de cette auteur et me dis tiens, un auteur américain que cette librairie semble aimer. Référence. Voyons voir. J’achète donc Un pied au paradis et je plonge dedans telle la louche en argent dans une soupière de caviar. Et j’en ramène quoi ? Une furieuse envie d’en acheter d’autres.
Un pied au paradis est une sorte de polar. Pas une enquête acharnée sur une mort d’homme mais l’histoire des personnages concernés par elle. Un polar red-neck qui se passe dans une vallée paumée du côté des Appalaches, où tout le monde connaît tout le monde, ils sont si peu, si dispersés sur les vastes terrains, mais fidèles aux retrouvailles dominicales du culte. Billy est un jeune homme courageux au travail, qui boîte un peu suite à une grave polyo et qui a involontairement conquis le cœur d’une très belle fille, Janice. Ils se marient, ils s’adorent, il cultive âprement des légumes pour l’hiver et du tabac pour le fric en attendant de mettre un bébé en route. Mais le bébé ne veut pas venir. Le malheur s’installe, c’est lui et ses spermatos handicapés les responsables. Loin là-haut vit une vieille, sorte de sorcière crainte et puissante chez qui ira Janice pour trouver un remède à la stérilité. Drôle de remède.
Dans la première ferme voisine vivent Holland (oui, c’est son nom) et sa veuve de mère. Lui est rentré décoré de la guerre de Corée, sorte de héros pénible qui fout un peu la merde dans les bars, mais on le comprend. C’est lui qui disparaît, c’est de chez Billy que venait le bruit d’un coup de feu, et c’est par là que vont aller fouiller le shérif et ses hommes. Il fait une telle chaleur qu’il est impossible que le cadavre soit laissé à l’abandon. Où peut-il bien être ? Cette quête s’amplifie, c’est assez original.
La réponse viendra en plusieurs fois car cinq personnes bâtissent le récit. Et à chacune d’elle, un pan de la vérité se fait jour. C’est très bien construit, c’est sombre, on entend les bêtes et la rivière qui coule, comme dans tout bon roman américain. Très bon livre, c’est le premier de cet auteur.

Un pied au paradis de Ron Rash en 2002. One foot in eden in english. Traduit par Isabelle Reinharez. Au livre de poche. 316 pages. 7,30 €

Texte © dominique cozette

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