Il y a des personnes avec qui ça matche immédiatement et c’est ce que j’ai ressenti en lisant le fameux livre de Dominique Cozette « la fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés ». Nous sommes taillées dans le même bois, j’ai vécu exactement la même chose, c’est très curieux, ces correspondances dans la vie des gens. Nous sommes nées la même année (bien que je fasse plus jeune qu’elle, sans me vanter) et j’étais une bombe à l’époque. Tout le monde me voulait : les Chœurs de l’Armée Rouge, les Compagnons de la Chansons, les Blues Brothers, les polyphonies corses et même les Vieilles Charrues. Hélas, comme Dominique, j’ai joué de malchance. Je possédais, et encore aujourd’hui, une voix rentrée impossible à sortir, impossible !
Alors je me suis tournée vers le cinéma avec Vincent, François, Paul et les autres, César et Rosalie, Tom et Jerry, les Hommes du Président et les Chevaliers de la Table Ronde. Mais, comme Dominique Cozette, j’ai fait chou blanc car, après chaque essai, on m’annonçait tristement que j’attrapais mal la lumière mais quel dommage avec votre physique, ajoutait-on (mon correcteur a écrit ajout téton, c’est vrai que de ce côté, je n’ai pas à me plaindre ! Jayne Mansfield et Gina Lollobrigida pouvaient aller se rhabiller. Mais elles prenaient bien la lumière, elles.)
Et après, je me suis tournée vers l’édition, j’ai écrit des romans érotico-sentimentaux très chiadés, mes virgules étaient toujours placées au bon endroit, j’utilisais l’imparfait du subjonctif avec bonheur, le suspens étreignait le lecteur dès la dixième page. J’avais même réalisé un exercice de style à la Perec en évitant le y. J’avais une bonne touche avec la NRF et Minuit mais il y a eu quelques malentendus sur les pourcentages et ça a fini en eau de boudin.
Et tout comme ça. Là où ça a le mieux marché, c’est quand j’ai fait modèle pour les concours de coiffure. J’ai la tignasse de Catherine Deneuve, c’est que qu’on me disait toujours mais aucun photographe n’a voulu me shooter pour les pubs L’Oréal sous prétexte que je suis rousse et que ce n’est pas une teinte porteuse. Une teinte porteuse ! Gilda, vous voyez qui ? Je vous aide : Rita H.
Aujourd’hui, comme Dominique Cozette, je ressasse mes soucis, je me perds en conjectures, en regrets et en remords mais, toujours prête à percer, j’ai l’idée de créer un hashtag pour rassembler toutes celles qui, comme Dominique Cozette, ont collectionné les plans foireux, plantages, manques de pot en tout genre. Je dois la rencontrer pour lui en parler. Ça va s’appeler #moiaussijailulelivrededominiquecozetteetjesuisuneloseusevéritable
Je sens le succès !
Photo de Bruce Gilden.
Mon livre étant paru comme par hasard (ha ha ha) durant la crise du covid, épilogue évident de ma vie de malchance, j’ai décidé de vous infliger une vague de promo. Car oui, c’est le seul livre qui vous fera voir la bouteille pleine près du verre à moitié vide.
« La fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés » aux Editions Chum. 2020. 292 pages, 19,95 €. A commander dans votre librairie préférée. Ou sur le site de l’édition ici.