« Je vois P. samedi, j’aurai les jambes toute épilées, quelques kilos en moins, j’espère, et une petite crème toute douce sur moi. J’avais demandé à Erika (l’esthéticienne) du Pritty pour les coudes, elle n’en avait pas et m’a donné du « Silhouette de chez Stendhal », la classe quoi, ça coûtait 1600 F. De retour à la maison, j’ai essayé d’enlever mes callosités ventrues mais c’était pas très efficace, alors je m’en suis mis sur les jambes et oh ! elles étaient lisses, douces, belles et sentaient bon ! Mais je crois qu’il va falloir que j’aille à la pharmacie pour acheter du Pritty, pour les coudes, c’est mieux. (Lettre d’Isa, 1967) »
Cette jeune personne, Isa, s’apprête à rendre visite à un beau mec dans sa garçonnière parisienne de Saint-Germain et comme ce beau mec sort aussi avec des mannequins (le grand truc de l’époque mais ça continue, je crois), Isa a mis la barre très haut : la perfection. Donc, les jambes OK, le ventre, bon, on fera avec, le maquillage, les cheveux, tout ça, ça va forcément, y a que les coudes. Ah, les coudes !!! Si jamais P. pose ses lèvres sur la peau des coudes d’Isa et s’aperçoit qu’elle est rugueuse, c’est dingue, il ne voudra plus la voir, non vraiment, ça serait trop con !
Texte © Isa67 + dominiquecozette
Dessin © dominiquecozette