VNR dézingue au Chalumeau !

Je sais, elle est facile mais extrêmement pertinente ! Car VNR, le dernier roman de Laurent Chalumeau, raconte l’histoire d’un mec qui va dézinguer les personnes qui ont ruiné sa vie, son mariage, son travail. Oh, il n’ en a pas des masses. C’est d’abord le principal, dont tout est parti, celui qui a harcelé sa femme dans sa boîte, un cadre sup qui lui a pourri la vie à tel point qu’elle a porté plainte. A partir de là, c’est l’horreur : on va décortiquer leur vie à tous les deux, notamment leur relation au sexe qu’ils pratiquent avec ferveur, qu’ils pimentent souvent et qu’ils partagent parfois, très gentiment. Jusqu’à ce qu’elle soit considérée comme une salope, avec ses seins ravageurs et son allure de lionne conquérante. Puis vient l’avocate qui propose à cette belle femme en perdition de la reconstruire grâce à une psy. Une psy lesbienne qui déteste les hommes et lui retourne la tête, lui montrant comment son mari a fait d’elle la victime de ses vices. Et puis, par hasard car ce n’était pas dans le plan, le ministre qui n’a pas empêché la délocalisation de sa boîte, malgré ses belles promesses, le mettant au chômage.
Attention : c’est un livre sarcastique et énorme, complètement dingue ! S’il vous est arrivé d’avoir envie de vous venger d’un salaud (ou d’une) de la pire des façons, ce livre est pour vous. Le narrateur raconte tout aux futures victimes qu’il a entraînées chez lui, une à chaque fois, pour les torturer à mort. Ça craint. Mais on ne le voit pas à l’œuvre. On sait juste comment il va faire disparaître les corps. Il évoque parfois  l’admiration que l’on devrait porter aux kidnappeurs car c’est très délicat d’attirer un adulte pour lui faire sa peau. Il raconte en détail comment il a procédé. Et surtout, il leur montre, films à l’appui, sa vie heureuse d’avant et la merveilleuse entente sexuelle entre sa femme et lui. Le portrait beauf qui se dessine par sa narration est très drôle, façon Coluche un peu et c’est réjouissant.
C’est assez trash  mais pas plus qu’un film de Tarantino finalement.  Concernant les responsables qui vous foutent la merde au boulot, ça pourrait faire le pendant avec qui a tué mon père d’Edouard Louis,  l’humour grinçant et la dérision de Chalumeau en plus.

VNR de Laurent Chalumeau aux éditions Grasset. 2018.  186 pages, 17,50 €.

Texte © dominique cozette

Goudoue tatouée toi-même, espèce de Chalumeau !

Je retrouve ce post du printemps non posté. Comme Despentes est toujours sur les étals des libraires, je vous en fais cadeau.
« Tout le monde veut rallier le cirque Pinder Despentes. Les douairières du Fig-Mag qui veut s’encanailler, ma belle-soeur, des vieilles dames indignes, des célibattantes… C’est devenu cool de faire un selfie avec la goudoue tatouée. »

Selon Laurent Chalumeau — contre qui je n’ai rien — nous, douairières (j’ai mal au douairière quand je lis ce vieux mot) du Figaro désireuse de s’encanailler (petit canaillou, lançait Darry Cowl dans les 50’s), belle-soeur (soit la femme du beauf), celibattante (terme à la mode en 80 tombé en désuétude), vieille dame indigne (c’est cela, oui) on trouverait cool de faire un selfie avec … « la goudoue tatouée ». A savoir, mesdames-messieurs… :  Virginie Despentes.
Bon. je me suis pris encore une baffe en constatant comment nous étions vues, nous les vieilles baby-boomeuses ex fan des sixties, par les djeunes de 58 ans (l’âge du chalumeur). Donc des archi-croûtons réacs, en quelque sorte, ayant à voir avec Bernie Chirac, ce genre, ou Boutin, pourquoi pas. Bref, des femmes qui trouveraient tellement choquant d’être lesbiche ET tatouée. Mais qui seraient prêtes à —  justement — ne plus trouver ça choquant pour être « dans le vent ».
Et pourquoi ? Parce qu’on aime Virginie Despentes. Selon Chalumette.
Rectifions.
Cher Laurent Chalumeau, c’est vrai, avez beaucoup chalumé. Mais vous avez sauté un épisode : les rombières ne sont plus ce qu’elles étaient. Elles ont jeté leur culotte à trous-trous avec leur voilette par-dessus les Moulin Rouge, elles ont bradé leur membrane au petit mec joli pour ne plus avoir à la trimballer, elles ont dit « baise-moi » lorsque vous ne saviez pas encore pincer votre zigounette pour pisser plus loin que les autres. Elles en ont fait des choses, à deux, trois ou plus, ça dépendait des soirées ! Et même parfois avec des « garçonnes » pas forcément tatouées mais bien velues de l’aine. Elles en ont lu des choses shoking écrites par des écrivains vicieux, mon dieu ! Elles en sont encore toutes palpitante du piège à gars.
Alors croyez-le ou non, si elles aiment Virginie Despentes, c’est pas pour faire bien, elles s’en tapent, c’est parce que quelque part, cette nana ça leur rappelle quelqu’un, quelqu’un qui a pris des rides, des bajoues, des poils sur une verrue peut-être mais qui en ont encore sous le capot et surtout, cerise sur le gâteux, n’utilisent plus ce vocabulaire bien suranné que vous maniez avec brio. Mais jetez ces vieux mots, diantre !
Je ne vous en veux pas, vous n’avez que 58 ans, vous êtes trop jeune pour savoir avec qui vous aurez envie de selfier dans une petite quinzaine d’années.
Je me demande juste, dans mon cerveau par encore bouffé aux vieux mythes phallo, si vous ne seriez pas un peu jaloux de la goudoue tatouée qui, non contente de jouer dans la même cour mixte que vous, est devenue une star immense des lettres en pissant sur le territoire de votre génération. Non ?
Les hétéros variqueuses encore sous THS malgré leur âge avancé vous saluent bien.

Texte © dominique cozette

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